30.10.05

Une critique sévère mais sans doute juste


Pour rester dans Mozart (voir post précédent), de nombreux ouvrages vont paraître dans l'année qui vient. Parmi ceux-ci, un livre vient déjà de sortir, écrit par Eric-Emmanuel Schmitt, personnage incontournable de la scène théâtrale française.
Schmitt n’est pas un mauvais auteur en soi mais il produit beaucoup. De là à dire trop, il n’y a qu’un pas que je franchis et je ne suis pas le seul à le faire. Il y a de belles réussites (Monsieur Ibrahim et les Fleurs du Coran, qui a donné lieu à un joli film avec Omar Sharif) et des œuvres pénibles à suivre (voir le verbeux Le Libertin sur le personnage de Diderot, d’un ennui mémorable au théâtre et ayant donné lieu à un naufrage filmique - je nuance : les critiques ont été très partagées).

Bien entendu Eric-Emmanuel Schmitt peut se prévaloir d'un CV impressionnant et d’une double casquette puisqu’à des études correctes de musique (Conservatoire de Lyon) il peut ajouter un cursus intellectuel plutôt complet : Ecole Normale Supérieure - Ulm - de 1980 à 1985 (agrégé de philosophie en 1983) et docteur de Troisième Cycle en 1986 avec une thèse sur Diderot et la Métaphysique qu’il a fait paraître en 1997 sous le titre Diderot ou la philosophie de la séduction (Albin Michel). Il est depuis pas mal d’années un des auteurs les plus joués du théâtre français dans le monde, possède son propre site internet (http://www.eric-emmanuel-schmitt.com). Personnellement, j’ai souvent trouvé que ses phrases péremptoires sonnaient un peu faux.

Aujourd’hui, il fait donc paraître un livre sur Mozart. Je ne l’ai pas encore lu mais, ayant pris connaissance avec attention de la critique du Figaro écrite par Philippe Cassard (Figaro littéraire, 27 octobre 2005, p. 4) et y ayant retrouvé les griefs que je porte en général à Schmitt, je ne suis pas sûr de l’acheter. Je vous en laisse juge...

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Un squatteur chez Amadeus
Ma vie avec Mozart d’Eric-Emmanuel Schmitt

Le « jeune et brillant dramaturge » (ce sont ses propres mots) imagine une correspondance fictive entre lui et Mozart.

BIEN AVANT les cérémonies qui en 2006 salueront le 250e anniversaire de la naissance de Wolfgang Amadeus Mozart (1756-1791), le monde de la musique est en effervescence : intégrales, biographies, concerts, émissions de radio et de télévision se succéderont en un mélange où le meilleur côtoiera le pire. Celui-ci nous est infligé trois mois en avance par le livre d’Eric-Emmanuel Schmitt, dont le titre, Ma vie avec Mozart, ainsi qu’une couverture pompeuse révèlent dès l’abord un contentement de soi et une prétention, qui s’étalent ensuite sur cent soixante pages : « Apprends que j’ai rejoint ton camp, le camp des créateurs », « Je quitte l’université où j’enseigne la philosophie pour assumer le nouveau rôle qu’on m’a assigné, celui d’un jeune et brillant dramaturge » », « Sais-tu que je suis devenu ton librettiste ? Je mets des paroles françaises sur ton opéra, Les Noces de Figaro. Oui, (je vais) rendre Mozart encore plus populaire ! », « Comme toi, en tant qu’auteur, je ne me suis montré capable d’écrire des histoires dont les héros sont des enfants qu’une fois passé mes trente-cinq ans. »

Peut-on nous expliquer quelle mouche pique certains de nos hommes de plume français lorsqu’ils décident de confier à la multitude leurs pensées approximatives sur des compositeurs, tel Mozart, car en parler nécessiterait un minimum de préparation ? M. Schmitt égrène les banalités sur un ton de prêche à l’usage des demeurés : « Tu es la preuve qu’on peut survivre à une enfance prodige », « Tu donnes des cours de bonheur en rendant leurs saveurs aux choses, en extrayant du moindre moment un goût de fraise ou de mandarine », « L’expérience de la musique a partie liée avec l’expérience mystique », « Tu composes pour les voix comme personne », « L’esprit d’enfance vient avec les années », « Ta stylisation, c’est une sublimation », « L’enfance est une métaphysique », etc.

Bavardage sentencieux
A travers cette correspondance fictive qu’il entretient avec Mozart, « (il) s’exprime en sons, je compose des textes », M. Schmitt se sert en outre de son héros pour régler ses comptes avec les critiques qui « comme tous les gens cultivés (ont) une culture de retard », l’Etat qui dilapide l’argent public en subventionnant des « artistes qui n’ont pas de talent mais couchent dans les couloirs des ministères », et ces « intellectuels » qui n’aimeraient, à l’en croire, que la musique contemporaine. Le soi-disant grand public qui obsède tant M. Schmitt est-il si inculte qu’il doive se contenter de ce bavardage sentencieux ?

Une charge contre les « baroqueux » d’une violence et d’une bêtise remarquables en dit long sur le degré d’ignorance dont M. Schmitt fait preuve : « Ils vont chercher des trompettes usagées, des cordes pourries, des pianoforte antédiluviens qui semblent jouer du fond d’une piscine. Certains vont même jusqu’à s’habiller en costume du XVIIIe siècle, se poudrer, se coiffer d’une perruque, et j’en soupçonne quelques-uns, par fidélité aux usages de ton temps, d’aller uriner derrière les rideaux du salon ». Plus de quarante ans ont passé depuis qu’un vent frais, tonique, stimulant l’intelligence et la remise en question de traditions poussiéreuses, a soufflé sur l’ensemble des familles de musiciens. Grâce à ces infatigables défricheurs mondialement estimés que sont, entre cent autres, William Christie, Nikolaus Harnoncourt, Marcel Pérès, Denis Raisin Dadre, Alfred Deller, c’est une identité et une couleur spécifique qui ont été redonnées à la musique du Moyen Age et de la Renaissance, à la période baroque, au style classique, tellement encrassés par des décennies de pathos romantique !

Il nous faudra donc chercher du côté d’André Gide (Notes sur Chopin) ou de Romain Rolland (Beethoven) : eux avaient tant à dire sur la musique, et avec quelle originalité, sans que jamais leur pensée ne s’égare dans le jargon entre gens du sérail, ou, à l’inverse, dans la simplification. N’est-ce pas d’ailleurs M. Schmitt qui affirme, page 121, qu’il « faut un surcroît de travail et de modestie lorsqu’on veut parvenir à un art clair, évident » ? Afin qu’il ne soit plus la risée des musiciens et de nombreux mélomanes, on l’encouragera fortement à reprendre cette maxime pour lui-même.

28.10.05

On vient de retrouver le piano-forte de voyage de Mozart !


Vous allez me dire, cela tombe particulièrement bien : au moment où l’on s’apprête à fêter le 250e anniversaire de la naissance de Mozart, on retrouve un objet important susceptible d’attirer les foules. C’est sans compter sur le hasard et la ténacité qui font aussi parfois bien les choses. On vient également juste de retrouver un autographe de la Grande Fugue de Beethoven perdue au fin fond d’une bibliothèque américaine ; on n’est pas pour autant dans une année Beethoven.

Amis parisiens, vous pourrez très bientôt admirer cet instrument en bois de merisier et ronce de noyer, à quatre octaves, et ne pesant pas plus de 13 kilos, puisqu’il sera dévoilé pour la première fois au public au Salon du Patrimoine Culturel se déroulant du 3 au 6 novembre (Carrousel du Louvre). Johannes Carda, restaurateur d'instruments anciens, intronisé "Maître d'Art" en 1998 (qualification d'excellence donnée par le ministère de la Culture), a en effet accepté de se séparer quelques jours de son "trésor patrimonial", pour le présenter, restauré, douze ans après l'avoir acquis.

Pourquoi tant de temps avant que le monde entier soit au courant ? C’est qu’il en a fallu des vérifications de sources avant de pouvoir affirmer qu’il s’agissait bien du piano-forte de voyage de Mozart. Petit historique :

C'est à l'occasion d'une ventes aux enchères à Chartres, en 1993, que M. Carda, pianiste viennois reconverti dans la facture et la restauration des piano-forte, clavecins et clavicordes du XVIIIe siècle, a reçu ce merveilleux "cadeau du ciel". "Imaginez seulement, affirme-t-il devant l’AFP , que j'achète un Stradivarius pour 23.000 FF!" (3.500 €). Soit dit en passant, c’est un peu différent : l’instrument, même s’il est de qualité, est d'abord ici intéressant pour son aspect historique. Un Stradivarius l’est avant tout pour le son qu’il peut encore donner aujourd’hui à un interprète.

A peine déchargé de la voiture, le "klavierel" (petit piano") dont les pieds se démontent, livre une précision jusque là dissimulée sous un cache-poussière : une vignette où figurent trois indications : "Augsburg", "Wirth" et une date "17..". "Probablement 1786", selon M. Carda. Augsburg était la ville natale en Bavière de Léopold Mozart, père de Wolfgang Amadeus et Wirth, l'élève du célèbre facteur de piano-forte Johann Andreas Stein.

Des lettres échangées avec la fondation internationale Mozarteum de Salzbourg, la découverte de nouveaux indices que livrent un morceau de broderie et des signatures apposées en 1853 sur l'instrument par des réparateurs italiens de Côme — où vivait le fils du compositeur autrichien —, confirment pratiquement l’appartenance.

