30.6.05

Sujets, levez-vous !



Nous voilà bien :

« Le sujet de l'épreuve de français du brevet des collèges 2005 de plusieurs académies et notamment celle d'Orléans-Tours, portait sur un texte de George Sand, qui comportait une faute dans le prénom et une erreur géographique concernant la situation de sa maison. » (AFP-28 juin 2005)

"Georges Sand (1804-1876), née Aurore Dupin, a grandi au château familial de Nohant, près de la petite ville de La Châtre, au bord de la Loire" pouvaient lire les élèves comme préambule à un texte de la femme de lettres française, texte signé "Georges Sand, Histoire de ma vie" et qu'a pu se procurer l'AFP.

Rappels :
- Le prénom de Sand s'écrit sans "s".
- La Châtre se trouve sur les bords de l'Indre.

Déjà que des sujets scientifiques du bac dans les Dom-Tom étaient fautifs il y a quelques semaines (centimètres au lieu de millimètres...), qu'est-ce que c'est que ce boulot ? Je sais, l'organisation des examens est monstrueuse, etc. Mais on perd toute crédibilité d'évaluation si les sujets que l'on soumet aux élèves sont fautifs. Sur le sujet scientifique évoqué ci-dessus, l'inspection académique dit que l'on fera tout le possible pour prendre en compte cette erreur dans la notation. Mais comment ? Quelqu'un ayant complètement été induit en erreur, comment peut-on le rattraper sinon en donnant la moyenne à tout le monde ? Le sujet du brevet porte moins à conséquence mais tout de même : quel manque de culture, de relecture, ou de vérification. Les examens, c'est quelque chose de sérieux, on met beaucoup de pression sur la tête des élèves. De telles erreurs, c'est lamentable. J'ai honte.

29.6.05

Le Terminal



Bien qu'il m'intéressait, j'avais raté ce film à sa sortie. Je viens de me rattraper avec la sortie DVD. Attention : chef-d'œuvre !

Viktor Navorski, originaire de la Cracosie (pays imaginaire, un peu comme la Bordurie chez Tintin), arrive à l'aéroport JFK de New York et ne sait pas encore que ce "Terminal" va devenir son lieu de vie, son lieu d'apprentissage de l'Amérique, le lieu du développement d'un amour et de grands amitiés, au cours de longs mois d'attente (terme récurrent dans le film). Dès l'arrivée, son passeport est en effet refusé car son pays vient de connaître un renversement de régime. Viktor devient de facto prisonnier du no man's land : il lui est impossible de sortir du côté de l'Amérique car son pays d'origine n'autorise plus les voyages à l'étranger, ni d'y retourner car les frontières sont fermées. Il faut de plus attendre que les États-Unis reconnaissent le nouveau gouvernement, rétablissent des liens diplomatiques, etc.

Je n'en dis pas plus car je vais me faire pass'er un savon mais, dans ce film, vous trouvez tout ce qui fait la grandeur du cinéma américain (eh oui, il reste encore de belles choses aux États-Unis) : le souffle, même pour les gestes de la vie quotidienne, des acteurs prodigieux (Tom Hanks !, celui qui devrait gagner l'oscar tous les ans — il en a déjà deux, ce qui est rarissime ; Catherine Zeta-Jones, sublime, forcément sublime ; et d'autres moins connus, tous excellents, dont un indien de 87 ans qui est une révélation), des cinéastes géniaux (qui peut me trouver un seul film raté de Spielberg ? Ici, toutes les images sont magnifiques, tout est parfaitement amené, etc.), une musique parfaite (John Williams, une fois de plus, l'auteur de la BO de Star Wars). C'est la grande classe, tout est parfait, l'équipe du film n'est constituée que des meilleurs.

Ce film est inspiré d'une vraie histoire, celle de Karim Nasser Miran, réfugié iranien installé sans papiers depuis 1988 dans le Terminal 1 de l'aéroport parisien Roissy Charles-de-Gaulle. Parti de Téhéran pour Londres en 1974 à la recherche de sa mère naturelle, il ne put rentrer en territoire britannique après s'être fait voler son passeport et son certificat de réfugié des Nations Unies, et fut déchu de sa nationalité dans les années 80, lorsqu'il revint an Iran. Débuta alors pour lui un long et chaotique voyage en Europe, qui le vit se faire expulser de chaque nouveau pays dans lequel il pensait s'installer, faute de papiers en règle. Depuis 1988, ce SDF pas comme les autres, plus connu sous le nom de "Sir Alfred", est donc installé, avec l'autorisation des autorités, dans l'enceinte de l'aéroport Charles-de-Gaulle. Toujours sans papiers, il envisage de partir prochainement pour le Canada, après avoir sorti sa biographie The Terminal man et touché une belle somme d'argent pour avoir inspiré Le Terminal. La comédie Tombés du ciel, avec Jean Rochefort dans le rôle principal, était également basée sur l'expérience hors-du-commun vécue par le réfugié iranien dans l'aéroport Charles-de-Gaulle.

Une histoire d'amour, un histoire d'amitiés, une histoire de fidélité à une promesse, une histoire de tracas administratifs et d'application rigide des textes. Au visionnage de ce film, vous serez émus, hilares souvent. C'est d'une subtilité rare. Et si ce film est intemporel, il n'en est pas moins très actuel par les problèmes administratifs qu'il évoque et par son rappel des grands idéaux de l'Amérique en opposition avec ce qui se passe actuellement, comme si Spielberg voulait faire réfléchir ses compatriotes. A un moment où le directeur de la sécurité veux faire mettre Viktor dans une prison fédérale pour s'en débarrasser et n'y arrive pas, il raccroche de rage son téléphone en s'écriant : "on emprisonne tellement de personnes dans ce pays qu'il n'y a plus de place !".

Alors, si vous aimez les histoires sentimentales qui ne sont pas "culcul", les happy-ends-mais-pas-trop, visionnez ce film au plus vite et par tous les moyens. Vous ne pouvez le regretter.

Voici le site officiel français : http://www.uipfrance.com/sites/leterminal. Si vous n'êtes pas alléchés par la bande-annonce, je ne peux plus rien pour vous...

28.6.05

Sleeping in the nothing (Kelly Osbourne)



Mais non, Hélène, tu ne rêves (musical) pas : c'est bien encore moi qui fais la critique de ce disque. Je ne recommande à personne de l'acheter uniquement sur mon conseil. Écoutez avant des extraits car les avis seront sûrement très tranchés.

Album très surprenant : sons années 80 (Kelly a dû ressusciter tous les vieux synthés — on va dire : vintage) mais avec plus d'épaisseur ou de force (petit clin d'œil à Vincent, s'il me lit toujours : tout à été monté sur Pro Tools) ; look sombre d'aujourd'hui mais pas tout à fait gothique (il y a quand même la rose — non Pass, n'ironise pas sur ma mauvaise lecture de la couverture, je parle de la photo au centre du livret) avec de plus l'énorme perruque noire que Kelly porte même si l'on sait qu'elle est déjà passée par toutes les couleurs (son chien aussi, je crois) ; couleurs cyberpunk de la pochette et du coffret : du noir et blanc et du jaune, à la manière des hangars "destroy" futuristes du Lieu unique à Nantes ou du Futuroscope.

C'est donc de la musique d'aujourd'hui, mais avec beaucoup de sons et de principes musicaux d'autrefois (j'entends du Enya dans le refrain de One word, un peu de Yes dans Suburbia, un traitement à la Orchestral Manoeuvres in the Dark pour Secret lover ou I can't wait, un peu de Blondie dans Edge of your atmosphère). Cela peut donc plaire à beaucoup de personnes. Ou en rebuter beaucoup d'autres.

