Marceline Desbordes-Valmore
Puisque la poésie semble plaire, j'accole au poème d'hier un autre de même thématique d'une poétesse redevenue à la mode depuis quelque temps, depuis j'ai l'impression l'album des 50 ans de Julien Clerc, intitulé sobrement Julien (1997), dont la chanson Les séparés eut grand succès (souvenez-vous de l'incipit : "N'écris pas...") et obtint d'ailleurs un prix de la Sacem.
Cette poétesse se nomme Marceline Desbordes-Valmore (1786-1859). Elle était beaucoup admirée des poètes romantiques, surnommée parfois "Notre-Dame-Des-Pleurs "à cause de ses nombreuses infortunes (ruine familiale, perte de sa mère, de ses deux enfants, amours malheureuses). Je ne crois pas qu'un poète masculin ait jamais aussi bien parlé de l'amour, même si c'est souvent tragique. Je vous propose donc un poème dans la tonalité de celui d'Apollinaire, paru hier dans La Croix :
Le dernier rendez-vous
Mon seul amour ! embrasse-moi.
Si la mort me veut avant toi,
Je bénis Dieu ; tu m’as aimée !
Ce doux hymen eut peu d’instants :
Tu vois ; les fleurs n’ont qu’un printemps,
Et la rose meurt embaumée.
Mais quand, sous tes pieds renfermée,
Tu viendras me parler tout bas,
Crains-tu que je n’entende pas ?
Je t’entendrai, mon seul amour !
Triste dans mon dernier séjour,
Si le courage t’abandonne ;
Et la nuit, sans te commander,
J’irai doucement te gronder,
Puis te dire : « Dieu nous pardonne ! »
Et, d’une voix que le ciel donne,
Je te peindrai les cieux tout bas :
Crains-tu de ne m’entendre pas ?
J’irai seule, en quittant tes yeux,
T’attendre à la porte des Cieux,
Et prier pour ta délivrance.
Oh ! dussé-je y rester longtemps,
Je veux y couler mes instants
À t’adoucir quelque souffrance ;
Puis un jour, avec l’Espérance,
Je viendrai délier tes pas ;
Crains-tu que je ne vienne pas ?
Je viendrai, car tu dois mourir,
Sans être las de me chérir ;
Et comme deux ramiers fidèles,
Séparés par de sombres jours,
Pour monter où l’on vit toujours,
Nous entrelacerons nos ailes !
Là, nos heures sont éternelles :
Quand Dieu nous l’a promis tout bas,
Crois-tu que je n’écoutais pas ?
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