L’instrument n'attend plus que sa reconnaissance officielle. "Personne ne s'est soucié jusqu'à présent d'apporter une aide — infra-rouges, examen de la broderie — à son restaurateur, souligne la Commission des Maîtres d'Art. Son exposition au Salon du Patrimoine Culturel devrait permettre son authentification officielle. Il reste que Johannes Carda, qui a réparé des instruments des collections les prestigieuses au monde, est probablement le mieux placé!"

Une belle histoire qui va connaître la consécration publique dans quelques jours.

Rappel : le piano-forte est l’instrument qui a succédé au clavecin vers le milieu du XVIIIe siècle. Le passage de l’un à l’autre s’est fait progressivement mais inéluctablement : le nouvel instrument, grâce aux marteaux venant frapper la corde, pouvait faire des nuances suivant la force avec laquelle on enfonçait la touche. Il pouvait jouer un passage « forte » (fort) puis aussitôt un passage « piano » (doux). Ce que ne pouvait pas faire le clavecin dont la technique est tout autre : un sautereau vient pincer la corde lorsqu’on enfonce la touche. Mais qu’on l’enfonce doucement ou fortement, le son ne change pratiquement pas. Cette faculté du piano-forte à faire des nuances l’amena à remplacer le clavecin et lui donna son nom : « piano-forte ». Puis, comme souvent, le nom se simplifia et se résuma en « piano ».
On joue à nouveau aujourd’hui de ces instruments anciens. Andreas Steier est un des maîtres actuels du piano-forte, bien qu’encore assez jeune. Si vous écoutez des morceaux sur cet instrument, vous serez surpris : ce n’est pas vraiment la sonorité du piano que l’on connaît actuellement. Il y a beaucoup moins de résonance, un son un peu grêle, mais peut-être plus de couleurs. On est loin d’un grand piano de concert Steinway ou Bösendorfer, fruits d’encore beaucoup de décennies de perfectionnements.

26.10.05

Devinette cruelle


Tout le monde le sait, Jules Verne est mort il y a cent ans. De nombreuses festivités ont lieu depuis le début de l’année. Je vous avais mentionné le nouveau spectacle de Royal de Luxe, les musées Jules Verne de Nantes et d’Amiens rouvrent après travaux (il était temps, remarquez, en septembre pour Nantes et en décembre pour Amiens !), le restaurant gastronomique en face de chez moi propose un menu Jules Verne en association avec un restaurant d’Amiens qui propose le même, nombre de publications ont vu le jour dont un ouvrage assez bien fait des frères d’Arvor, etc.

Maintenant, de ce fait historique, des responsables de l'éducation à Madrid ont fait une devinette dont le résultat laisse pantois, une des "pires nouvelles" de ces dernières années pour le pays. Il montre, selon le quotidien El Pais que les jeunes élèves espagnols sont incapables du "moindre effort de déduction".

En effet, quelle était la question posée ? "En quelle année est mort Jules Verne, s'il est mort il y a cent ans ?" ! Que ce soit Jules Verne ou Tartempion, la réponse est la même, mais peut-être qu’un nom célèbre a dérouté les têtes blondes espagnoles ? En tout cas, la moitié des écoliers madrilènes entre 11 et 12 ans ont été incapables de répondre à cette simple question, rapporte, consterné, le quotidien.

Une étude de l'OCDE (Organisation pour la Coopération et le Développement Economique, basée à Paris) avait déjà indiqué en septembre dernier que 33 % des adolescents espagnols étaient incapables de passer le baccalauréat - contre 8 % en Irlande et 18 % en France - et que l'Espagne consacrait nettement moins d'argent à l'éducation que ses voisins, précise encore El Pais.

A Madrid, le niveau de connaissances mathématiques des jeunes écoliers est "catastrophique" et la majorité d'entre eux n'a pas la moindre idée des "règles élémentaires de calcul", souligne le journal, qui appelle le gouvernement et les autorités locales à réagir.

On pourrait essayer de réaliser la même enquête en France. J’aimerais bien comparer le résultat. Lorsque j’étais au collège, je lisais souvent dans les copies la biographie de personnes (en l’occurrence des compositeurs) qui étaient mortes à un âge vénérable de plusieurs siècles, ou un religieux qui serait devenu pape à l’êge de deux ans, etc. Bref, le manque de logique n’est pas qu’espagnol !

Source : AFP, 14 octobre 2005

21.10.05

Canardages 19 octobre 2005

Désolé, je n’a pas dessin humoristique à vous donner, le site du Canard ne fournit encore que le numéro de la semaine dernière !

Pour cette nouvelle revue de presse, tout d’abord un télescopage de une. Vous savez que le journal Le Parisien se décline sous un autre titre, Aujourd’hui en France dont il est l’émanation. Le Canard enchaîné relève avec humour la différence de une le lundi 17 octobre à propos du match OM-PSG (que ceux qui ne connaissent pas ces deux sigles passent au paragraphe suivant). Titre à la une d’Aujourd’hui en France : « L’OM, enfin ! » (cela faisait plusieurs années que l’OM ne gagnait plus contre le PSG ; cette fois-ci : 1-0). Mais un parisien n’aurait pu supporter cela. On pouvait donc lire en première page du Parisien : « Dommage ».
Et ce n’est pas tout. À l’intérieur des journaux, mêmes différences, et pourtant avec le même envoyé spécial ! Dans le Parisien, ce dernier revient largement sur l’histoire de l’ammoniaque versée dans les vestiaires du PSG ayant indisposé les joueurs avant la rencontre. Titre : « La sulfureuse affaire de l'ammoniaque ». Jérôme Alonzo, gardien du PSG, s’écrie : « c’est dégueulasse ! ». Dans Aujourd’hui en France, par contre, aucune allusion. L’affaire de l’ammoniaque est tout de même évoquée mais n’est plus sulfureuse, le journal ajoutant que les braves employés marseillais ont tenté d’aérer la pièce et mentionnant cet avis de José Anigo (directeur sportif de l’OM) : « qu’ils aillent se faire en... ! ». Du joli ! Voilà un journal d’opinionS.

Pour le 60e anniversaire de l’ENA, le Canard rappelle avec Le Monde quelques hauts faits susceptibles de donner à la maison une autre image que celle de fabricante de crâne d’œufs :
- Philippe Raichlen, première promotion de l’école, major à l’entrée, major à la sortie, se fit sauter à la grenade dans le bois de Verrières parce qu’il n’était arrivé que deuxième dans le corps des contrôleurs des Finances ;
- Un autre énarque dont on tait le nom, ambassadeur « en disgrâce », ulcéré d’avoir été rabroué par Giscard, abattit femme et enfants à la seule vue du président à la télévision, avant de se rendre à un copain de promotion, le préfet du département, qui le fit conduire à la santé.
Il n’y a pas à dire, l’ENA, c’est « la maison qui rend fou » !

Nos élus ont, je trouve, assez souvent la métaphore égrillarde et je le regrette. Le Canard en fournit deux preuves cette semaine.
D’abord, au sénat. Grands éclats de voix ce 11 octobre à l’ouverture de la séance. Devant un petit groupe d’élus, le président, Christian Poncelet, tonne contre les allusions de plus en plus fréquentes de la presse sur son âge (77 ans). Il révèle qu’il a été champions de boxe à 22 ans et a menacé de « casser la gueule » à « ces voyous » qui répandent des rumeurs. « On dit que je suis vieillissant. J’aime autant que ce ne soit pas une femme qui le dise, parce que je lui montrerais si je suis vieillissant ! » Le Canard ajoute : « Coïncidence troublante : le lendemain 12 octobre, le toujours jeune Poncelet recevait au petit déjeuner Louis Couillard — ça ne s’invente pas —, président de Pfizer France, le labo qui fabrique le Viagra. Ça ne s’invent pas (bis). »
Enfin, au petit déjeuner des « hollandais » (partisans de François Hollande), réunissant le 12 octobre la garde rapprochée du premier secrétaire du PS. La réunion vire rapidement à l’empoignade (comme d’habitude en ce moment). Julien Dray finit par lance : « Moi, je fais de la politique ! J’en ai assez de ces histoires de cons ! » Clotilde Valter, ex-conseillère de Jospin à Matignon sur les affaires étrangères, s’écrie : « Julien, tu exagères, je te trouve dur... » Dray : « Oui, je suis dur, je suis connu pour être dur, je peux être très dur ! » Sourires autour de la table et Hollande : « Ne te vante pas, Julien ! » Comme le dit le Canard : « Qui a dit qu’on ne se marrait plus au PS ? »

Hervé Gaymard, non content de rejoindre les finances après avoir été évincé de son ministère pour appartement non-exigu, voulait devenir critique littéraire ! Il en avait fait la proposition au Figaro littéraire ! Las, Angelo Rinaldi, patron du supplément, décrocha son téléphone dès la nomination de Gaymard apprise pour lui dire : « Ce n’est pas parce qu’on aime un livre qu’on en parle bien ». Résultat : Après ue chronique passée le 13 octobre, Gaymard va pouvoir ranger son stylo. Dommage pour certains journaliste du Figaro qui se répandaient déjà en plaisanteries faciles du genre : « Sa chronique, combien de mètre carrés ? ».

Finalement, et peut-être suite auc révélations du Canard (voir « Canardages » précédent), Borloo a refusé que Jean-Pierre Beysson, délégué interministériel au logement, aille installer son QG rue de Boissière dans le XVIe. Il ira dans le XVe, rue Lecourbe. « Une provocation ! » s’était écrié Borloo en apprenant les désris de son inférieur hiérarchique.

