Verne et les artistes d’aujourd’hui
Je vous avais parlé, lors du spectacle de Royal Deluxe consacré à Jules Verne, de la réouverture assez tardive des musées consacrés à l’écrivain à Nantes et à Amiens (voir post du 21 mai 2005). Après, le premier, c’est maintenant au tour du second de pouvoir à nouveau se visiter et, en voyant la réorganisation, on comprend un peu mieux le retard pris (nous sommes en 2006, tout de même, soit 101 ans tout juste après sa mort, survenue le 24 mars 1905). Plusieurs artistes ont mis la main à la pâte, un auteur de BD belge, un collectionneur italien et un scénographe français.
Le dessinateur belge, c'est François Schuiten, le fameux auteur des Cités obscures. Il raconte : « Ma mère me lisait Jules Verne tout petit. Dans ses livres, il y a un jeu entre le texte et les images. Ce sont des machines à construire des signes. L’auteur de BD avait déjà conçu à Paris la station de métro Arts-et-Métiers sur le modèle du sous-marin Nautilus où je vous conseille d’aller car c’est assez étonnant et remarquable. À Amiens, l'auteur belge a imaginé un mur peint de 12 mètres sur 15 dans la cour du 2, rue Charles-Dubois, en guise d'immersion dans l'univers de l'écrivain-visionnaire qui avait pressenti la conquête de la lune. Ce trompe-l'oeil représente la courbe du globe terrestre sur fond de rayons du soleil, l'idée étant « d'offrir une vision des voyages extraordinaires de Jules Verne ». Schuiten a aussi couronné la tour qui surplombe la maison bourgeoise d'une « sphère armillaire », c’est-à-dire un assemblage de cercles figurant les mouvements apparents des astres autour de la terre. « La tour donne une plus grande visibilité (à la maison) dans le ciel de la ville », assure-t-il. D'une hauteur de 19 mètres, mise en valeur par des jeux de lumière, elle doit encore trouver sa place dans le ciel picard aux côtés de la cathédrale (112 m) et de la tour Perret (104 m).
L'Italien, c'est Piero Gondolo della Riva. Livres, gravure, affiches, vaisselle, globe terrestre...: le Piémontais, présenté comme l'un des meilleurs spécialistes de Jules Verne au monde, a cédé sa collection « vernienne » à Amiens-métropole en 2000. Dans un français sans accent appris dans les livres de Jules Verne qu'il achetait adolescent chez les bouquinistes de Turin, il explique : « C'est moi, avec d'autres personnes, qui ai fait le choix de ce qui a été mis dans la maison. 95% des pièces (ndlr: 700 au total) viennent de ma collection ».
Enfin, le scénographe est Yves Maréchal. Du jardin d'hiver au grenier du troisième étage, en passant par la collection des livres Hetzel (l'éditeur de Jules Verne aux fameux ouvrages à couverture rouge), il a « mis en scène » la maison où l'auteur a vécu et écrit de 1882 jusqu'en 1900, soit cinq ans avant sa mort survenue le 24 mars 1905 (il était né à Nantes le 8 février 1828). Avec raison, Yves Marechal affirme : « Une maison d'écrivain n'est pas un musée », ajoutant : « Il faut insuffler de la vie, comme si elle était toujours habitée ». Pour cela, l'idée a été de passer au fil des étages de la réalité quotidienne à l'imaginaire : intérieur bourgeois au rez-de-chaussée (pièces sombres et tentures ternes de rigueur), cabinet de travail et cabine de bateau aux étages supérieurs, jusqu'au désordre du grenier, lieu de tous les rêves...
La maison de Jules Verne rénovée attend en tout cas 30.000 visiteurs par an contre 10.000 auparavant, pour un investissement de près de trois millions d'euros. À voir tout cela, on se dit que c’est sans doute gagné.
Source : AFP, 28 mars 2006
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