31.5.05

Au temps des merveilleuses


Pour les passionnés d'histoire, je voudrais conseiller une exposition qui m'a enchanté il y a quelques semaines. Elle se déroule au musée Carnavalet à Paris et s'intitule : "Au temps des merveilleuses".
Elle permet de s'informer sur une époque (les dix ans qui séparent la fin de Robespierre et l'avènement de Napoléon), mais aussi - ce qui est plus rare - de ressentir intimement les choses grâce à la profusion des documents proposés et à leur variété.

La première pièce est une très grande salle présentant des dizaines de gravures et de tableaux. C'est une plongée dans une époque extrêmement agitée : prises de pouvoir, guillotine, coups de feu, affrontements de rue, on comprend vite que la vie était loin d'être paisible. Une "fureur de vivre" (préface du catalogue) s'était alors emparée de la population.
Puis, au fur et à mesure, apparaissent les objets du quotidien : lits somptueux, bibelots inspirés de l'Antique, papiers peints, costumes, bijoux, tous en excellent état de conservation et présentés de manière magnifique.
La construction de cette exposition n'est pas en effet la moindre de ses réussites : alors que parfois l'on se demande où le commisssaire à voulu en venir (je balance ? : "L'action restreinte, l'art moderne selon Mallarmé" aux Musée des Beaux-arts de Nantes), ici tout semble logique et l'on se prend à rester de nombreuses minutes dans la même salle pour examiner longuement un portrait, revenir sur une caricature, etc.
On apprend aussi un vocabulaire oublié : les "incroyables" étaient ces jeunes gens excentriques et extravagants dont le col remontait presque jusqu'au joues, les "croyables " les jeunes gens crédules qui se faisaient facilement détrousser.
On aurait aimé un peu plus de références musicales mais, mise à part cette petite réserve, l'exposition est "merveilleuse". Il vous reste deux semaines pour en profiter.

Au temps des Merveilleuses : la société parisienne sous le Directoire et le Consulat, Musée Carnavalet (23, rue de Sévigné, 75003 Paris, Métro : Saint-Paul (ligne 1) ou Chemin Vert (ligne 8)), du 9 mars au 12 juin 2005.
Catalogue de l'exposition (cf couverture en photo), 253 pages, 45 euros, ISBN 2-87900-877-8, AS 1470.

Parmi les nombreux sites évoquant cette exposition :

http://membres.lycos.fr/goncourt/ExpoMerveilleuses/pageune.htm


http://www.paris.fr/musees/musee_carnavalet/AFFICHE/principal_cadre.htm
Site officiel avec téléchargement du dossier de presse.

30.5.05

C'est dans la poche !






Trois wallabys, kangourous de petite taille, viennent d'être volés le week-end du 22 au parc animalier de Beauval à Saint-Aignan, dans le Loir-et-Cher (in La Croix, 25 mai 2005, p. 2).

Fort bien, mais quel peut donc bien être le but d'un tel forfait ? Il y a de quoi bondir ! Les revendre ? Mais le kangourou a-t-il une valeur si extraordinaire ? En faire des animaux de compagnie ? C'est un peu difficile dans un lieu clos. Des animaux domestiques ? Mais dans quel but ? En faire l'élevage comme pour les autruches qui se développent dans nos campagnes ? Je ne me prononcerai pas sur la valeur de la viande de wallaby, mais cela m'étonnerait. On peut en fait penser à d'autres usages qui permettraient à la carrière de nos malfrats de connaître un grand bond en avant.

D'abord, le kangourou peut aider à voir par-dessus les murs ou même à sauter par-dessus. Intéressant pour cambrioler une villa. Quand on est monte-en-l'air, cela s'impose. Mais attention à ne pas passer du saut de l'ange au saut de la mort. Et puis, les bijoux volés, on peut les dérober... au regard inquisiteur des policiers grâce à l'autre caractéristique du kangourou : la poche ! Qui aurait l'idée de soupçonner un sympathique marsupial ? Ou encore faire sauter la banque grâce à eux ? Car ce sont des alliés sûrs : ils ne feront jamais faux bond à quelqu'un ! C'est sûrement ça : le kangourou allié des Rapetou !

28.5.05

Pour un oui ou pour un non


Comme l’écrivait Alain Rémond mercredi dernier (La Croix, 25 mai 2005, p. 2) :

«Il y a ceux qui sont pour le oui et contre le non. Ceux qui sont contre le oui et pour le non. Ceux qui sont pour le oui mais contre les délocalisations. Ceux qui sont contre le oui mais pour l’Europe. Ceux qui sont contre le non et pour les services publics. Ceux qui sont pour le non et contre l’immigration. Ceux qui sont pour le oui et contre le modèle social français. Ceux qui sont contre le oui et pour davantage de démocratie. Ceux qui sont pour le oui de gauche mais contre le oui ultralibéral. Ceux qui sont pour le non souverainiste et contre le non trotskiste. Ceux qui sont contre le oui au gouvernement mais pour le oui à la Constitution. Ceux qui sont pour le non à Chirac et contre le oui à Bolkestein. Ceux qui sont pour le oui à l’Europe mais pour le non à la Turquie. Ceux qui sont pour le oui au plan B et ceux qui sont pour le non au plan F. Ceux qui sont pour le oui mais qui n’excluent pas d’être pour le non. Ceux qui sont pour le non mais qui se demandent s’ils ne vont pas voter oui.»