Nicolas Sarkozy s’explique dans le Figaro magazine (16 octobre) sur sa détermination : « Je dois gagner, non parce que je le veux, mais parce qu’il le faut ». Ça promet...

Un ministre avait affirmé en décembre 2003 : « Soit on vend tout de suite les sociétés d’autoroutes, et cela fera du bien immédiatement, mais au risuqe de le regretter pendant dix ans ; soit on ne les vend pas, et on engrange alors pour le compte de l’Etat de dividendes qui permettent de réaliser des infrastructures, notamment les transports alternatifs, pendant, dix, vngt ou trente ans ». C’était... Gilles de Robien, qui ne dit plus mot aujourd’hui. La démonstration est pourtant toujours valable. Et le Canard révèle dans le numéro de cette semaine que l’Etat brade les autoroutes. Pour le profit de qui... ? Le problème est que la gauche est mal à l’aise : le gouvernement Jospin avait vendu une partie du capital des Autoroutes du Sud de la France (ASF) sans même en référer au parlement.

Plus amusant : une caserne de pompiers de La Grande Motte servait au tournage de films pornos ! Quatre homme en uniforme, cachés par leur casque, « jouaient à la bête à deux dos » avec une beauté dévêtue. Un responsable de la caserne avoue : « Nous cherchons encore à savoir si ce tournage a eu lieu pendant les heures de garde ou bien par des pompiers sur leur temps de repos » (Le Monde, 18 octobre). Le Canard : « Dans tous les cas, le nouveau calendreir des soldats du feu-au-cul est très attendu, avec gros plans sur La Grande Motte. »

Christian Karembeu prend sa retraite à 37 ans. Il explique son choix au Parisien (17 octobre) : « Après dix-sept ans de sacrifices, je veux désormais pouvoir faire du roller, du ski, de la moto, monter à cheval ». Le Canard : « C’est le rêve : après le football, faire du sport ! »

Vous avez tous dû voir les embrassades interminables de Schröder et de Chirac lors du dîner que ce dernier avait donné en l’honneur du départ du premier. Depuis plusieurs années, d’ailleurs, ce ne sont que grands gestes et sourires super forcés. Dans Libération, on apprend que Schröder a plaisanté : « Ne soyons pas trop sentimentaux, sinon il faudra sortir nos mouchoirs. » Le Canard : « Dire que c’est une femme qui les sépare ! »

L’acteur André Pousse est mort à 85 ans le 9 septembre. Cela ne l’empêche pas, nous dit le Canard, de faire une pub du tonnerre dans le numéro d’octobre de Pleine Vie pour la papaye fermentée « qui est censée prolonger la vie et qui a déjà tué Jean-Paul II ! » (dixit le Canard), avec des photos de lui à vélo ou entrain de tondre la pelouse. Il témoigne d’ailleurs gaiement d’outre-tombe : « Je me sentais vraiment fatigué depuis quelques mois. J’avais le moral en baisse et j’avais arrêté le vélo, ce qui pour moi est vraiment mauvais signe... En quelques semaines, j’ai retrouvé un moral d’acier, un tonus inouï ! » Comme le dit le Canard : « Une forme éblouissante, à réveiller les morts ! ». Conclusion de Pousse dans sa pub : « Je peux dire aujourd’hui que la papaye fermentée a fait énormément pour ma santé. C’est un produit formidable. » Le Canard : « De deux choses l’une, soit André Pousse est mort d’une overdose de papaye fermentée... soit, au contraire, ce produit miracle cher au professeur Luc Montagnier l’a ressuscité ! »

19.10.05

Bernard Guetta ou l’intelligence du monde


Il est des évidences qui nous apparaissent dans leur immédiateté. Les chroniques de Bernard Guetta le matin sur France-Inter font partie de celles-là. Tout juste lui reprocherai-je un parti pris trop prononcé pour le oui lors du référendum sur l’Europe. Tout le reste, avant et après cette période, est du plus haut intérêt, d'une grande mesure et d'une grande profondeur. Ce matin, son papier sur le procès de Saddam Hussein apportait beaucoup de réflexions fondamentales. Du coup, je vous livre sa retranscription in extenso. Si seulement les média américains pouvaient le traduire...



Procès biaisé pour Saddam

Chronique du 19 octobre 2005

« On aimerait applaudir le procès d’un tel tyran. On aimerait se réjouir de ce que, contrairement à Pinochet et tant d’autres dictateurs sanguinaires, Saddam Hussein ait aujourd’hui à répondre de ses crimes – de la manière dont il s’était saisi du pouvoir en assassinant 23 membres de son propre parti, le Baas ; du déclenchement des huit années de guerre contre l’Iran ; du recours systématique aux gaz de combat durant ces batailles qui ont causé un million de morts ; de la décimation, en 1982, du village de Doujaïl où l’on avait tiré contre son convoi ; du meurtre, en 1983, de 8000 membres de la tribu Barzani, celle d’un des deux dirigeants kurdes irakiens ; du massacre de 180 000 Kurdes à la fin des années 80 et tout particulièrement du gazage de 5000 d’entre eux en 1988 à Halabja ; de l’invasion du Koweït et de ses conséquences ; du massacre des chiites qui s’étaient révoltés contre lui après sa défaite dans la première guerre du Golfe et, bien sûr, des innombrables victimes de ses polices et de ses deux fils, celles dont on ne connaît ni les noms ni les tombes.

Dégoulinant de sang, Saddam fut un dictateur de la pire espèce mais le malaise que suscite l’ouverture de son procès ne s’en explique pas moins.

La première raison en est que si ses juges seront irakiens, ce n’est pas l’Irak qui le juge. Ce n’est pas non plus une Cour internationale mais les Etats-Unis, seuls vrais maîtres de cette procédure alors qu’ils sont eux-mêmes présents en Irak en vertu d’une guerre déclarée en violation du droit international et justifiée par des mensonges qui ne font aujourd’hui plus de doute.

Il est heureux que Saddam se retrouve au banc des accusés. Il n’y a certainement pas lieu de le regretter mais il est totalement anormal et exorbitant du droit que ce soit les Etats-Unis, puissance occupante, qui aient préparé ce procès et que Georges Bush, leur Président, ait déjà publiquement jugé, en décembre 2003, qu’il méritait – ce sont ses termes - « le châtiment suprême ».

La deuxième raison du malaise suscité par ce procès est qu’il ne porte que sur les assassinats des 143 villageois de Doujaïl, en 1983. Ce massacre vaut évidemment jugement mais pourquoi ces faits-là et non pas les autres, tous ou presque autrement plus graves ? La réponse n’est que trop évidente.

A propos de tous ses autres crimes ou presque, Saddam Hussein aurait pu mettre en cause trop de gens et de pays. Il aurait pu dire, à propos de l’Iran, que tous les pays arabes, l’Europe et, avant tout, les Etats-Unis avaient soutenu cette guerre parce qu’ils y avaient vu le moyen de faire tomber le régime des mollahs.

A propos des massacres des Kurdes, il aurait pu rappeler que personne ne s’en était offusqué et que les gaz avaient bien une provenance. A propos des chiites, il aurait pu dire que les Etats-Unis n’avaient pas levé le petit doigt pour les protéger, pas envoyé le moindre signal de protestation, car ils se méfiaient, à l’époque, d’une communauté jugée trop proche des Iraniens. Et à propos de l’ensemble de ses crimes, Saddam Hussein aurait enfin pu dire qu’ils n’avaient gêné personne tant qu’il n’était pas lui-même devenu gênant et infréquentable pour tous ces dirigeants qui l’avaient si longtemps courtisé. Il y a, dans ce procès, quelque chose de trop faux pour pouvoir s’en réjouir. »

Chroniques de Bernard Guetta, "Géopolitique", vers 08h17 sur France-Inter.

18.10.05

Les chiens et chats bichonnés sont-ils heureux ?


Dans le même ordre d’idées que la chronique « Pâtisseries ou rouleau à pâtisserie ? », les nouvelles statistiques viennent de tomber. D’après le cabinet d'études britannique Mintel, les chiens et les chats sont bien bichonnés, particulièrement en Amérique du Nord comme nous l’avions découvert lors de cette précédente chronique : 465 nouveaux produits pour chiens et chats ont déjà lancés cette année ! Chiffre qui a bondi (291 pour toute l'année 2004 alors qu’il nous manque encore deux mois), avec des produits allant du vernis à ongles aux pilules anti-stress.

Le cabinet d'études commente : « Pour de nombreux maîtres, leurs animaux sont aussi aimés et bichonnés que leurs propres enfants, et méritent les meilleurs produits. Les animaux domestiques sont vus depuis un certain temps comme une sorte d'accessoire de mode, notamment par les célébrités comme Paris Hilton, Uma Turman, Geri Halliwell, qui sont rarement vues sans leur chien dans leur sac ». L’animal comme accessoire de mode, il fallait y penser...

