Le Terminal
Bien qu'il m'intéressait, j'avais raté ce film à sa sortie. Je viens de me rattraper avec la sortie DVD. Attention : chef-d'œuvre !
Viktor Navorski, originaire de la Cracosie (pays imaginaire, un peu comme la Bordurie chez Tintin), arrive à l'aéroport JFK de New York et ne sait pas encore que ce "Terminal" va devenir son lieu de vie, son lieu d'apprentissage de l'Amérique, le lieu du développement d'un amour et de grands amitiés, au cours de longs mois d'attente (terme récurrent dans le film). Dès l'arrivée, son passeport est en effet refusé car son pays vient de connaître un renversement de régime. Viktor devient de facto prisonnier du no man's land : il lui est impossible de sortir du côté de l'Amérique car son pays d'origine n'autorise plus les voyages à l'étranger, ni d'y retourner car les frontières sont fermées. Il faut de plus attendre que les États-Unis reconnaissent le nouveau gouvernement, rétablissent des liens diplomatiques, etc.
Je n'en dis pas plus car je vais me faire pass'er un savon mais, dans ce film, vous trouvez tout ce qui fait la grandeur du cinéma américain (eh oui, il reste encore de belles choses aux États-Unis) : le souffle, même pour les gestes de la vie quotidienne, des acteurs prodigieux (Tom Hanks !, celui qui devrait gagner l'oscar tous les ans — il en a déjà deux, ce qui est rarissime ; Catherine Zeta-Jones, sublime, forcément sublime ; et d'autres moins connus, tous excellents, dont un indien de 87 ans qui est une révélation), des cinéastes géniaux (qui peut me trouver un seul film raté de Spielberg ? Ici, toutes les images sont magnifiques, tout est parfaitement amené, etc.), une musique parfaite (John Williams, une fois de plus, l'auteur de la BO de Star Wars). C'est la grande classe, tout est parfait, l'équipe du film n'est constituée que des meilleurs.
Ce film est inspiré d'une vraie histoire, celle de Karim Nasser Miran, réfugié iranien installé sans papiers depuis 1988 dans le Terminal 1 de l'aéroport parisien Roissy Charles-de-Gaulle. Parti de Téhéran pour Londres en 1974 à la recherche de sa mère naturelle, il ne put rentrer en territoire britannique après s'être fait voler son passeport et son certificat de réfugié des Nations Unies, et fut déchu de sa nationalité dans les années 80, lorsqu'il revint an Iran. Débuta alors pour lui un long et chaotique voyage en Europe, qui le vit se faire expulser de chaque nouveau pays dans lequel il pensait s'installer, faute de papiers en règle. Depuis 1988, ce SDF pas comme les autres, plus connu sous le nom de "Sir Alfred", est donc installé, avec l'autorisation des autorités, dans l'enceinte de l'aéroport Charles-de-Gaulle. Toujours sans papiers, il envisage de partir prochainement pour le Canada, après avoir sorti sa biographie The Terminal man et touché une belle somme d'argent pour avoir inspiré Le Terminal. La comédie Tombés du ciel, avec Jean Rochefort dans le rôle principal, était également basée sur l'expérience hors-du-commun vécue par le réfugié iranien dans l'aéroport Charles-de-Gaulle.
Une histoire d'amour, un histoire d'amitiés, une histoire de fidélité à une promesse, une histoire de tracas administratifs et d'application rigide des textes. Au visionnage de ce film, vous serez émus, hilares souvent. C'est d'une subtilité rare. Et si ce film est intemporel, il n'en est pas moins très actuel par les problèmes administratifs qu'il évoque et par son rappel des grands idéaux de l'Amérique en opposition avec ce qui se passe actuellement, comme si Spielberg voulait faire réfléchir ses compatriotes. A un moment où le directeur de la sécurité veux faire mettre Viktor dans une prison fédérale pour s'en débarrasser et n'y arrive pas, il raccroche de rage son téléphone en s'écriant : "on emprisonne tellement de personnes dans ce pays qu'il n'y a plus de place !".
Alors, si vous aimez les histoires sentimentales qui ne sont pas "culcul", les happy-ends-mais-pas-trop, visionnez ce film au plus vite et par tous les moyens. Vous ne pouvez le regretter.
Voici le site officiel français : http://www.uipfrance.com/sites/leterminal. Si vous n'êtes pas alléchés par la bande-annonce, je ne peux plus rien pour vous...
2 Comments:
J'ai hésité à aller voir ce film au ciné car plutôt anti-américaine mais là ça me donne envi ton enthousiasme.
C'est exactement cela : le film montre les mauvais côtés actuels de l'Amérique. Mais Spielberg fait très bien ressentir tout ce que les Etats-Unis avaient aussi de grand autrefois : altruisme, ouverture envers tous les peuples du monde... Il veut dire que cela est sous-jacent et qu'on pourrait y revenir. Dans une interview récente (Le Monde 2, la semaine dernière), il dit que les Etats-Unis ont considérablement fermé leurs frontières mais que cela n'a rien changé au fond : ils sont toujours sous la menace d'uen attaque terroriste.
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