Simple, non ? Pas si facile de se faire une opinion. Il faut dire qu’on nous demande de trancher une affaire complexe par une réponse simplissime.
Malgré tout, demain, citoyens français, faites votre devoir : votez pour un oui ou pour un non en votre âme et conscience. Mais, contrairement aux personnages de Nathalie Sarraute, ne sacrifiez pas votre amitié pour cela !

27.5.05

Denis de Nantes


Hier soir j'étais au cinéma voir Brice de Nice. Oui, nouveaux bloggeurs qui venez par hasard après avoir cliqué sur le lien du blog de Pass en ayant lu son commentaire ! Un agrégé n'est pas toujours un sombre individu (je n'en connais d'ailleurs aucun parmi mes amis agrégés et j'en ai un paquet) ! Il peut aller voir Brice de Nice ! Il peut même en ressortir amusé et satisfait ! C'est ce que je vais essayer de vous démontrer. Alors, elles ne sont pas éclectiques, ces chroniques ? ;0)

Tout en donnant mon avis sur le film, je veux surtout nuancer certaines critiques officielles qui, me semble-t-il, n'ont pas compris grand chose parce qu'hermétiques au rythme (je ne parle pas que de la musique) et à l'humour "djeune". Ce film n'a pas de prétentions. Prenons-le comme tel. Mais n'en faisons pas le "film le plus désolant tourné depuis longtemps" (Pierre Murat, Télérama, 9 avril ; Pierre Murat est aussi critique au "Masque et la plume" sur France Inter le dimanche soir). Il a plus de goût qu'un navet et beaucoup plus de subtilité qu'on croit.
J'étais très inquiet après le premier quart d'heure. Puis, le film se diversifie, les "galères" arrivent et les remises en question afférentes. En fait, de manière sous-jacente mais bien affirmée se dessinent deux thèmes beaucoup plus profonds que le décorum : ceux de l'aptitude de chacun à trouver le bonheur malgré les handicaps de départ (au propre comme au figuré) et celle de chacun à réaliser ses rêves.
1 - Marius (cf. photo, Clovis Cornillac), rencontré vers le milieu du film, a deux pieds bots (d'une manière très douce, ces pieds sont montrés à l'écran comme n'étant formés que d'un seul et unique orteil développé à la dimension d'un pied entier) et n'a donc jamais osé aimer jusqu'au bout une femme puisqu'il a honte d'eux et de la réaction que le regard féminin pourrait porter sur eux. C'est la touche poétique du film : la femme qui va s'amouracher de lui porte elle-même deux énormes oreilles qu'elle camoufle sous un grand bandana. Et il vont bien sûr se découvrir et s'aimer. Franchement, je trouve la métaphore très belle.
2 - Parler de rêves peut faire sourire. Dit comme cela, on frise l'angélisme. On peut l'entendre à deux niveaux :
a) Vivre dans ses rêves. C'est le cas de Brice au départ. Résultat : dichotomie totale avec la réalité, inaptitude sociale hormis quelques potes aussi creux que lui (une tribu) .
b) Avoir des espoirs et y tenir coûte que coûte. C'est là que Brice évolue. Il réalise son rêve à l'instant où il s'y attend le moins, alors qu'il allait l'oublier : la fameuse vague arrive au moment où il a été engagé comme ramasseur de plage. Il gagne tout au moment le plus imprévu : la mer lui envoie une planche alors qu'il semble ne plus en posséder, la vague tant attendue et il gagne par dessus le marché une sirène, Alice (de Nice). Ces chances inattendues de la vie, on peut en rire, j'y crois parce que globalement je les vis.

Il faut ajouter à ces deux thèmes en filigrane le parcours de Brice qui, partant d'un niveau très "con" pour reprendre le qualificatif de son père, commence à devenir un homme en rencontrant la vraie amitié (émouvante accolade Marius/Brice pré-finale) et le vrai amour, alors qu'il n'en avait jusqu'à présent que des ersatz. C'est la force du film : tout en conservant une attitude, le personnage évolue vers plus de profondeur. Même sur le "kassage" : à la fin, lorsque le petit surfeur offre à Brice son trophée et lui demande : "tu me casses pas, là ?", il répond : "Non, pas là, j'ai pas envie". Alors, chers amis critiques, il faudrait peut-être se souvenir de tout cela ?
Bien sûr, vous me direz : que c'est bon enfant ! Eh oui, justement, c'est bon enfant. Et cela me dérange moins que toute la complaisance envers la violence qui inonde nos écrans.

