12.6.05

Caricatures-sculptures



En ce moment, parmi les nombreuses expositions du Musée d'Orsay, se trouve une rareté que je n'ai pas encore vue mais qui va vite m'attirer à Paris ! Il s'agit de 36 "bustes-charges" d'Honoré Daumier, 36 "Célébrités du juste milieu" (dont 26 parlementaires de l'époque), têtes en terre crue coloriées qui firent l'admiration d'un Balzac ou d'un Baudelaire pour leur incroyable justesse psychologique. Cette présentation au public fait suite à une restauration qui aura duré trois ans (restauration d'un matériau qui se délitait ou recherche des figurines d'origine masquées par de précédentes restaurations).

Charles Philippon, fondateur des journaux satiriques La Caricature et Charivari, suite à un discours de Louis-Philippe selon lequel il cherchait "à se tenir dans un juste milieu également éloigné des excès du pouvoir populaire et des abus du pouvoir royal", avait commandé ces figurines à Daumier afin qu'elles deviennent "un monument à la sottise contemporaine". Tout le monde connaît bien sûr Honoré Daumier comme le plus grand caricaturiste du XIXe siècle (voir quelques exemplaires fabuleux sur le site http://wwwcano.lagravure.com/2daumier_lithos.htm). Mais arriver à rendre le trait forcé de la caricature par la sculpture est une autre paire de manches. C'est ce que permet de découvrir l'exposition.

Je laisse maintenant la parole au journaliste de l'AFP (dépêche 24 mai 2005) pour la description de chaque figurine puisque je ne les connais pas encore. En tout cas, cela fait envie :

«Daumier, dans ses maquettes en terre crue et peintes, se surpassa.

Fronts fuyants, crânes en pain de sucre, bajoues de bourgeois bien nourris, regards fendus, mimiques pleines de componction ou d'hypocrisie, airs endormis ou roublards, rien n'y manque.


A n'en pas douter, M. Prunelle, maire de Lyon et député, la bouche grimaçante, l'oeil noir, la chevelure d'un homme aux "transports frénétiques", était à classer parmi les atrabilaires. On n'en dira pas autant du député et pair de France, Etienne, à la bouffissure somnolente et pleine de satisfaction.


Colère et dédain se dégagent du buste de Laurent Cunin, député et pair lui aussi -visage crispé de rides, moue méprisante-, tandis qu'abrutissement et flagornerie signent le portrait du député et magistrat Dubois.


L'une des représentations les plus drôles montre un M. Harlé, député de Calais, le nez rougi, la bouche ouverte, prêt à éternuer, l'une des plus sinistres, la figure en lame de couteau de M. Persil, grand pourfendeur de journaux.


L'ajout de la couleur sur les Célébrités accentue encore l'irrévérence du trait et Daumier ne se priva pas de recourir au rose soutenu, à l'orangé, parfois même au vermillon pour illuminer les trognes, souligner les oreilles décollées ou violacer les pommettes des colériques.
»


— Daumier, Les célébrités du Juste Milieu, Musée d'Orsay, Salle Daumier, du 25 mai 2005 au 28 août 2005

— Catalogue : Daumier, Les Célébrités du Juste milieu (1832-1835), Réunion des Musées Nationaux, Fondation BNP Paribas, 128 pages, 25 €.

Pour quelques photos supplémentaires : http://www.bnpparibas.com/fr/actualite/mecenat.asp?Code=NAID-6CHHG3

1 Comments:

At 6/12/2005 9:46 PM, Anonymous Anonyme said...

Drôles ces bustes!!!! Tout de même il y a des expos culturelles à Paris qu'on aura jamais en Province!

 

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