Fille du leader de Black Sabbath (Ozzy Osbourne), 21 ans, Kelly n'est pas toujours bien dans sa peau et a déjà abusé d'analgésiques. Elle est apparue dans le paysage télévisuel en 2002 en tournant avec sa famille dans la série américaine "The Osbournes". La même année, elle participait à "The Osbourne Family Album", un recueil qui illustre la série dans lequel elle enregistra une version pop-punk du tube de Madonna, Papa Don't Preach (qui atteint la 28e position du Top 40 national dès sa première semaine sur les ondes). Rappelons aussi son petit rôle dans Austin Powers : Goldmembers.

Les paroles ne sont pas le plus fort de l'album — mais c'est le lot commun de la plupart des chansons anglo-saxonnes. Une chanson justifie le logo (sur mon exemplire) "Parental guidance/explicit content", il s'agit de Don't touch me while I'm sleeping (Ne me touche pendant que je dors), la plus violente. On sait que Kelly a affirmé avoir été violée suite à l'absorption de la "drogue du violeur" et qu'elle milite pour que les femmes restent sur leur garde (cf. http://www.tqs.ca/showbiz/potins/200506/Le_viol_de_Kelly_Osbourne_.html). Je pense que cette chanson est le fruit de cet engagement. Les paroles en sont bien évidemment très crues mais, lorsque l'on vit cette expérience, on ne va pas le dire avec des fleurs.

Je vous conseille pour vous faire une idée d'aller sur le site officiel (http://www.kellyosbourne.com/sitn/). Vous pourrez écouter le titre phare : One word, en tête dans plusieurs classements d'outre-manche (appuyez sur le petit bouton play à gauche), avec d'amusants télescopages de MOTS anglais et français (Refrain : Day after day/Jour après jour), et des extraits aléatoires d'autres chansons.

Sleeping In The Nothing, Kelly Osbourne, CD audio sorti le 30 mai 2005, Sanctuary ; ASIN : B0006ZSXOY. 10 titres, plus un bonus non annoncé sur la pochette : un remix de One word sur une onzième plage (presque 8 minutes, plus aérien car on a gommé la plupart des sons graves), un peu à la façon des maxi dans les années 80.

27.6.05

La peinture est à la portée de n'importe qui



Ah Cacou, il n'y a vraiment pas besoin de construire habilement des tableaux de peinture pour faire plaisir à des commentateurs irascibles de passage (cf. post du 22 mai) ou pour les vendre plus cher. Un singe, Congo, est depuis déjà un moment un peintre très côté :

« Plus de 20.000 euros pour trois tableaux d'un chimpanzé

Trois peintures exécutées par le chimpanzé Congo, qui côtoyaient dans une vente aux enchères à Londres des oeuvres de Renoir, Fernand Léger et Andy Warhol, sont parties lundi pour 14.400 Livres (21.600 euros).

Estimés entre 600 et 800 Livres par la maison d'enchères Bonham, les trois tableaux ont été adjugés à Howard Hong, un Américain qui se veut "grand amateur de peinture moderne et contemporaine".

Surnommé le "Cézanne du monde des singes", Congo avait produit plus de 400 dessins et peintures dans les années 1950, encouragé par l'anthropologue Desmond Morris.

Célèbre pour ses livres et émissions télévisées sur le monde animal, le scientifique avait exposé les tableaux de Congo à Londres en 1957, persuadé que les chimpanzés ont une sensibilité artistique.

On raconte que Picasso lui-même avait suspendu dans son atelier un tableau de Congo, dont le style a été qualifié "d'expressionnisme abstrait".

"Je doute qu'aucune oeuvre de chimpanzé ait jamais été auparavant vendue aux enchères", a déclaré avant la vente Howard Ruthkowski, spécialiste d'art moderne et contemporain chez Bonhams.

Plusieurs oeuvres de maîtres ont été adjugées lors de cette vente, dont une compression en carton de César à 5.000 Livres (7.500 euros), un dessin de William Kentridge à 12.000 Livres (18.000 euros) et un dessin de Derain représentant les bords du Lot, à 3.600 Livres (5.300 Euros). »
Source : AFP-20 juin 2005

Reste maintenant, pour les peintres en herbe avides de notoriété, à le singer...

25.6.05

La barbe : attribut féminin ?



La femme à barbe existe ! Ou plutôt a existé ! Et elle a laissé ses mémoires retrouvées dernièrement :

« "J'avais une barbe magnifique, frisée, fournie qui s'épanouissait en double panache", raconte Clémentine Delait, la femme à barbe de Thaon-les-Vosges, dans ses mémoires retrouvées récemment par un collectionneur vosgien.

Consigné à l'encre violette dans un cahier d'écolier et agrémenté de spectaculaires photos et coupures de presse de l'époque, le texte a été découvert dans un vide grenier "pour pas cher" par Roland Marchal, 79 ans, un collectionneur-brocanteur de Bellefontaine (Vosges).

"Comment ma barbe m'a poussé, je l'ignore ? Mais je peux vous assurer qu'à 18 ans, ma lèvre supérieure s'agrémentait déjà d'un duvet prometteur qui soulignait agréablement mon teint de brune", raconte Clémentine dans un style truculent et sans complexe.

Née en 1865 dans les Vosges, cette femme qui vécut jusqu'en 1939, fut un personnage à la renommée régionale voire internationale grâce à sa prolifique barbe brune. Comme c'était courant à l'époque lorsqu'on maniait mal l'écriture, elle a confié dans les années 30 à un chroniqueur local et collaborateur du quotidien vosgien La Liberté de L'Est, Pol Ramber, le soin de coucher ses confidences sur papier.

Le précieux document d'une cinquantaine de pages, que Roland Marchal n'a pas fait authentifier, est toutefois signé de sa main.

"Son frère aussi était très barbu", souligne le collectionneur, plein d'admiration pour "la force de caractère terrible" de Clémentine.

Elle ouvre un café-boulangerie à Thaon-les-Vosges et se rase consciencieusement la barbe jusqu'au jour où elle fait le pari avec un client de la laisser pousser. "Le succès fut immédiat. (...) Ils se sont montrés fous de moi", s'exclame-t-elle alors qu'elle rebaptise son bistrot "le Café de la femme à barbe".

La maîtresse-femme de "90 kilos à 30 ans et presque 100 à 40 ans" va même rendre visite à une autre femme à barbe qui s'expose à la foire de Nancy, mais dont elle ne trouve guère la pilosité convaincante. "Un phénomène mal léché, ni homme, ni femme qui n'a pas même pas l'excuse d'être Auvergnat", écrit-elle. Elle repart néanmoins de la visite avec une recette de pommade encourageante.

Sollicitée pour s'exhiber jusqu'en Amérique, Clémentine décline ces offres pour rester auprès de son mari malade, avec qui elle a adopté une fillette. "Elle n'a pas cédé aux pressions pour entrer dans un cirque", affirme M. Marchal. "Il ne me vint pas à l'idée que je ne pouvais être qu'une femme curieuse exhibée. J'étais beaucoup plus et mieux que cela", affirme la femme à barbe.

Toutefois après la mort de son mari, elle va accepter pendant quatre ans des tournées à Londres, en Irlande, à la foire du Trône à Paris, où elle voyage avec "son enfant-chérie". A Epinal, elle se fait photographier dans la cage aux fauves d'un cirque.

Il n'est pas difficile de trouver encore aujourd'hui des cartes postales de la femme à barbe éditées à l'époque, assure un antiquaire de Thaon-les-Vosges.

