Apollinaire
L'adieu
« J'ai cueilli ce brin de bruyère
L'automne est morte souviens-t'en
Nous ne nous verrons plus sur terre
Odeur du temps brin de bruyère
Et souviens-toi que je t'attends. »
Ce poème de cinq vers est paru dans l"un des plus grands recueils de poésie française de tous les temps, Alcools (1913) de Guillaume Apollinaire. Depuis que je le connais, il est en permanence à mon esprit. Il est la marque même du génie.
La simplicité est extrême, le vocabulaire de tous les jours. Il semble avoir été écrit d'un seul jet, au fil de la plume. Mais il est extrêmement dense en même temps : en quelques lignes, tout est dit, pendant lesquelles de nombreuses images et odeurs sont passées. Enfin, l'extraordinaire qui ne choque pas le moins du monde : l'automne devient ici féminin, volonté du poète, démiurge qui façonne à sa guise la langue française, mais non pour choquer : le néologisme devient aussi naturel que les termes précis des dictionnaires. Seuls quelques poètes savent faire cela. Apollinaire en fait partie.
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