Lorsque Pierre Murat, déjà cité, donne un "hélas" comme note au film, je dis : ce n'est pas possible !
Lorsque Marie Boëton ("Brice la déferlante", La Croix, 20 avril 2005, supplément "Parents & Enfants", p. IV) dit qu' "il reste difficile de s'attacher à un héros qui demande avec suffisance à une serveuse ce que 'travailler' veut dire", je dis : contresens ! Cette scène se déroule au moment où Brice sort malgré lui de son adolescence de fils de riche. Cela ne représente pas le personnage dans son entier puisqu'il va fortement évoluer : on peut constater qu'à la fin du film il semble bien intégré dans l'équipe de ramassage de plage. Ne méprisons pas ce dialogue : au bout du rouleau, Marius lance à Brice : "J'ai rien eu dans la vie", lequel répond : "Moi, j'ai tout eu, ça m'empêche pas d'être dans la même merde que toi".
De même, Brice "sélectionne à l'entrée de ses soirées les jeunes les plus branchés, reléguant ceux trop éloignés des canons en vigueur" (Marie Boëton, op. cit.). Mais là encore, il s'agit d'une attitude courante pendant sa période dorée. Ensuite il évolue : après s'être moqué de Marius, il devient passionnément son ami, essayant même de remporter pour lui un concours de surf alors qu'il n'a en fait jamais surfé !
Je veux bien admettre la critique sur la déferlante marketing. Elle est manifeste sur le site (quoiqu'un second degré me paraît évident). Pourtant, là encore, nuançons. Rappelons-nous que le personnage de Brice est né il y a dix ans dans les sketches de Jean Dujardin. A l'époque, pas de plan marketing. Il y a donc bien autre chose dans le succès de ce personnage ou de ce film.
Remarque personnelle : le parler "djeune" n'est pas un critère en soi pour juger de la valeur d'un film. De tout temps, un vocabulaire typique a vu le jour au sein des générations les moins âgées. Le verlan est très ancien mais toujours d'actualité, même s'il ne porte plus sur les mêmes mots ; que dire des zazous dans les années quarante ? ; ou des Apaches au début du XXe siècle ? Pourquoi serait-ce différent aujourd'hui ? Suivons l'évolution chronologique d'une expression, des années soixante à nos jours : c'est bath, c'est super, c'est génial, c'est in, c'est (trop) d'la balle, je kiffe (à donf), ça déchire. Certes, on pourra y voir une progression vers une plus grande agressivité, mais regardons autour de nous : elle correspond malheureusement au fonctionnement de notre société. En tout cas, un vocabulaire typé existe depuis toujours.

Brice de Nice, film français (1h38). Réal. : James Huth. Avec : Jean Dujardin, Clovis Cornillac, Elodie Bouchez, Alexandra Lamy.
Site officiel de Brice de Nice : http://www.bricedenice.com

P.S. Ca va, j'ai bon, Pass' ? Je l'ai, mon brevet d'anti-snob ? ;0) ;0)

26.5.05

Les gratuits





Depuis quelques semaines stationnent à l'entrée de la gare de Nantes d'étranges personnages : l'un est habillé en vert un peu pâle, l'autre en bleu, ils ont chacun le parasol à leur couleur, même lorsqu'il fait encore nuit le matin. Dès qu'un usager (oui : la SNCF est encore un service publique) se dirige vers l'entrée, ils s'approchent de lui avec un sourire et lui tendent : un journal gratuit !

Nantes n'est pas la première ville en France à posséder ses gratuits : Paris, Lille, Lyon, Marseille, Toulouse et Bordeaux en profitent déjà depuis plusieurs mois. Strasbourg débutera en septembre.
A l'annonce de l'arrivée en France de ces journaux gratuits (on parle de PQG : "Presse Quotidienne Gratuite"), j'étais immensément réticent : la gratuité, c'est impossible dans le domaine de la presse, il faut bien que quelqu'un paye. On allait donc avoir quelques articles noyés dans un océan de publicités, écrits à la va-vite par des pigistes sans personnalité et soumis au diktat de l'actionnaire principal.

Et puis, comme je prends le train très régulièrement, j'ai eu l'occasion de feuilleter rapidement les journaux en question, puis de lire certains articles, et enfin de les lire entièrement avec attention tous les jours. Miracle ! Comme j'habite près de la gare, je sors me les procurer chaque matin que je ne prends pas le train.
Toutes les critiques énoncées ci-dessus n'ont pas pour le moment lieu d'être. Restons vigilants car cela pourrait tout de même un jour s'avérer exact : nous sommes bien dans un système dans lequel la finance remplace souvent la conscience, n'est-ce pas ? Pour l'instant donc, je lis deux journaux bien conçus, aux articles courts mais remplis de toutes les informations essentielles (l'ancien journal payant Info-matin se situait sur le même créneau), pour ne pas dire parfois rarement diffusées (cf. Raffinerie, blog 23 mai, relatée dans 20 minutes le même jour p. 6 - je sais, on dit "raffarinade" en "hommage" aux pamphlets contre Mazarin mais le nouveau terme me permet de synthétiser deux idées en une... j'espère que vous saisissez ?), abondamment illustrés, avec des propos clairement diversifiés (les courriers des lecteurs se font depuis des semaines l'écho des récriminations sociales) et pas plus de publicité que dans les autres quotidiens. J'avoue que voir les lycéens remonter la rue Stanislas Baudry pour aller en cours un journal gratuit à la main, cela me réjouis le coeur : si le multimédia est important, n'oublions pas l'écrit qui permet le recul. Peut-être ces lycéens liront-ils plus tard Le Monde sans appréhension ?
Les grands quotidiens nationaux tremblent pourtant : leur diffusion a souvent baissé depuis l'arrivée des gratuits. 20 minutes annonçait ce matin (p. 12) sa place de deuxième en diffusion quotidienne française derrière L'Équipe. Il est vrai qu'entre payer ou pas, certains lecteurs n'ont aucune hésitation. Malgré tout, ce n'est pas la même presse : les grands quotidiens gardent leurs signatures et leurs articles de fond. En fait, ces journaux sont complémentaires.

