31.5.06

Tremblez mortels, le château de Vlad Tepes revient en des mains privées !


Blotti au cœur des Carpates, le château de Bran, connu comme la forteresse de Dracula, a été restitué vendredi à son propriétaire, Dominic de Habsbourg, le petit-fils de la reine Marie de Roumanie, 58 ans après avoir été confisqué par les communistes. D'une voix émue, cet architecte de 68 ans vivant aux Etats-Unis déclare : « C'est avec une énorme émotion que je retrouve ce château de mon enfance, cinquante-huit ans après avoir été chassé par les communistes avec ma famille. Depuis je n'étais jamais revenu en Roumanie ».

Bâti en 1212 par les chevaliers teutoniques, ce château de contes de fée avait été offert en 1920 par les habitants de la ville de Brasov (centre, à proximité de Bran) à la reine Maria, la grande-mère de Dominic de Habsbourg, qui l'avait fait aménagé en résidence d'été. « Cette forteresse est pour nous d'autant plus chargée en symboles qu'elle représente les liens spirituels entre la monarchie roumaine et le peuple ».

Pour les habitants du petit village de Bran, la rétrocession du château est avant tout « un geste de réparation morale » : « La famille royale a fait énormément de bien à notre communauté. C'est la reine qui a fait bâtir le premier hôpital du village. Les enfants, Dominic et ses sœurs, ont été nos amis à l'école », explique Paulina Miuca, une habitante de 74 ans. Le patron d'un petit hôtel situé face à la forteresse affirme pour sa part : « Nous seront ravis de voir le prince Dominic et sa famille passer des vacances à Bran, mais nous espérons qu'il gardera la vocation touristique du château, qui fait vivre des milliers de personnes dans cette région ».


Avec plus d'un million d'euros de recettes par an, le château de Bran est l'un des plus prisés par les touristes étrangers.Car cette forteresse ténébreuse doit sa notoriété au prince sanguinaire roumain du XVe siècle, Vlad Tepes (Vlad l'Empaleur), qui a inspiré le personnage de Dracula à l'écrivain irlandais Bram Stocker. « Cette réputation est plutôt folklorique, car le prince semble ne pas avoir passé plus d'une nuit au château. Mais cette nuit a été entourée de mystère », dit le directeur du château, Narcis Ion, d'un sourire complice.

A l'entrée du château, un tunnel de la terreur imaginé autour de Dracula donne des frissons aux touristes. Des dizaines de marchands ambulants de souvenirs liés à l'image du comte sanguinaire, des hôtels, restaurants et cafés avec des tables en forme de cercueil : à Bran les habitants ont appris à tirer profit de cette légende du plus célèbre des vampires. De fait, « Il y a une vraie peur qu'après sa restitution, le château ne ferme ses portes au public. Pour nous ce serait catastrophique », estime pour sa part le propriétaire d'une boutique de souvenirs au pied du château. Aux termes d'un accord signé vendredi par Dominic de Habsbourg et le ministre roumain de la Culture, Adrian Iorgulescu, le château restera en fait un musée pour les trois prochaines années à venir. Le petit fils de la reine Marie pourra désigner un représentant au Conseil de d'Administration du musée. Alors que Dominic de Habsbourg n'a pas écarté la possibilité de « revendre le château à l'Etat roumain », M. Iorgulescu souligne : « Je souhaite de tout mon cœur que le château puisse garder sa destination de musée ouvert aux Roumains et aux étrangers ». « Pendant les trois années qui viennent, nous aurons le temps d'y réfléchir », a-t-il précisé.

Selon les autorités roumaines, la forteresse de Bran est estimée à environ 25 millions d'euros. Une belle somme mais... ne nous empalons pas !

Source : AFP, 26 mai 2006

30.5.06

Cannes toujours


Les journalistes de l'AFP ont récolté tout au long de ce Festival de Cannes 2006 des citations marquantes dont voici un florilège.

LA MOINS ROMANTIQUE :

"Bonne chance et au travail" (le roi Louis XV au Dauphin et à Marie-Antoinette, en fermant le rideau de leur couche nuptiale, alors que toute la Cour attend un héritier au trône. Film Marie-Antoinette). Effectivement, j’aurais honte...

LA PLUS ABRUPTE :

-- "C'est ridicule. -- "C'est Versailles, Madame" (Marie-Antoinette et la Comtesse de Noailles qui l'initie à l'Etiquette. Film Marie-Antoinette)

LA PLUS AUTOBIOGRAPHIQUE :

"Chaque fois, tout le monde pense que je vais crever et hop, ça repart!" (Gérard Depardieu dans le film Quand j'étais chanteur). À faire aussi prononcer par Chirac. Quoique dernièrement...

LA PLUS FLEURIE :

"La chèvre a ses idées, mais la poule aussi" (un paysan malien sur le droit au débat contradictoire. Film Bamako)

LA PLUS RESOLUE :

"Ma parole ne restera pas en moi" (ce même paysan qui veut témoigner sur sa misère économique)

LA PLUS IRONIQUE :

Ex-aequo :

"Mes budgets sont bas pour me permettre de pouvoir faire ce que je veux. Le problème est que je ne sais pas ce que je veux" (le réalisateur finlandais Aki Kaurismaki en conférence de presse)

"J'ai acquis les droits pour Scooby Doo 3. Si je peux le boucler d'ici la fin de l'été, voilà. Chef d'œuvre" (l'acteur américain Tom Hanks en conférence de presse, à la question de savoir quand il ferait un chef d'œuvre digne de Léonard De Vinci)

LA PLUS GONFLEE :

Ex-aequo :

"-- Je sacrifie mon fou pour sauver ma reine, Karpov-Kasparov, Nicosie 1975. -- Tu sais jouer aux échecs, toi ? -- Non." (l'acteur belge Benoît Poelvoorde dans Selon Charlie)

"Pour l'Eglise qui a des problèmes avec l'homosexualité, le livre Da Vinci Code est au moins une preuve absolue que le Christ n'était pas homosexuel" (l'acteur britannique Ian Mc Kellen en conférence de presse, à propos de la thèse du livre selon laquelle Jésus a fait un enfant à Marie-Madeleine)

LA PLUS DROLE (INVOLONTAIREMENT) :

"Sophie, tu es la dernière descendante du Christ" (Tom Hanks, alias Robert Langdon, à Audrey Tautou, alias Sophie Neveu, dans Da Vinci Code)

LA PLUS PRUDENTE :

"Je ne sais pas, je n'étais pas dans le coin à l'époque" (Tom Hanks, à qui un journaliste demande s'il croit que Jésus était le compagnon de Marie-Madeleine)

LA PLUS MENAGERE :

"Une tombe, c'est comme une résidence secondaire, ça s'entretient tout le temps" (l'actrice espagnole Penelope Cruz dans Volver). Et ça s’entretient longtemps !

LA PLUS SEPULCRALE :

"Arrête, tu vas me faire pleurer, et un fantôme ça ne pleure pas" (l'actrice espagnole Carmen Maura, dernière citation du film Volver)

LA PLUS PHILOSOPHIQUE :

"J'ai une question à poser à la Cour suprême. Si une femme se fait baiser sur un vol Londres - Los Angeles et qu'elle prend une pilule du lendemain, en traversant les fuseaux horaires, qu'est-ce que ça fait? Une pilule de la veille?" (Une actrice porno et co-animatrice de talk-show, dans le film Southland Tales)

LA PLUS FATALISTE :

Ex-aequo :

"Dans la vie on est tous amenés à manger de la merde à un moment ou à un autre" (l'acteur américain Bruce Willis dans Fast food nation)

"Le problème, avec la démocratie, c'est que n'importe qui vote" (l'acteur italien Giacomo Rizzo dans L'ami de famille)

LA PLUS AVISEE :

"Règle d'or en marketing : ne tuez pas votre client" (l'acteur américain Greg Kinnear dans Fast food nation)

LA PLUS POLITIQUE :

"La chose la plus patriotique à faire en ce moment, c'est de violer le Patriot Act" (l'acteur américain Lou Taylor Pucci dans Fast food nation)

Certaines ont été médiatisées, d’autres non. Pas toujours inspirées, nos stars de Cannes.

Source : AFP, 28 mai 2006

29.5.06

« And the winner is » : Ouah Ouah !


Un prix est passé inaperçu hier soir et servira peut-être à consoler le cœur de Sofia Coppola qui, malgré un certain tapage médiatique (ou à cause de cela), n’a rien obtenu d’important.

Mops, la boule de poils canine de Marie-Antoinette dans le film de la fille de Francis Ford Cappola, a en effet reçu vendredi la « Palm Dog », un prix décerné tous les ans sur la Croisette par un jury de journalistes anglo-saxons. Le favori de Marie-Antoinette est un chien d'agrément de la race carlin, appelé « pug » par les Anglais et... « mops » par les Allemands. La petite histoire raconte que la maîtresse de Louis XV (grand-père par alliance de Marie-Antoinette), la Pompadour, en avait aussi fait son animal de compagnie. Mais le carlin le plus célèbre dans l'Histoire de France est sans conteste Fortuné, celui de Joséphine de Beauharnais, impératrice des Français et épouse de Napoléon Ier.

Ce toutou, que Marie-Antoinette doit abandonner ainsi que tous ses effets à la frontière entre l'Autriche et la France où elle se rend pour épouser le futur Louis XVI, joue un rôle important dans ce film, mais oui ! Le fondateur de cette drôle de palme, Toby Rose, explique : « Marie-Antoinette est dépouillée de l'élément le plus important de son identité autrichienne : sa peluche, Mops, mignon à croquer ». Peluche, peluche, vivante, tout de même ! Le jury a aussi pris en compte une scène du film, véritable « partie de campagne » des chiens (français) de la Reine.