"Ma vie modeste a été sans reproches. J'ai l'estime de tous mes compatriotes", assure encore cette femme de caractère avant de demander que soit écrit sur sa tombe "Ici gît, Clémentine Delait, la femme à barbe". »
Source : AFP, 19 juin 2005

Étonnant, non ? Par contre, il n'est pas étonnant que cette femme eût une "force de caractère terrible" : Sainte-Barbe (cf. Santa Barbara en anglais...) est la patronne des pompiers ou des artilleurs et autres corporations liées au feu. D'ailleurs, dans la marine ancienne, la sainte-barbe était le nom de la soute à munitions. Explosif !

24.6.05

Enigma (3)



Aujourd'hui, un message codé historique, qui devrait plaire à notre voisine de blog angliciste.

Sir John Trevanion, partisan du roi Charles 1er, fut arrêté et fait prisonnier par les soldats de Cromwell. Il fut incarcéré dans le château de Colchester (nord-est de Londres). Alors qu'il attendait sa sentence de mort, il reçut la lettre suivante :

« Worthie Sir John :— Hope, that is ye beste comfort of ye afflicted, cannot much, I fear me, help you now. That I would say to you, is this only : if ever I may be able to requite that I do owe you, stand not upon asking me, 'tis not much that I can do : but what I can do, bee ye verie sure I while. I knowe that, I dethe comes, if ordinary men fear it, it frights not you, accounting it for a hign honour, to have such a rewarde of your loyalty. Pray yet that you may be spared this sœ bitter, cup. I fear not that you will grudge any sufferings ; only if bie submission you can turn them away, 'tis the part of a wise man.Tell me, an if you can, to do for you anything that you wolde have done. The general goes back on Wenesday. Restinge your servant to command. — R.T. »

C'est-à-dire :

« Preux Sir John, : — L'espoir, qui est le meilleur soutien des êtres dans l'affliction, ne peut plus guère, je le crains, vous être d'un grand secours à présent. Il est une chose cependant que j'aimerais vous dire : s'il existait jamais la possibilité de m'acquitter envers vous de tout ce dont je vous suis redevable, n'hésitez pas à faire appel à moi. Je ne puis faire grand-chose, mais soyez bien certain que je ferai tout ce qui est en mon pouvoir. Si l'heure de notre mort vient à sonner je sais que, contrairement aux autres hommes, vous l'envisagerez sans effroi et l'accueillerez comme un honneur rendu à votre loyauté. Priez à présent que cette coupe amère s'éloigne de vos lèvre. Je sais parfaitement bien que vous ne craignez nullement les souffrances, mais si elles peuvent vous être épargnées par une attitude soumise, ce serait faire acte de sagesse. Dites-moi s'il est une chose que je puisse faire pour vous, et je le ferai. Le général revient mercredi. Je suis, toujours à vos ordres, votre fidèle serviteur. — R.T. »

Cette lettre n'est pas qu'une longue déclaration émouvante. Elle comporte aussi un message secret. Bien sûr, Sir John connaissait la clef permettant de le lire : ne prendre que la troisième lettre suivant les signes de ponctuation.

Sir John demanda l'autorisation d'aller se recueillir dans la chapelle du château et... il disparut ! Le message disait en effet : "Panel at east end of chapel slides" (le panneau à l'extrêmité est de la chapelle coulisse).

Jolie histoire, non ?

Source : Casus belli, H.S. n° 12, juillet 1994.

23.6.05

Canardages 2



Petite revue de presse du Canard de la semaine.

D'abord la fameuse sortie de Sarkozy après le meurtre d'un enfant. Dans Le Monde (22 juin), il annonce : "Dès demain on va nettoyer au Kärcher la cité des 4000". Ce à quoi une habitante répond : "Maintenant ils veulent nous nettoyer, ça dit bien pourquoi on nous prend". Et le Canard d'ajouter : "C'est la méthode Sarko : en guise de consolation après meurtre, les victimes on droit à un avis de déchet".
N.B. personnelle : je m'étonne de n'avoir entendu personne jusqu'à présent rappeler que nettoyer un quartier est un vocabulaire qui appartient au domaine de la guerre, de l'armée. En gros, nettoyer un endroit, c'est souvent exterminer radicalement l'ennemi qui y réside. Exemple Stalingrad 1943 : "Le 27 janvier, les Soviétiques commencèrent à nettoyer les poches de résistances allemandes qui ne peuvent plus se défendre." (http://www.secondeguerre.net/stalingrad.htm). Or, jusqu'à preuve du contraire, les policiers travaillent en France non à exterminer un ennemi mais à empêcher des malfaiteurs de nuire en les capturant et en les remettant à la justice. Je trouve qu'il y a un glissement de langage inquiétant.

Plus drôle et suite de la semaine dernière : après que nous ayons découvert que des dessous-de-plat du Puy-du-Fou étaient fabriqués en Turquie, une lectrice révèle que l'on peut aussi trouver de pois chiches d'importation venant de Turquie sous la marque "Le Chouan" ! Et le Canard se pose la question : "Qui réfléchit comme un pois chiche" ?

Relevé dans Le Monde (19-20 juin) et musical : "Au festival international de la musique d'avant-garde de Barcelone, le Vegetable Orchestra a joué avec des légumes pour seuls instruments, utilisant "le son mat du potiron et de l'aubergine ou celui plus sec de la branche de céleri ou des fanes de carottes". Ajout du palmipède : "Que font les navets des festivals de cinéma !".

Dessin : un cheval grimpé sur une bicyclette avec quelques seringues dans le dos, l'air ravi : "Je vais pouvoir participer au Tour de France".

Autre dessin : des islamistes, en train de regrader à la télévision Florence Aubenas, l'air méchant : "Dix jours qu'elle est rentrée... et même pas une carte postale !".

"Dernière mode en Angleterre : le "happy slaping", autrement dit "claques joyeuses". Selon "Le Journal du Dimanche" (19/6), il s'agit d'agresser gratuitement un inconnu n'importe où, de le rouer de coups et de faire filmer cette séance de rigolade par un copain qui la met en ligne sur internet. Vu le "happy" traitement infligé à Chirac au récent sommet de Bruxelles, aucun doute : Tony Blair navigue trop sur internet !".

Une petite contrepèterie pas trop salace tirée de l'album de la Comtesse : "Chirac encore blessé par la Dame de fer".

Et pour finir, quelques perles de la presse :
- Ouest-France (12/6) : "Sur un voilier, une femme qui hissait les voiles s'est pris le baume en plein visage". Le Canard : "La bôme en plein visage, elle s'en souviendra l'onguent".
- Allez-savoir (Lausanne, juin 2005) : "L'eau perce également les roches calcaires facilement solvables". Le Canard : "Sont-elles solubles ? Pour le savoir, munissez-vous de liquide".

22.6.05

Beaujolais, combien de divisions ?



Vous en avez assez du beaujolais nouveau et de son cortège de goût d'épices, de banane, de fruits rouges, que sais-je encore, de vin, pourquoi pas ? Eh bien, vous avez maintenant le droit de le dire :

« La cour de cassation a annulé la condamnation du mensuel lyonnais Lyon Mag pour un article qualifiant le Beaujolais de "vin de merde", estimant la décision de justice contraire à la Convention européenne des droits de l'homme.


En janvier 2003, le tribunal de grande instance de Villefranche-sur-Saône (Rhône) avait condamné le mensuel à verser 284.143 euros de dommages et intérêts à 56 syndicats d'exploitants viticoles du Beaujolais, un montant que la cour d'appel de Lyon avait réduit en août suivant à 90.993 euros.



L'article mis en cause était une interview parue en juillet 2002, où François Mauss, présenté comme un professionnel français de la dégustation, déclarait notamment que les viticulteurs du Beaujolais "étaient tout à fait conscients de commercialiser un vin de merde".



