18.2.06

Les nouveaux bâtisseurs de cathédrales sont sur la Toile


Nous sommes en fin de semaine. Beaucoup de nos frères croyants se rendent dans les mosquées, les synagogues ou les églises. Pourquoi ne pas, devant les progrès techniques actuels, se rendre virtuellement dans un lieu de culte ? C’est en tout cas ce que propose Notre-Dame du Web, une église qui se niche dans la Toile depuis six ans (www.ndweb.org).

En un clic de souris , on peut s'y recueillir (le site est beaucoup axé sur la prière), lire des récits évangéliques, admirer des tableaux ou suivre les aventures d'un petit personnage nommé M. Laflèche. Et pour la troisième année consécutive, on peut y apprendre à prier durant le Carême, temps de pénitence et de conversion pour les catholiques avant Pâques. En 2005, plus de 1.300 internautes du monde entier avaient participé à cette cyber-retraite.

Le site a été lancé en l'an 2000 par un jésuite de 44 ans, Thierry Lamboley, et une soeur du Cénacle, Ghislaine Pauquet. « Au début, nous l'avions lancé à titre expérimental, raconte le père Thierry Lamboley. Nous avons été surpris de la manière dont les gens ont accroché ». Il fallait bien spur arriver à surmonter la contradiction entre un média virtuel et le face-à-face privilégié dans la tradition spirituelle ignatienne (du nom de Saint Ignace de Loyola, fondateur en 1540 aux côtés de Saint François-Xavier et Pierre Favre de la Compagnie de Jésus qui fête cette année son Jubilé). Ingénieur en télécommunications de formation, le père Lamboley s'est initié tout seul, dès 1993, aux techniques internet : « La réalité quotidienne prend un poids grâce à internet. Nous proposons des exercices pratiques qui renvoient les gens à leur univers, par exemple vivre un chemin de croix dans leur appartement ou leur maison en symbolisant chaque station par une pièce ».

Notre-Dame du Web accueille 25.000 internautes chaque mois. On y trouve des animations flash, des informations très brèves qui tiennent sur un écran et surtout pas de grands mots, selon la conception de départ : « Nous avons joué le jeu du langage internet, cette culture rapide, immédiate qui joue sur les couleurs, l'affectif », explique le père Thierry Lamboley. Le site permet de « prier à partir d'un site Web » grâce à des liens avec le site du musée Marc Chagall ou des sites d'actualité générale. Un livre d'or permet à chacun de déposer un message : « En général, il y a une cinquantaine de pays représentés, c'est une véritable communauté chrétienne qui se tisse ». On y trouve d’ailleurs des enfants d'une école de Guinée équatoriale, des internautes du Liban, de Roumanie ou de Belgique et de toute la France. Claude se réjouit de ne plus être « isolée dans une campagne déchristianisée », Micheline explique : « L'âge réduit ma mobilité mais, grâce à ce site, je me sens solidaire de tous mes frères chrétiens ». Sur le forum de « prière continue », ils livrent leurs soucis ou leurs joies à Notre-Dame du Web : « J'ai très peur de la grippe aviaire, protège-nous », « pour mes deux fils qui sont au chômage depuis si longtemps », « après 18 jours avec la maladie du chikunguya, je commence à reprendre des forces, aide moi à continuer à lutter » ou simplement « merci pour la belle journée que nous avons passée ».

De tout temps, les catholiques ou plus généralement les religieux, ont été à la pointe des derniers progrès techniques pour diffuser leur foi. Parfois avec malheureusement avec trop de force (dominicains). Cet accompagnement du progrès semble continuer. En même temps, un ordinateur, c’est tout de même un peu froid, je trouve...

Source : AFP, 16 février 2006