Mops a donc reçu un collier de chien noir avec la mention « Palm dog » inscrite dessus.

Par ailleurs, toujours selon Toby Rose, une sorte de cérémonie des Oscars pour chiens, baptisée les « Baker Awards », va se tenir le 19 juin à Londres pour récompenser les performances artistiques des animaux dans différentes catégories (action, comédie, etc.). Il est vrai que certaines actrices ont sacrément du chien...

Source : AFP, 26 mai 2006

28.5.06

Les saucisses momifiées


Notre époque commémore beaucoup, sans doute parce qu’elle ne sait pas où elle va. Et l’on voit des musées fleurir sur tous les sujets, mettant en valeur l’heure de gloire de tel site ou de tel objet. Selon Uwe Keith et Thomas Mäuer, initiateurs du projet, le premier musée allemand de la saucisse a ouvert ses portes ce dimanche matin à Holzhausen, près d'Erfurt, capitale régionale de la Thuringe. « Ce sera le premier musée allemand consacré à la saucisse. Notre objectif n'est en aucun cas commercial. Nous voulons faire connaître la saucisse grillée de Thuringe, un produit du terroir qui fait partie de notre culture », a expliqué Thomas Mäuer, également membre de l'association « les Amis de la saucisse de Thuringe ».

Les visiteurs pourront observer des documents originaux sur la « Thüringer Bratwurst », mais aussi des hachoirs et autres ustensiles tranchants servant à sa fabrication. Les organisateurs ont également déniché des images et des anecdotes croustillantes. On pourra peut-être y voir la saucisse créée en hommage au Pape Benoît XVI (voir photo) ?

L'association "les Amis de la saucisse de Thuringe" invite naturellement les visiteurs à une dégustation de saucisses grillées sur place. Pour ceux qui voudraient en savoir plus, des séminaires sont également proposés.

La découverte en l'an 2000 du plus vieux document officiel attestant l'existence de la "Bratwurst" de Thuringe, une facture datant de 1404 que Thomas Mäuer avait retrouvé à Arnstadt, ville voisine de Holzhausen, est à l'origine de cette idée de musée. Une bien bonne idée, non ? À coupler avec un musée de la bière pour la fameuse fête de la bière germanique ?

Source : AFP, 26 mai 2006

27.5.06

To eat with catapults


Oui, il y en a qui mange vraiment avec un lance-pierres. Et ce sont nos amis « corned-beef » qui sont à l’ouvrage. Selon une étude réalisée pour la société de téléphonie mobile Dial-a-Phone, les salariés britanniques prennent en effet en moyenne trois minutes et demie pour déjeuner, et en général devant leur ordinateur ! C’est à peine croyable !

Le plus drôle, c’est qu’ils passent trois fois plus de temps à choisir leur sandwich, à faire la queue à la caisse et à payer !

Ce déjeuner « vif comme l’éclair » s'explique par la volonté des salariés de profiter de leur pause repas pour faire leurs courses, passer des coups de fil privés ou régler leurs problèmes bancaires. Ce sont ainsi 64 % des 2.000 personnes interrogées à travers plusieurs villes de Grande-Bretagne qui ont expliqué vouloir caser « le plus d'activités possible » durant leur pause déjeuner.

En fait, la plupart choisissent de rester devant leur écran d'ordinateur, au bureau, pour consulter leurs comptes bancaires sur internet ou faire des courses, la encore via le web.

Triste Angleterre qui ne sait même pas les vertus d’une pause déjeuner tranquille (essayez à Londres, vous me donnerez une adresse). Il peut pourtant s’en régler des problèmes pendant cet agréable temps de repas !

Source : AFP, 18 mai 2006

26.5.06

George Bush n’est pas un cadeau, mais il en fait


La Maison Blanche vient de publier, comme elle est tenue de le faire annuellement, l'inventaire du patrimoine du président et du vice-président, la loi la contraignant à rendre publics les cadeaux de plus de 305 dollars.

Si l’on regarde les cadeaux que lui ont faits ses amis l'année dernière, le président américain George W. Bush pourrait passer pour un homme des bois : une tronçonneuse, une canne à pêche, des jumelles, une bicyclette...

Le vice-président Dick Cheney, chasseur invétéré, a reçu, lui, en 2005 : un revolver Colt 45, un revolver Smith and Wesson, la réplique d'une carabine de collection, un moulinet à pêche et un hamac, offert précisément par M. Bush. Trois armes sur cinq cadeaux, voilà qui explique les raisons de l’accident fâcheux de février dernier, au cours duquel Dick Cheney, lors d'une partie de tir à la caille dans un ranch au Texas, avait atteint au visage, au cou et à la poitrine l'avocat Harry Whittington, âgé de 78 ans.

M. Bush a reçu un baladeur numérique et un livre sur la Bible d'une valeur globale de 440 dollars de la part de Bono, le chanteur du groupe U2. C'est une délicate mais petite attention comparée à la bicyclette de 5.474 dollars offert au président, tellement amateur de cyclisme qu'il a aussi été gratifié d'un vélo d'appartement à 1.700 dollars. Tant qu’il ne chute pas...

Ces cadeaux ne représentent évidemment pas grand-chose dans la fortune de MM. Bush et Cheney. Les documents officiels révèlent que M. Bush possédait fin 2005 un patrimoine d'une valeur située entre 7,2 millions et 20,9 millions de dollars (drôle de fourchette tout de même mais le président est seulement obligé de déclarer une fourchette pour la valeur de ses biens, il est ainsi difficile de les évaluer précisément et de dire s'il s'est enrichi ou non par rapport à l'année précédente). Le patrimoine de M. Cheney, notoirement plus riche que son patron, pourrait atteindre 94,6 millions de dollars.

Une grande partie de la fortune de M. Bush vient de ses possessions immobilières et de placements de père de famille dans des bons du Trésor. M. Cheney possède un portefeuille plus diversifié.

De bons pères de famille, pas du tout aveuglés par le pouvoir. On leur conseillerait bien d’aller à la pêche, ils ont tous les outils pour cela.

Source principale : AFP, 17 mai 2006

25.5.06

Avoir du chien... dans son assiette !


Amis des animaux passez votre chemin. En même temps, on sait bien que les goûts culinaires varient selon les pays et que d’autres que nous ont un haut le cœur à l’idée de manger des cuisses de grenouilles ou des escargots.

Là, c’est en Chine que cela se passe. Et c’est le Saint-Bernard qui est l’hôte des tables de restaurants ! Dorénavant, la Chine cuisine à toutes les sauces cette race de chien qu'elle a importée il y a une quinzaine d'années de Suisse et dont la viande y est vendue environ 100 € (1.000 yuan) le kilo, selon le rapport « Cyclope » 2006, consacré aux marchés des matières premières.

Les auteurs de ce rapport écrivent : « Le chien est cuisiné à toutes les sauces, dans la plupart des provinces de la Chine qui vient d'entrer, en janvier 2006, dans l'année du Chien », en précisant : « La viande favorite des restaurants de chien est le Saint-Bernard... renommé pour sa chair tendre, son engraissement rapide et ses portées nombreuses ». « Les éleveurs de “rou gou” (chiens de boucherie) vendent ces Saint-Bernard, souvent croisés, au prix de 1.000 yuan, soit environ 100 € » le kilo. Les auteurs poursuivent : « Selon un sondage effectué en 2001, 43 % des Pékinois auraient mangé au moins une fois du chien ». « Si les mentalités évoluent dans le sens d'une plus grande clémence vis-à-vis des chiens, le pays n'est pas encore prêt à interdire la consommation canine, comme à Hong Kong depuis 1950 ».

Cyclope signale que de leur côté, les Européens sont de plus en plus sensibles au bien-être des animaux d'élevage (temps de transport, mode d'abattage, poule pondeuse et veau de boucherie libérés des cages), Bruxelles préparant un nouveau plan d'action 2006-2010 pour la protection et le bien-être des animaux, qui vise à renforcer les normes minimales existantes. Je ne sais pas si cela a grande signification, comme dit plus haut : nous protégeons surtout me semble-t-il les animaux dont nous nous sentons proches. Ce ne sont pas les mêmes dans le monde entier.

Enfin, retenons bien : on entre dans l’année du chien, on mange du chien. Je me demande ce qu’il adviendra lorsqu’on entrera dans l’année du dragon !

Source : AFP, 23 mai 2006

24.5.06

La marseillaise avignonnaise


Enfin ! La plus célèbre piste de danse sur l’eau, j’ai nommé le pont d’Avignon, va être honoré en rapport avec sa réputation ! Et c’est Mireille Mathieu qui s’y colle ! Avec le maire d'Avignon, Marie-Josée Roig, elle inaugurera le 1er juin un « mur sonore » près du Pont d'Avignon, permettant d'écouter une douzaine de versions de la chanson qui a rendu ce monument célèbre dans le monde entier.

Aménagé dans le châtelet du pont Saint-Bénezet qui enjambe le Rhône, cet espace proposera la chanson en plusieurs langues et en différentes versions : a cappella, symphonique, variétés, jazz et même rap. J’aimerais bien entendre cette dernière version par MC Mireille !

La chanteuse, née à Avignon, qui a enregistré la chanson en Français et en Allemand pour un album de comptines européennes, a confié à l'AFP : « Cette chanson a été la première que j'ai apprise à l'école maternelle comme tous les enfants. Ma maman Marcelle me la chantait aussi. Très souvent, on faisait des farandoles avec mes frères et soeurs, en chantant la chanson ». Elle se dit « très honorée d'être la marraine » de cette inauguration et se souvient : « Sur le pont d'Avignon, la chanson de mon pays, est connue dans le monde entier. En 1996, lors d'un concert à Los Angeles, j'ai demandé “Do you know le Pont d'Avignon ?” : toute la salle s'est levée en applaudissant et j'ai chanté la chanson avec eux ! ».