Cet article entrait dans le cadre d'une enquête sur des subventions accordées aux viticulteurs du Beaujolais pour transformer 100.000 hectolitres de vin en vinaigre et en alcool. La cour de cassation a estimé que, dans ce contexte, la condamnation de
Lyon Mag violait l'article 10 de la Convention européenne de sauvegarde des droits de l'homme qui protège la liberté d'expression.


"La rédaction de
Lyon Mag se félicite de cette décision car cette condamnation constituait une grave atteinte à la liberté de critique", a indiqué le mensuel dans un communiqué. »
Source : AFP, 17 juin 2005

Voilà, maintenant vous pourrez le dire au serveur qui essayera de vous forcer la main lorsque c'est la période...

21.6.05

Robert de Niro... senior



Robert de Niro a naturellement un père, mais un père qui se révèle important ! Un peintre, pour tout dire, qui aurait sans doute été plus connu si le Pop art et d'autres nouveaux courants n'étaient venu montrer du doigt une peinture certes très colorée (il était influencé par Matisse et Derain), mais figurative, "à l'ancienne". Pourtant, Robert de Niro senior ne renia jamais ses choix esthétiques et continua jusqu'à sa mort, en 1992 (il avait alors 70 ans) à peindre les toiles dont il avait envie. Ses œuvres sont exposées au Metropolitan Museum et au Museum of Modern Art à New York.

Natures mortes, paysages, groupes de personnages, série de crucifixions, l'exposition présente de façon thématique les oeuvres d'un artiste dont la peinture est à la fois américaine et très marquée par la France (ajoutons Bonnard à Matisse et Derain).

Dans les années 60, c'est d'ailleurs dans l'Hexagone, et à Paris en particulier, que Robert de Niro senior est venu chercher pendant quatre ans "de nouvelles inspirations". Il a pu y explorer la campagne française, comme le montre Vue de ma fenêtre, peint en 1963 dans le village de Saint-Just-en-Chevalet, dans l'Oise.

Une soixantaine de ses oeuvres sont donc exposées jusqu'en septembre à La Piscine à Roubaix. C'est la première fois que l'on pourra les admirer dans un musée français : le peintre n'était jusqu'ici exposé en France que dans une galerie parisienne. D'autres expositions avaient eu lieu à Rome, où Robert de Niro junior s'était rendu à deux reprises pour leur inauguration.

Et justement, Robert de Niro junior, "très attaché à la figure de son père", est venu samedi au vernissage de l'exposition française. L'acteur, qui a déjà entièrement décoré son restaurant de Manhattan avec des peintures de son père, "se rend très disponible pour défendre (son) œuvre, malgré une activité cinématographique dense", souligne Bruno Gaudichon, conservateur en chef du musée de Roubaix (AFP). D'après ce qu'on a pu en voir dans les journaux télévisés de ce week-end, Robert de Niro junior était très ému.

Robert de Niro senior travaillait par strate, de façon très réfléchie. Sur des formes floues, presque abstraites, nées d'un premier trait de fusain effacé, il travaillait avec sûreté selon une technique rappelant le sfumato (de l'italien "enfumé"), superposition de couches de peintures qui donne au tableau des contours imprécis. Même chose avec les huiles. "Comme un Gustave Moreau par exemple, de Niro peint sur la peinture", souligne le conservateur de La Piscine.

Exposition Robert de Niro senior, du 19 juin au 4 septembre, au musée d'art et d'industrie La Piscine, 23 rue de l'Espérance, Roubaix. Renseignements : 03 20 69 23 60.

19.6.05

Et vous, vous en êtes content(e) de votre horoscope ?



Attention, amies blogueuses. A force de proposer des horoscopes sur vos sites, vous risquez de finir par devenir receleuses et susceptibles d'être attaquées en justice. Mais oui !
Pour preuve l'action qu'intente un natif du bélier, estimant son horoscope diffamatoire ! Heureusement, tous les natifs de ce signe n'ont pas obligatoirement cette susceptibilité ou cette hargne (coucou, Pass :0)).

« Un habitant de Montbéliard a jugé insultantes à son égard les prévisions d'un horoscope paru fin mai dans un hebdomadaire vendu en Franche-Comté. Il a saisi le tribunal d'instance pour réclamer des indemnités. Ce lecteur n'a pas apprécié que ce signe soit, dans les pages du journal, associé à la prédiction suivante : "Certains retrouveront les émois de l'adolescence, surtout dans le domaine sentimental où l'envie de s'amuser prend le pas sur le besoin de construire du solide". Le plaignant qui se présente comme "un père de famille sérieux et ordonné" estime diffamant qu'on lui attribue des émois adolescents qu'il est loin de ressentir et qu'on mettre en question son "besoin de construire du solide". Il réclame 51 € d'indemnités et un avertissement contre l'astrologue. »
Source : Presse-Océan, 18 juin 2005, p. 30.

Ce bélier s'est sans doute pris pour un chevalier (blanc) du Zodiaque...

18.6.05

Info canon

Aujourd'hui, post cheap. D'abord pas d'illustration (aucune ne me plaisait). Ensuite, je laisse la parole à l'AFP qui, comme chacun sait, est une de mes sources d'information préférée :

« Todd Christian, un homme-canon qui est chaque soir propulsé au-dessus de la piste du "Cottle and Austin Circus", a été renvoyé car il avait peur de voler... en avion.


"Je sais que ça a l'air ridicule parce que je suis un homme-canon, mais j'ai peur des longs vols et si je reste trop longtemps dans un avion je panique", a déclaré Todd, âgé de 26 ans, qui a engagé une procédure judiciaire pour licenciement abusif.



L'homme-canon, qui s'envole tous les soirs à plus de douze mètres au-dessus de la piste, devait effectuer un stage au Brésil dans un centre pour astronautes. Cela devait lui permettre de récupérer d'une blessure au genou subie pendant un de ses numéros.



"Le cirque voulait m'envoyer pour un entraînement approfondi au centre spatial Guiana au Brésil car ils s'inquiétaient que je me blesse de nouveau, a expliqué Todd. J'ai refusé d'y aller et ils m'ont viré sur le champ. Je suis consterné".



"Sans un entraînement adéquat au Brésil, il serait dangereux pour Todd de continuer. Nous lui avons demandé de faire ce stage pour sa propre sécurité", a expliqué Marnie Dock, l'entraîneuse de Todd, elle-même la toute première femme-canon au monde.



Todd attend l'issue de la procédure en espérant récupérer son numéro, présenté désormais par son remplaçant, "Diego la fusée humaine".
»

Canon, quand même ?

17.6.05

Qui était qui ?



Vous voulez savoir à quoi ressemble la dernière demeure d'une figure du XXe siècle ? On a presque plus de connaissance sur les grands hommes des siècles précédents : Hugo au Panthéon, Chopin au Père Lachaise, Napoléon aux Invalides, etc. Alors, le Qui était qui, dont la deuxième édition vient de paraître, est fait pour vous. Il s'agit bien entendu d'une transposition du Who's Who, livre rouge mondialement connu des "personnalités agissantes".

Ce "Who's Who des morts", dont le titre est pour la première fois traduit en français, propose la biographie de 8.000 personnalités françaises disparues dont le destin a marqué le XXe siècle, avec des anecdotes intéressantes et qui précise le lieu d'inhumation ou d'incinération des personnalités citées.

Chaque notice replace le personnage historique dans l'environnement de son époque en rappelant les courants de pensée du moment, les mouvements artistiques et les institutions françaises, de 1900 à 2005, "de Falguière à Françoise Sagan".

Qui était qui, par Michel et Béatrice Wattel (avec les équipes du Who's Who), éditions Lafitte (éditeur du Who's Who traditionnel), 2 000 pages, prix public 400 € TTC [hé oui, le Who's Who a toujours été très cher].

