Canardages 23 novembre 2005
Un des éditoriaux de une s’intitule : « Couvre-feu sur le couvre-feu ». Il pointe le fait que l’on attend toujours, puisque l’on a déclenché l’état d’urgence, les CRS, les hélicos, les engins blindés. On n’a pas vue non plus de fermetures de débits de boissons, de salles de spectacles, de mise sous contrôle de la presse, toutes choses permises par cet état d’urgence. Alors, comme le dit le journal, « à quoi sert d’aller réveiller une loi d’il y un demi-siècle, la loi du 3 avril 1955 pondue en pleine guerre d’Algérie, si c’est pour lui faire faire de la figuration ? ». Et de la prolonger de trois mois puisque les choses se calment ? Hypothèse du Canard : pouvoir réactiver le couvre-feu lors des prochaines fêtes de fin d’année, lorsque les voitures ont l’habitude de brûler. Mais alors, loi d’exception pour événements routiniers ? Est-ce bien raisonnable ?
Le projet européen Reach envisageait d’analyser 100000 substances chimiques (dans les peintures, colles, plastiques...) mises sur le marché depuis un quart de siècle sans connaître leur dangerosité. Mais les industriels de la chimie sont montés au créneau : 1° cela va nous conduire à la ruine ! 2° Le projet est trop coûteux ! 3° Des millions de travailleurs vont se retrouver au chômage (antienne habituelle). Résultat : 6000 propositions d’amendements, des années de bataille, Colin Powell lui-même demandant aux ambassadeurs US de torpiller de projet. Ce dernier vient d’être voté à Strasbourg (personne n’en parle sauf le Canard, comme souvent), très allégé : seules 30000 substances seront - dans les 11 années prochaines ! - évaluées. MAIS toutes celles produites à moins de 100 tonnes par an passeront entre les mailles du filet. Soit, selon les Verts européens, 50000 molécules. Dormez tranquille, de sera pour la prochaine fois !
Des nouvelles de Monsieur Douste. Deviendrait-il lucide devant ses déboires gouvernementaux ? En tout cas, il semble qu’il regarderait à nouveau vers la Mairie de Toulouse. Malheureusement, son jeune remplaçant, Jean-Luc Moudenc, a acquit une bonne image dans la ville rose, et Dominique Baudis pourrait bien aussi avoir envie de revenir. Quand on sait que ce dernier tient Douste pour un des responsables de ses problèmes médiatiques dans l’affaire Alègre, on peut penser qu’il lui ferait plaisir de le battre. D’autant plus que Douste a déclaré au mois de mai dernier au Figaro : « l’hypothèse du retour de Baudis fait rire tout le monde ». Sauf, visiblement, Baudis. De plus, des sondages viennent de sortir. Ils sont assassins Selon Ipsos, en octobre, Baudis est crédité de 74 % de bonne opinion chez les toulousains, 55 % pour Moudenc et... 33 % seulement pour Douste-Blabla qui enregistre tout de même 56 % de mauvaises opinions. Sur toutes les autres questions, il arrive dernier. Chapeau l’artiste !
Encore quelques articles sur les banlieues. Le Canard révèle une lettre envoyée le 16 novembre par Jean-Pierre Raynaud, patron du Syndicat national des offciers de police, à Nicolas Sarkozy. Bien sûr, ce syndicat et plutôt de gauche. N’empêche, le propos est assez effrayant. Deux pages de bilan des soirées d’émeutes :
- Faute de formation, beaucoup de policiers « n’étaient pas en capacité de se servir des matériels mis à leur disposition (casques de maintient de l’ordre, grenades, flashballs) »,
- « [...] des interventions prématurées ou non préparées [...] ont provoqué la destruction ou la mise hors service de nombreux véhicules de police »,
- Faute d’une logistique efficace à l’arrière, les « fonctionnaires en opération n’ont pas pu se restaurer, se désaltérer ou se reposer »,
- Aucune cellule psychologique, pourtant mise en place pour tout problème civil. « un apport de cette nature, après dix nuits de stress, aurait été apprécié »,
- Les collègues qui souhaitaient aider leurs camarades ont été renvoyés dans leurs foyers « au prétexte que leur présence en renfort générerait trop de récupération »,
- Il cite le cas d’un jeune lieutenant que l’on a « obligé à changer d’indicatif radio afin qu’il n’apparaisse pas sur la main courante, alors qu’il était en dépassement horaire »,
- Conclusion : « Je me permets de rappeler qu’avant les événements il était dû 6 millions d’heures supplémentaires aux officiers de police ».
Où l’on voit que la police est aussi bien gérée que l’Éducation nationale. Ah non, les heures sup’ sont pour l’instant payées. Mais les changements d’échelon, vous n’en voyez la couleur qu’un an après (vous avez bien lu : vous n’êtes payés en plus qu’un an après avoir reçu votre notification de changement d’échelon).
Double peine pour les voitures : lorsque l’on vous brûle une voiture, il faut la faire enlever vous-même. Sinon, mise en fourrière et frais supplémentaires. C’est ce que vient de vivre une habitante de Gagny (93) le 2 novembre : sa voiture ayant brûlé la nuit, elle court porter plainte. Le soir, lorsqu’elle rentre chez elle, elle constate que la carcasse a été emmenée avec six autres à la fourrière. Montant : 136 d’enlèvement et 10 euros par jour supplémentaire à la fourrière. Les assureurs, en général, ne veulent rien entendre. La voiture, c’est vraiment la vache à lait des français.
Un peu de mauvaise foi. Mireille Mathieu, dans France-soir (18 novembre) : « Quand je rencontre des ministres chinois, je leur dit d’acheter des airbus ». Le Canard : « Le résultat ne s’est pas fait attendre. La Chine vient de commander à Boeing 70 exemplaires de son moyen-courrier 737, après une commande monstre de 60 long-courriers Dreamliner. On attend avec inquiétude la prochaine tournée chinoise de Mireille Mathieu. »
Dans Le Monde (19 novembre), Géraldine, 24 ans, de mère antillaise et de père africain, maîtrise de droit public, cherche du boulot depuis 6 mois : « Des entreprises qui réclamaient des débutants m’ont dit que je n’avais pas assez d’expérience ». Le Canard : « Débuter, ma chère, c’est un métier ! ».
Et enfin quelques perles :
- Dans Le Bien public , 14 novembre : « Les Zizigoths reprirent possession de toute l’Espagne ». Le Canard : « Ils sont arrivés dard-dard ! » et « Ces Wisigoths menaient les gens à la braguette ».
- Le Monde, 10 novembre : « Le véhicule de transport en coma a été pris sous un jet de coktails Molotov ». Le Canard : « Les transports en communs ? Complètement chaos ! ».
- Le Quotidien du médecin, 8 novembre, à propos du Prix Goncourt : « C’en est donc fini du suspense qui a agité le lanterneau littéraire ». Le Canard : « Le Landerneau est d’accord : le roman de Weyergans n’est pas un brûlot ».
- Télé DVD 7, 11 août (cela vient de loin parfois) : « L’enfer des trachées ». Le Canard : « Dans les tranchées allemandes, on entendait parfois : “Glotte mit uns !” ».
- Star Ac’, 15 novembre, le prof de gym : « Magalie, en une semaine 1 kilo 300 t’as repris, tu faisais 77.6 et tu fais 78.3 ». Le Canard : « On attend toujours un prof de maths à la “Starac’’ ».
1 Comments:
J'aime trop tes revues de presse. Faut avouer que "le canard" c'est géant!.... vais me mettre à le lire!
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