Si je m'informe donc désormais tous les jours dans les gratuits, je continuerai parallèlement à lire La Croix quotidiennement, Télérama, Time magazine, Le Canard enchaîné, Le Monde et Le Figaro hebdomadairement, Charlie hebdo régulièrement, SVM Mac, Univers Mac, A vos Mac, Vous et votre Mac, iCreate (oui, je sais, cela fait beaucoup...) et Classica mensuellement, Casus belli, D20 Magazine et Fantasy.rpg (successeur de feu Backstab) bi-mestriellement... pour une fréquence plus longue, je ne connais que La bougie du sapeur qui paraît une fois tous les quatre ans, un 29 février (on peut s'abonner pour un siècle !)... que je lis aussi !

Dernier intérêt : vous avez manqué un numéro ? Vous n'habitez pas dans une grande ville ? Vous pouvez lire intégralement les numéros sur internet. Si, sur papier, 20 minutes a l'avantage sur Metro par la vivacité des couleurs (Metro est publié sur papier recyclé), sur internet, Metro gagne haut la main par la possibilité de télécharger entièrement les numéros en PDF.
Voici l'adresse des sites :
20 minutes : http://www.20minutes.fr
Metro : http://www.metrofrance.com

25.5.05

Icare et boules de gomme



Cette semaine débute un spectacle dont la beauté visuelle et les sonorités feutrées ne peuvent qu'attirer de nombreux (télé)spectateurs.
Pendant des années, je n'ai pu suivre le tournoi de Roland-Garros que de loin, la quinzaine se déroulant toujours pendant la période cruciale des examens. Comme j'ai le bonheur d'en avoir passé beaucoup, je n'ai pas eu celui de suivre beaucoup de matchs. Enfin, au moins la finale du dimanche qui était sacrée.
L'aire de Roland-Garros (du nom du célèbre aviateur qui le premier traversa en avion la Méditerranée en 1913), je l'ai découverte également lors d'un examen, alors que j'allai passer des oraux au lycée La Fontaine porte d'Auteuil. Comme il y a avait un certain nombre d'épreuves et que j'aime bien gérer le stress en me promenant, je rôdai dans les parages lorsque deux individus m'accostèrent : "T'as pas des places ?". Ne sachant pas de quoi ils parlaient, mon regard interloqué les amenèrent vite à aller voir ailleurs. Je poursuivis alors mon errance et découvrit Roland-Garros, parfaite alliance du sport et de la verdure environnante, bruissant des sons internes et des ballets de voitures de luxe, sans oublier les marchands "noirs" de billets décomplexés.
A la télévision, le spectacle est magnifique : la couleur du sol, la blancheur des juges, les casquettes bigarrées des spectateurs et une sonorité très particulière, beaucoup plus assoupie que sur les surfaces plus rapides. Tout cela concourt à faire passer un agréable après-midi lorsqu'on le peut, surtout lorsqu'il fait chaud.
C'est bien entendu un endroit où l'on se montre et les caméras se font régulièrement complices : Jean-Paul Belmondo est une figure récurrente de nos écrans lors des matchs : les maîtres du monde y font parfois leur apparition : Boris Eltsine et Bill Clinton s'y firent jadis applaudir. Il y a donc une part de folklore, mais je le trouve bon enfant. Comment dire du mal d'un tournoi qui semble nous susurrer : les beaux jours sont revenus ?
Et puis il y a les scènes mythiques : les facéties d'un Nastase, la froideur glaciale d'un Borg, la victoire à l'arraché de Noah, les coups de colère de John McEnroe et son service aux gestes insensés, le son très sec d'Evgueni Kafelnikov (celui d'un gunshot qui lui donna son surnom de Kalachnikov), le parler "vache espagnole" de Jim Courier, l'élégance de Chris Evert-Lloyd ou de Steffi Graf, l'impassibilité d'un Lendl ou la gueule d'ange d'un Wilander ou d'un "Guga". Quoi qu'on dise ou qu'on critique, parfois avec raison, le Tournoi de Roland-Garros fait partie de notre inconscient collectif.

