Canardages 28 septembre 2005
N.B. Pour ceux qui auraient raté un épisode : le dessin ci-contre fait référence à une une de Paris-Match où l’on voyait Hollande et Sarkozy côte à côte. Cette une a énormément été reprochée à François Hollande par ses troupes.
Dans le Canard enchaîné de cette semaine, on peut donc lire :
« Chichi carbure au colza ». En effet, il s’apprête à annoncer que depuis juillet il met du carburant dans le moteur de sa nouvelle C6 diesel, un mélange fait de 30 % de colza. Il n’a pas trop loin pour aller le chercher : Total livre à l’Elysée au moyen d’une pompe spécialement installée sur place. Conclusion du Canard : « Désormais, il faut le savoir, la voiture présidentielle dégage, sur son passage, cette douce odeur de friture propre à tous les véhicules qui carburent au colza et que les agriculteurs connaissent bien. Bernadette doit sûrement apprécier... ». Finalement, ce Bayrou, avec son bus au colza, était un précurseur. Détail cocasse : au moment où notre président compte faire cette annonce et redevenir le super-écolo n° 1, Breton annonce à l’occasion de la présentation du budget 2006 (28 septembre dernier) une nette diminution des avantages fiscaux consentis aux utilisateurs de biocarburants !
Des nouvelles de nos impôts : « Trois ans après les déclarations de Chirac promettant 33 % de baisse de l’impôt sur le revenu d’ici à 2007, comment se porte la pression fiscale ? Réponse des économistes de Bercy : le taux des prélèvements obligatoires (impôts plus cotisations sociales) n’a depuis cessé d’augmenter et devrait atteindre 43,5 % en 2005, soit... 0,4 % de plus qu’en 2002 ! Heureusement annoncent les mêmes, s’appuyant sur une étude de l’Office français des conjonctures économiques, tout ira mieux en 2006 et encore mieux en 2007 ! La réforme des tranches de l’impôt sur le revenu, celle de la taxe professionnelle, les exonérations de charges patronales, les aides fiscales aux ménages, vont - promis-juré - « stabiliser » puis réduire la pression. A condition, chuchotent certains, que les impôts locaux, les cotisations retraite, le comblement du trou de la Sécu ne compromettent pas ces belles prévisions. Le tout sera de ne surtout pas publier de chiffres fâcheux avant le printemps 2007 ! »
Une façon de retrouver le moral : faire partie du Cac 40 ! Car sinon, c’est la sinistrose : le trou de la Secu est encore plus gros, « la dette s’entête », les élites sont fatiguées, les cadres dégoûtés, les chômeurs au bout du rouleau. Et Alain Delon cherche une femme à la une de Match ! Heureusement, les quarante plus grandes entreprises françaises « pètent une forme historique ». Plus de 40 milliards de profits rien que pour le premier semestre. Total, par exemple, a empoché plus d’un milliard par mois, Arcelor a doublé sa marge. « Oui, le CAC 40 nous fait rêver ! Des rêves sonnants mais pas trébuchants : tous ces bénefs atterrissent dans les poches des actionnaires plutôt que dans celle des salariés. Mais pourquoi ceux-ci y auraient-ils droit ? Une bonne partie des profits des multinationales, on le sait, provient de leurs activités à l’étranger, là où il y a de nouveaux marchés à conquérir et des salariés à payer au lance-pierre. »
La « Brosse à reluire » est cette semaine décernée à Match (très présent cette semaine) qui, dans son numéro daté du 29 septembre, en fait des tonnes sur Villepin : « “Au déjeuner offert par le secrétaire général des Nations unies à tous les chefs d’État, Premiers ministres ou chefs de délégation, il a présidé une table de chefs d’État comme si de rien n’était. Lors de la photographie officielle, il s’est mis à la place qu’avait choisi pour lui le service de protocole onusien... au premier rang !” Un diplomate aguerri résume : “Cela s’appelle rencontre d’un homme avec l’Histoire, c’est le destin !” ». Commentaire du Canard : « Et si le destin est aussi brillant que les pompes de l’homme sont cirées, l’Histoire promet ».
Chirac est de plus en plus exaspéré par les gaffes à répétition de Douste-Blazy aux Affaires étrangères. Questions : qui l’a nommé ? N’était-ce pas prévisible ? Rappel de certains faits : le 14 septembre, alors qu’il colle continuellement aux basques de Villepin à l’ONU, Douste-Blabla révèle devant des journalistes une rencontre ultra-secrète avec le président iranien, histoire sans doute de se faire mousser. Or, les conditions pour qu’elle ait lieu était justement que personne ne l’apprenne ! Brans-le-bas le combat dans les chancelleries ! Le 8 septembre, également, visitant le musée de la Shoah à Jérusalem et regardant une carte montrant le nombre de juifs par pays avant et après la guerre, il demanda tout à trac : « Il n’y a pas eu de juifs tués en Angleterre ? », ce à quoi son interlocuteur lui rappela que l’Angleterre avait justement été le seul pays non envahi par les nazis et qu’il n’y avait donc pas eu de déportation sur son sol. Ça fait bien pour un ministre des Affaires étrangères et ancien ministre de la culture ! La gaffe a fait paraît-il le tour du monde. Il semble donc que ce soit Pierre Vimont, directeur de cabinet, qui fasse réellement tourner la maison et s’arrache les cheveux. Chirac confie à des proches : « C’est dramatique, il va falloir songer à le changer de ministère ! ». Pour ma part, j’espère : pas à l’éducation nationale ! Ne pourrait-on pas, tout simplement, le virer, comme tant d'autres l'ont été avant lui ? Qu’apporte-t-il d’intéressant à la politique française ?