Petit historique : la chanson de ceux qui dansent tout en rond sur le Pont d'Avignon, remonte au XVe siècle. Non non, ce n’est pas l’âge de Mireille Mathieu !

Source : AFP, 16 mai 2006

23.5.06

Blup, blup, bûûûûûûûût !


La coupe du monde de football qui va s’ouvrir dans quelques jours maintenant donne des idées et fait des émules. À Yokohama, au Japon, on joue les matches de la Coupe du monde de footbal avant l'heure mais... dans un aquarium et avec des poissons !

Les rencontres opposent des poissons aux couleurs des différentes équipes qui doivent pousser une balle remplie de nourriture dans le but adverse. Les couleurs des maillots sont semble-t-il respectées. Ne sont-ils pas mimis sur la photo ?

Les résultats ne sont pas pour l’instant de bon augure pour les Japonais. Opposés notamment au Brésil dans le groupe A, leurs représentants, les Blue Palette Surgeonfish, « ont tendance à rester dans un coin alors que les Yellow Tang (aux couleurs du Brésil) sont plus actifs ».

Que voulez-vous, rien ne pourra remplacer le Brésil, même chez les poissons !

Source : AFP, 18 mai 2006

22.5.06

Histoire belge dans le vent à la Tour Eiffel


Johan Vervoort, Belge de 34 ans, a sauté en parachute mercredi dernier à l'aube du troisième étage de la Tour Eiffel, un an jour pour jour après le saut mortel d'un Norvégien.

Dans un communiqué, transmis par VTM, la chaîne privée la plus populaire en Flandre qui a filmé le saut, cet adepte du base-jumping (saut du sommet d'un immeuble ou d'une falaise en ouvrant son parachute quelques secondes plus tard), a assuré que ce saut était son cinquième de la Tour Eiffel. Johan Vervoort a expliqué qu'il avait sauté « vers 06H00 » d'une hauteur de 270 mètres, « juste sous le sommet » de la tour métallique, érigée en 1889 sur la Champ-de-Mars par Gustave Eiffel et visité chaque année par plus de 6 millions de personnes.

Le Belge s'est probablement fait enfermer mardi soir dans le bâtiment, qui ouvre chaque jour à 09H00, pour sauter à l'aube. Il a raconté qu'il avait déjoué les mesures de sécurité : « poste de police permanent au pied du monument, caméras de surveillance, nouveau système d'alarme et caméras infrarouges » et grillages. Selon une source policière, le sauteur était attendu en bas par des amis qui l'ont embarqué en voiture.

Interrogé par l'AFP, une porte-parole de la Tour Eiffel a confirmé le saut sans donner de précision. Volontairement discrète sur le sujet pour éviter les émules, elle a rappelé qu'il « y a des protections partout » pour empêcher des désespérés ou des casse-cou de sauter et que les «normes de sécurité les plus draconiennes possibles» y sont en vigueur.

Johan Vervoort est le plus connu des « base-jumpers » flamands. Pour mieux se faire remarquer, il a sauté en déployant un drapeau du « Robland », Etat imaginaire créé pour les besoins d'un programme télévisé du même nom. Diffusé chaque dimanche soir sur VTM, le but de « Robland » est de créer un nouvel Etat en inventant une monnaie, un drapeau, un gouvernement et en délivrant des « passeports » (130.000 à ce jour). Une sorte de Groland, sans doute. La semaine prochaine, le présentateur du programme, le roi « Rob 1er », doit se rendre à New York pour demander la reconnaissance du « royaume de Rob » par les Nations unies.

Lancée en avril, l'émission s'est en fait soldée par un flop, les audiences n'atteignant pas les niveaux espérés par VTM. Selon le producteur de « Robland », Arne 'T Jolle, interrogé par l'AFP, ce saut a pour but d'attirer à nouveau l'attention des médias sur les exploits réalisés dans le cadre de l'émission.

Le 17 mai 2005, un Norvégien de 31 ans, dont l'identité n'avait pas été révélée, avait sauté en parachute dans la soirée de la Tour Eiffel depuis le deuxième étage (115 mètres) pour célébrer la fête nationale de son pays. Il s'était encastré, soixante mètres plus bas, sur les structures du premier étage du monument et était mort sur le coup.

Un peu d’histoire : l'ancêtre des base-jumpers, Franz Reichelt, un tailleur français, s'était tué en sautant le 4 février 1912 avec un parachute de son invention.

Donc, une émission en chute libre et des « sauteurs » prêts à risquer leur vie. C’est assez pauvre, même si l’on est soulagé d’apprendre le succès de notre belge, qui conserve donc la frite (oui, je sais...)

Source : AFP, 18 mai 2006

21.5.06

France : encore perdu ! « Hard Rock Hallelujah » ! Un succès monstre à l’Eurovision


Je me sens obligé de vous parler à nouveau de l’Eurovision ce matin, tant le concours d’hier soir a été particulier.

D’abord, je trouve qu’il a été d’une bonne qualité d’ensemble et assez varié. Ensuite, la France, une fois de plus depuis presque 30 ans — mais il paraît que cela coûte tellement cher à organiser que nous y allons à reculons et proposons des chansons qui ne peuvent pas gagner.

Enfin, les gagnants sont assez étonnants. Il s’agit de cinq monstres (voir photo) du groupe Lordi qui, ayant remporté le 51e concours Eurovision de la chanson, ont donné pour la première fois la victoire à la Finlande. Leur victoire, attribuée à la suite d'un vote par téléphone des téléspectateurs de 38 pays est éclatante : avec 292 points ils arrivent loin devant la Russie, deuxième avec 248 points pour le chanteur Dima Bilan et son titre pop Never let you go. La Bosnie-Herzégovine est troisième avec 229 points pour le chanteur Hari Mata Hari et sa chanson d'amour Lejla. Même les téléspectateurs de Grèce ont donné le maximum de points - 12 - au groupe Lordi. La candidate Ana Vissi avait mené dans le pays un marathon digne d'une campagne électorale pour l'emporter.

Grimés en créatures de film fantastique, avec cornes, dents acérées et griffes au bout des doigts, vêtus d'armures ou de bandages, les cinq membres du groupe gagnant ont donné sur scène une prestation « grand-guignol » servie par une débauche d'effets pyrotechniques. Bravo aux costumiers et maquilleurs, ils ont dû y passer des heures. Le résultat final était assez convaincant, assez loin finalement de beaucoup de maquillages de monstres au grand et petit écran. Pensons à des séries comme Babylon 5 ou Buffy où les masques sont franchement drôles. Là, il pouvait bien y avoir des gros plans, c’était réaliste. Il fallait voir le sourire un peu gêné des officiels remettant le trophée à ces « monstres ». Et c’était assez amusant de voir nos gros monstres prendre une gorgée de Coca cola (ou Pepsi ?) à travers leurs grosses canines à chaque fois qu’ils remportaient « twelve points ». Le concours avait un peu innové cette année en montrant directement les points de 1 à 7 et ne faisant énoncer les résultats avec le suspens correspondant que pour 8, 10 et 12.


Lordi, groupe de heavy-metal « monster », a donc reporté la victoire devant les artistes de 23 autres pays dans un stade de 18.500 place dans la banlieue nord d'Athènes. Au cours d'une conférence de presse, le chanteur et leader du groupe, « Mr Lordi » a déclaré : « Un groupe de rock déguisé en monstres remporte l'Eurovision. C'est la victoire du rock et de l'ouverture d'esprit. C'est aussi la preuve qu'il n'y a pas que la pop et les ballades. » Il faut dire que la musique dépote assez. « Des ailes dans mon dos/Des cornes sur ma tête/Mes crochets sont acérés/Et mes yeux sont rouges [...] Maintenant choisis de nous rejoindre/Ou vas tout droit en enfer », proclame leur chanson, un rock à la fois lourd et mélodique.

Avec 3 albums à leur actif en 3 ans d’existence, Lordi est un groupe assez connu en Finlande. Il est composé de 5 membres :

— Mr. Lordi : chant et programmation
— Enary : clavier et chœur
— Amen : guitare et chœur
— Kalma : basse et chœur
— Kyta : batterie et chœur

Leur présence à l'Eurovision avait heurté des petits groupes conservateurs grecs qui avaient réclamé leur retrait de la compétition au motif qu'ils « cultivent et justifient le satanisme et sapent les fondements de la culture européenne et grecque ». En vain. C’est vrai que cela correspond plus à une brutalité gothique ou des légendes du Nord que grecque.


Les membres de Lordi viennent de la minorité lapone de Finlande. Leur chanteur, au sens de l'autodérision affirmé, avait déclaré avant la compétition : « Nous sommes à l'Eurovision un peu comme des mangeurs de viande dans un café végétarien », ajoutant : « Les enfants nous adorent, nous ressemblons à leurs jouets ». Je crois qu’en effet, il ne faut pas prendre cela trop au sérieux.

C'est la première fois que la Finlande remporte cette compétition, suivie par des dizaines de millions de fans en Europe. Elle gagne ainsi le droit de l'organiser l'année prochaine.

Comme toujours à l'Eurovision, la politique s'est également invitée au concours : la Serbie-Monténégro, qui devait participer à la compétition, n'a finalement pas envoyé de candidat, les deux entités serbe et monténégrine n'ayant pu s'accorder sur sa nationalité. Le Monténégro votera d’ailleurs dimanche pour savoir s'il devient indépendant ou reste dans une union avec la Serbie.

L'Irlande reste à ce jour le pays le plus primé à ce concours, qu'il a remporté sept fois. Trois pays ont gagné à cinq reprises : la France, le Luxembourg et le Royaume-Uni. L'Eurovision a notamment primé dans le passé les Suédois Abba ou la québécoise Céline Dion.