Parmi tous les produits disponibles, grâce auxquels on voit que l’imagination humaine est décidément sans limite, on trouve :

— Le "Color Highlight" du groupe américain Pet Society, avec lequel les maîtres peuvent teindre en doré, orange, rose, cuivre ou bleu les poils de leurs animaux de compagnie (cf. photo ! Je suis sur que le pauvre caniche a honte).
— Le vernis à ongles pour chats et chiens de l'américain John Paul, en douze différentes couleurs, qui sèche rapidement et fortifie les ongles.
— L'eau de toilette pour chiens de l'américain Fruits and Passions.
— Le talc parfumé des laboratoires sud-africains Kyron.
— La crème solaire pour chiens du finlandais Espree pour que nos animaux à poils n'aient plus à craindre les coups de soleil.
— Aux Etats-Unis, des vaporisateurs ou pillules anti-stress aident les animaux à combattre l'anxiété causée par des heures passées seuls à la maison ou enfermés dans la voiture, ou encore par un déménagement ou une visite chez le vétérinaire.
— Pour terminer ce tour d’horizon de l’anthropomorphisme, citons, toujours aux Etats-Unis où, comme chacun sait, l'obésité progresse dangereusement parmi la population, les chiens et les chats peuvent se voir administrer des repas de régime pouvant leur faire perdre jusqu'à 88% de leur poids.


L'Amérique du Nord continue de dominer le secteur de ce marché, avec 58% des nouveaux produits lancés depuis 2003, loin devant l'Europe (16%), l'Asie (12%), ou encore le Moyen-Orient, l'Afrique et l'Amérique latine (7% chacun).

Sans commentaires.

Source : AFP, 18 octobre 2005

17.10.05

Canardages 12 octobre 05


Voici la revue de presse tant attendue du Canard. Vous en aviez eu un avant goût il y a quelques jours.

Nous apprenons que, « Tout frais nommé par le Conseil des ministres du 5 octobre, le délégué interministériel au Logement, Jena-Pierre Beysson, ne sera pas à la rue ». Il avait le choix pour son QG entre la Plaine-Saint-Denis et la rue Boissière dans le XVIe. Que croyez-vous qu’il choisît ? Cet ancien PDG de Météo France (viré de ce poste, d’après le Canard, après un rapport « sanglant » de la Cour des Comptes) a choisi le bel hôtel particulier du XVIe. Au moins, comme dit le journal, « Beysson n’aura pas sans cesse à croiser trop de mal-logés ou de SDF ».

Depuis les déclarations de Bernard Pons (voir dernière revue de presse), certains UMP se lâchent. Ainsi, Dominique Paillé, député des Deux-Sèvres : « Il a mis du temps, Pons, mais il a fini par comprendre. Ce Chirac est un nul. Il a tué l’Europe, abaissé la France. C’est le plus mauvais président qu’on ait jamais eu, nul de chez nul. Calamiteux ». « Seulement ? », dit le Canard.

Hervé Gaymard déclare au Parisien (10 octobre) qu’il a réintégré Bercy comme administrateur civil avant d’avouer qu’il est trois jours par semaine en Savoie pour tenter de reconquérir son siège de député. « En somme, un petit boulot à mi-temps payé à plein temps ? » dit le journal.

Daniel Bernard, ancien PDG de Carrefour, parti à la retraite avec 29 millions d’euros affirme dans Paris-Match (5 octobre) faire « une cure de désintoxication du monde des affaires ». Le Canard : « A ce tarif-là, tout le monde est prêt à partir en cure ».

Selon Bercy, en 2005, les contraventions classique lui auraient rapporté 750 millions d’euros et les radars 240 millions d’euros. Le Canard : « Preuve que les “prunes” volent bas ».

Bush se prend pour Jeanne d’Arc. Nabil Chaath, diplomate palestinien, l’a entendu dire en juin 2003 : « Dieu m’a dit : “Georges, va combattre ces terroristes en Afghanistan“. Et je l’ai fait. Et puis Dieu m’a dit : “Georges, va mettre fin à la tyrannie en Irak” Et je l’ai fait. » Le Canard : « Dieu lui a peut-être dit aussi : “Et fait vérifier ton ouïe !” mais il n’a rien entendu ! »

Les dessins sont particulièrement drôles cette semaine :

- Breton, entrant dans la salle de négociation de la SNCM : « Bon ! C’est la toute dernière réunion de la toute dernière dernière chance ! »
- Chirac est assis sur une chaise chez l’ophtalmo, devant le tableau aux lettres qui se rétrécissent de bas en haut (ke dessin est d’ailleurs fautif sur ce point). Le médecin lui annonce : « Vous pouvez voyager à nouveau, monsieur le président ! ». Réponse de Chirac : « A l’œil ? ».
- Chirac et Breton sur la SNCM. Chirac : « Ils faut qu’ils comprennent qu’il y a des choses qui ne sont plus possibles ! Comme ces quatre jours de récup par jour de mer ! Ca ne va pas, Breton ? » Réponse : « Je suis épuisé ! Il me faudrait quatre jours de récup par jour de négociation. »
- Discussion dans un bureau à propos du tremblement de terre au Pakistan : « On pourrait peut-être envoyer les sous du tsunami... ils sont encore ici... »

Et puis, quelques perles de la presse :

Dans la Dépêche du Bassin d’Arcachon (22-28 septembre) : « Vers 10h30, rue Michel-Labarthe, les hommes sont appelés au secours d’un hélicoptère de 74 ans qui se plaint de douleurs thoraciques. » Le Canard : « Cet hélico un peu rotor s’était fait porter pales... »

Dans La République du centre (3 octobre) : « Douze comédiens pour cinq pièces : les hommes jouent parfois des hommes, et inversement. » Le Canard : « Et vice-versa ».

N.B. Un hors-série de Canard vient de sortir. Il s’intitule Comment les hypers gagnent. Enquête sur les supermarchés. Tout un programme...

14.10.05

Le zèle continue, cette fois-ci dans le train


Je ne résiste pas au plaisir d’une avant-première de ma revue de presse du Canard. Lequel nous interpelle sur un contrôleur de la SNCF qui, visiblement, n’était pas mélomane : dans le train Paris-Bourges, deux jeunes contrebassistes qui voyageaient avec leur instrument encombrant ont été verbalisés pour « excédent de bagages » (Libération, 8 octobre). 142 euros tout de même !

"Je voyage souvent avec ma contrebasse entre Paris, Vierzon et Bourges et c'est la première fois que je rencontre un problème. Le contrôleur nous a demandé 45 euros d'amende par contrebasse et 26 euros de frais de dossier pour chaque instrument", a expliqué à la presse Jean-Marc, âgé de 22 ans, qui voyageait avec une jeune femme.

La place était pourtant disponible : les wagons à compartiments sont souvent moins fréquentés que les autres : "Nous étions deux dans un compartiment de huit personnes. Nous ne gênions pas. Mais le contrôleur n'a rien voulu savoir. Il a même dit que j'avais reçu une mauvaise éducation pour prendre le train avec un instrument de cette taille", a ajouté le jeune homme. "A notre arrivée à la gare de Bourges, nous sommes allés voir les gens de la SNCF pour raconter notre histoire. Ils nous ont dit de nous adresser au service client. Ce que nous allons faire", a conclu le jeune musicien.

La SNCF a d’ailleurs indiqué à la presse être en train d'étudier les procès-verbaux. Comme le dit le Canard : nouveau slogan de la SNCF : « A nous de vous faire préférer la flûte à bec ! ».

13.10.05

Chaîne de blogueurs

Passion de tout, après Célinette et Lali, nous propose un jeu assez amusant qui s'apparente aux chaînes. Rassurez-vous, ici, je ne vous menacerai pas des foudres du ciel si vous ne poursuivez pas la chaîne. L'intérêt est de faire un retour sur soi : nos anciens articles sont-ils toujours intéressants à lire ?

Règle du jeu :

1/ Aller dans vos archives

2/ Retrouver le 23ème article ou celui proche de ce chiffre

3/ Retrouver la 5ème phrase ou celle proche de ce chiffre

4/ Afficher le texte de la phrase ainsi que les instructions

5/ Demander à 5 personnes d’en faire autant

Pour cette dernière proposition, je sèche un peu. Mais pour les autres, voici le résultat :

Il s'agissait d'un article sur l'exposition sur les sculptures-caricatures de Daumier (Musée d'Orsay).

La 5e phrase était : "Tout le monde connaît bien sûr Honoré Daumier comme le plus grand caricaturiste du XIXe siècle (voir quelques exemplaires fabuleux sur le site http://wwwcano.lagravure.com/2daumier_lithos.htm)."

A vous de jouer maintenant !

12.10.05

Brume du matin, chagrin


Nous avions déjà — et de plus en plus — des radars fixes qui flashaient « fixement » et sans discernement des dizaines d’automobilistes par jour. Nous avons maintenant le zèle parfois un peu poussé de certains personnels de la force publique.

Ne respirez plus trop fort dans votre voiture. Je dirais même : ne transpirez plus. Car vous risquez 45 euros d’amende ! C’est la mésaventure qui vient d’arriver à un automobiliste de la Vienne parce que son véhicule circulait "les vitres embuées", retrait de points de permis à la clé.

Laurent Bonnaud, c’est son nom, a été arrêté alors qu'il venait de quitter son domicile de Vouneuil-sous-Biard le 4 octobre vers 08H00. Il a ensuite été verbalisé pour "champ de visibilité du conducteur d'une voiture particulière (R 316 alinéa 1 et 3 du code de la route) insuffisant (vitre latérales couvertes de buée) vers la droite et la gauche pour circuler avec sécurité". Rapidement, le conducteur a écrit à la gendarmerie pour expliquer qu'il venait de parcourir 1,7 km et que la buée n'avait pas encore eu le temps de disparaître en ce matin froid et humide.