Le Canard revient sur les soubresauts des facs françaises et particulièrement en ce moment sur l’université de Rouen. L’Université, on le sait, est une catastrophe en France, qui ne lui consacre que 1,1 % de sa richesse nationale contre 1,4 % en moyenne pour les pays occidentaux et 2,6 % pour les Etats-Unis, tout en faisant de beaux discours sur : « l’avenir, c’est la recherche. Nous ne pourrons nous en sortir que grâce à elle ! ». Résultat : des facs qui tombent en lambeaux, surtout celles créées dans les années 60/70 qui n’ont quasiment jamais été rénovées, certaines ne peuvent se chauffer l’hiver et doivent fermer (bonjour le cursus !), etc. On se croirait dans les pays de l’Est aux meilleurs moments du communisme. Et lorsqu’on apprend dans un prérapport de l’Inspection générale de l’éducation sur la fac de Rouen (Le Figaro, 21 septembre) que, depuis 3 ans, l’État ne verse que 80 % de la « dotation globale de fonctionnement » incluse dans le budget de la fac, on ne peut qu’être scandalisé : cette rétention alourdit de 1,5 millions par an le déficit de l’université normande. Et le plus cynique est le vocabulaire : l’État, soit disant, va débloquer une enveloppe de 2,5 millions pour la fac de Rouen. Mais de qui se moque-t-on ? Cela ne comble même pas les manques des années précédentes. Ce n’est pas de l’argent qu’il donne généreusement, c’est de l’argent qu’il doit. Pardon, chers lecteurs, pour ce ton virulent, je m’emporte mais, comme vous le savez, ce sujet me tient à cœur et j’ai horreur qu’on me prenne pour un imbécile.
Quelques perles :
- Dans Le Perche (14 septembre) : « La sécheresse ne serait pas à l’origine de l’importante fuite d’eau qui a paralysé la ville ». Le Canard : « Vous avez d’autres vannes ? ».
- Dans La Cote (15 septembre : « Irak. Attentats. Plus de 120 morts ont péri dans une série d’attaques. » Le Canard : « Contre ces doubles morts, dites “Pis and Love” ! »
Quelques titres chocs :
« “Le chêne qu’on relève” de Michèle Alliot-Marie : Le livre qu’on s’arrache chez les glands de l’UMP »
« Textile : Tandis que son frère dépose le bilan, Sarkozy multiplie les filatures ».
Et enfin, quelques dessins :
- Chirac à Sarko : « Attention ! Si vous continuez sur la Turiquie, ce sera la rupture ! ». Sarko : « J’aimerais mieux qu’on rompe sur autre chose ».
- Villepin regardant des photos de ses enfants : « Heureusement que j’ai pas fait un 4e enfant, il aurait fait monter mes statistiques chômage ! »
- Après l'annonce de l’éventuelle candidature de Ségolène Royal et les réactions misogynes qui ont suivi, un adhérent lambda au PS : « Il y a tout de même encore dans notre parti des convictions qui dépassent les clivages »
- A propos du même sujet, Hollande passant la porte de la maison. Ses enfants rigolent derrière. Il aperçoit Ségolène en habit de président qui lui lance : « Attention, François, à ce que tu vas dire comme propos machistes ! »
- Toujours sur le même sujet, Fabius ayant déclaré (en vrai) : « qui va garder les enfants ? », Hollande lui explique dans le dessin : « Justement, Ségolène et moi, on pense que tu serais parfait... pour garder les gosses ! ».
- En contre-partie du dessin de la semaine dernière où l’on voyait Chirac sur un fauteuil grimpant d’escalier, nouveau dessin : il est en jogging, et en charentaises ! Pour faire du vélo d’appartement. Il sue à grosses gouttes. Bernadette entre et lui lance : « Vas-y Poulidor ! ». Ce dessin est en page 6 pour ceux qui fréquentent les tabacs-journaux.
- La commission européenne voulant supprimer les quotas publicitaires à la télé, un français moyen sur son canapé, sirotant un soda, déclare : « C’est pas trop tôt ! Y en a marre de voir des émissions et des films couper les écrans de pub ! ».
- Comme vous le savez, des commandos s’attaquent à Paris aux 4x4 et les dégonflent la nuit. Un couple aisé à lunettes de soleil s’approche de sa voiture et l’homme déclare : « On va acheter un modèle encore plus gros avec quatre roues de secours ! ».
- Et enfin : Chirac vient d’apprendre dans le journal qu’il y a des femmes prétendantes au poste qu’il occupe. Réaction : « Ha ha ha ! Je rêve ! Une femme présidente de la République ? Et quoi encore ? Et le mari ? Le premier homme de France !... Il s’occuperait des bonnes œuvres ? De l’intendance ? Des rideaux de l’Élysée ? Il irait à la messe ? ». Devant ce flot de paroles, réplique cinglante de Bernadette : « Ou alors il passerait la journée devant la télé avec une bière... »
THE END
2 Comments:
Toujours aussi super tes revues de presse.
Merci, Passion de tout. C'est un peu pour toi que je m'astreint à la réaliser chaque semaine. Merci de ton soutien.
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