La Française Virginie Pouchin, une quasi-inconnue, figure parmi les dernières du classement avec seulement cinq points (et non pas quatre comme j’ai pu le lire ici ou là) pour sa chanson Il était temps, écrite par le chanteur Corneille. Voici mon avis sur cette chanson : au niveau composition, de très beaux moments, mais pas assez variés, le refrain étant omniprésent ; au niveau interprétation, notre chanteuse, à cause du trac sans doute, a chanté faux du début à la fin. Dès que l’on entendait distinctement la guitare et la voix, c’était un vrai supplice ! Donc, le résultat est tout à fait normal.

Ce sera donc pour l’année prochaine. Ah elle est loin l’époque de Gainsbourg !

Sources : AFP, Le Soir de Bruxelles, www.tribal.be, actu medias, etc.

Je vous donne tout maintenant : allez voir l’interview sur http://www.eurovision.tv/francais/2469.htm. Voyez le clip http://www.taulard.net/video/id/286. Et, bien sûr, le site officiel : http://www.lordi.org.

20.5.06

Divisions sur l'Eurovision


Impossible de passer sous silence le nouveau concours de l'Eurovision. Mais, contrairement à l'année dernière où je vous faisais un rapport circonstancié de l'épreuve, je vais vous parler aujourd'hui des coulisses et surtout un événement qui ébranle un pays tout entier. Quand je vous disais (l'année dernière) que l'Eurovision avait des enjeux géopolitiques ! Voici un article du Figaro d'hier :

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L'Islande se déchire pour l'Eurovision

Il s'en passe de drôles au beau milieu de l'Atlantique-Nord. L'Islande, un pays pourtant plus réputé pour la placidité de ses habitants que pour la rudesse de ses débats de société, est sens dessus dessous. Sa candidate au concours de l'Eurovision, demain soir à Athènes, n'en finit plus de déchaîner les passions. Elle a même mis une telle pagaille dans cette petite communauté que le pays est littéralement coupé en deux. On ne badine pas avec une compétition que beaucoup, sur cette île volcanique, considèrent comme le prix Nobel de la musique.

Cette créature qui sème la zizanie, c'est Silvia Nott, mais elle préfère qu'on l'appelle Silvia Night – la traduction anglaise –, «parce que les gens célèbres ne parlent pas islandais». Elle a 22 ans, elle est plutôt jolie et sa voix n'est pas désagréable. Le problème, c'est qu'elle parle aussi comme un charretier, qu'elle est pétrie de mauvaises manières et qu'elle affiche un mépris souverain pour tout ce qui n'est pas riche, beau et célèbre. «Les gens ordinaires – les B People – m'ennuient. Ils sont simplement sans intérêt», explique-t-elle, d'un ton moqueur. Un parangon d'égoïsme qui estime pouvoir tout se permettre parce que son père, un des hommes les plus riches du pays, est à la tête de la télévision et de la compagnie nationale des télécoms.

L'Islande a découvert Silvia Night, ses robes ébouriffantes et son maquillage outrancier, il y a moins d'un an. Elle présentait alors une émission de télévision sur la chaîne privée Skjar 1. Le show, intitulé A plus, avec Silvia Nott, se moquait des Islandais et de leurs petits travers comme se prendre trop au sérieux ou bien savoir à qui appartient la plus grosse voiture. Le concept, complètement nouveau dans ce pays de 300 000 habitants, a immédiatement enflammé le public et les professionnels qui ont élu Silvia personnalité télévisuelle de l'année 2005. Mais, tout de suite aussi, il y a eu les pour et les contre. D'un côté, ceux qui voyaient dans son attitude une dénonciation de la société moderne, matérialiste, narcissique et égoïste. De l'autre, ceux qui percevaient vulgarité, outrance et provocation comme autant d'insultes à la tradition d'humilité que tout Islandais se doit d'afficher. Une véritable fracture dans ce pays nordique habitué à la paix sociale !

Et pourtant, Silvia Night... n'existe pas. Cette «superstar internationale», dont chaque apparition publique est soigneusement orchestrée – elle ne se déplace qu'en compagnie de gardes du corps et d'un entourage digne de la cour du Roi-Soleil – est en réalité un personnage de fiction. Rien n'est vrai dans sa légende, car cette vedette détestable et méprisable est une invention, une performance artistique orchestrée par une jeune actrice de 23 ans du nom d'Agusta Eva Erlensdottir. Avec son ami Gaukur Ulfarsson, un réalisateur de télévision de 32 ans, ils ont créé le personnage de Silvia il y a un peu plus d'un an. «Nous l'avons voulu la plus horrible possible. Un personnage qui souligne les pires travers de notre époque, explique Gaukur au quartier général de Master of the Universe, la société qui gère aujourd'hui le destin de la star de pacotille, en plein coeur de Reykjavik. C'est la démarche artistique la plus difficile qui soit, car nous marchons sur une ligne très mince. Mais la satire a un sens. Personnellement, je suis croyant et je pense que dans la vie, il y a des choses plus importantes que d'avoir une belle voiture ou une grosse télévision.»

Rencontre de Paris Hilton, de Cindy Lauper et de Björk, le rôle a de quoi rendre schizophrène. Agusta est aussi adorable et charmante que Silvia est méchante et arrogante. Sa performance est d'autant plus forte que Silvia n'évoque jamais Agusta en public et inversement. Dans l'intimité de sa salle de répétition, un ancien cinéma transformé en music-hall à quelques pas du centre-ville, l'actrice livre toutefois quelques confidences : «Cela a parfois été difficile. Au début, les gens me jetaient toutes sortes d'objets à la figure en m'insultant. J'étais tout le temps prise à partie. J'ai fini par ne plus sortir que dans la peau de Silvia Night.» Dévoilée au public après quelques shows télévisés, la supercherie n'a pas suffi à apaiser les passions en Islande. D'autant que, dans la foulée, la petite équipe présente Silvia à la sélection nationale pour le concours de l'Eurovision. Ancienne chanteuse dans un groupe de rock de Reykjavik, Agusta s'en sort plutôt bien. Le 18 février dernier, devant les stars de la variété locale, elle est désignée pour représenter l'Islande à Athènes. Sa chanson est évidemment à l'image de Silvia. «Le vote est dans la poche/ Je vais gagner/ Tant pis pour les autres candidats/ Alors félicitations l'Islande». Ses détracteurs, eux, ne baissent pas les bras. «C'est une honte de l'envoyer à l'Eurovision. Elle va nous ridiculiser. Ici, les gens organisent des soirées spéciales pour regarder ensemble l'événement», peste Haukur Magnusson, un chef d'entreprise installé sur les hauteurs de Kopavogur, un quartier périphérique de Reykjavik.

Comme lui, ils sont nombreux sur les terrasses de la capitale, bondées sous le soleil boréal, à déplorer ce choix, accusé de ternir l'image du pays à l'étranger. Surtout, pour un événement de cette importance. «L'Eurovision est l'une des rares compétitions que les Islandais ont toujours pensé gagner un jour. Comme pour les concours de miss monde et de l'homme le plus fort du monde que nous avons déjà remporté. Cela a bien sûr fait de nous les gens les plus beaux et les plus forts de la terre», explique avec humour l'écrivain Gerdur Kristny, une fine observatrice de la société locale. Une chose est sûre, devenu aujourd'hui un sujet de société, le grand cirque médiatique de Silvia Night tourne désormais à plein régime. A quelques heures du départ pour Athènes, rue Austurstraeti, l'effervescence est à son comble. Pendant que Silvia procède aux derniers essayages de sa garde-robe pléthorique, la quinzaine de personnes de son entourage se délectent déjà de la polémique suscitée par la chanson islandaise. Le jury de l'Eurovision menace de disqualifier Silvia Night si le mot «F...» n'est pas retiré des paroles. Bien sûr, pas question de céder. Mais hier soir, le public a tranché et l'a éliminée au stade des demi-finales. Silvia ne chantera pas pour l'Islande demain soir.

Jean-Marc Philibert (envoyé spécial à Reykjavik !)

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N.B. Le site du Figaro a actualisé cette dernière phrase. La phrase d’origine était : « Après avoir passé le barrage des demi-finales, Silvia chantera demain soir pour l’Islande ».




Moi, cette chanteuse me fait plus penser à une Cindy Lauper sans talent.

Allez voir le superbe clip de Congratulations (hem, c’est assez n... spécial ; vous apprécierez la fameuse phrase juste avant le premier refrain "The vote is in I'll fucking win") : ici.

Sinon, allez voir le site officiel : http://www.silvianight.com. Sur la page d’accueil, notre chanteuse fait plus penser à une bunny girl de Playboy.

Source : Le Figaro, 19 mai 2006, p. 20

19.5.06

Ecrivez plutôt pour vos petits enfants


À la poste, on prend parfois son temps. Mais on ne perd en général jamais rien (sauf vol, ce qui arrive dorénavant assez souvent pour les colis non suivis...). Bref, une carte postale a mis 96 ans (!) pour être acheminée depuis la Belgique jusqu'à un petit village du Calvados, où elle vient d'être remise à la famille de sa destinataire, décédée en 1978. Il est vrai que Belgique et Calvados sont particulièrement éloignés géographiquement ! En fait, c’est encore moins de chemin qui a été parcouru en un siècle.

La carte postale avait été envoyée le 29 septembre 1910 de Belgique et était arrivée quelques jours plus tard au bureau de poste du Mesnil-Guillaume (Calvados), distant de 3 km de Saint-Denis-de-Mailloc, où résidait Yvonne Boucher jusqu'à sa mort en 1978. La carte, représentant la vallée de la Semois en Belgique, aura donc mis 96 ans pour parcourir... trois kilomètres.