"Que doit-on faire ? S'arrêter tous les 100 mètres pour essuyer les vitres ou faire chauffer le moteur et risquer une amende ?", s'est interrogé Laurent Bonnaud, avant son jugement. "Je ne sais pas combien de points cela va me coûter", a alors précisé à la presse l'automobiliste, qui affirmait n'avoir jamais eu de contravention en vingt ans de conduite.

Enfin, l’histoire se termine bien : le parquet de Poitiers vient d’annuler la procédure, a-t-on appris mardi de source judiciaire. "C'est une non affaire. L'affaire est classée sans suite", a déclaré mardi soir le procureur de la République de Poitiers Frédéric Fèvre en précisant que l'amende serait remboursée. Des gendarmes eux-mêmes se sont émus de l’affaire : "c'est la première fois que je vois cela en trente ans d'activité", a reconnu un gendarme de la brigade.

Le fin est heureuse. On ne peut cependant s’empêcher de penser qu’elle n’a pu avoir lieu que dans un contexte psychologique précis qui, sous prétexte de « resserrer les boulons », conduit parfois à des abus inadmissibles.

Source : AFP, 11 octobre 2005

11.10.05

Pâtisserie ou rouleau à pâtisserie ?


On a l’habitude de vanter la cuisine française. Eh bien elle est une nouvelle fois mise à l’honneur : une Américaine nommée Harriet Sternstein vient d’ouvrir la première pâtisserie française pour chiens !

Ouvrir une pâtisserie pour chiens n'a pas été une vocation immédiate pour Harriet, 44 ans, ancienne psychologue pour grands traumatisés qui, après 18 ans de carrière en hôpital près de Seattle (Etat de Washington), avait changé de métier pour devenir pâtissière.

Après les attentats du 11 septembre 2001, elle décida de vivre à Paris, ville qu'elle adore, et trouva cette idée pour s'y installer durablement : "Je ne comprends pas pourquoi cela n'existait pas avant en France, un pays qui adore les chiens. Chez nous, il y a des pâtisseries partout, la première remonte à 1989, et il y a même des restaurants pour chiens".

S'inspirant d'une dizaine de livres américains de cuisine pour chien, Harriet fabrique elle-même chaque jour les biscuits dans la boutique. Elle vous en offre volontiers un pour goûter en vous rassurant : "J'utilise les mêmes ingrédients que pour ma cuisine. Mon préféré est celui au caroube".

Sa pâtisserie, répondant au nom de "Mon Bon Chien", propose au menu biscuits au poulet, aux légumes, à la citrouille, au caroube, au foie gras, au fruit des tropiques, garantis sans sel et sans sucre, sous forme de fleur, d'os ou de coeur. Suivant la taille du biscuit, il en coûte de 50 centimes à 2,50 euros pièce.

C’est un anniversaire ? Alors là, il faut faire plus : vous pouvez passer commande d'un gâteau décoré et portant le nom de votre animal préféré, au goût de votre choix, ou bien choisir une sélection de biscuits de petite, moyenne ou grande taille. Le gâteau d'anniversaire coûte 10 euros.

Vous pouvez aussi offrir un cadeau, c’est tellement mieux : un choix de peluches et divers jouets importés des Etats-Unis et deux parfums, un pour les mâles et un autre pour les femelles venant de la capitale française du parfum Grasse.

"On n'arrête pas le progrès et évidemment c'est américain", affirme avec ironie devant l’AFP une élégante retraitée du quartier, se promenant à proximité avec son chien, qu'elle n'envisage pas une seconde de convier à de telles agapes.

Tout le monde n’est pas si catégorique : une collégienne, fréquentant la boutique pour le toilettage, deuxième activité du lieu, trouve l'idée "originale mais les biscuits un peu chers. C'est bien pour faire un cadeau".

"Je me demande si cela va marcher en France", commente, très sceptique une voisine de la boutique, directrice des achats dans un grand groupe. "J'y suis allée voir mais franchement je trouve ça ridicule. Et puis les biscuits ce n'est pas sain pour lui", ajoute-t-elle en montrant son vieux basset.

Depuis son ouverture en juin, Harriet Sternstein indique que les Américains de Paris sont venus nombreux ainsi que des gens du quartier. Elle a eu deux propositions pour franchiser la formule, qu'elle a refusées.

Bref, cela plaît surtout aux américains.

Vous voulez mon avis ? Devant tant d’êtres humains n’ayant pas le minimum pour manger à leur faim, cela me consterne. Vous aviez compris que c’est un euphémisme...

Source : AFP, 11 octobre 2005

10.10.05

Le Far West, c’est aujourd'hui !


Le Figaro nous l’annonçait jeudi dernier : attention, touristes qui allez en Floride, vous risquez d’être descendus si vous avez une tête qui ne revient pas à un quelconque américain. Bon, ce n’était pas dit ainsi, mais cela y ressemblait.

En effet, depuis le 1er octobre, une nouvelle loi est entrée en vigueur dans le fameux états dirigé par la frère de Georges Bush (vous savez, cet état où la première élection de son frère fut si transparente...), qui étend considérablement le concept de légitime défense.

Les anciennes dispositions du Code pénal stipulaient qu’un individu se sentant menacé devait « utiliser d’abord tous les moyens pour éviter le danger ». Maintenant, grâce à cette nouvelle loi que ses détracteurs appellent déjà « Shoot First Law » (la loi : « Tirez le premier »), « une personne qui ne se livre à aucune activité illégale, attaquée dans un lieu où elle a le droit de se trouver, n’a pas l’obligation de battre en retraite et peut [...] répondre à la force par la force, y compris mortellement si elle estime raisonnablement que c’est nécessaire pour empêcher sa mort ou un grand dommage corporel, à elle-même ou à autrui, ou pour prévenir une effraction criminelle. »

Ce dernier point, je trouve, est particulièrement aléatoire. Tant et si bien que l’association contre la violence armée "Brady", du nom de l’ancien conseiller de presse de Ronald Reagan blessé lors d’un attentat en 1981, distribue des prospectus aux touristes arrivant à l’aéroport de Miami : « En Floride, évitez les querelles. Soyez particulièrement prudents si vous vous disputez avec d’autres automobilistes. »

Problème supplémentaire : la NRA (National Rifle Association), dirigée jusqu’en 2003 par le fameux Charlton Eston, veut faire adopter des dispositions similaires dans tous les États majoriatirement républicains, en commençant par le Michigan et l’Alabama.

Je vous le dis, aller aux États-Unis, c’est de plus en plus se croire dans un film. Enfin, plus dans Règlement de comptes à OK Corral qu’Amour, Gloire et Beauté !

8.10.05

Canardages 5 octobre 2005


J'espère que Passion de tout va pouvoir lire cela. Cela va lui changer les idées et lui faire oublier sa maladie actuelle.

Tout d’abord Chirac « déchiqueté à la Pons-monseigneur ». En effet, ledit Bernard Pons (79 ans), ex-secrétaire général de l’Élysée, ex-ministre (rappelez-vous l’époque de la grotte d’Ouvéa...) mais, surtout, ex-président de l’Association des amis de Jacques Chirac, se lâche sur cinq colonne dans le Parisien du 4 octobre :
- Sur l’état de santé du président : « Quand de Gaulle a été opéré, les choses ont été clairement dites. Dans le cas de Jacques Chirac, rien ne justifie ce black out total, ce goût du secret permanent ! (...) La démocratie a besoin de plus de transparence. Ces pratiques du secret sont d’un autre âge. »
- Sur son avenir compromis : « Tel que je le connais, il avait dans la tête d’être à nouveau candidat. Que vouslez-vous qu’il fasse ensuite ? Qu’il aille à Bity en Corrèze ? Qu’il retrouve, avec son épouse, son appartement parisien ? Cela fait quarante ans que je le pratique, et il n’a jamais rien fait d’autre que de la politique. Même le dimanche, il est toujours resté dans son bureau à passer des coups de fil ! »
- Les résultats de sa présidence ? : « Que restera-t-il du septennat : une absurde dissolution. Que restera-t-il du quinquennat : un funeste référendum. Oui, il y a de quoi être déçu. »
- Chirac sympa ? : « Je l’ai cru longtemps ouvert, attentif, généreux, fidèle en amitié. Je constate aujourd’hui qu’il en est autrement. Il a une idée bien personnelle du pouvoir. Tot est copartimenté, pesé, calculé. (...) Beaucoup de ceux qui, dans son entourage, onté été corvéables à merci ont été rejetés comme des Kleenex... Il est même assez pathétique de voir la manière dont il s’est isolé au fil du temps pour se replier sur son clan familial. »
Bref, pour reprendre un adage bien connu : protégéez moi de mes amis, mes ennemis, je m’en charge !