24.5.05

Un drôle de musée



Une dépêche AFP du 12 mai dernier nous apprend :

«Le service des objets perdus de Paris, qui a fêté jeudi ses 200 ans, possède un "petit musée" d'objets hétéroclites jamais réclamés par leurs propriétaire, tels une urne funéraire et une jambe de bois.
Le musée des objets insolites est niché au sous-sol du service, dans le XVe arrondissement de la capitale, et s'ouvre rarement aux curieux.
Il y a là, soigneusement rangés et exposés, une langouste naturalisée retrouvée il y a dix ans à l'aéroport d'Orly, une urne funéraire perdue à la station de métro Père-Lachaise, près du cimetière du même nom, des crânes ou une jambe de bois perdus aussi dans le métro, un casque de sapeur-pompier, des robes de mariées et une veste de militaire d'époque.
Plus récemment a été entreposé un rouleau de cuivre de plus de 100 kg égaré qui attend son propriétaire.
"L'étourderie de nos concitoyens n'a pas de limite", témoigne Jean-Pierre, un employé du service. "On pourrait y ajouter, mais nous ne le faisons pas, des dentiers ou des objets à caractère sexuel ou mystique", ajoute-t-il.
"Il n'est pas rare que nous retrouvions des sacs à main, d'hommes et de femmes, remplis uniquement de préservatifs et qui seraient dignes d'entrer au musée car ils sont rarement réclamés par leurs propriétaires", selon lui.»

Voilà une idée de visite à Paris, bien sûr lorsque les portes s'ouvrent. Peut-être à l'occasion des Journées du patrimoine ? En tout cas, en pensant à ce musée, on ne pourra plus chanter qu'au masculin la célèbre chanson créée par Dranem vers 1908 : "Il avait une jambe de bois...".
Pour rester fidèle à ce blog hautement culturel, la chanson originale fut réutilisée dans une oeuvre très importante de l'histoire de la musique, le ballet Petrouchka (1911) d'Igor Stravinski (n'est-ce pas chers étudiants transversaux ? N'est-ce pas cher journaliste d'iCreate ? - revue Mac, voir n° 4 p. 6, actuellement en kiosques, pour saisir tout le sens de cette dernière remarque).

En tout cas, je vous offre quelques minutes de bon temps en vous proposant les paroles de la chanson originale et un enregistrement d'époque ! Allez voir du côté de http://www.chanson.udenap.org/paroles/jambe_en_bois.htm.

23.5.05

Eurovision : twelve points ?





Ah, l'Eurovision... Qui n'a aucun souvenir de cette émission annuelle me jette son dernier CD de Marie Myriam. Certaines de mes connaissances se déguisent même en pattes d'eph pour mieux goûter le second degré.
Ce week-end se déroulait la 50e édition. Jubilé donc, marqué par un grand coup médiatique : la réconciliation de Julien Lepers et de Guy Carlier. Il faut dire que l'affaire n'était pas gagnée d'avance lorsque l'on connaît les chroniques que le dernier a pu faire sur le premier. On ne les compte plus, et le portrait est toujours le même : celui d'un présentateur dépassé par ses débuts de phrases qui le mènent à des conclusions sur-poétiques. Cette Eurovision, c'est finalement comme les JO, on fait la trêve pendant son déroulement, c'est l'amitié entre les peuples qui se renoue, n'en jetez plus ! Ici, il s'agissait de deux intervenants de la télé : "C'est le couple inattendu, on se tient la main" lança Lepers dès l'ouverture. Mal lui en a pris car Carlier passa ensuite tout son temps à exciter l'imagination des télespectateurs en inventant des scènes de coulisses entre eux deux toutes plus torrides les unes que les autres, ce qui finit par gêner ledit Lepers (Israël, n° 11, un slow : Carlier invite Lepers à danser et c'est parti pour un grand délire verbal !). Le point culminant fut la reprise en duo de "Pour le plaisir" (dont l'auteur, pour ceux qui ne le sauraient pas, est l'animateur de Questions pour un champion). Carlier nous avait bien annoncé dès le début "un petit montré de culotte", mais il ne s'agissait de celle d'aucun des deux compères : il évoquait à l'avance le candidat n° 15 (dont j'ai oublié le nom et le nom du pays).
A cette réconciliation, il faut ajouter, mais oui, la diffusion en son dolby surround ! Vous vous rendez compte ! La première fois en cinquante ans !