Marie Le Bail, responsable de la communication à la direction du courrier de La Poste de Basse-Normandie, explique : « Il peut arriver que le courrier reste coincé entre les casiers et qu'il soit retrouvé plusieurs années après, mais les locaux de la poste du Mesnil-Guillaume ont été fermés il y a une soixantaine d'années ». « Nous pensons qu'un plaisantin ou un collectionneur l'a remise il y a quelques jours dans le circuit », indique-t-elle, en soulignant que lors de ce deuxième envoi, la carte était passée par le centre de tri de Caen sans y être oblitérée. « C'est très rare, ça n'arrive que quinze fois sur 10.000 ». Beaucoup de raretés successives, donc.

La carte postale, affranchie d'un seul timbre à cinq centimes, est ainsi arrivée à destination près d'un siècle après avoir été postée. On a parfois de la difficulté à comprendre l’expressions selon laquelle cela passe « comme une lettre à La Poste » !

Source : AFP, 17 mai 2006

18.5.06

Comme un lion en cage... de buts !


Tout ne tourne pas rond dans le monde du ballon. À force de brasser des sommes gigantesques, certains y laissent des plumes. Ou plutôt... des fourrures ! Jugez-en plutôt : la société allemande Nici, qui fabrique le lion en peluche Goleo (photo), mascotte officielle du futur Mondial-2006 de football en Allemagne, vient de déposer son bilan. Pour info, selon le curriculum vitae inventé par la Fédération internationale de football (Fifa), le nom «Goleo» vient des paroles prononcées par un père pour encourager son fils, en criant « Go, Leo, Go ! ».

On ne peut plus trop dire « Go, Nici, Go ! ». Mardi dernier, un porte-parole au tribunal de Coburg, chargé de la procédure, a indiqué que le fabricant de jouets, basé à Altenkunstadt près de Bayreuth en Bavière, s’était déclaré en cessation de paiements. Selon le quotidien Süddeutsche Zeitung, la société aurait eu du mal à se relever des 28 millions d'euros qu'elle a dû débourser pour acquérir les droits exclusifs sur la mascotte de la Coupe du monde, d'autant que Goleo se vend mal.

De plus, Nici fait l'objet d'une plainte au pénal pour « falsification de compte ». Le parquet étudie pour le moment quelle suite donner à cette plainte. Le patron et cofondateur de l'entreprise, Ottmar Pfaff, a été débarqué.

La société n'a pas précisé quelles pourraient être les conséquences de cette procédure sur la fabrication des Goleo, alors que le coup d'envoi de la compétition s'approche. Le petit lion avait été présenté officiellement fin 2005 par deux anciens champions du monde de football, le Brésilien Pelé et le président du comité d'organisation du Mondial, Franz Beckenbauer. Mais la peluche avait rapidement suscité de nombreux sarcasmes. Je confirme personnellement ne pas la trouver très affriolante. Et vous ?

Enfin, on pourra toujours chanter « Le lion est mort ce soir » dans les tribunes.

Source : AFP, 17 mai 2006

17.5.06

Amérique : sois belle et tais-toi !


Ah ils en font des efforts, nos amis américains, pour essayer d’avoir une meilleure image dans le monde ! Selon leur esprit de systématisation, un guide destiné à se débarrasser de l'image d' « Américain détestable » vient de paraître, proposant des idées essentielles à toujours avoir en tête pour les hommes d'affaires américains en déplacement ou travaillant à l'étranger.

Lancé par une organisation à but non lucratif inquiète de la montée de l'anti-américanisme dans le monde, le Guide des citoyens du monde énumère seize suggestions pour changer le comportement des Américains à l'étranger, rassemblées dans un livret de 4 pages devant être distribué aux cadres de grandes sociétés, comme McDonald, la chaîne hôtelière Loews ou l'entreprise de logiciels Novell.

Parmi ces conseils rédigés à partir d'un sondage réalisé dans 96 pays, on trouve :

— « Soyez fiers de la “manière américaine” mais souvenez-vous que ce n'est pas la seule » ;

— « Écoutez au moins autant que vous parlez » ;

— « Réservez vos leçons de morale à vos enfants » ;

— « Parlez moins fort et plus lentement » ;

— « Ayez la vision des grandeurs autant que vous voulez mais parlez et agissez plus modestement » ;

— « Améliorez votre présentation ».


Keith Reinhard (photo), président d'honneur de la société de publicité DDB Worldwide et fondateur d'Action diplomatique pour les affaires (BDA), l'organisation à but non lucratif qui a imaginé le guide, dit qu'il espére que le livret jouera un petit rôle pour refaçonner la perception négative des Américains dans le monde. Il a déclaré à l'AFP : « Si nous sommes toujours admirés pour notre enthousiasme de jeunesse, notre optimisme et notre esprit d'initiative, nous sommes perçus comme bruyants, arrogants et complètement ignorants des autres cultures que la nôtre ». Dans le sondage à l'origine du livret, « les réponses étaient tout à fait cohérentes quels que soient les pays », dit-il, précisant que « le mot respect revenait plus que n'importe quel autre ».

Il a ainsi rapporté qu'une personne interrogée en Nouvelle-Zélande avait observé que si les Américains ne voulaient pas arrêter de parler pour écouter, « ils pouvaient peut-être baisser le volume ». Un Allemand s'est, lui, demandé « comment les Etats-Unis peuvent prétendre diriger le monde alors qu'ils ne connaissent rien du monde ». M. Reinhard a précisé que les hommes d'affaires d'Europe occidentale, et plus particulièrement d'Allemagne, semblaient accablés par le comportement de leurs confrères américains, se plaignant notamment de leur manière de se vêtir, peu soignée et pas toujours conforme aux pratiques européennes. Il a ajouté qu'un cadre d'entreprise de Düsseldorf avait été consterné que les employés du géant américain de la distribution Wal-Mart soient chaque matin encouragés à lancer un ban en l'honneur de leur société, dans le but d'insuffler un esprit d'équipe.

Les initiateurs du guide ont rencontré des membres de l'administration américaine, y compris Karen Hughes, sous-secrétaire d'Etat à la « Diplomatie publique », poste visant à améliorer l'image des Etats-Unis à l'étranger. Selon M. Reinhard, l'administration réfléchit à leur suggestion de remettre le guide à chaque détenteur de passeport américain. Pourtant, un effort similaire tenté par le département d'Etat peu après les attentats du 11 septembre 2001 avait rencontré peu de succès. L'an dernier, l'organisation BDA avait aussi approché des étudiants américains voyageant à l'étranger, leur distribuant déjà des conseils similaires à ceux regroupés dans ce guide. La prochaine cible pourrait être les touristes américains. « Calmez-vous, écoutez et apprenez », a déjà lancé M. Reinhard à leur intention.

Avec ce guide, on verra bientôt un Américain servir de modèle à un ersatz du Penseur de Rodin et égaler la sagesse des grecs antiques. Bientôt l’on dira même sûrement : va te faire voir chez les Américains ! Ils sont vraiment très forts !

Source : AFP, 15 mai 2006

16.5.06

Vous n’y connaissez rien ? Venez témoigner !


Méfiez-vous lorsque vous fréquentez les environs d’un studio de télévision ou de radio. Vous pourriez bien être intégrés d’office dans une interview dont vous aurez de la difficulté à comprendre le sens. C’est la mésaventure qui vient d’arriver à un chauffeur de taxi en Angleterre, devenu très brièvement une célébrité le 8 mai dernier sur «News 24», la chaîne d'informations télévisée en continu du groupe BBC, après avoir été pris par mégarde pour un expert venu témoigner.

Guy Kewney, journaliste et vrai expert en informatique, était confortablement installé dans un salon de la BBC télévision, dans le quartier de White City (ouest de Londres), attendant d'être appelé dans le studio de News 24 pour délivrer son savoir au sujet du procès entre Apple Computer, la société d'ordinateurs, et Apple Corps, la société d'édition musicale des Beatles (pour les non informés, rappelons qu’Apple Computer vient de gagner le procès). Il surveillait d'un air distrait l'écran installé à proximité quand il réalisa soudain que c’était lui qui était censé parler en direct à Karen Bowerman, journaliste de la BCC. Horreur : l'homme à l'écran ne lui ressemblait absolument pas, au lieu d'un homme blanc et barbu, c'était un homme noir apparemment mal à l'aise qui tentait maladroitement de répondre aux questions.

Le faux expert n'était en fait qu'un chauffeur de taxi venu chercher le véritable Guy Kewney pour le raccompagner après son interview. Et c'est lui qui s'est trouvé escorté vers le studio et équipé d'un micro-cravate par une assistante un peu trop zélée.

L'entretien n'a duré que quelques secondes au total, le temps que l'erreur soit manifeste. Mais la BBC a néanmoins tenu à publier un communiqué d'excuses, reconnaissant que «la mauvaise personne a été brièvement interrogée en direct».

Je me souviens d’une même mésaventure dans un 19/20 sur France 3. Là, l’homme était d’une autre classe sociale et avait sèchement renvoyé à la journaliste qu’il n’était pas la personne qu’elle avait présentée.

Cela peut arriver à tout le monde. D’ailleurs, il y en a bien qui sont pris pour des députés (hein Martine ? :-)).

Source : AFP, 13 mai 2006

14.5.06

Le maquereau au violon


La police espagnole a annoncé hier qu’un violon Stadivarius de 1715 venait d’être saisi en Espagne au hasard d'une opération contre un réseau de proxénètes roumains et espagnols. La police espagnole n'a pas fourni de détails sur les circonstances de la découverte de ce rare exemplaire, indiquant seulement dans un communiqué qu'il est « d'une valeur incalculable » (voir sa photo ci-dessus).

