26.5.05

Les gratuits





Depuis quelques semaines stationnent à l'entrée de la gare de Nantes d'étranges personnages : l'un est habillé en vert un peu pâle, l'autre en bleu, ils ont chacun le parasol à leur couleur, même lorsqu'il fait encore nuit le matin. Dès qu'un usager (oui : la SNCF est encore un service publique) se dirige vers l'entrée, ils s'approchent de lui avec un sourire et lui tendent : un journal gratuit !

Nantes n'est pas la première ville en France à posséder ses gratuits : Paris, Lille, Lyon, Marseille, Toulouse et Bordeaux en profitent déjà depuis plusieurs mois. Strasbourg débutera en septembre.
A l'annonce de l'arrivée en France de ces journaux gratuits (on parle de PQG : "Presse Quotidienne Gratuite"), j'étais immensément réticent : la gratuité, c'est impossible dans le domaine de la presse, il faut bien que quelqu'un paye. On allait donc avoir quelques articles noyés dans un océan de publicités, écrits à la va-vite par des pigistes sans personnalité et soumis au diktat de l'actionnaire principal.

Et puis, comme je prends le train très régulièrement, j'ai eu l'occasion de feuilleter rapidement les journaux en question, puis de lire certains articles, et enfin de les lire entièrement avec attention tous les jours. Miracle ! Comme j'habite près de la gare, je sors me les procurer chaque matin que je ne prends pas le train.
Toutes les critiques énoncées ci-dessus n'ont pas pour le moment lieu d'être. Restons vigilants car cela pourrait tout de même un jour s'avérer exact : nous sommes bien dans un système dans lequel la finance remplace souvent la conscience, n'est-ce pas ? Pour l'instant donc, je lis deux journaux bien conçus, aux articles courts mais remplis de toutes les informations essentielles (l'ancien journal payant Info-matin se situait sur le même créneau), pour ne pas dire parfois rarement diffusées (cf. Raffinerie, blog 23 mai, relatée dans 20 minutes le même jour p. 6 - je sais, on dit "raffarinade" en "hommage" aux pamphlets contre Mazarin mais le nouveau terme me permet de synthétiser deux idées en une... j'espère que vous saisissez ?), abondamment illustrés, avec des propos clairement diversifiés (les courriers des lecteurs se font depuis des semaines l'écho des récriminations sociales) et pas plus de publicité que dans les autres quotidiens. J'avoue que voir les lycéens remonter la rue Stanislas Baudry pour aller en cours un journal gratuit à la main, cela me réjouis le coeur : si le multimédia est important, n'oublions pas l'écrit qui permet le recul. Peut-être ces lycéens liront-ils plus tard Le Monde sans appréhension ?
Les grands quotidiens nationaux tremblent pourtant : leur diffusion a souvent baissé depuis l'arrivée des gratuits. 20 minutes annonçait ce matin (p. 12) sa place de deuxième en diffusion quotidienne française derrière L'Équipe. Il est vrai qu'entre payer ou pas, certains lecteurs n'ont aucune hésitation. Malgré tout, ce n'est pas la même presse : les grands quotidiens gardent leurs signatures et leurs articles de fond. En fait, ces journaux sont complémentaires.

Si je m'informe donc désormais tous les jours dans les gratuits, je continuerai parallèlement à lire La Croix quotidiennement, Télérama, Time magazine, Le Canard enchaîné, Le Monde et Le Figaro hebdomadairement, Charlie hebdo régulièrement, SVM Mac, Univers Mac, A vos Mac, Vous et votre Mac, iCreate (oui, je sais, cela fait beaucoup...) et Classica mensuellement, Casus belli, D20 Magazine et Fantasy.rpg (successeur de feu Backstab) bi-mestriellement... pour une fréquence plus longue, je ne connais que La bougie du sapeur qui paraît une fois tous les quatre ans, un 29 février (on peut s'abonner pour un siècle !)... que je lis aussi !

Dernier intérêt : vous avez manqué un numéro ? Vous n'habitez pas dans une grande ville ? Vous pouvez lire intégralement les numéros sur internet. Si, sur papier, 20 minutes a l'avantage sur Metro par la vivacité des couleurs (Metro est publié sur papier recyclé), sur internet, Metro gagne haut la main par la possibilité de télécharger entièrement les numéros en PDF.
Voici l'adresse des sites :
20 minutes : http://www.20minutes.fr
Metro : http://www.metrofrance.com

3 Comments:

At 5/27/2005 1:13 AM, Anonymous Anonyme said...