16.6.05

Giulini



Le grand chef d'orchestre Carlo Maria Giulini vient de nous quitter à l'âge de 91 ans. Il faisait partie des chefs de légende du XXe siècle, en compagnie d'Herbert von Karajan ou de Leonard Bernstein.

Il était né le 9 mai 1914 à Barletta en Italie du sud. La seconde guerre mondiale avait retardé ses ambitions : entré dans la résistance, il avait dû se terrer dix mois dans un souterrain sans voir la lumière. Ce n'est donc qu'autour de la quarantaine qu'il commença à acquérir une notoriété internationale.

Italien, c'est d'abord l'opéra de ce pays qu'il a porté. Rossini et Verdi n'avaient plus de secret pour lui. Pourtant, des enregistrements de bien d'autres répertoire sont devenus au fil du temps des références. Son Don Giovanni (Mozart), après presque cinquante ans de bons et loyaux services, reste toujours une des interprétations de référence de l'œuvre.

Je vous propose sa version de deux œuvres magistrales réunies dans un seul boîtier : la 9e Symphonie de Gustav Mahler et la 8e Symphonie de Franz Schubert ("L'inachevée"), avec l'Orchestre Symphonique de Chicago.
La première œuvre est la dernière symphonie de Mahler (il est amusant de constater combien le chiffre 9 a marqué les compositeurs de symphonie au XIXe siècle), créée un an après la mort du compositeur, en 1912. Elle est un monde à soi toute seule, et représente la fin d'un monde, celui du XIXe siècle. Très austère et étrange à la première audition (elle dure une heure et demie ! Premier mouvement : plus d'une demi-heure ! Tant et si bien qu'elle déborde sur le deuxième CD). Puis elle vous hante et vous n'avez qu'une idée : en approfondir toujours plus votre écoute. Elle contient tous les sentiments, de la joie au désespoir, de la plus grande douceur à la plus grande causticité. A écouter sur une chaîne de qualité ("Un des plus beaux disques de l'histoire" affirmait la revue Diapason lors de la sortie de l'enregistrement en 1977) !
Composée un siècle plus tôt, la Symphonie n° 8 de Schubert est plus populaire. On la surnomme "inachevée" car elle ne comporte que deux mouvements (rappelons que le modèle habituel d'une symphonie, œuvre pour orchestre symphonique, est en quatre mouvements - clin d'œil à Hélène qui me demande une remise à niveau musicale), mais on n'est pas certain que Schubert en ait prévu d'autres : les deux mouvements s'équilibrent en fait très bien. Entraînante, avec des thèmes reconnaissables, sans oublier une petite touche de fantastique, c'est une œuvre très agréable à écouter.


N. B. Pour les personnes de la région nantaise, l'Orchestre National des Pays de la Loire met au programme la 9e de Mahler pour un de ses premiers concerts de la saison prochaine :

Vendredi 21 octobre 20 h 30
Jeudi 27 octobre 20 h 30
Cité des Congrès-NANTES
Isaac Karabtchevsky - Direction

C'est une expérience à vivre...

Deutsche Grammophon, collection "The Originals" ; 2 CD (dans le même boîtier)

15.6.05

Canardages



Anecdotes piochées dans le Canard enchaîné de ce matin :

La phrase de la semaine (Mur du çon) est attribuée au commentateur du JT de 13 heures sur France 2 (13 juin) qui, en plein salon du Bourget, vante ainsi les mérites du chasseur américain F 18 Hornet : son réacteur est "capable de griller un poulet à cinquante mètres" ! Le Canard ajoute : "Et si on en achète trois, on a droit à des frites" ?

Dans la Nouvelle République (4-5 juin), ce titre : "Chasseneuil-du-Poitou : concours d'épouvantails". C'est trop Raff'reux, dit le Canard. Allusion à un Premier ministre qui a épouvanté les électeurs de la "France d'en bas" ? Espérons, ajoute le journal, que l'idée ne vient pas de l'adjointe à la culture de la mairie de Chasseneuil, une certaine... Anne-Marie Raffarin. L'article de la NR précise : "Le public élira les plus beaux épouvantails par vote sur bulletin". Le Canard : "Encore une élection... Pour Raffarin, la politique est épouvantable".

Où l'on apprend que des dessous-de-plats frappés du logo "Grand Parc du Puy du Fou" sont fabriqués en Turquie ! Mais oui, par ceux que Philippe de Villiers trouvait si méchouans (jeu de mots du Canard). Conclusion du palmipède : "La Turquie a beau être un Grand Satan, elle est bien pratique quand même...".

"Déjà Cro-Magnon perçait sous Bonaparte ("Le Point", 9/6) : "Un os de singe trouvé au mois de mai sur une plage anglaise a relancé la vieille légende locale d'un singe en uniforme napoléonien. Au début du XIXe siècle, l'animal aurait été pendu pour espionnage au profit de la France." Et, pendant ce temps-là, le monstre du loch Ness court toujours."

Comme quoi, les affaires du monde peuvent aussi parfois être drôle...

14.6.05

Enigma (2)



Continuons notre survol des techniques de cryptage de messages. Aujourd'hui : la substitution.

Comme son nom le laisse supposer, cette technique consiste à remplacer chaque lettre du message par une lettre, un signe ou un nombre.

1° Substitution simple : on remplace chaque lettre par la lettre correspondante dans l'alphabet décalé de "n" lettres. Système appelé "Jules César" car ce dernier l'utilisait souvent.
Ex. :

F K D P S L R Q
C H A M P I O N

(= décalage de 3 lettres).

2° Substitution double : on fait varier le décalage à chaque lettre par l'utilisation d'une clef numérique. Ex :

F J B M S K P N
C H A M P I O N
avec la clé numérique :
3 2 1 0 3 2 1 0

3° Substitution à simple clef : on fait correspondre un alphabet apparemment désordonné à l'alphabet normal. Ex :

O B J Q Y I C K R Z...
A B C D E F G H I J...

Ce qui donne pour "Champion" :

C H A M P I O N
J K O L F R E T

Cet alphabet apparemment désordonné a été fabriqué grâce à une clef que l'on peut former ainsi : on décide que le mot "Oiseau" est la clef, puis on écrit horizontalement les autres lettres en-dessous, enfin on récupère les lettres dans l'ordre vertical.

O I S E A U
B C D F G H
J K L M N P
Q R T V W X
Y Z


4° Substitution à double clef : on applique au cas précédent une clef de décalage numérique. Ex. : CHAMPION, avec la clef 3210 donne IZBLASFT.

Source : Casus belli, hors-série n° 12, juillet 1994.

La prochaine fois, un message crypté historique !

13.6.05

Ils sont timbrés !



C'est à ce genre d'événement que l'on voit que le Trésor public s'occupe du moindre détail et que nos impôts servent vraiment à quelque chose.

Il a fallu cent vingt-deux timbres pour affranchir un courrier adressé le 6 juin par le Centre régional de la redevance de l'audiovisuel à un commerçant de la métropole lilloise (qui a souhaité garder l'anonymat), pour un total de 2,76 euros.

Mais oui, pas un centime de plus ! Avec une somme pareille, il fallait jongler avec les timbres existants, dont voici la répartition : 110 timbres à 0,02 euro, onze à 0,05 euro et un à 0,01 euro.

Evidemment, avec tout cela, il a fallu trouver une enveloppe adaptée. Car le carnet à souche envoyé avait été mis dans une petite enveloppe ; mais elle n'était pas assez grande pour le bloc de timbres occupant une surface d'une trentaine de cm2. On a donc mis le tout dans une autre enveloppe grand format.

N'oublions pas, enfin, que trente et un coups de tampon ont été nécessaires pour oblitérer le tout à la main.