Il n'existe plus aujourd'hui que 500 exemplaires dans le monde des quelque 1.100 violons à la sonorité réputée incomparable construits par le célèbre luthier italien Antonio Stradivarius. Le premier Stadivarius date de 1708 et le plus illustre de 1714, soit un an de moins que celui découvert en Espagne, correspondant à l'âge d'or du luthier italien qui fabriqua vers la fin de sa vie ses meilleurs instruments.

Ce violon saisi en Espagne a été découvert lors d'un banal coup de filet policier au cours duquel ont été interpellés onze présumés proxénètes roumains et espagnols dont le réseau était également actif en France, en Allemagne, aux Pays-Bas et en Suisse. Ce gang « achetait » et « vendait » des prostituées roumaines qu'il faisait venir par autobus en Espagne avec des visas touristiques.

C’est sûrement ce que voulait dire Gilbertt Bécaud qui chantait « Quand Jules est au violon »... Non ?

Source : AFP, 13 mai 2006

13.5.06

Jeanneton en Irak


Pauvres américains. Pour tenter de renverser les données en Irak, ils en viennent à utiliser une figure historique française ! Une artiste américaine vient en effet de fabriquer et s'apprête à expédier des centaines de médaillons de Jeanne d'Arc en Irak, dans l'espoir que la petite bergère française protège les soldats américains. Le monde à l’envers !

La médaille, élaborée par l'artiste à partir d'un tableau géant sur lequel elle travaille depuis deux ans, représente Jeanne en armure, sur un cheval au galop. Actuellement en cours de reproduction, les premiers exemplaires seront expédiés dans les prochaines semaines.

Pat Benincasa, 55 ans, spécialiste de l'art sacré installée dans le Minnesota se justifie : « Nos soldats tombent sous les bombes, et ils n'ont pas d'armure. Je me suis demandée ce que je pouvais leur envoyer pour les protéger, et Jeanne s'est imposée ». C’est vrai qu’une armure contre un lance-roquettes, c’est très efficace ! Pat ajoute : « Jeanne d'Arc traverse les frontières, les nations, l'Histoire, et elle parle à chacun d'entre nous. Elle a mis sa foi en Dieu pour accomplir l'impossible ». Même si la mission de la petite bergère était de chasser une armée occupant son pays — il ne faudrait peut-être pas l’oublier —, elle reste « une battante, une soldate » en qui les troupes américaines en Irak, en Afghanistan ou ailleurs peuvent avoir confiance, assure l'artiste.

Cela semble marcher : un aumônier de l'armée américaine en Irak lui a déjà passé commande de 500 médailles, et depuis qu'elle a lancé son projet début avril, elle reçoit régulièrement des demandes de proches de soldats. Pat Benincasa a lancé le projet sur ses économies, et invite sur son site internet les bonnes volontés à l'étendre en finançant la fabrication et l'envoi de lots de 50 (240 dollars) ou 100 médailles (456 dollars).

Et si ça ne marche pas, il ne restera plus qu’une médaille de Catherine Labouré ou de Bernadette Soubirous !

Site internet : http://www.patbenincasa-art.com.

Source principale : AFP, 12 mai 2006

12.5.06

Et Yohohoho, et un cadavre au rhum ! (chanté)


Restaurer une maison procure parfois de drôles de surprises. On peut découvrir un trésor ou... un cadavre ! C’est l’aventure qui vient d’arriver en Hongrie (à Szegzd, dans le sud) à des ouvriers ayant découvert un tonneau de rhum jamaïcain. Après en avoir bu le contenu, ils ont découvert... avec effroi... qu'il contenait un cadavre.

Ils avaient en effet été étonnés de ne pouvoir déplacer le tonneau, d'une capacité de 300 litres, après en avoir bu jusqu'à la dernière goutte. C’est alors qu’ils se sont aperçu qu'il contenait le corps momifié d'un homme nu.

L'enquête a établi que le corps était celui d'une diplomate hongrois décédé il y a 20 ans en Jamaïque. Sa veuve, récemment décédée et dont la maison faisait l'objet de travaux de restauration, l'avait semble-t-il rapatrié clandestinement sans cependant lui offir de funérailles.

« Le cadavre était porté sur le rhum » ou « le rhum avait un goût de cadavre ». Dignes de titres de polars ! Bref, maintenant, avant de vous jeter sur le contenu d’un tonneau, jetez un coup d’œil dedans !

Source : AFP, 4 mai 2006

11.5.06

« Coucher » en tout bien tout honneur


Freud Divan
Originally uploaded by Rêverie musicale.
Jusqu’à présent, le 150e anniversaire de la naissance de Sigmund Freud se faisait à Vienne relativement discret. Depuis le week-end dernier, cela commence à démarrer, autour d’un objet particulièrement symbolique : le divan, cet instrument du psychanalyste où s'allongent les patients.

L'exposition, qui se situe au 19 de la Berggasse où le Dr. Freud vécut et exerça de 1891 à 1938 dans la capitale autrichienne, s’intitule « Le divan : la pensée allongée » (voir photo) et montre une série de variations artistiques et historiques autour du thème de cet objet (l'allemand emploie désormais le mot anglais « couch », du français couche), avec plusieurs meubles dont un du célèbre architecte de l'Art nouveau viennois Otto Wagner. Mais elle est en fait construite autour d'une absence : celui du fameux divan avec couverture orientale, où les patients de Freud s'étendaient pour parler en « associations libres » et donner accès à leur inconscient, sans voir directement le psychanalyste qui était assis à côté. Car le meuble originel est resté au musée Freud de Londres, la ville que Freud gagna avec ses proches pour échapper à la folie antijuive des nazis entrés en Autriche.

Pour se rattraper, Lydia Marinelli, conservatrice du musée Sigmund Freud de Vienne, a déclaré à la presse en fin de semaine dernière : « les choses qui manquent font plus réfléchir que celles qui sont présentes ». Vlan ! Une sorte d’acte manqué, donc, une exposition « en creux ». Madame Marinelli note que le divan, ou sofa, est plein d'ambivalences : on y est assis ou couché, on peut y rêver, mais c'est aussi un lieu de contacts amoureux.

Dans cette exposition, on voit des surréalistes influencés par les thèmes freudiens de l'inconscient ou de la sexualité comme Max Ernst, ou d'autres artistes comme le Suisse Félix Valloton. Notons qu’Andy Warhol utilisa le divan dans sa « factory » pour produire des images artistiques et que son film érotique Couch (1964) est projeté au musée. L'exposition montre aussi les traitements imposés aux malades jusqu'à la fin du XIXe siècle.

Près de 60.000 personnes visitent chaque année le musée, installé depuis 1971 dans l'appartement du « père » de la psychanalyse. En cette année anniversaire on en attend jusqu'à 100.000, indique Inge Scholz-Strasser, présidente de la Fondation privée Sigmund Freud. Regrettant les problèmes financiers de la maison Freud, malgré une aide de la municipalité, Madame Scholz-Strasser s'est demandée, lors d'une conférence de presse, « s'il y a une volonté politique en Autriche concernant cet Autrichien célèbre dans le monde entier ».

Il exista en fait une relation d' « amour-haine » (intéressant, intéressant...) entre Vienne, certes capitale intellectuelle mais soumise à l'antisémitisme, et Freud, penseur au style de vie conservateur mais qui choqua par sa pensée révolutionnaire. « Croyez vous qu'il serait aujourd'hui accepté par un véritable Viennois ? », s'interroge la dernière patiente survivante de Freud, Margarethe Walter, 88 ans, qui témoignait dans le journal Der Standard samedi d'un médecin « extrêmement amical et calme ». Aujourd'hui encore il a droit à un petit square mais il n'y a pas de rue Freud à Vienne.

Si on compare avec les innombrables festivités en 2006 commémorant le 250e anniversaire de l'enfant chéri Wolfgang-Amadeus Mozart, l'Autriche rend hommage plus sobrement à la naissance de Freud, le 6 mai 1856 à Freiberg, en Moravie (dans l'ex-empire austro-hongrois), aujourd'hui Pribor (République tchèque). Un symposium est malgré tout prévu à l'automne pour étudier « les aspects psychanalytiques des personnages de femmes » dans cet opéra complexe qu'est le  Don Juan  de Mozart et du librettiste Lorenzo Da Ponte. De quoi réconcilier les deux anniversaires.

Enfin, moi, le titre de l’exposition me titille l’esprit : « la pensée allongée »... et pourquoi pas « la pensée horizontale » non plus ? Cela irait bien avec l’ambiguïté du divan soulignée ci-dessus ? Imaginons même : « La Goulue sur le divan  : une grande horizontale à niveau  (pour ne pas dire en... non, je ne le dirai pas, pardon Martine, aïe !...) !»,

— Exposition Die Couch, vom Denken im Liegen, à voir jusqu'au 5 novembre 2006, Berggasse 19, 1090 Vienne.
— Site internet : www.freud-museum.at. Vous pourrez y voir quelques photographies de l’exposition et visiter la boutique en ligne. Au menu des posters ou des tee-shirts sur lesquels on peut lire : « Analyse me ! ». Tout un programme !

Source principale : AFP, 8 mai 2006

10.5.06

« Irak » rien en géo, l’Américain !


À quoi ça sert que « Debeuliou » il se décarcasse ? Il se débrouille pour venger son père en finissant le travail commencé, en capturant le grand Satan Saddam, met le Moyen Orient à feu et à sang. Et tout ça pour quoi ? Pour que la majorité des jeunes Américains, pourtant abreuvés d’images et de spots semi informatifs-publicitaires belliqueux, ne puissent situer l'Irak sur une carte !

Une étude que vient d’effectuer la fameuse revue National Geographic, réalisée par l'Institut Roper, testant 510 jeunes âgés de 18 à 24 ans, le montre clairement. Cela dit, la suite est assez rassurante : l’étude montre aussi que les jeunes Américains connaissent à peine mieux leur propre pays. La moitié d'entre eux est incapable d'identifier sur une carte New York ou l'Etat de l'Ohio et 30 % pensent que les Etats-Unis comptent entre 1 milliard et 2 milliards d'habitants. Pourquoi pas 4,5 milliards ? Ah l’esprit hégémonique !