Avec l'Eurovision, on a l'impression de vivre un moment d'éternité : bien que les années passent, il y a si peu de changements au fond. Toujours le même déroulement en deux parties, avec ses votes interminables destinés à créer un suspens insoutenable, les cris des primés remis en cause au vote suivant, les "ten points" à Malte qui renversent le rapport de force avec Chypre ! Comme l'ont rappelé nos deux commentateurs, c'est d'ailleurs une émission hautement géopolitique : la Turquie va-t-elle voter pour la Grèce ? Et cette dernière ne va-t-elle pas enfoncer définitivement la Macédoine (remarquez, dans une bonne mayonnaise...) ? On remarquera que la Turquie, l'Ukraine et Israël participent à cette émission. C'est comme pour le foot : l'art et le sport sont tellement en avance sur la politique (;o), comme dirait Pass) !
Grâce à cette émission et à ses archives, on peut suivre tous les tics musicaux d'une époque : les formations en groupes des seventies et les choristes immobiles au fond de la scène, de nos jours les danseurs synchronisés qui s'escriment autour de l'interprète. Et puis, il y a les tics immuables, qui imposent l'existence d'un style Eurovision : la majorisation finale, les marches de 7e (cf. Serbie-Montenegro, n° 12, dont Carlier lui-même estima que c'était "sans intérêt musicalement"), les mélodies sirupeuses (cf. Malte, n° 3, dont Carlier affirma qu'elle nous permettait de retrouver "les grandes heures de l'Eurovision" - pourtant arrivée 2e) ; on a malheureusement perdu (jusqu'à quand ?) la reprise du refrain final un demi-ton au-dessus...
Bien sûr l'Eurovision n'a que très rarement fait connaître des musiciens importants. Ils se comptent sur les doigts d'une main. Le groupe Abba dans les années soixante-dix, Céline Dion plus tard. Certains, maintenant très connus comme Patrick Juvet ou Julio Iglesias n'avaient pas été beaucoup remarqués à l'époque de leur passage. Et aujourd'hui ? Pensez-vous qu'Helena Paparizou (cf. photo) fera une carrière européenne ? Je sais, elle chantait "My number one", mais pour être la première, il faudra une chanson un peu meilleure. On constatera sûrement la même chose dans quelques années à propos des candidats-chanteurs des émissions de télé-réalité. Souvenons-nous que "Comme d'habitude" de Claude François n'avait reçu que très peu de voix lors de son premier passage à la télévision française dans une émission de Guy Lux. Samedi soir, notre pauvre française, Ortal, n'avait jamais pensé que sa chanson "Chacun pense à soi" était prémonitoire : passée dernière des vingt-quatre participants, elle finit la soirée avant-dernière. Naturellement : peu de pays avaient pensé à elle ! Et pourtant, elle n'était pas pire que beaucoup d'autres. Quelle valeur ces choix ont-ils ? Aucun mais qu'importe, l'essentiel étant de s'amuser.

Alors, vraiment, pour :

- Sa capacité à nous faire remonter le temps ou à le figer ;
- Ses chansons insipides dont on ne retient presque jamais un seul refrain ;
- Son influence sur l'agitation bénéfique de nos côtes.

Je vote : Eurovision, twelve points !

LA PHRASE DU JOUR - Jean-Pierre Raffarin, lors d'un meeting UMP à Garges-lès-Gonesse samedi : "Ne soyons pas frigides" avec l'Europe [sic]. Avec le "Touch my fire" de Javine (Royaume-uni), c'est impossible à l'Eurovision. Alors, votez oui (pour cette dernière, du moins) !

22.5.05

Des blessures assassines


jattends (Cacou)
Originally uploaded by Rêverie musicale.


Cacou est une jeune femme qui propose sur la toile (hé hé) des reproductions de ses œuvres ou de ses projets en cours. Depuis quelques jours, elle reçoit des critiques à mon goût pour le moins brutales et condescendantes sur ses productions de la part d'un correspondant se nommant Jeromy Jeromy. Loin de moi l'idée de refuser la critique par principe mais elle doit être étayée.
Or, je lis dans le blog de Cacou (9 mai) :

"Plus ça va plus je me laisse tenter par des formats de taille de moins en moins raisonnable.

Acquisition : 116x73 cm C'est GRAND... BON QUE VAIS JE FAIRE LA DESSUS... BOUDIOU...

Ce format m'inspire un tableau dans un tableau avec pour titre "presque BIS". Le but, faire un tableau-collage que je reproduis à l'intérieur d'un petit tableau au centre mais sur la même toile (vous me suivez ?) et à l'intérieur de ce même petit tableau faire un encart pour le titre. Il est évident que je ne vais pas pouvoir reproduire à l'identique des choses d'où le "presque" du titre.

Je commence d'abord par compartimenter le tableau par couleurs. Là c'est comme ça vient ou plutôt comme ça me tombe sous la mains de même que les proportions se font au fur et à mesure. Je dessine mon petit tableau et à l'intérieur l'espace titre. Pour que vous puissiez avoir un aperçu j'ai essayé de le reproduire par PAINT mais les couleurs ne sont pas trop ressemblantes... m'enfin ça reste de l'à peu près."

Cela, j'affirme qu'il s'agit d'une vraie démarche créatrice.
Je prends maintenant l'oeuvre qui identifie son blog (reproduite ci-dessus) et la trouve assez intéressante. Certes, elle reprend le principe du collage qui date d'un siècle environ. Et alors ? Ensuite, il faut voir ce que l'on en fait. Eh bien, ici, tout un jeu d'oppositions s'impose à l'analyste :

- Opposition de sujets multiples et d'une figure unique ;
- Opposition de petits sujets face à un grand ;
- Opposition de figures reconnues (Marilyn, la Vache qui rit, panneau STOP...) et d'une figure anonyme ;
- Opposition de figures identifiables et d'une figure qui ne possède qu'un contour ;
- Opposition de figures déjà artistiques et travaillées, impersonnalisées (Marilyn de Warhol, dessin publicitaire de la Vache qui rit, panneau de signalisation...) à une figure beaucoup plus humaine ;
- Opposition de l'affirmation ("décor") et du mystère (figure centrale) ;
- Opposition de la couleur face à l'uniformité ;
- Opposition de figures situées quasi-aléatoirement dans l'espace face à une figure centrée ;
- Opposition de sujets de face et d'un sujet de profil.