Ah, où peut-on, en dehors de l'administration, trouver d'aussi délectables anecdotes (rassurez-vous, je suis fonctionnaire d'origine) ?

Source : AFP, 10 juin 2005

N.B. Pour l'illustration, vous pouvez admirer un timbre réel en deux versions. La première est celle de la première émission, datant du 20 juillet 1956. Elle présente un beau portrait de Robert Schumann, mais avec une partition de Franz Schubert ! Dommage ! Heureusement, le timbre fut corrigé et vous pouvez profiter à droite de la modification, datant du 08 octobre 1956.

Pour d'autres timbres comportant des erreurs, voir le site http://www.members.aol.com/ehenb. Vous pourrez y admirer un Roosevelt à six doigts !

12.6.05

Caricatures-sculptures



En ce moment, parmi les nombreuses expositions du Musée d'Orsay, se trouve une rareté que je n'ai pas encore vue mais qui va vite m'attirer à Paris ! Il s'agit de 36 "bustes-charges" d'Honoré Daumier, 36 "Célébrités du juste milieu" (dont 26 parlementaires de l'époque), têtes en terre crue coloriées qui firent l'admiration d'un Balzac ou d'un Baudelaire pour leur incroyable justesse psychologique. Cette présentation au public fait suite à une restauration qui aura duré trois ans (restauration d'un matériau qui se délitait ou recherche des figurines d'origine masquées par de précédentes restaurations).

Charles Philippon, fondateur des journaux satiriques La Caricature et Charivari, suite à un discours de Louis-Philippe selon lequel il cherchait "à se tenir dans un juste milieu également éloigné des excès du pouvoir populaire et des abus du pouvoir royal", avait commandé ces figurines à Daumier afin qu'elles deviennent "un monument à la sottise contemporaine". Tout le monde connaît bien sûr Honoré Daumier comme le plus grand caricaturiste du XIXe siècle (voir quelques exemplaires fabuleux sur le site http://wwwcano.lagravure.com/2daumier_lithos.htm). Mais arriver à rendre le trait forcé de la caricature par la sculpture est une autre paire de manches. C'est ce que permet de découvrir l'exposition.

Je laisse maintenant la parole au journaliste de l'AFP (dépêche 24 mai 2005) pour la description de chaque figurine puisque je ne les connais pas encore. En tout cas, cela fait envie :

«Daumier, dans ses maquettes en terre crue et peintes, se surpassa.

Fronts fuyants, crânes en pain de sucre, bajoues de bourgeois bien nourris, regards fendus, mimiques pleines de componction ou d'hypocrisie, airs endormis ou roublards, rien n'y manque.


A n'en pas douter, M. Prunelle, maire de Lyon et député, la bouche grimaçante, l'oeil noir, la chevelure d'un homme aux "transports frénétiques", était à classer parmi les atrabilaires. On n'en dira pas autant du député et pair de France, Etienne, à la bouffissure somnolente et pleine de satisfaction.


Colère et dédain se dégagent du buste de Laurent Cunin, député et pair lui aussi -visage crispé de rides, moue méprisante-, tandis qu'abrutissement et flagornerie signent le portrait du député et magistrat Dubois.


L'une des représentations les plus drôles montre un M. Harlé, député de Calais, le nez rougi, la bouche ouverte, prêt à éternuer, l'une des plus sinistres, la figure en lame de couteau de M. Persil, grand pourfendeur de journaux.


L'ajout de la couleur sur les Célébrités accentue encore l'irrévérence du trait et Daumier ne se priva pas de recourir au rose soutenu, à l'orangé, parfois même au vermillon pour illuminer les trognes, souligner les oreilles décollées ou violacer les pommettes des colériques.
»


— Daumier, Les célébrités du Juste Milieu, Musée d'Orsay, Salle Daumier, du 25 mai 2005 au 28 août 2005

— Catalogue : Daumier, Les Célébrités du Juste milieu (1832-1835), Réunion des Musées Nationaux, Fondation BNP Paribas, 128 pages, 25 €.

Pour quelques photos supplémentaires : http://www.bnpparibas.com/fr/actualite/mecenat.asp?Code=NAID-6CHHG3

11.6.05

Autoportrait en vert



Dimanche dernier, 24 amateurs de littérature se réunissaient pour décerner le 31e Livre Inter. Ce prix, réputé pour son impartialité puisque décerné chaque année par des auditeurs différents de France Inter, a déjà fait découvrir des auteurs comme, chronologiquement, Elie Wiesel (Le Testament d'un poète juif assassiné, 1980), Marek Halter (La Mémoire d'Abraham, 1984), Daniel Pennac (La Petite Marchande de prose, 1990), Nina Bouraoui (La Voyeuse interdite, 1991), Agota Kristof (Le Troisième Mensonge, 1992), Agnès Desarthe (Un secret sans importance, 1996), Nancy Huston (Instruments des ténèbres, 1997), ou Martin Winckler (La Maladie de Sachs, 1998, sur lequel je reviendrai un jour).

Le palmarès fut rendu public lundi dernier et le lauréat en est Joël Egloff pour L'Étourdissement, aux éditions Buchet/Chastel. Je ne connais pas ce titre, contrairement à un autre livre qui faisait partie des dix de la sélection officielle du prix cette année : Autoportrait en vert de Marie NDiaye, un des auteurs de langue française les plus importants de notre époque (rappelons, parmi sa douzaine d'ouvrages, sa pièce de théâtre Hilda, 1999, chef d'œuvre sur le thème de la manipulation gens ordinaires par les classes supérieures). Après la Normandie, Rome ou Berlin, elle vit désormais près de la Garonne, à la campagne et vient de passer pour l'occasion des Editions de Minuit au Mercure de France où Autoportrait en vert est paru à la fin du mois de décembre dernier.

Ce livre est un vrai ouvrage de littérature, la langue en est travaillée et l'histoire ne compte pas plus que sa mise en forme. Cet ouvrage énigmatique, autoportrait dont on peut se demander s'il est toujours autobiographique, met en valeur le vert, sous une couverture rose, pour mieux en rendre méfiant le lecteur. Tous les personnages intrigants du récit ont quelque chose de vert, dont l'auteur nous dit (p. 15-16) : "Le vert ne saurait être, néanmoins, la seule couleur de la méchanceté, pas plus que le vert ne saurait être fatalement la couleur de la méchanceté, mais qui peut nier que la méchanceté aime particulièrement s'orner de toute sorte de vert ?".
La narratrice commence par croiser ne voiture une femme en vert, qui lui en rappelle une autre, connue à la maternelle, dont les yeux étaient verts, puis Christina ou son fantôme porte un short "élastique et moulant, imprimé de fleurs vertes sur fond vert", etc.

Ce livre est donc rédigé comme un livre de souvenirs, mais oniriques, dont on ne ait jamais s'ils ont jamais été réels. Tout est en trompe-l'œil, rien n'est sûr, sauf, justement, le VERT. Si bien que les relations humaines ici relatées sont à multiples niveaux : tout est courbe, ou plutôt flou, brumeux. Les sentiments sont à la même aune, fugaces, mobiles, changeants, souvent désespérés ou tristes. Mais tout reste mouvant comme la vie ; ou plutôt le rêve de la vie ; ou encore le rêve du rêve de la vie, etc.

Ce livre informel, conformément à son propos, très poétique sans être de poésie, est illustré par des photographies anciennes très étonnantes car à aucun moment on ne voit le rapport avec ce que l'on vient de lire. L'ouvrage laisse au lecteur de beaux souvenir vaporeux.

Autoportrait en vert, coll. "Traits et portraits", Mercure de France, 2005. 13 €

10.6.05

Enigma




Puisque les énigmes fleurissent sur les blogs, je m'en vais faire un petit historique de la cryptographie et, aujourd'hui, donner une des plus anciennes techniques.