De toute façon, puisqu’ils se considèrent sans doute d’une nation qui domine le monde, la moitié des personnes interrogées estime qu'il est « important mais pas absolument nécessaire » de savoir situer un pays ou de parler une langue étrangère. L'Institut Roper relève que la majorité des personnes interrogées ne se montre pas préoccupée par ses lacunes en géographie. C’est toujours dans cette indifférence que se situe le problème de l’ignorance.

Revenons à l’Irak : 63 % des personnes interrogées sont incapables de situer l’Irak sur une carte. Il est vrai qu’il n’y a jamais eu de première guerre du Golfe, que les soldats américains ne se trouvent à nouveau en Irak que depuis mars 2003 et que ce pays ne fait la une des médias américains que depuis plus de trois ans... 75 % de personnes interrogées ne savent pas non plus où se trouvent Israël et l'Iran, l’honneur de l’Irak est sauvé.

Autre pays dont on parle beaucoup sur le plan géopolitique : le Soudan. Eh bien, si 46 % le situent en Afrique (ce qui est la moindre des choses), ils sont 20 % à penser qu'il s'agit d'un pays asiatique, 10 % un pays européen et 5 % un pays d'Amérique du Sud. Ils sont même 2 % à situer le Soudan — rappelons-le, le plus grand pays d'Afrique en superficie —, en Australie et 1 % dans l'Antarctique. Continent Antarctique où, selon 3 % des personnes interrogées, se situe la forêt amazonienne (59 % répondent en Amérique du Sud).

Je vois d’ici le tableau : des manchots en pleine jungle amazonienne et des gazelles tirant de traineaux ! Il n’y a que dans les films américains que l’on peut voir cela !

Source de l’info : AFP, 3 mai 2006

5.5.06

Fi des différences d’âge ! 71 ans ! Ah ? Tout de même !


L’amour peut conduire à toutes les originalités. Figurez-vous qu’un Malaisien de 33 ans vient d’épouser une femme âgée de 104 ans. On a beau être tolérant, on se dit, tout de même... Et puis, il assure qu'il ne s’est pas marié pour l'argent. La "jeune" mariée, pour sa part, dit espérer que la liaison « dure longtemps » (voir ci-dessous). Il n’y a plus qu’à battre le record de Jeanne Calment.

L'heureux époux, Muhammad Noor Che Musa, a avoué au journal Harian Metro : « Cela pourrait sembler étrange à ceux qui ne nous comprennent pas mais j'ai trouvé la paix depuis que nous nous sommes mariés il y a deux mois ». Le quotidien affichait mardi des photos du marié et de sa nouvelle épouse, Wook Kundor, le visage ridé mais souriant.

M. Muhammad, qui était un pensionnaire de Mme Wook, a raconté qu'il avait d'abord été pris de pitié face à la solitude de la vieille dame mais que, au fil du temps, ses sentiments s'étaient mués en amour. Il a assuré que c’était la « volonté de Dieu » s'il était tombé amoureux d'une femme de 71 ans son aînée, ajoutant : « Je sais que la société est cynique mais je ne l'ai pas épousée pour son argent. Elle est pauvre... Son seul bien, ce sont ses importantes connaissances religieuses. Grâce à elle, je peux approfondir mes connaissances dans ce domaine. »

De son côté Mme Wook a lancé : « J'espère que ce mariage va durer », puis « Je demande aux gens de voir dans notre mariage un signe positif car nous n'avons rien fait qui soit interdit par Dieu ».

Finalement, n’est-ce pas touchant ?

Source : AFP, 2 mai 2006

4.5.06

Le foot, ça assure !


Le capitaine Haddock rétorquait à Séraphin Lampion qui lui proposait un nouveau contrat qu’il avait toutes les assurances possibles et imaginables sauf l’assurance contre les casse-pieds. Il est vrai que tout est presque assurable aujourd’hui. Un supporteur de football vient d’en donner une nouvelle fois la preuve.

Paul Hucker, Anglais de 34 ans supporteur de Newcastle United, vient de prendre une assurance qui pourrait lui rapporter un million de livres (1,5 million d'euros) contre un versement initial de seulement 105 £ (153 €) si... lors de la prochaine Coupe du monde de football en Allemagne (en juin prochain comme chacun sait ;0)) l'équipe d'Angleterre était prématurément éliminée. Pour toucher ce pactole, deux clauses sont au contrat : il devra prouver que l'élimination de l'équipe menée par David Beckham était effectivement prématurée, et qu'il a subi en conséquence un sévère traumatisme psychologique.

Pour le premier point, la compagnie britishinsurance.com a prévu de se faire une opinion à partir de l'avis de cinq experts britanniques en matière de football. Sur le second aspect, Monsieur Hucker devra apporter des preuves médicales claires démontrant un véritable choc moral ainsi qu'un réel état dépressif.

Paul Hucker a expliqué avoir pris cette assurance après les échecs répétés de l'équipe d'Angleterre depuis la Coupe du monde 1966, malgré souvent un statut de favori, notamment lors de la Coupe du monde 2002 en Corée du Sud et au Japon ou du Championnat d'Europe des nations 2004 au Portugal.

Malgré la petite fortune qu'il pourrait empocher en cas de défaite rapide des hommes du sélectionneur Sven Goran Eriksson, Paul Hucker a assuré qu'il allait soutenir au maximum son équipe : « Je suis très optimiste et très patriotique, et souffrir d'une dépression et d'un traumastisme psychologique est quelque chose que je ne veux pas ».

On pourrait peut-être faire comme lui pour l’équipe de France ?... Et que dire du choc de dire adieu à Zizou ? :-)

Source : AFP, 3 avril 2006

3.5.06

Marie-Madeleine aujourd’hui ?


Certes, les évangiles écrivent que Jésus a toujours mangé en compagnie de personnes considérées à l’époque et encore aujourd’hui comme menant une vie pêcheresse, affirmant à ceux qui l’en critiquaient que le médecin n’a pas besoin d’aller voir les gens bien portants mais les gens malades, mais je ne sais pas s’il aurait approuvé tout ce qui suit.

Heather Veitch, une grande blonde aux yeux bleus dotée de courbes harmonieuses (voir photo), utilisa pendant longtemps ses charmes pour satisfaire les fantasmes sexuels des clients de boîtes de nuit. Et puis, elle fut touchée par la grâce et se mit au service de Dieu.

A 32 ans, Heather a gardé une voix d'ingénue, mais sa vie remplirait déjà un roman. Née à Los Angeles dans une famille pauvre, sa jeunesse est une descente dans l'abîme. Violée à l'âge de 14 ans, elle tombe enceinte à 17 ans, mère à 18 ans. Son premier mari, épousé à 20 ans en 1994 « était réellement un sale type. Il était dangereux ». Elle le quitte rapidement. « Mais je n'avais pas un sou. Je suis montée à San Francisco ou j'ai trouvé un boulot de go-go girl, deux ou trois soirs par semaine, rapportant entre 100 et 200 dollars la nuit ».

Quelques mois plus tard, grâce à des implants mammaires et quelques kilos en moins, elle triple ses gains nocturnes. Quand son club devient topless, elle oublie tout problème d'argent, se mettant à gagner « entre 700 et 2.500 dollars la nuit ». Elle prend alors le chemin des clubs de Las Vegas où elle fait « une pile d'argent » et de temps à autre se trouve des rôles dans des films porno, « soft » précise-t-elle.

Le tournant pour elle survient en 1999. « Je voulais changer ma vie. je ne voulais pas entrer dans le nouveau millénaire en étant strip-teaseuse. J'ai quitté mon boulot, je me suis remariée, j'ai suivi des cours de salon de beauté. je suis devenue coiffeuse, et j'ai eu une petite fille. » Puis elle ajoute : « Il y a trois ans, j'ai appris que l'une de mes anciennes copines de boîte de nuit était morte d'alcoolisme [...] et j'ai compris que je devais aller voir les autres pour leur dire qu'elles pouvaient avoir une autre vie, que Dieu existe, qu'il nous aime, et qu'elles peuvent demander son aide même si elles ne changent pas de métier".

La jeune femme a créé son site internet (voir ci-dessous) où, à la page d’accueil dont vous pourrez admirer les couleurs, Heather se trouve en compagnie de deux compagnes au même physique, Tanya et Lori, elles aussi reconverties en prédicatrices, avec ce slogan : « Si vous êtes une femme dans l'industrie du sexe, si vous êtes un homme cherchant l'épanouissement dans l'industrie du sexe, si vous êtes chrétien, venez nous voir à l'œuvre ».

Ces trois missionnaires de choc ont baptisées leur Eglise "JC (pour Jésus Christ) Girls" et vendent entre autres pour financer en partie leur ministère un DVD intitulé « In Action ».

Pourtant, leur Eglise, fondée il y a un an à Riverside, entre Los Angeles et Palm Springs, qui revendique maintenant plus de 2.000 paroissiens, se distingue par son austérité. La Convention baptiste du sud de la Californie reconnaît la "JC Girls" comme une de ses églises associées.

Quand elles ne sont pas à Riverside, les trois femmes font la tournée des night-clubs pour aller porter la bonne parole et donner une lueur d'espoir aux strip-teaseuses. Heather explique : « Beaucoup de gens croient qu'on cherche à leur faire quitter leur métier [...] mais nous essayons seulement de les mettre en contact avec Dieu. Et si elles décident ensuite de changer leur vie, tant mieux, mais ce n'est pas nécessaire », ajoutant : « Nous ne leur demandons pas de devenir membres de notre Eglise. Elles peuvent choisir l'Eglise qu'elles veulent ». Elle affirme avoir fait un trait sur les richesses d'ici bas : « je ne touche que 40.000 dollars par an », soulignant qu'elle gagnait presque deux fois plus quand elle était coiffeuse.

