27.5.05

Denis de Nantes


Hier soir j'étais au cinéma voir Brice de Nice. Oui, nouveaux bloggeurs qui venez par hasard après avoir cliqué sur le lien du blog de Pass en ayant lu son commentaire ! Un agrégé n'est pas toujours un sombre individu (je n'en connais d'ailleurs aucun parmi mes amis agrégés et j'en ai un paquet) ! Il peut aller voir Brice de Nice ! Il peut même en ressortir amusé et satisfait ! C'est ce que je vais essayer de vous démontrer. Alors, elles ne sont pas éclectiques, ces chroniques ? ;0)

Tout en donnant mon avis sur le film, je veux surtout nuancer certaines critiques officielles qui, me semble-t-il, n'ont pas compris grand chose parce qu'hermétiques au rythme (je ne parle pas que de la musique) et à l'humour "djeune". Ce film n'a pas de prétentions. Prenons-le comme tel. Mais n'en faisons pas le "film le plus désolant tourné depuis longtemps" (Pierre Murat, Télérama, 9 avril ; Pierre Murat est aussi critique au "Masque et la plume" sur France Inter le dimanche soir). Il a plus de goût qu'un navet et beaucoup plus de subtilité qu'on croit.
J'étais très inquiet après le premier quart d'heure. Puis, le film se diversifie, les "galères" arrivent et les remises en question afférentes. En fait, de manière sous-jacente mais bien affirmée se dessinent deux thèmes beaucoup plus profonds que le décorum : ceux de l'aptitude de chacun à trouver le bonheur malgré les handicaps de départ (au propre comme au figuré) et celle de chacun à réaliser ses rêves.
1 - Marius (cf. photo, Clovis Cornillac), rencontré vers le milieu du film, a deux pieds bots (d'une manière très douce, ces pieds sont montrés à l'écran comme n'étant formés que d'un seul et unique orteil développé à la dimension d'un pied entier) et n'a donc jamais osé aimer jusqu'au bout une femme puisqu'il a honte d'eux et de la réaction que le regard féminin pourrait porter sur eux. C'est la touche poétique du film : la femme qui va s'amouracher de lui porte elle-même deux énormes oreilles qu'elle camoufle sous un grand bandana. Et il vont bien sûr se découvrir et s'aimer. Franchement, je trouve la métaphore très belle.
2 - Parler de rêves peut faire sourire. Dit comme cela, on frise l'angélisme. On peut l'entendre à deux niveaux :
a) Vivre dans ses rêves. C'est le cas de Brice au départ. Résultat : dichotomie totale avec la réalité, inaptitude sociale hormis quelques potes aussi creux que lui (une tribu) .
b) Avoir des espoirs et y tenir coûte que coûte. C'est là que Brice évolue. Il réalise son rêve à l'instant où il s'y attend le moins, alors qu'il allait l'oublier : la fameuse vague arrive au moment où il a été engagé comme ramasseur de plage. Il gagne tout au moment le plus imprévu : la mer lui envoie une planche alors qu'il semble ne plus en posséder, la vague tant attendue et il gagne par dessus le marché une sirène, Alice (de Nice). Ces chances inattendues de la vie, on peut en rire, j'y crois parce que globalement je les vis.

Il faut ajouter à ces deux thèmes en filigrane le parcours de Brice qui, partant d'un niveau très "con" pour reprendre le qualificatif de son père, commence à devenir un homme en rencontrant la vraie amitié (émouvante accolade Marius/Brice pré-finale) et le vrai amour, alors qu'il n'en avait jusqu'à présent que des ersatz. C'est la force du film : tout en conservant une attitude, le personnage évolue vers plus de profondeur. Même sur le "kassage" : à la fin, lorsque le petit surfeur offre à Brice son trophée et lui demande : "tu me casses pas, là ?", il répond : "Non, pas là, j'ai pas envie". Alors, chers amis critiques, il faudrait peut-être se souvenir de tout cela ?
Bien sûr, vous me direz : que c'est bon enfant ! Eh oui, justement, c'est bon enfant. Et cela me dérange moins que toute la complaisance envers la violence qui inonde nos écrans.

Lorsque Pierre Murat, déjà cité, donne un "hélas" comme note au film, je dis : ce n'est pas possible !
Lorsque Marie Boëton ("Brice la déferlante", La Croix, 20 avril 2005, supplément "Parents & Enfants", p. IV) dit qu' "il reste difficile de s'attacher à un héros qui demande avec suffisance à une serveuse ce que 'travailler' veut dire", je dis : contresens ! Cette scène se déroule au moment où Brice sort malgré lui de son adolescence de fils de riche. Cela ne représente pas le personnage dans son entier puisqu'il va fortement évoluer : on peut constater qu'à la fin du film il semble bien intégré dans l'équipe de ramassage de plage. Ne méprisons pas ce dialogue : au bout du rouleau, Marius lance à Brice : "J'ai rien eu dans la vie", lequel répond : "Moi, j'ai tout eu, ça m'empêche pas d'être dans la même merde que toi".
De même, Brice "sélectionne à l'entrée de ses soirées les jeunes les plus branchés, reléguant ceux trop éloignés des canons en vigueur" (Marie Boëton, op. cit.). Mais là encore, il s'agit d'une attitude courante pendant sa période dorée. Ensuite il évolue : après s'être moqué de Marius, il devient passionnément son ami, essayant même de remporter pour lui un concours de surf alors qu'il n'a en fait jamais surfé !
Je veux bien admettre la critique sur la déferlante marketing. Elle est manifeste sur le site (quoiqu'un second degré me paraît évident). Pourtant, là encore, nuançons. Rappelons-nous que le personnage de Brice est né il y a dix ans dans les sketches de Jean Dujardin. A l'époque, pas de plan marketing. Il y a donc bien autre chose dans le succès de ce personnage ou de ce film.
Remarque personnelle : le parler "djeune" n'est pas un critère en soi pour juger de la valeur d'un film. De tout temps, un vocabulaire typique a vu le jour au sein des générations les moins âgées. Le verlan est très ancien mais toujours d'actualité, même s'il ne porte plus sur les mêmes mots ; que dire des zazous dans les années quarante ? ; ou des Apaches au début du XXe siècle ? Pourquoi serait-ce différent aujourd'hui ? Suivons l'évolution chronologique d'une expression, des années soixante à nos jours : c'est bath, c'est super, c'est génial, c'est in, c'est (trop) d'la balle, je kiffe (à donf), ça déchire. Certes, on pourra y voir une progression vers une plus grande agressivité, mais regardons autour de nous : elle correspond malheureusement au fonctionnement de notre société. En tout cas, un vocabulaire typé existe depuis toujours.

Brice de Nice, film français (1h38). Réal. : James Huth. Avec : Jean Dujardin, Clovis Cornillac, Elodie Bouchez, Alexandra Lamy.
Site officiel de Brice de Nice : http://www.bricedenice.com

P.S. Ca va, j'ai bon, Pass' ? Je l'ai, mon brevet d'anti-snob ? ;0) ;0)

3 Comments:

At 5/27/2005 3:38 PM, Anonymous Anonyme said...

Mouais mouais.... ché pas....
Sinon, si tu racontes tout on va pas pouvoir y aller !!!! ;o)

 
At 5/27/2005 3:38 PM, Anonymous Anonyme said...

Mouais mouais.... ché pas....
Sinon, si tu racontes tout on va pas pouvoir y aller !!!! ;o)

 
At 5/27/2005 3:44 PM, Anonymous Anonyme said...

tiens je radote ;o)

 

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