2.2.06

Les robots n'appartiennent plus au futur


Vous vous souvenez des robots anthropomorphiques ou cinomorphiques des scientifiques japonais ? Il se pourrait bien qu'ils disparaissent rapidement, en tout cas chez Sony. Emblèmes de ses prouesses technologiques du temps de la splendeur de la firme, les robots d'agrément vont en effet bientôt être mis à la retraite d'office par le géant japonais de l'électronique, actuellement en difficulté et qui cherche à tailler dans toutes ses activités non rentables.

Sony, qui mène actuellement un plan de restructuration draconien prévoyant la suppression de 10.000 emplois, a annoncé jeudi dernier un bénéfice net bien meilleur que prévu au troisième trimestre 2005-2006 et compte désormais, alors qu'il tablait auparavant sur une perte, finir l'exercice dans le positif. Sony est dirigé depuis septembre dernier par un ancien journaliste américain d'origine galloise, Sir Howard Stringer, premier patron étranger de l'histoire du groupe, nommé sans doute avec l'espoir d'une aussi bonne action que Carlos Ghosn auprès de Nissan (lequel, rappelons-le, a tellement redressé le groupe avant de revenir auprès de Renault qu'il est le héros d'un manga au Japon).

Les robots deviennent donc indésirables chez l'inventeur du célèbre Walkman, le groupe n'ayant désormais "plus la place" pour les activités incapables de générer des profits immédiats, a expliqué Kazumasa Hirose, analyste à l'Institut de recherche Tokai Tokyo, en ajoutant : "Je pense qu'ils ont arrêté cette activité parce que les employés se demandaient pourquoi le groupe la maintenait" tout en coupant dans les effectifs, en fermant des usines et en réduisant les salaire.

Sony a donc annoncé jeudi qu'il cessera de produire en mars prochain son chien robot Aibo qui, à 1.700 dollars l'unité, a séduit quelque 150.000 riches amateurs d'animaux domestiques artificiels depuis son lancement en 1999.
Le groupe va également cesser de développer le QRIO, un robot humanoïde de 60 centimètres de haut qui n'était pas vendu dans le commerce, mais servait depuis 2000 d'"ambassadeur" de la marque Sony à travers le monde.

Selon Monsieur Hirose, la prochaine priorité de Sony devrait être de revenir en force sur le marché des téléviseurs, qu'il dominait dans les années 1990 avant d'être dépassé par ses compatriotes Matsushita et Sharp et par le sud-coréen Samsung, faute d'avoir su négocier le virage du numérique et des écrans plats. "Ensuite, le groupe devrait chercher à augmenter la rentabilité de ses composants électroniques et de ses semi-conducteurs".

Tout cela ne va pas sans quelques remous naturellement. Pour Mitsuhiro Osawa, analyste chez Mizuho Investors Securities, les robots étaient "une vitrine de Sony, un produit d'appel pour les consommateurs" : "Ils vont nous manquer car ils montraient aux consommateurs les technologies de pointe qu'ils ne pouvaient pas voir en utilisant tous les jours leurs appareils ménagers. Mais la Bourse pense différemment. Les investisseurs sont convaincus que Sony est assez sérieux pour poursuivre fermement ses restructurations".

Outre l'arrêt de la production des robots, Sony a également annoncé celle de ses systèmes de navigation pour voitures. Le groupe cessera par ailleurs de produire ses Walkman au Japon, et ses téléviseurs à tube cathodique aux Etats-Unis. Monsieur Osawa conclut : alors que l'ancien patron de Sony, Nobuyuki Idei, rêvait de relier un jour les ordinateurs personnels, la télévision et les consoles de jeu dans les foyers du futur, le groupe semble aujourd'hui "revenu à une approche réaliste".

Même si je ne suis pas un fanatique de ce genre de robot, substitut à des rapports vivants (un animal mécanique, beurk !), je suis pour la recherche et je constate qu'une fois de plus, le monde, de plus en plus soumis aux chiffres, s'empêche de regarder l'avenir et, en même temps de rêver. À défaut de robots humains, on a l'impression que de plus en plus d'humains robotisés envahissent notre planète.


Source : AFP, 30 janvier 2006