Sur les universités, je cite Le Canard, car cela se passe de tout commentaire : « Villepingre “rénove” les universités. Cent dix millions d’euros : c’est la somme royale que Villepin vient de lâcher pour rénover les universités françaises. Avec cette enveloppe, qui correspond au prix d’une centaine de beaux appartements à Paris, il faudrait pouvoir rafistoler plus de 90 facultés, dont certaines présentent de sérieux symptômes de délabrement.
Pour mémoire, le ministère lui-même, tout comme la Conférence des présidents d’université, avait récemment chiffré à plus de un milliard d’euros la stricte mise en conformité des locaux. C’est-à-dire les trvaux nécessaires pour assurer la sécurité dans les amphis, les couloirs et les salles de TD. Un devis qui n’intègre pas la colossale facture de désamiantage de Jussieu (plus de un milliard) ni celle de la réfection des chaufferies à Orsay. Il y a deux ans, ce campus scientifique avait dû fermer deux semaines, faute de pouvoir assurer le chauffage des 30000 étudiants, profs et personnels.
Le genre de détail qui distingue le système universitaire d’un grand pays moderne. »

On avait déjà appris que Gilles de Robien aimait s’envoler dès qu’il le pouvait : il avait ainsi fait affréter un falcon rien que pour lui afin de voler à l’université d’été de l’UDF dans le sud de la France. Malheureusement, aux frais du contribuable alors qu’il s’agissait d’un voyage à visée personnelle. Hé bien il vient de recommencer, en encore plus fort ! :
« Prendre un avion rien que pour faire 60 km à l’occasion d’un déplacement en Alsace, pendant que son chauffeur le rejoint par la route, il faut s’appeler Gilles de Robien pour s’amuser ainsi.
Le 15 septembre, après avoir visité une université strasbourgeoise, il devait se rendre dans un lycée de Cernay (Haut-Rhin) spécialisé dans la technologie des énergies renouvelables. Le ministre de l’Éducation a alors décidé de gagner l’aéroport de Strasbourg-Entzhzim (vingt minutes en voiture). Puis de prendre un avion pour rejoindre la base aérienne 132 de Colmar-Meyenheim (située à 60 km et quinze minutes de vol) et gagner Cernay (quarante-cinq minutes de conduite). Simple, non ?
Ce drôle de voyage du ministre (évoqué par le quotidien « L’Alsace » du 19/9)) aura duré en tout une heure vingt. Contacté par « Le Canard », son cabinet jure que l’avion était destiné à gagner du temps.
Pourtant, par la route ordinaire, le trajet n’aurait pas été plus long. Mais Robien aurait été privé d’une si belle balade aérienne. »
Je n’ajoute qu’une chose : relire le paragraphe ci-dessus sur les Universités...

Jean-François Copé n’aurait pas apprécié qu’un économiste réputé de la Caisse des dépôts, Patrick Artus, estime la croissance probable pour 2006 à + 1,2 %; alors que ses services tablent sur + 2,25 % (Le Journal du dimanche du 2 ocobre). Le malheureux a été convoqué à Bercy pour se faire passer un savon. Comme le dit Le Canard, « Encore heureux que la peine de mort n’existe plus ».

Anecdote amusante - ou consternante émanant de l’Assemblée - : les 577 députés, dont 70 femmes élues, ont reçu le 23 septembre une lettre de Jean-Louis Borloo commençant par « Monsieur le député » (!) consacrée à son « engagement » en faveur du logement. Le Canard : « Le ministre pourrait commencer à s’engager à relier son courrier ». Le même Borloo a été le seul à appeler Bernard Tapie pour le féliciter de sa victoire sur le Crédit Lyonnais. Tapie s’en est d’ailleurs fait l 'écho dans la presse. Ce que l’on savait moins, c’est que Borloo fut en son temps l’avocat d’affaires de Tapie. Voilà une explication...

D’après Les Echos (29 septembre), notre dette s’élèverait dorénavant à 187000 € par français, centenaires et nouveaux-nés compris ! Cela va-t-il s’améliorer ?

Libération titrait le 29 septembre : « Douste-Blazy, ministre des Affaires qui lui sont étrangères ». Le Canard : « Enfin a compétence de Douste s’étale au grand jour ! J’ajoute que sa prestation radiophonique dimanche soir dernier ("Le Grand rendez-vous", Europe 1) était minable : une demi-heure pour répéter une seule idée : il ne faut pas fermer la porte à la Turquie mais elle doit faire les efforts nécessaires. Remarquez, c’est aussi très fort d’arriver à dire cela de dizaines de façons. Rappelons quelques autres surnoms : Doux-Blabla et, plus récemment, « Mickey d’Orsay » Pass doit bien en entendre parler dans son boulot ?

François Hollande avait dit que, s’il devait un jour être candidat en même temps que Ségolène, les enfants les départageraient. La semaine dernière, il glissait à des proches (Nouvel Obs , 29 septembre) : « J’ai fait mes pointages : les enfants votent pour moi ». Le Canard : « Avec ou sans isoloir ? ».

Sinon, grand article sur les ficelles, les tours de bonneteau réalisés pour que le budget entre dans les 3 % autorisés de déficit. Cela tourne au n’importe quoi mais ce serait trop compliqué ici de tout détailler. A vous de lire éventuellement l’article (p. 3). Je ne donne qu’une mesure : le logement social va être mis à contribution : on va supprimer le fonds de garantie de l’accession sociale à la propriété. Ce fonds, alimenté par les banques et par des fonds publics, devait offrir une garantie aux établissements de crédit contre les risques du prêt à taux zéro. Bercy estime aujourd’hui que les risques sont quasi nuls et hop ! 1,4 milliards d’eurs siphonnés ! On apprend aussi qu’il manquera 180 millions d’euros l’année prochaine pour faire fonctionner les tribunaux. La justice va encoire être bien rendue...

Une histoire vraie : Pascal a été il y a dix ans victime d’un grave accident dans son collège des Yvelines en cours d’EPS. Le prof fut mis en cause pour défaut de surveillance et le préfet, légalement responsable, condamnée. Maintenant âgé de 24 ans, Pascal s’est vu reconnaître par la cour de Versailles, le 22 avril 2004, le droit d’être indemnisé à hauteur d’environ 80000 €. Une partie de la somme avait été par avance versée par la CPAM mais l’Éducation nationale doit encore 55225 €
En mai dernier, l’avocat de Pascal réclame le solde. Réponse du préfet : « [...] le ministère de l’Éducation nationale m’informe qu’il ne dispose plus de crédits pour l’année 2005. Les indemnités qui vous sont dues, assorties des intérêts moratoires, seront donc versée sur votre compte bancaire en 2006. » Comme le dit le Canard, ne plus disposer de crédits six mois avant la fin de l’année, cela « laisse rêveur ». Et il fait une suggestion aux parents de Pascal : différer d’un an ou deux le paiement de leur impôt...

Accusée d’avoir refusé de vendre son pavillon à une famille marocaine, une vieille dame a tenté de convaincre le tribunal de Bobigny qu’elle n’était pas raciste (Le Monde, 1er octobre) : « [J’ai] un voisin algérien et musulman et [je] l’aime bien. Surtout son chien. » Le Canard : « Quant à son maître, il peut toujours se gratter ».

Comme l’a déjà relevé Esprit du vinaigre, selon Le Point (29 septembre), le Pentagone vient de calculer que 6 milliards de munitions avait été tirées en Irak et en Afghanistan depuis 2001. Estimant le nombre de victimes à 20000, on arrive au ratio de 300000 cartouches par adversaire abattu ! Vous irez voir les commentaires assez piquants d’Esprit du vinaigre (7 octobre).

Le Point (29 septembre) : « Deux Suédois sur trois avouent lire en cachette les SMS sur le téléphone portable de leur partenaire. Près de la moitié des Suédois commettent l’indiscrétion quand le conjoint est aux toilettes. » Le Canard : « Ce qui est rassurant, c’est de savoir qu’il y a encore des gens qui peuvent aller aux toilettes sans emporter leur portable ».

Et maintenant, les perles relevées dans la presse :

- Mireille Mathieu, interrogée par Stéphane Bern sur Canal + (30 septembre, 19h35), a révélé le secret de sa forme et de son visage bien lisse : « Je crois que c’est d’abord un capital génital » (sic). Le Canard : « Ajoutez son capital génétique et vous obtenez une œuvre d’utilité publique ».
- Dans France Guyane (23 septembre), à propos d’un médecin : « La charge qui pesait sur lui peut entacher la carrière de quelqu’un qui a fait le sermon d’Hippocrate ». Le Canard : « Pour le serment d’Hippocrate, ne soyez pas si prêchés ! »
- Dans France soir (8 septembre), à propos du topinambour : « Il est considéré comme le champignon toute catégorie de la teneur en fibres ». Le Canard : « Ce champion mérite la couronne et le cèpe ».
- Dans Corse-matin (19 septembre) : « Toutes les forces vice de l’Eglise d’Ajaccio se sont rassemblées hier à la paroisse Saint-Antoine . » Le Canard : « Ces forces vives ne doivent pas confondre le bedeau et libido ».
- Dans La Libre Belgique (24 septembre) : « Non au maintien sur le marché de l’emploi de quinquagénaires âgés victimes d’un plan social ». Le Canard : « Les quinquas jeunes gardent toues leurs chances. »
- Dans L’Union (19 septembre), qui parle de riverains « inquiets d’habiter face à une morgue et de voir défiler des défunts en larmes ». Le Canard : D’où l’expression : passer larme à gauche ».

Bon week-end à tous !

5.10.05

La Bible au Reader’s digest ?


Voici une nouvelle tentative de l’édition pour vendre des livres dont on n’a gardé que le meilleur, enfin... selon l’éditeur.