La cryptographie qui, étymologiquement, veut dire écriture cachée, a, depuis la nuit des temps, ou tout au moins de l'écriture, servi aux hommes à masquer le contenu de certains messages écrits aux yeux de personnes dont on estimait qu'elles n'avaient pas à le connaître. A contrario, c'est aussi l'étude des méthodes permettant de déchiffrer ces messages. Cela va donc dans les deux sens.

En partant de la scytale des généraux de Sparte (voir ci-dessous), en passant par des systèmes inventés par les moines, les Templiers, les Francs-maçons, beaucoup de mathématiciens, des ambassadeurs ou des militaires, le champ est immense.

En 1840, Edgar Allan Poe déclarait dans un article que le chiffre "indécryptable" n'existait pas. Il se proposait de résoudre tous les messages chiffrés qu'on lui enverrai, à condition qu'ils soient rédigés en anglais, codés par substitution simple (je reviendrai sur ce codage), en respectant la même division que les mots clairs. Il les "cassa" tous sauf un seul. Plus tard, d'autres auteurs furent friands de messages cryptographiques : Jules Verne (La Jangada, Mathias Sandorf, Voyage au centre de la Terre), Paul Féval (Les compagnons du silence) ou Maurice Leblanc (nombreux Arsène Lupin).

Aujourd'hui, commençons simple et de manière chronologique : "La scytale consiste en un bâton de bois autour duquel est entourée une bande de cuir ou de parchemin, comme le montre la figure ci-dessous. L'expéditeur écrit son message sur toute la longueur de la scytale et déroule ensuite la bande qui apparaît alors couverte d'une suite de lettres sans signification. Le messager emportera la bande de cuir, l'utilisant comme ceinture, les lettres tournées vers l'intérieur. Le destinataire enroulera alors cette bande sur son bâton (de même diamètre) pour lire le message clair."
Cette définition limpide est issue du site http://www.apprendre-en-ligne.net/crypto/transpo/scytale.html dont je vous recommande la lecture. Il y a même un programme en java pour crypter ses messages avec scytale. Bientôt : la substitution.

<br

9.6.05

Ça coince




Le théâtre contemporain cherche en permanence l'innovation. C'est sa grandeur. C'est aussi sa difficulté, tant en ce qui concerne le public que sa difficulté de réalisation. Ne soyons pas trop vachards : comme on recherche souvent l'imprévu, on amène sur scène des
acteurs spéciaux qui auront du mal à réciter à la lettre leur texte, qui font parfois des caprices et... l'imprévu surgit. Mais, comme son nom l'indique, pas toujours là où on l'attend.

Le Théâtre national populaire de Villeurbanne vient d'en faire l'expérience. Il y a un peu plus de deux semaines (25 mai), une vache, qui devait participer à un spectacle dans ce théâtre, est restée coincée dans le monte-charge qui devait l'élever jusqu'à la scène.
Pourtant, les précédents animaux n'avaient posé aucun problème : un âne, des poules et des chèvres étaient déjà passés par le même chemin. C'est vrai, une vache, c'est plus gros. Mais peut-être l'appareil n'aime-t-il pas les bovins ? Ou l'inverse : peut-être la vache s'est-elle débattue ? Les pompiers et le TNP affirmaient cependant que la vache semblait garder son calme. Reste à savoir si elle a réussi à entrer en scène à temps.

8.6.05

Les Yamada




Ce soir, sur Arte, à 22 h 40, je vous conseille de regarder, si vous ne le connaissez pas, Mes Voisins les Yamada. Ce film d'animation japonais (1999), par le créateur du Tombeau des lucioles, est un chef d'œuvre de beauté, de poésie et de regard attendri sur notre vie de tous les jours.

Car ils nous sont bien familiers, ces Yamada. Leur nom, au japon, est un peu l'équivalent chez nous de Dupont, le nom le plus courant. Nous suivons donc dans ce film le quotidien d'une famille de japonais moyens à travers une succession de petites saynètes magnifiquement ciselées.

Il y a papa qui, comme tout bon japonais qui se respecte, consacre sa journée au travail, la maman qui reste à la maison et s'ennuie quelque peu du train-train quotidien. Ce couple a comme enfants le "choix du roi" : un grand frère, Noboru, et une petite sœur espiègle, Nonoko. Deux autres personnages habitent le foyer : shige, la grand-mère aux phrases souvent sarcastiques et Pochi le chien qui regarde tout ce petit monde avec un oeil de philosophe.

Vous ne raterez pas j'espère au début la métaphore du voyage de la vie, la scène où Nonoko est oubliée dans un grand supermarché, celle où le père comprend que son fils grandit au fait qu'il ne veut plus jouer au base-ball avec lui.

Le graphisme, simple, et les tons pastels, sont à mille lieues des habituels mangas. Tout concourt, je l'ai dit, à faire de ce film un chef d'œuvre de poésie et de subtilité.

N.B. C'est ce soir en VO mais c'est dans cette langue que j'ai découvert ce film à sa sortie et je vous assure que cela ajoute à sa tonalité.

7.6.05

Bob, es-tu là ?





La BBC, vénérable institution que le monde entier envie à l'Angleterre, vient de ternir sa réputation de manière amusante. La faute en est une fois de plus imputable aux courriers types envoyés à tout va sans adaptation.

La BBC (BB3, plus précisément), donc , souhaitait réaliser un documentaire sur Bob Marley. Rappelons que le 6 février dernier (soixantième anniversaire de sa naissance) 300000 personnes s'étaient réunies à Addis Abeba pour un concert géant gratuit à la mémoire du chanteur rasta le plus célèbre de l'histoire, et des conférences et expositions.

Notre référence de la qualité journalistique mondiale a donc contacté par courrier électronique la fondation Bob Marley. Jusqu'ici, rien de surprenant. La suite l'est plus : la BBC demande l'autorisation d'une interview avec le chanteur (!) en précisant que le documentaire "ne pourrait être réalisé qu'avec la participation de Bob Marley lui-même" !!!

Là, évidemment, il n'y a plus qu'à faire tourner les tables après avoir fait tourner les joints. La réponse du porte-parole de la BBC est tout aussi impayable : "Nous sommes évidemment très embarrasés [du fait] que nous n'avons pas réalisé que la lettre à la fondation Marley ne tenait pas compte du fait que M. Marley n'est plus des nôtres". Sans blague ? Il n'est mort qu'il y a 24 ans, c'est vrai...

La BBC devrait se méfier : réveiller Bob dans son séjour dans l'au-delà, ça va le mettre en pétard !

[Source : AFP-1/04/05]

6.6.05

La bande dessinée n'est pas non plus un art mineur







Tous les trentenaires et quadragénaires ne pourront qu'être intéressés et même interpellés par cette bande dessinée récente parue en janvier dernier, au crayonné nerveux et anguleux, dont la narration se veut autant littéraire que plastique.




C'est le premier album d'un jeune auteur d'une vingtaine d'années, formé à l'ESI et en résidence à la Maison des auteurs d'Angoulème depuis un an, Cyrille Pomès. Comme les très grands (cf. Homère...), plusieurs villes s'arrachent déjà le privilège de l'avoir vu naître, puisque certains le disent Nantais (Nantes poche, 2-8 mars 05, p. 43), d'autres Angoumoisin (http://bd.amiens.com/auteurs/pomes_cyrille_367.html).