Bon, je procède à ma critique habituelle !!!
Points positifs (à twelve points l'un ;o)))) : Je suis d'accord sur plusieurs points : comodité, pas trop de pub, élargissement des adeptes de la lecture.Sans oublié un format pas trop encombrant dans les transports en commun. Je me plais à les lire quand l'occasion se présente.
Et, puisque j'ai aussi le courage de mes opinions, quelques points négatifs (du genre France à l'Eurovision !) : "grands quotidiens" oui, ce sont des publications nationales et connues, mais en quoi serait il encore mieux que les étudiants lisent Le monde ou La croix plus tard ??? Pas de sectarisme pseudo-intello SVP : nul n'a le monopole de la culture !!! Je lis entre les ligne un genre de "snobisme culturel" qui me déplaît pour le coup... Désolée de ma sincérité...
Sinon, m'sieur l'prof "chaque matin QUE je prends le train"... Pour le charriage, et avec toute mon amitié de voisine de blog ;o)... ça n'est pas français mon cher !!! lol

 
At 5/27/2005 11:02 AM, Blogger Rêverie musicale said...

Chère bloggeuse,
Quelle réactivité (un peu épidermique ?) ! Merci pour les points positifs. Je m'en vais maintenant éclaircir les négatifs. J'ai dû parler trop vite et parfois une phrase ne peut contenir toutes les idées sous-jacentes (je ne dis pas : "vous ne m'avez pas compris", je ne fais pas mon de Gaulle à l'envers).
Je ne peux prendre ombrage de ta sincérité puisque je suis entièrement d'accord avec toi : nul n'a le monopole de la culture. C'est bien ce que j'ai essayé de démontrer en faisant la promotion des gratuits, non ?
Mais, a contrario, pas plus les gratuits que les quotidiens nationaux. Par exemple, je n'ai pas encore lu dans les gratuits [il faudrait vérifier dans les éditions parisiennes] d'article concernant une exposition que j'ai adoré à Paris ("Au temps des merveilleuses", Musée Carnavalet, jusqu'au 12 juin) : Le Figaro y a consacré une demi-page entière (2-3 avril 2005, p. 20) avec de belles illustrations.
L'idée principale de cette phrase malencontreuse ("Peut-être ces lycéens liront-ils plus tard Le Monde sans appréhension ?") était d'abord de rappeler une évidence : Le Monde est plus ardu à lire que les gratuits (là encore, ce n'est pas une question de valeur), puis de souligner qu'on ne peut dire la même chose en 200 ou 1000 signes. Il y a à la fois une différence de vocabulaire et de longueur d'article, cela est un fait incontestable. Le quotidien 20 minutes s'intitule ainsi pour rappeler le temps moyen consacré à sa lecture. S'il y a quelque chose que je repousse, c'est bien le réflexe du "tout-rapide" actuel. Une pensée a aussi besoin de temps pour s'affiner. Et si les journaux nationaux restent pour moi des références (ils ne sont pas seulement "connus" mais "reconnus", et pas seulement par snobisme), c'est parce qu'on y trouve plus d'idées, presque d'abord par effet mécanique. Mais aussi des prises de position que l'on ne trouve pas ou peu dans les gratuits. Je n'ai pas dit "qui font défaut" car ce n'est pas le propos de ces derniers : ils sont dans l'information et le font, je trouve, très bien, je l'ai dit. Ce ne sera donc pas mieux si les étudiants lisent plus tard Le Monde ou La Croix stricto sensu : ce sera mieux s'ils cumulent les points de vue et donc les titres, en conservant bien entendu les gratuits (s'ils maintiennent la qualité actuelle).
Alors, maintenant : attention ! Ce n'est pas parce qu'on écrit des phrases difficiles avec un vocabulaire ardu que l'on a raison. Je suis prêt à rédiger un jour prochain une chronique sur tous les points agaçants des grands quotidiens nationaux trop souvent parisianistes à mon goût.
J'aurai l'occasion je pense de démontrer dans les chroniques futures que des qualificatifs tels que "sectarisme pseudo-intellectuel" et "snobisme culturel" sont étrangers à ma pensée. Mais parfois s'illusionne-t-on sur soi-même ?
Je ne sais si cela est plus clair. Je suis naturellement disposé à poursuivre le débat s'il y a lieu.
Enfin, je te remercie, Pass, de tes nombreuses remarques. Elles me permettent de poursuivre le fil de mes idées. Continue donc si tu en as le temps.

 
At 5/27/2005 12:08 PM, Anonymous Anonyme said...

ça va mieux en le disant et ça va mieux en le lisant. Je préférais avoir quelques précisions ; voilà qui est fait : balle au centre ;o)

 

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