Amis chercheurs, la musique populaire s’ouvre à vous.
La chanson, on s’en doute, a aussi un patrimoine. C’est lui que veulent inventorier le Centre national de la chanson, des variétés et du jazz (CNV) et l'association Le Hall de la chanson (association qui œuvre depuis 1990 à la mise en valeur des répertoires de la chanson via des expositions, des conférences chantées, des spectacles ou des sites internet), par l’intermédiaire d'une base de données mise en ligne aujourd’hui même. Affiches, disques, partitions ou mêmes travaux universitaires, tout document en rapport avec la chanson est destiné à être répertorier pour servir de source à chaque personne voulant creuser un sujet ou une question en rapport avec elle.
Ce premier inventaire de l'état des ressources patrimoniales de la chanson en France a été présenté samedi au Printemps de Bourges par Le Hall et le CNV, ce dernier étant un établissement public présidé par le directeur du Printemps, Daniel Colling. Pour parvenir à ce premier inventaire, ses initiateurs ont interrogé des institutions publiques et privées, des collectivités locales, des professionnels de l'édition, du spectacle et du disque, ou des collectionneurs professionnels ou amateurs, lors d'une première campagne de recensement qui a duré six mois. Une deuxième campagne de recensement aura lieu à l'automne afin d'enrichir le contenu de cet inventaire en ligne.
L'entreprise va plus loin que la constitution d’un simple catalogue : son but est de permettre de savoir où localiser, en France, telle ou telle archive ayant trait à la chanson, de quelque nature qu'elle soit, et pas seulement de la rendre disponible en ligne sur son propre site.
La recherche peut être générale, par mots-clés (comme« Piaf » ou « chanson contestataire »), ou orientée selon trois critères : le type de documents (du 33 tours aux documents administratifs en passant par les partitions ou les costumes), le thème (résumant le contenu des sujets recherchés) ou la localisation géographique.
On pourra ainsi, en quelques clics, savoir qu'un étudiant lyonnais a consacré un mémoire à la chanson réaliste en 1990, que telle mairie de banlieue parisienne conserve d'importantes archives sur tel chanteur méconnu, que telle chanson a en son temps été visée par la censure ou que tel particulier marseillais possède la plus grosse collection d'autographes en France.
Cette base de données, qui recense pour l'heure 400 fonds publics et privés, n'est qu'un « premier jet », selon Serge Hureau, directeur du Hall de la chanson : « ce premier inventaire a confirmé la richesse des archives nationales » et mis en évidence « l'importance des archives régionales, départementales et municipales », ainsi que « le nombre croissant de travaux universitaires sur la chanson », qui l'a étonné. Mais il reste beaucoup à faire pour « la constitution de la mémoire professionnelle des métiers de la chanson ». Il souligne avec raison que « les gens du spectacle ne voient pas trop l'utilité de s'intéresser au patrimoine, qui ne revêt pas d'intérêt immédiat » et ajoute même : « Ces dernières années, des “majors” du disque ont carrément détruit des matrices, et des enregistrements historiques ont aujourd'hui disparu ». La chanson est en effet souvent ancrée dans le temps présent, elle permet, comme l’on montré ces dernières années de nombreuses émissions radiophoniques (dont celles de Philippe Meyer ou de Benoît Duteurtre), de typer une époque. Et pourtant, que de chefs d’œuvre encore susceptibles de nous émouvoir !
Le site, que vous pouvez aller voir, est extrêmement bien présenté. La visite est interactive à travers le site du Trianon, ancien music-hall/cinéma dans lequel on peut se mouvoir. Allez vous promener par exemple dans la rubrique « La chanson du film » sur les chansons au cinéma (1er étage, en tournant entièrement à gauche et en cliquant sur : « salle »). On peut entre autre y entendre Avec son tra-la-la du film Quai des orfèvres (1947), avec notice sur le film, photo, etc. La présentation, à condition d’avoir une bonne ligne haut débit, est digne des cd-roms culturels qui, on le sait, ont tendance à moins se vendre. On comprend mieux pourquoi avec ce site.
Source principale : AFP, 2 mai 2006. Le site de l’inventaire et de la présentation multimédia : www.lehall.com.
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