6.1.06

"La femme est le passé de l'hoomme" (à chanter accompagné d'un lithophone)


Nous les avons trop souvent oubliées. Au temps de la préhistoire, il n’y avait pas que des mâles qui cognaient des silex ou qui attaquaient le mamouth. Il y avait aussi des femmes. Mais elles étaient si discrètes qu’elles s’effaçaient devant les « fils des âges farouches » pour reprendre le titre que porte Rahan, héros éponyme (et là le terme n'est pas mal utilisé contrairement à son utilisation en hausse dans les médias) d'une bande dessinée .

La belle découverte que l’on vient de faire montre qu’elles ne participaient pas qu’aux « travaux ménagers » mais avaient toute leur place dans la création des vastes fresques préhistoriques que nous connaissons. Cela vient d’être relaté dans Le Figaro d’hier et je trouve cela très beau. Voici l’article :


Des mains de femmes sur les parois des grottes
PRÉHISTOIRE

Une étude des empreintes de main montre, pour la première fois de façon sûre, que les femmes participaient à la réalisation des peintures rupestres.

« LA PARITÉ faisait loi dans les grottes préhistoriques. Les dessins exécutés il y a plus de 10 000 ans sur les parois rocheuses n'étaient pas l'apanage des hommes, les femmes aussi ont pratiqué cet «art». La découverte, petite révolution dans le domaine de la préhistoire, a été faite dans la grotte Gua Masri II à l'est de Bornéo (Indonésie). Jean-Michel Chazine, chercheur au CNRS, y étudie depuis plus de dix ans avec son équipe les peintures rupestres. Dans cette région du monde, les grottes sont riches en représentations de mains dites négatives, c'est-à-dire réalisées par la méthode du pochoir en appliquant sa main contre la pierre puis en y crachotant un colorant naturel préalablement malaxé dans la bouche.

C'est précisément de ces empreintes de main que se sont servis les scientifiques pour identifier le sexe de leurs auteurs. En 2004, deux préhistoriens américains avaient ouvert la voie en affirmant qu'il était possible de distinguer un homme d'une femme en mesurant la longueur des doigts sur les tracés. Deux ans plus tôt en effet, le biologiste John Manning avait montré, sur des milliers de personnes d'origines géographiques diverses, que la majorité des hommes avaient l'annulaire plus long que l'index, quand les femmes avaient ces deux doigts de la même taille. Jean-Michel Chazine saute le pas et demande à Arnaud Noury, informaticien et ex-préhistorien, de réaliser un logiciel spécialisé.

Dans la grotte indonésienne, le mur prend alors une tout autre dimension. Là où les préhistoriens ne voyaient que des mains d'homme, des mains de femme les côtoient désormais. On soupçonnait déjà la présence de femmes dans les grottes réservées aux cérémonies. Des traces de pied d'aspect féminin retrouvées au sol et des empreintes de main particulièrement fines laissaient à penser qu'elles avaient pu y pénétrer. Dans la grotte Cosquer près de Marseille, ce sont même des mains d'enfant, positives cette fois, qui ont été découvertes. Mais on sait maintenant que les femmes ont eu un rôle actif dans la réalisation des ornementations. A Bornéo, les grottes peintes sont très difficiles d'accès et ne contiennent aucune trace d'occupation prolongée. Ce qui fait dire aux chercheurs qu'elles étaient uniquement consacrées aux cérémonies sacrées. «Les femmes ont donc été initiées de la même façon que les hommes aux rites magiques, explique Jean Courtin, préhistorien spécialiste de la grotte Cosquer. Elles aussi pouvaient devenir chamanes, ce n'étaient pas de simples malades venues se faire soigner.»

Des agencements différents
Malgré tout, la différence entre les deux sexes existe bel et bien. Il ne semble pas y avoir eu une supériorité numérique des hommes par rapport aux femmes dans la grotte de Masri, mais chaque genre a développé un agencement des dessins différent : les mains des hommes apparaissent par «paquets», celles des femmes forment plutôt un chemin. Et ces dernières ont visiblement été imprimées sur la pierre après celles des hommes. «Cela change totalement l'interprétation que l'on faisait des mains et de leur succession dans le temps et dans l'espace de la grotte», juge Jean-Michel Chazine.

Une nouvelle donnée que les préhistoriens du monde entier devront maintenant prendre en compte. Ils devront notamment dire si les pratiques dans les autres «sanctuaires» préhistoriques étaient les mêmes qu'à Bornéo. Dans la grotte Cosquer notamment, où l'on trouve à la fois des mains noires réalisées avec du charbon et rouges faites à l'ocre dans deux endroits différents, les chercheurs veulent vérifier s'il n'y avait pas un colorant réservé aux hommes et un autre aux femmes.»

Source : Julien Bourdet, Le Figaro, 05 janvier 2006, p. 10

3 Comments:

At 1/06/2006 5:49 PM, Anonymous Anonyme said...

Nos ancêtres n'étaient donc pas aussi machos que le montre les images humoristiques où l'on voit l'homme tirant sa femme par les cheveux. Ca fait plaisir tout de même !! Lol
Bisous et bon week-end

 
At 1/06/2006 7:40 PM, Anonymous Anonyme said...

Oui, tu as raison ! le système matriarcal a été longtemps usité par les ethnies pendant des siècles. La civilisation a renversé le mouvement, bien qu'il y ait encore qq ethnies dont le mode de vie est basé et géré par les femmes.
Quant à savoir qui de l'homme ou de la femme est "le sexe fort", cela me parait complètement inutile ! chacun d'entre nous a sa place dans la société, et est différent ! ce qui fait un monde, une nation, .... une famille au sens large du terme !
Très intéressant ton article ! j'ai travaillé sur la préhistoire pendant 4 ans, et cela me replonge dans mes dossiers d'antant !
merci à toi et gros bisous

 
At 1/06/2006 9:57 PM, Anonymous Anonyme said...

Comme je peinturlure souvent avec mes mains... j'm'demande...

 

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