On se souvient qu’il y a quelques années l’éditeur Fixot (si mes souvenirs sont exacts) avait envisagé de vendre les grands classiques expurgés de leurs passages inutiles comme les descriptions (vous ne saviez pas que les descriptions sont inutiles dans un livre ?). Certes, elles sont nombreuses chez un Balzac mais, avec des paragraphes résumant parfois des pages entières, le rythme d’un livre n’était alors plus le même. L’affaire avait fait long feu, ce qui fut pour moi assez réjouissant : il me semble que c’est à nous de nous mettre à la hauteur des chefs-d’œuvre et pas l’inverse. En fait, l’éditeur n’avait pas compris que même les lecteurs moyens se sentaient méprisés par le fait qu’on leur mettait sous le nez une édition soit disant plus facile à lire pour eux.

Aujourd’hui, un prêtre de l'église anglicane, le révérend Michael Hinton, s’attaque à un monument autrement plus important : la Bible, rien que ça ! Il vient de lancer une édition si condensée qu'elle peut être lue, selon lui, en 100 minutes (édité par Len Budd, propriétaire de 100-Minute Press).

Même discours que pour Fixot : l'ouvrage est destiné à ceux qui veulent découvrir la Bible, mais dont le temps est compté, et aussi aux fidèles qui trouveraient un peu longuette la version originale.

La "Bible en 100 minutes" se concentre sur la figure de Jésus, même si elle se veut un aperçu complet du texte sacré, depuis la Genèse jusqu'à l'Apocalypse. On voit bien l’orientation : tout est axé sur le Nouveau Testament. C’est une Bible uniquement à l’intention des chrétiens. L’auteur a d’ailleurs affirmé à la BBC que les paraboles (récits imagés porteurs des enseignements bibliques) les plus familières des chrétiens se retrouvaient dans son travail.

Remarquez, cela peut-être utile pour apprendre quelques notions. Je vais maintenant vous raconter une anecdote édifiante. Christophe Hondelatte, le fameux journaliste dont beaucoup disent qu’il est le meilleur de sa génération, celui qui fit un bref passage debout (innovation !) à la présentation du 13 heures de France 2 avant de partir du jour au lendemain, ne pouvant plus supporter la pression médiatique, avait été particulièrement brillant lors d’une interview sur France Inter, alors qu’il présentait le 13 heures. Recevant un enlumineur (je crois) à propos de la sortie d’un ouvrage d’art autour de L'Apocalypse, il s’était mis à lire quelques phrases telles que : « Dieu dit : “Que la terre verdisse de verdure [...]”. La terre produisit de la verdure : des herbes portant semence selon leur espèce, des arbres donnant selon leur espèce des fruits contenant leur semence, et Dieu vit que cela était bon. Il y eut un soir et il y eut un matin : troisième jour. » puis, émerveillé, s’adressa à son interlocuteur : « C’est ça, hein L’Apocalypse ? ». L’interlocuteur fut poli et ne releva pas. Ch. Hondelatte venait de faire un contresens magistral, puisqu’il prenait la fin pour le début ! Un si gros livre : il venait de lire les premières phrases de la Genèse (ici : I, 11-13, traduction Bible de Jérusalem), celle de la création du monde, et les attribuait candidement à L’Apocalypse qui ferme l’ouvrage et évoque la fin des temps. On peut ne pas être croyant. Mais manquer de repères à ce point lorsqu’on est journaliste...

Bref, rien n’étant jamais inutile, cet ouvrage peut guider les néophytes. Mais, même s’il faut reconnaître que certains livres de la Bible sont uniquement circonstanciels (voir par exemple les Livres des Chroniques, constitués souvent de listes de noms interminables sans message spirituel), l’ouvrage entier reste nécessaire.

La traduction de la Bible de Jérusalem ou la TOB (Traduction œcuménique de la Bible) restent les plus courantes et les plus accessibles : elles allient à un français « normal » les recherches scientifiques les plus poussées (philologiques, exégétiques...). Vous pouvez lui préférer la version de Lemaître de Sacy dans le merveilleux français du XVIIe siècle (Port-Royal) même si la traduction cherche plus à façonner un beau texte qu’à respecter à la lettre l’original (disponible dans la collection « Bouquins »). La traduction beaucoup plus récente d’André Chouraqui vous mènera vers la poésie. C’est un merveilleux enchantement, mais il vaut mieux avoir d’abord quelques notions si l’on veut la comprendre. Enfin, il y a quatre ans, les éditions Bayard ont proposé une nouvelle traduction, très intéressante mais inégale du fait de la multitude de collaborateurs. Elle parvient néanmoins à revivifier des textes qui nous parlaient moins à force d’être rabâchés. Même des traductions parfois discutables (à mon goût) comme l’évangile de Matthieu par Marie-Andrée Lamontagne et André Myre sont assez passionnants car très suggestifs et permettant une nouvelle réflexion personnelle.

4.10.05

L’intraduisiblilité est la marque d’un peuple


Que signifie ce titre énigmatique, chers blogueurs ? Hé bien il est le résultat de la parution cette semaine d’un livre d’Adam Jacot de Boinod (The Meaning of Tingo = "le sens de tingo", éd. Penguin), lequel s’est plongé dans pas moins de 280 dictionnaires et des centaines de sites web dans toutes les langues afin de répondre à ces questions embarrassantes : Comment décrire en un seul mot la peur de manquer de bière? Comment qualifier une femme séduisante vue de dos mais pas de face ?

L'auteur était employé à rédiger des questions de jeux radiophoniques pour la BBC quand l'idée du dictionnaire lui est apparue : « Je feuilletais un dictionnaire albanais-anglais, comme n'importe qui le ferait, ou plutôt comme personne ne le fait, et j'ai remarqué qu'il y avait 27 mots pour dire "moustache" en albanais », raconte-t-il à l'AFP. « Cela m'a fait réfléchir ». Très pointilleux, il n'a repris dans son ouvrage que des mots présents dans des lexiques officiels, appelant même des ambassades pour vérifier l'emploi précis d'un terme. Certains ne sont d'ailleurs pas entrés dans son dictionnaire parce que leur authenticité était douteuse. C'est le cas du présumé japonais "age-otori" (être plus mal coiffé après une visite chez le coiffeur) !

Le titre de l’ouvrage est tiré d’un mot de la langue parlée sur l'île de Pâques, qui signifie « emprunter des objets dans la maison d'un ami un par un jusqu'à ce qu'il ne reste plus rien » ! On voit par là que ce dictionnaire n'est pas un dictionnaire comme les autres.

Après toutes ses recherches, Adam Jacot de Boinod est persuadé que "c'est par les mots intraduisibles que l'on peut le mieux résumer la culture d'un pays". Il souligne que les Hawaïens, par exemple, disposent de 47 termes signifiant "banane", 65 pour "filet de pêche" ou encore 108 pour "patate douce". Quant au vocabulaire de la moustache en albanais, pour y revenir, il comprend par exemple "madh", désignant des bacchantes broussailleuses, "posht" pour une variante aux bords retombants, ou encore "fshes" pour une large moustache évoquant un balai. Tout un programme !

Comme autres exemples, on peut citer chez les Inuits, l'"igunaujannguaq" (littéralement "carcasse de morse gelée"), un de leurs jeux préférés, qui consiste à tenir tout son corps aussi raide que possible tandis que l'on est passé de bras en bras dans un cercle de personnes. "Areodjarekput", un autre mot inuit, désigne la pratique des habitants de s'échanger leurs épouses pendant quelques jours, pour aider à passer le temps pendant les longues soirées de l'hiver arctique. On en découvre des choses !

D'autres mots semblent encore plus obscurs, comme "koshatnik", qui décrit en russe un vendeur de chats volés (!), ou "fyrassistent", qui veut dire aide-gardien de phare en langue danoise. Le danois, qui propose au monde une notion bien plus universelle avec "olfrygt", décrivant l'angoisse du buveur de bière quand le précieux liquide vient à manquer. Jacques Chirac n’y serait-il pas sujet ?

Dans cette catégorie des mots permettant de rassembler en un seul vocable une idée très précise, on peut encore ranger le japonais "bakku-shan" (femme belle vue de dos mais pas de face). Adam Jacot de Boinod avait trouvé sa réponse !

L'allemand, réputé pour la multitude de ses combinaisons possibles, a constitué une source fructueuse pour l'ouvrage, avec par exemple "scheissenbedauern", qui signifie être déçu que les choses se soient passées mieux que ce que l'on attendait. Dans la même langue, "kummerspeck" ("lard de chagrin") décrit le surpoids acquis en mangeant pour oublier ses soucis.

Bref, un dictionnaire qui permet de rire, de s’émerveiller, de découvrir. Un bien bel ouvrage, disponible uniquement en anglais pour l’instant...

1.10.05

Canardages 28 septembre 2005


N.B. Pour ceux qui auraient raté un épisode : le dessin ci-contre fait référence à une une de Paris-Match où l’on voyait Hollande et Sarkozy côte à côte. Cette une a énormément été reprochée à François Hollande par ses troupes.

Dans le Canard enchaîné de cette semaine, on peut donc lire :

« Chichi carbure au colza ». En effet, il s’apprête à annoncer que depuis juillet il met du carburant dans le moteur de sa nouvelle C6 diesel, un mélange fait de 30 % de colza. Il n’a pas trop loin pour aller le chercher : Total livre à l’Elysée au moyen d’une pompe spécialement installée sur place. Conclusion du Canard : « Désormais, il faut le savoir, la voiture présidentielle dégage, sur son passage, cette douce odeur de friture propre à tous les véhicules qui carburent au colza et que les agriculteurs connaissent bien. Bernadette doit sûrement apprécier... ». Finalement, ce Bayrou, avec son bus au colza, était un précurseur. Détail cocasse : au moment où notre président compte faire cette annonce et redevenir le super-écolo n° 1, Breton annonce à l’occasion de la présentation du budget 2006 (28 septembre dernier) une nette diminution des avantages fiscaux consentis aux utilisateurs de biocarburants !