La célébrité des «saintes allumeuses» comme elles s’appellent parfois est arrivée il y a quelques mois lorsque Heather, Tanya et Lori ont été invitées par le télé-évangéliste de la droite chrétienne Pat Robertson. Depuis elles multiplient les interviews et leur renommée a atteint jusqu'à la Grande-Bretagne où elles voudraient faire des émules.

Les Sainte-allumeuses ! Oubliées les saintes chéries des années 60 ! Et, même si ces jeunes femmes sont sûrement très sympathiques, cela me laisse un petit goût de poupée Barbie. Pas vous ?

Source principale : AFP, 27 avril 2006. Site internet : www.jcsgirls.com.

2.5.06

Amis chercheurs, la musique populaire s’ouvre à vous.


La chanson, on s’en doute, a aussi un patrimoine. C’est lui que veulent inventorier le Centre national de la chanson, des variétés et du jazz (CNV) et l'association Le Hall de la chanson (association qui œuvre depuis 1990 à la mise en valeur des répertoires de la chanson via des expositions, des conférences chantées, des spectacles ou des sites internet), par l’intermédiaire d'une base de données mise en ligne aujourd’hui même. Affiches, disques, partitions ou mêmes travaux universitaires, tout document en rapport avec la chanson est destiné à être répertorier pour servir de source à chaque personne voulant creuser un sujet ou une question en rapport avec elle.

Ce premier inventaire de l'état des ressources patrimoniales de la chanson en France a été présenté samedi au Printemps de Bourges par Le Hall et le CNV, ce dernier étant un établissement public présidé par le directeur du Printemps, Daniel Colling. Pour parvenir à ce premier inventaire, ses initiateurs ont interrogé des institutions publiques et privées, des collectivités locales, des professionnels de l'édition, du spectacle et du disque, ou des collectionneurs professionnels ou amateurs, lors d'une première campagne de recensement qui a duré six mois. Une deuxième campagne de recensement aura lieu à l'automne afin d'enrichir le contenu de cet inventaire en ligne.

L'entreprise va plus loin que la constitution d’un simple catalogue : son but est de permettre de savoir où localiser, en France, telle ou telle archive ayant trait à la chanson, de quelque nature qu'elle soit, et pas seulement de la rendre disponible en ligne sur son propre site.

La recherche peut être générale, par mots-clés (comme« Piaf » ou « chanson contestataire »), ou orientée selon trois critères : le type de documents (du 33 tours aux documents administratifs en passant par les partitions ou les costumes), le thème (résumant le contenu des sujets recherchés) ou la localisation géographique.

On pourra ainsi, en quelques clics, savoir qu'un étudiant lyonnais a consacré un mémoire à la chanson réaliste en 1990, que telle mairie de banlieue parisienne conserve d'importantes archives sur tel chanteur méconnu, que telle chanson a en son temps été visée par la censure ou que tel particulier marseillais possède la plus grosse collection d'autographes en France.

Cette base de données, qui recense pour l'heure 400 fonds publics et privés, n'est qu'un « premier jet », selon Serge Hureau, directeur du Hall de la chanson : « ce premier inventaire a confirmé la richesse des archives nationales » et mis en évidence « l'importance des archives régionales, départementales et municipales », ainsi que « le nombre croissant de travaux universitaires sur la chanson », qui l'a étonné. Mais il reste beaucoup à faire pour « la constitution de la mémoire professionnelle des métiers de la chanson ». Il souligne avec raison que « les gens du spectacle ne voient pas trop l'utilité de s'intéresser au patrimoine, qui ne revêt pas d'intérêt immédiat » et ajoute même : « Ces dernières années, des “majors” du disque ont carrément détruit des matrices, et des enregistrements historiques ont aujourd'hui disparu ». La chanson est en effet souvent ancrée dans le temps présent, elle permet, comme l’on montré ces dernières années de nombreuses émissions radiophoniques (dont celles de Philippe Meyer ou de Benoît Duteurtre), de typer une époque. Et pourtant, que de chefs d’œuvre encore susceptibles de nous émouvoir !

Le site, que vous pouvez aller voir, est extrêmement bien présenté. La visite est interactive à travers le site du Trianon, ancien music-hall/cinéma dans lequel on peut se mouvoir. Allez vous promener par exemple dans la rubrique « La chanson du film » sur les chansons au cinéma (1er étage, en tournant entièrement à gauche et en cliquant sur : « salle »). On peut entre autre y entendre Avec son tra-la-la du film Quai des orfèvres (1947), avec notice sur le film, photo, etc. La présentation, à condition d’avoir une bonne ligne haut débit, est digne des cd-roms culturels qui, on le sait, ont tendance à moins se vendre. On comprend mieux pourquoi avec ce site.

Source principale : AFP, 2 mai 2006. Le site de l’inventaire et de la présentation multimédia : www.lehall.com.

1.5.06

Danser toujours à 102 ans : quelle santé !


À croire que la danse conserve. Ou, plutôt, l’esprit resté toujours jeune. Toujours est-il que Doris Eaton Travis, dernière danseuse des Ziegfeld Follies encore de ce monde, star de Broadway pour qui fut créé en 1929 le morceau Chantons sous la pluie, demande malicieusement au public : « Vous croyez qu'on est encore assez jeune pour danser!? », avant de lever prestement la jambe... à 102 ans (ci-dessus : au théâtre de la Nouvelle-Amsterdam le 25 avril 2006 à New York) !

Elle révèle bientôt son secret depuis sa loge, après son numéro de danse pour le spectacle de charité donné par le tout-Broadway au profit de la lutte contre le sida : « Voyons... Je mange très peu », dit-elle en réfléchissant, « et puis je fais de l'exercice en allant d'une pièce à l'autre, je gère un ranch vous savez ».

Chaque année, cette minuscule vieille dame aux épais cheveux blancs fait en effet le voyage depuis son ranch de l'Oklahoma pour ce gala, organisé dans ce même Théâtre de la Nouvelle-Amsterdam où elle fit ses débuts pour Ziegfeld, à 14 ans en 1918 (ici un portrait datant de cette époque).


Tout a pourtant bien changé sous les néons de Times Square. Le Théâtre, après avoir été transformé en cinéma porno, puis menacé de démolition, présente en ce moment la comédie musicale du Roi Lion.

Doris Eaton Travis regarde d’ailleurs Broadway avec une pointe de regret : « Trop de corps (nus) ! Sans cette élégance qui comptait tant sous le règne de Ziegfeld », dit-elle, en chic pantalon noir et pull brodé, ses joues rehaussées de rose.

A l'époque, Florenz Ziegfeld s'inspirait des Folies Bergères de Paris pour monter une revue avec les grands comédiens du moment et des chorus girls somptueuses, dont certaines sont devenues extrêmement célèbres comme Paulette Goddard ou Louise Brooks. De 1907 à 1931, c’est tout New York qui se presse aux Follies. « Même si ces filles superbes portaient des costumes riquiquis, les shows n'étaient jamais vulgaires... Et il y avait de l'humour, mais jamais scabreux, c'était toujours drôle. »

Star de la revue de 1918 à 1920, Doris y retrouva ses quatre frères et soeurs, qui comme elle avaient appris la danse tout petits, dans leur ville de Washington. Après New York, elle tenta l'aventure à Hollywood, joua dans des films muets. Pour le show Hollywood Music Box, elle fut « la première à interpréter Chantons sous la pluie», rappelle-t-elle, alors qu'elle était amoureuse de l'auteur de la chanson.

Mais en 1936, la Dépression frappe. Sans travail, Doris Eaton abandonne le show-biz pour la danse de salon. Dix ans après, elle gérait dix-huit écoles.

Sa troisième vie commença dans les années 60, avec son mari, dans leur ranch de l'Oklahoma. Doris se met à la comptabilité et aux danses country. La curiosité la tient toujours et, en 1991, à 87 ans (!), elle décroche son diplôme d'histoire à l'Université d'Oklahoma. En 1999, à 95, elle joue avec Jim Carrey dans Man on the moon de Milos Forman. Quatre ans plus tard, à 99, elle rédige enfin ses mémoires, The Days we danced . Ce débordement d’activité l’étonne elle-même : « Parfois quand j'y pense, je me dis “mon Dieu! J'ai vraiment fait tout ca !?” C'est merveilleux », avoue-t-elle les yeux clairs fixés sur ses interlocuteurs, plissant le front pour conjurer sa surdité, ses lunettes tremblant à peine entre ses doigts.

Aujourd'hui, le reste de la dynastie Eaton a disparu. Mais chaque soir encore avant le dîner, Doris danse 20 minutes avec son assistant. « Ca maintient en forme. Et le vendredi le club de l'université a un orchestre, on y va pour dîner et danser un peu. »

Lundi dernier, à quelques heures du gala de charité de Broadway, elle n'avait pas la forme, et n'est parvenue à quitter son lit qu'au dernier moment. Mais le public conquis a eu droit à une Doris pétillante en robe de satin années 30, maîtrisant au bras d'un jeune danseur un petit pas de jazz des Follies 1913.  Le spectacle, c’est sa vie. « Je vais bien, constatait-elle juste après, comme regonflée. Je retrouve toujours l'inspiration en arrivant ici. »



Ci-contre : faisant un pas de deux avec l'acteur de Broadway, Eric Sciotto, le 25 avril 2006 au théâtre de la Nouvelle-Amsterdam à New York. Un exemple, je crois, de jeunesse de corps et d’esprit.

Source : AFP, 29 avril 2006