Cela fait déjà pas mal de choses. Cependant, l'analyse n'est pas le seul maître-étalon pour juger de la valeur d'une oeuvre. Car toute création ne se limite pas à son aspect formel. Sans trop insister sur l'émotion, qui est un sujet délicat parce que parfois non-déterminant (même si elle est pourtant essentielle puisque l'art est du domaine de la communication), il y a ensuite une harmonie qui se dégage ou non, quelque chose qu'on ne parviendra jamais à expliquer totalement : c'est que nous sommes des êtres humains et pas des machines, et que tout ne peut se mettre en équations.
Enfin, on n'est pas obligé de toujours se placer du côté du sublime. L'art de tout les jours, cela existe aussi, et heureusement sinon notre vie serait bien triste. Pour parler de la musique, il y a aussi des chefs-d'œuvre dans les chansons, non ? Jeromy Jeromy doit bien en écouter ? Et pourtant, la plupart sont construites sur des schémas et un langages séculaires. Que cela doit être bateau à ses yeux ! Ce qui fait la réussite d'une œuvre, c'est l'adéquation intime entre un propos et le langage qu'on utilise pour le traduire. Ce qui importe en premier, ce n'est pas la démarche (sauf dans l'art conceptuel, celui qu'un de mes amis de l'École Normale Supérieure appelle "l'art du pauvre"), souvent commune à plusieurs artistes (dans la plupart des époques, les artistes avaient concomitamment le même langage, ce qui ne les a pas empêchés de dégager leur personnalité), c'est le résultat final. Avec les mêmes matériaux et la même idée de départ, certains produiront des œuvres dignes d'intérêt, d'autres des croûtes.
Jeromy Jeromy, quoi qu'il en dise, a réagi avec beaucoup de subjectivité et sans doute de précipitation car personne n'a de vérité absolue. La règle aujourd'hui sera remise en cause demain. Attaquer brutalement quelqu'un qui est en recherche, c'est instiller un peu plus en lui le doute, ce n'est donc pas très responsable. Ce n'est pas, en tout cas, l' "aider" !

Vous pourrez lire les messages de Jeromy Jeromy ainsi que les commentaires sur le site : http://cacou.neufblog.com, aux dates 14, 17 et 21 mai.

21.5.05

Un éléphant...



Hier matin à Nantes, à 11 heures, un animal étrange s'est éveillé Cours St-Pierre : un éléphant mécanique ! Alors qu'on l'entendait ronronner de sommeil (enfin, je ne sais pas si l'on peut dire cela d'un éléphant...), tout un aréopage d'êtres supérieurs (le sultan et sa suite) est arrivé en limousine américaine (vous savez, celles qui appartiennent aux caïds dans les films d'outre-Atlantique, d'une longueur impensable), a grimpé accompagné de simili-serviteurs-XVIIIe s. sur et dans les entrailles de la "bêêête", laquelle a commencé illico presto à bouger, d'abord un petit peu, puis de plus en plus, jusqu'à un barrissement phénoménal qui a emporté l'enthousiasme et les applaudissements du public.
Puis, après avoir ingurgité du foin (articulations de la trompe !), le mastodonte, désormais debout sur ses pattes, fut rejoint par une charmante jeune fille (enfin, elle ne s'appelle pas "la petite géante" pour rien : ils sont Gulliver, nous sommes les habitants de Lilliput !) : bonjours fraternels, gestes d'affection, puis l'immense pantin vivant de la fillette se mit à faire de la trottinette !
Je dis cela à la façon d'un reportage mais, croyez-moi : quelle émotion ! Quelle vie sont-ils arrivés à donner aux deux créatures inanimées ! Certes, la troupe Royal de Luxe (puisque c'est d'elle qu'il s'agit) n'en est pas à son premier coup d'essai, mais je crois que c'est incontestablement le plus beau.
Bien sûr, tout cela se déroule dans le cadre de l'année Jules Verne. L'idée d'un éléphant mécanique vient de lui : on la trouve dans La Maison à vapeur (1880) : "Ce que traînait cet éléphant, c'était un train composé de deux énormes chars, ou plutôt deux véritables maisons, sortes de bungalows roulants, montés chacun sur quatre roues sculptées aux moyeux, aux raies et aux jantes" (Verne). Cet ouvrage alors épuisé fut réédité avec de nouvelles illustrations il y a tout juste dix ans par une petite société nantaise, les Presses du Temps, fondée par deux RMistes de l'époque. Malheureusement, ce petit éditeur ne put livrer à ma connaissance qu'un second ouvrage avant de mettre la clé sous la porte, un autre livre de Jules Verne, selon le même principe, César Cascabel (1890/1996). Je voulais ici leur rendre un hommage qui m'a semblé bien absent dans tout ce que j'ai pu lire ces derniers temps.
Pendant que l'émotion faisait son oeuvre, une pensée n'arrivait pas à quitter mon esprit : à combien d'heures, de jours et de nuits de travail, un tel spectacle devait-il de voir le jour ? Ceux qui prononcent les mots d'artiste ou de saltimbanque avec commisération ou même parfois mépris se rendent-ils compte du souci permanent de ces femmes et de ces hommes pour mener à bien une telle entreprise, avec le seul but, mais au combien grandiose, de nous divertir, de nous émerveiller et de nous faire réfléchir ? Je ne crois pas qu'ils comptent leur temps ! Alors, de grâce, ne leur comptons pas notre reconnaissance !