Des nouvelles de nos impôts : « Trois ans après les déclarations de Chirac promettant 33 % de baisse de l’impôt sur le revenu d’ici à 2007, comment se porte la pression fiscale ? Réponse des économistes de Bercy : le taux des prélèvements obligatoires (impôts plus cotisations sociales) n’a depuis cessé d’augmenter et devrait atteindre 43,5 % en 2005, soit... 0,4 % de plus qu’en 2002 ! Heureusement annoncent les mêmes, s’appuyant sur une étude de l’Office français des conjonctures économiques, tout ira mieux en 2006 et encore mieux en 2007 ! La réforme des tranches de l’impôt sur le revenu, celle de la taxe professionnelle, les exonérations de charges patronales, les aides fiscales aux ménages, vont - promis-juré - « stabiliser » puis réduire la pression. A condition, chuchotent certains, que les impôts locaux, les cotisations retraite, le comblement du trou de la Sécu ne compromettent pas ces belles prévisions. Le tout sera de ne surtout pas publier de chiffres fâcheux avant le printemps 2007 ! »

Une façon de retrouver le moral : faire partie du Cac 40 ! Car sinon, c’est la sinistrose : le trou de la Secu est encore plus gros, « la dette s’entête », les élites sont fatiguées, les cadres dégoûtés, les chômeurs au bout du rouleau. Et Alain Delon cherche une femme à la une de Match  ! Heureusement, les quarante plus grandes entreprises françaises « pètent une forme historique ». Plus de 40 milliards de profits rien que pour le premier semestre. Total, par exemple, a empoché plus d’un milliard par mois, Arcelor a doublé sa marge. « Oui, le CAC 40 nous fait rêver ! Des rêves sonnants mais pas trébuchants : tous ces bénefs atterrissent dans les poches des actionnaires plutôt que dans celle des salariés. Mais pourquoi ceux-ci y auraient-ils droit ? Une bonne partie des profits des multinationales, on le sait, provient de leurs activités à l’étranger, là où il y a de nouveaux marchés à conquérir et des salariés à payer au lance-pierre. »

La « Brosse à reluire » est cette semaine décernée à Match (très présent cette semaine) qui, dans son numéro daté du 29 septembre, en fait des tonnes sur Villepin : « “Au déjeuner offert par le secrétaire général des Nations unies à tous les chefs d’État, Premiers ministres ou chefs de délégation, il a présidé une table de chefs d’État comme si de rien n’était. Lors de la photographie officielle, il s’est mis à la place qu’avait choisi pour lui le service de protocole onusien... au premier rang !” Un diplomate aguerri résume : “Cela s’appelle rencontre d’un homme avec l’Histoire, c’est le destin !” ». Commentaire du Canard : « Et si le destin est aussi brillant que les pompes de l’homme sont cirées, l’Histoire promet ».

Chirac est de plus en plus exaspéré par les gaffes à répétition de Douste-Blazy aux Affaires étrangères. Questions : qui l’a nommé ? N’était-ce pas prévisible ? Rappel de certains faits : le 14 septembre, alors qu’il colle continuellement aux basques de Villepin à l’ONU, Douste-Blabla révèle devant des journalistes une rencontre ultra-secrète avec le président iranien, histoire sans doute de se faire mousser. Or, les conditions pour qu’elle ait lieu était justement que personne ne l’apprenne ! Brans-le-bas le combat dans les chancelleries ! Le 8 septembre, également, visitant le musée de la Shoah à Jérusalem et regardant une carte montrant le nombre de juifs par pays avant et après la guerre, il demanda tout à trac : « Il n’y a pas eu de juifs tués en Angleterre ? », ce à quoi son interlocuteur lui rappela que l’Angleterre avait justement été le seul pays non envahi par les nazis et qu’il n’y avait donc pas eu de déportation sur son sol. Ça fait bien pour un ministre des Affaires étrangères et ancien ministre de la culture ! La gaffe a fait paraît-il le tour du monde. Il semble donc que ce soit Pierre Vimont, directeur de cabinet, qui fasse réellement tourner la maison et s’arrache les cheveux. Chirac confie à des proches : « C’est dramatique, il va falloir songer à le changer de ministère ! ». Pour ma part, j’espère : pas à l’éducation nationale ! Ne pourrait-on pas, tout simplement, le virer, comme tant d'autres l'ont été avant lui ? Qu’apporte-t-il d’intéressant à la politique française ?

Le Canard revient sur les soubresauts des facs françaises et particulièrement en ce moment sur l’université de Rouen. L’Université, on le sait, est une catastrophe en France, qui ne lui consacre que 1,1 % de sa richesse nationale contre 1,4 % en moyenne pour les pays occidentaux et 2,6 % pour les Etats-Unis, tout en faisant de beaux discours sur : « l’avenir, c’est la recherche. Nous ne pourrons nous en sortir que grâce à elle ! ». Résultat : des facs qui tombent en lambeaux, surtout celles créées dans les années 60/70 qui n’ont quasiment jamais été rénovées, certaines ne peuvent se chauffer l’hiver et doivent fermer (bonjour le cursus !), etc. On se croirait dans les pays de l’Est aux meilleurs moments du communisme. Et lorsqu’on apprend dans un prérapport de l’Inspection générale de l’éducation sur la fac de Rouen (Le Figaro, 21 septembre) que, depuis 3 ans, l’État ne verse que 80 % de la « dotation globale de fonctionnement » incluse dans le budget de la fac, on ne peut qu’être scandalisé : cette rétention alourdit de 1,5 millions par an le déficit de l’université normande. Et le plus cynique est le vocabulaire : l’État, soit disant, va débloquer une enveloppe de 2,5 millions pour la fac de Rouen. Mais de qui se moque-t-on ? Cela ne comble même pas les manques des années précédentes. Ce n’est pas de l’argent qu’il donne généreusement, c’est de l’argent qu’il doit. Pardon, chers lecteurs, pour ce ton virulent, je m’emporte mais, comme vous le savez, ce sujet me tient à cœur et j’ai horreur qu’on me prenne pour un imbécile.

Quelques perles :

- Dans Le Perche (14 septembre) : « La sécheresse ne serait pas à l’origine de l’importante fuite d’eau qui a paralysé la ville ». Le Canard : « Vous avez d’autres vannes ? ».
- Dans La Cote (15 septembre : « Irak. Attentats. Plus de 120 morts ont péri dans une série d’attaques. » Le Canard : « Contre ces doubles morts, dites “Pis and Love” ! »

Quelques titres chocs :
« “Le chêne qu’on relève” de Michèle Alliot-Marie : Le livre qu’on s’arrache chez les glands de l’UMP »
« Textile : Tandis que son frère dépose le bilan, Sarkozy multiplie les filatures ».

Et enfin, quelques dessins :

- Chirac à Sarko : « Attention ! Si vous continuez sur la Turiquie, ce sera la rupture ! ». Sarko : « J’aimerais mieux qu’on rompe sur autre chose ».
- Villepin regardant des photos de ses enfants : « Heureusement que j’ai pas fait un 4e enfant, il aurait fait monter mes statistiques chômage ! »
- Après l'annonce de l’éventuelle candidature de Ségolène Royal et les réactions misogynes qui ont suivi, un adhérent lambda au PS : « Il y a tout de même encore dans notre parti des convictions qui dépassent les clivages »
- A propos du même sujet, Hollande passant la porte de la maison. Ses enfants rigolent derrière. Il aperçoit Ségolène en habit de président qui lui lance : « Attention, François, à ce que tu vas dire comme propos machistes ! »
- Toujours sur le même sujet, Fabius ayant déclaré (en vrai) : « qui va garder les enfants ? », Hollande lui explique dans le dessin : « Justement, Ségolène et moi, on pense que tu serais parfait... pour garder les gosses ! ».
- En contre-partie du dessin de la semaine dernière où l’on voyait Chirac sur un fauteuil grimpant d’escalier, nouveau dessin : il est en jogging, et en charentaises ! Pour faire du vélo d’appartement. Il sue à grosses gouttes. Bernadette entre et lui lance : « Vas-y Poulidor ! ». Ce dessin est en page 6 pour ceux qui fréquentent les tabacs-journaux.
- La commission européenne voulant supprimer les quotas publicitaires à la télé, un français moyen sur son canapé, sirotant un soda, déclare : « C’est pas trop tôt ! Y en a marre de voir des émissions et des films couper les écrans de pub ! ».
- Comme vous le savez, des commandos s’attaquent à Paris aux 4x4 et les dégonflent la nuit. Un couple aisé à lunettes de soleil s’approche de sa voiture et l’homme déclare : « On va acheter un modèle encore plus gros avec quatre roues de secours ! ».
- Et enfin : Chirac vient d’apprendre dans le journal qu’il y a des femmes prétendantes au poste qu’il occupe. Réaction : « Ha ha ha ! Je rêve ! Une femme présidente de la République ? Et quoi encore ? Et le mari ? Le premier homme de France !... Il s’occuperait des bonnes œuvres ? De l’intendance ? Des rideaux de l’Élysée ? Il irait à la messe ? ». Devant ce flot de paroles, réplique cinglante de Bernadette : « Ou alors il passerait la journée devant la télé avec une bière... »


THE END