La perfide Albion ne manque pas d'humour, même au plus haut niveau
Nos chers amis anglais me fascinent toujours par le détachement qu’ils mettent dans beaucoup de choses et par leur habitude de ne pas se prendre trop au sérieux. Je me souviens d’un défilé à Londres aux alentours du 11 novembre. C’était surréaliste ! Les personnes les plus huppées, chapeau haut-de-forme et Rolls Royce, n’étaient pas les derniers à s’amuser : peluches, cornes de voitures anciennes. Ah, ça avait de la gueule !
Eh bien il en va de même pour le milieu scientifique, ainsi que nous le révélait Le Monde de ce week-end, dans un article que je vous livre in-extenso. Une étude sur la disparition des petites cuillères, un autre sur les bienfaits du didjeridoo : vive la science !
« Le d'ordinaire très sérieux British Medical Journal consacre toujours son numéro de fin d'année à des études qui, pour être menées en toute rigueur, n'en portent pas moins sur des sujets tous plus originaux, voire fantaisistes, les uns que les autres. L'édition datée 24-31 décembre ne déroge pas à cette tradition.
A l'autre bout du monde, "down under", comme disent les Britanniques, trois membres d'un institut de recherche australien se sont penchés sur l'un des mystères les plus tenaces du monde contemporain, presque aussi difficile à percer que celui de l'écriture maya : "le cas des cuillers à thé qui disparaissent".
Pour Megan Lim et ses collègues, tout a commencé un jour de janvier 2004. Ils constatent que celui des huit espaces détente de leur institut où ils prennent leur thé se retrouve totalement dépourvu de cuillers. Un nouveau lot est aussitôt acheté. Il disparaît en quelques mois. En l'absence de données dans la littérature scientifique, les universitaires australiens se lancent alors dans une étude destinée à la terrible question qui les taraude : "Mais où sont passées ces foutues cuillers à thé ?"
Ils ont cherché à déterminer le taux de perte des cuillers à thé, leur demi-vie (délai à l'issue duquel la moitié de l'effectif a disparu), l'éventuelle différence du taux de disparition entre des locaux collectifs et individuels, l'influence de la qualité de la cuiller, etc.
Après une première phase dite "pilote" destinée à une évaluation grossière de la manière dont les cuillers à thé disparaissaient dans l'institut, les chercheurs théinophiles ont acheté 54 cuillers à thé en acier inoxydable et 16 autres d'un modèle plus luxueux.
Toutes ont été "discrètement numérotées" au moyen de vernis à ongles sur la face postérieure du manche. Les cuillers ont été réparties dans les huit espaces détente. Un comptage a été effectué toutes les semaines pendant deux mois, puis la surveillance s'est espacée : deux contrôles par mois pendant trois mois. Toutes les cuillers traînant sur les bureaux ou en évidence quelque part étaient récupérées. Au bout des 5 mois, les chercheurs ont révélé à leurs collègues leur étude jusque-là clandestine. Ils leur ont demandé de rendre, anonymement, les cuillers à thé en leur possession et de remplir un questionnaire tout aussi anonyme.
Au cours de l'étude, 56 cuillers à thé, 80 % de celles ayant servi à l'étude, ont disparu. La moitié du lot s'était évanouie au bout de 81 jours. Dans les locaux communs, cette demi-vie était nettement plus courte : 42 jours. La valeur de la cuiller n'a pas modifié le taux de disparition.
Les investigateurs ont calculé : à la vitesse où les cuillers disparaissaient, il faudrait en acheter 250 par an pour maintenir une "population de 70 cuillers à thé dans l'ensemble de l'institut."
Dans un autre article du même numéro, une équipe multidisciplinaire suisse rapporte, dans un article de 5 pages, les résultats d'un essai contrôlé, avec répartition aléatoire des participants, démontrant que la pratique du didjeridoo, instrument à vent en forme de tube des Aborigènes australiens, constitue un traitement alternatif efficace pour les personnes affligées d'un syndrome d'apnée du sommeil d'intensité modérée. Vingt-cinq hommes, âgés de plus de 18 ans, souffrant tous de ronflements et d'apnée du sommeil, ont été recrutés.
Un professeur a enseigné durant quatre mois à 14 de ces hommes la technique très particulière de l'instrument, les 11 autres servant de groupe contrôle. Jouer du didjeridoo suppose de maîtriser la position des lèvres afin de produire le son de base, mais aussi de pratiquer la respiration circulaire ou "souffle continu".
Les pratiquants ont vu leur somnolence diurne et leur apnée du sommeil diminuer de manière significative. L'effet est confirmé par le témoignage des conjoints, dont le sommeil a été moins perturbé. Explication vraisemblable : un renforcement de la musculature des voies aériennes supérieures dû aux exercices sur l'instrument. »
Source : Benkimoun, Paul, « Cuillers à thé et didjeridoo », Le Monde, 31.12.05, p. 27
1 Comments:
Etonnant le mystère des petites cuillères ????
quant au didjeridoo, il est bien dommage que cette pratique ne soit pas appliquée par nos médecins !! j'en connais un qui en aurait joué et de force s'il le fallait ! LOLL les soi-disants "silence" ou autres produits vendus en pharmacie n'ont qu'un effet placebo et nul autre !
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