Quelle chance pour la ville d'Amiens (l'autre cité vernienne, co-commanditaire de la création) qui accueillera le spectacle poétique de Royal de Luxe du 16 au 19 juin.

Pour saisir mon propos et goûter de loin à l'atmosphère, vous aurez tout votre compte de photos et de vidéos sur : http://www.nantes.fr/ext/royal_de_luxe_2005

20.5.05

La musique est universelle


Springsteen
Inaugurons aujourd'hui la rubrique : "La musique est universelle". par un album qui vient tout juste de sortir : Devils & Dust [Démons & Poussière] de Bruce Springsteen. Je vois quelques personnes sursauter, celles qui me connaissent un peu : mais oui, c'est possible ! (Christophe, me pardonneras-tu ?). Rassurez-vous, j'alternerai dans les semaines qui viennent avec des oeuvres du passé qui ne sont d'hier que par leur date de composition mais sont toujours capable d'émouvoir et d'enrichir le coeur qui sait écouter avec patience et attention.
Revenons à Devils & Dust. A sa sortie aux Etats-Unis, cet album était prévu pour être le fer de lance d'un nouveau produit multimédia : le DualDisc, comprenant une face CD et une face DVD. Le but est de contrecarrer le piratage en offrant un objet plus complet (le côté DVD contient des bonus à la manière des DVD de films) et pendant un certain temps difficilement copiable : il n'existe pas de support vierge de ce type. Quelques DualDisc étaient déjà sortis ("Still Not Getting Any" de Simple Plan et "rebirth" de Jennifer Lopez par exemple) mais avec des artistes n'ayant pas la stature du "Boss".
Las ! Amis français, il faudra vous contenter d'un support bien classique : le boîtier contient un CD + un DVD, soit deux objets. Il faudra sans doute encore attendre avant d'avoir un DualDisc dans sa discothèque.
Reste le contenu. Ce que je vais dire ici est bien entendu subjectif. Cet album n'a obtenu que deux "ff" dans Télérama cette semaine, le critique parlant de "formes musicales aussi rassurantes qu'une bonne vieille chemise à carreaux". Bon. Moi j'ai entendu un album certes inégal (et alors ? : les albums parfaits de l'histoire se comptent sur les doigts des deux mains ; on retrouve fréquemment des quartes et sixtes de broderie - termes techniques, clin d'oeil à mes étudiants - alors que cela s'intègre bien au style), mais dont certaines chansons sont des bijoux.
La chanson titre, d'abord, que l'on entend actuellement sur les radios. Dès les premières notes, Springsteen a une présence magistrale. cette chanson évoque le problème actuel de l'Irak (on sait que Bruce s'était engagé contre la réélection de Georges Bush), mais par ellipses. Si la langue est limpide c'est surtout l'interprétation qui est ahurissante : écoutez le phrasé, les cassures rythmiques, bref la liberté et donc la vie que Springsteen donne à son chant. Magnifique !
Et puis, pour ne pas faire trop long, une deuxième chanson me fait venir les larmes aux yeux : "Jesus was an only son" [Jésus était fils unique]. On peut y ressentir tout ce que l'amour humain a de plus grand, qu'il soit parental (une mère pour son fils et l'inverse) ou évangélique (pour tous les hommes). A cela s'ajoute une résignation qui ne parvient pas à être noire. Une grande oeuvre. Je la rapprocherais de "L'île Hélène" de Claude Nougaro. Mais de celle-là je parlerai un autre jour. Elles participent toutes deux de l'indicible.

Le DVD permet d'écouter l'album en PCM stereo (pas terrible par rapport au CD d'origine) ou en 5.1 tout en lisant les paroles à l'écran. Il contient également 5 chansons dont on peut visionner l'interprétation, très sobre : Sprinsteen, seul dans une chambre d'hôtel (il dit avoir composé l'essentiel de cet album en rentrant de concert), avec guitare et harmonica.
Site internet : http://www.brucespringsteen.net/devilsanddust.html

19.5.05

Des débuts (prometteurs ?)

Hé bien voilà, à la demande générale (heu, non, de Pass seulement, mais cela a suffi à me décider), j'ouvre mon propre blog. J'essayerai de faire qu'il ne se résume pas à me regarder le nombril, mais il aura pour but de vous faire partager les choses auxquelles je crois. Et avanti !

Bloggons, bloggons, frères et soeurs,
Nos échanges à l'infini
Enrichiront sans fin nos coeurs
"Soyons austères" ? : blaguons aussi !