Comme le laisse entendre la couverture et le très joli titre, il est question dans cet album d'une lettre, que le héros, Patrick, s'était écrite à l'âge de dix-sept ans pour le temps où il en aurait quarante et qu'il arrive, non sans mal, à récupérer. A l'époque de l'écriture, c'était l'âge des idéalismes. "Dis-moi qu'on a donné tort à tous ces cons", s'écrivait-il pour le futur.
Malheureusement, comme vous l'avez compris, le présent est loin d'être à l'aune des idéaux passés. Le jeune artiste qui refusait le mercantilisme travaille dans une boîte de publicité, ses amours sont allées à vau-l'eau, il voit toujours Lorena mais n'arrivent jamais à recoller les morceaux. Bref, c'est loin d'être la joie.

La trouvaille de cet album (certains la disent éculée, je la trouve très efficace) est que tout est raconté à rebours : l'ouvrage s'ouvre au moment où Patrick a quarante ans et récupère la lettre. Puis, toutes les étapes sont vécues à l'envers. Si bien qu'au début, le lecteur n'a que peu d'éléments pour comprendre l'histoire et les protagonistes. Mais que tout se met en place au fur et à mesure de manière magistrale. Et la fin, la séquence des dix-sept ans, qui est en fait le début de l'histoire (elle est intitulée "où le début prend fin"), est vécue comme une apothéose.

Bien sûr, c'est loin d'être gai. Certaines scènes sont très crues (les dialogues désabusés, la chair quasi morte). Mais cela est à l'image des errances, des doutes permanents, des manques de repères et des vies déglinguées de beaucoup de nos contemporains. En tout cas, c'est magnifiquement raconté et construit.

Les critiques ont presque toutes été unanimes ("coup de coeur de ce début d'année" dans La Nouvelle République). Cela vaut le coup d'y jeter un coup d'œil.

Cyrille Pomès, à la lettre près, Paris : Albin Michel, 2005. 15 €

5.6.05

Jean-Pierre, poète

Je sais, ce n'est pas bien de tirer sur une ambulance. Surtout si elle est poitevine, cela pourrait me fâcher avec Passion de tout. Mais bon, là, c'est vraiment trop drôle pour être passé sous silence et, pour paraphraser l'auteur ci-dessous, "dans la vie, nous ne sommes pas obligés d'être lourdingues".

Vous allez voir que si chacune des sentences, sapiences, maximes - j'ai nommé "Raffarinades" - exposées ci-dessous est drôle en elle-même, elles finissent par déclencher un fou rire sauvage par accumulation. Je vous encourage donc à les lire à la suite. Elles ont été recueillies par l'AFP (31 mai 2005) :


La vie :

- "Notre route est droite, mais la pente est forte"

- "Les jeunes sont destinés à devenir des adultes"

- "L'avenir est une suite de quotidiens"

- "La route, elle est faite pour bouger, pas pour mourir"

- "Je dis aux jeunes : la fête, c'est la vie. La vie, c'est ton visage !"

- "La modestie, ça ne se proclame pas, ça se vit"

- "Il existe aussi une intelligence de la main (...) et elle communique directement avec le coeur"

- "Les veuves vivent plus longtemps que leurs conjoints"

- "Je vous recommande la positive attitude"


La politique :

- "La France est forte quand c'est une force qui va et qui sait où elle va"

- "La Marseillaise sera d'autant moins sifflée qu'elle sera entonnée par tous"

- "Le citoyen est un piéton de la République"

- "Un peuple qui doute n'est pas un peuple qui marche"

- "La politique, ce n'est pas un sport, ce n'est pas une équipe contre une autre: on est tous l'équipe de France"

- "A force de penser au pluriel la politique, certains ont oublié le singulier de la France"

- "Merci (à Bernadette Chirac) de nous montrer que la victoire n'est pas facile, qu'elle se gagne étable par étable, commune par commune"

- "La rue doit s'exprimer mais ce n'est pas la rue qui gouverne"

- "Il faut mettre en place la République du bon sens"

- "Il y avait un projet de loi qu'on a arrêté à temps. C'était : quand on ne travaillera plus le lendemain du jour de repos, la fatigue sera vaincue"

- "C'est promis, l'année prochaine je viendrai avec des allègements d'impôts. Je ne prends pas de rique puisque le voisin d'en face l'a annoncé"

- "Les jeux +perso+ ne sont pas des jeux d'avenir"


L'Europe et le référendum :

- "L'Europe à laquelle nous devons penser demain, ce n'est pas l'Europe d'hier"

- "The yes needs the no to win against the no" ("le oui a besoin du non pour gagner contre le non")

- "Ne soyons pas frileux, ne soyons pas frigides" avec l'Europe

- "Mon oui est plus qu'un non au non"


Lui-même :

- "Je ne suis pas énarque, je parle directement comme je suis"

- "Je n'aime pas beaucoup ne pas être dans le logiciel central de moi-même"

- "Est-ce que j'ai l'air d'un psychosé ?"

- "J'ai mes rondeurs mais j'ai mon énergie"

- "Je suis le pilote de l'Airbus gouvernemental"

- "Je ne travaille pas pour moi, je n'ai pas un ego hypertrophié"

- "Il faut sauter des haies et finalement, je saute les haies les unes après les autres"

- "On annonce toujours mon départ pour la semaine prochaine. Finalement j'ai quelque résistance"

- "J'aimerais un jour être globe-trotter"

- "Je repars à neuf"


Finalement, Jean-Pierre était peut-être un plus grand poète que Dominique. Une sorte de Monsieur Jourdain à l'envers : il faisait de la poésie sans le savoir !

4.6.05

Quand on est chercheur, c'est pour la vie


CacouEnigme
Originally uploaded by Rêverie musicale.

Cacou me pose des colles de plus en plus ardues. Après l'historique du générique des Guignols de l'info, voici la nouvelle enquête de Rêverie musicale. Vous irez voir l'historique de cette requête (cf. son blog, 3 juin). L'essentiel pour nous est de savoir qu'il fallait retrouver l'origine du message affiché ci-contre.

Je suis d'abord parti dans une fausse direction : les éditions Vitte sont spécialisées, surtout dans la première moitié du XXe s., dans les livres religieux (catholiques). L'expression "Frères jeunes" m'y a fait penser. Et le mot du haut pouvait être "charitable" ou "marital", en lien avec les thèmes de l'éditeur. On aurait donc eu une publicité pour une publication très édifiante du début du siècle. Malheureusement, après un long moment, le chercheur sent qu'il vaut mieux abandonner...

J'avais quelques minutes auparavant trouvé les références d'un ouvrage de 1909 sur la liquidation d'une société intitulée "Gallet Frères jeunes et Cie". Mais il ne me semblait pas que la lettre précédent le "t" du mot à gauche fût un "e". Enfin, au moins, j'apprenais une expression maintenant inutilisée. Après avoir échoué à trouver un ouvrage correspondant à mon souhait (le catalogue de la BnF est tout même assez exhaustif...), je revenais à l'idée publicitaire plus basique (Passion de tout m'avait soufflé le mot : "Vittel, Vittel !"). Me plongeant dans un dictionnaire de mots croisés, je finis par trouver un nom providentiel possible pour le mot du haut : "Samaritaine" ! Mais oui ! La Samaritaine ! il s'agissait d'une publicité pour le grand magasin parisien associé à Vittel ! Seuls les Frères Jeunes gênaient encore. Mais ce pouvaient être des négociants. Là encore, après une longue recherche, déception : impossible de trouver un document qui concorde.

Comme toujours, les recherches inutiles ne le sont jamais entièrement. En cours de route, j'avais découvert qu'une brasserie au merveilleux nom de "La Samaritaine" (directeur Franz Voegele, 1840-1909) avait fait les beaux jours du Vittel de la Belle époque - Vittel : la ville ! Poursuivons... Je découvre ensuite plusieurs affiches sur cette brasserie et... oh miracle ! L'une d'entre elles est la bonne !



Allez vérifier sur le site : http://perso.wanadoo.fr/cielmonsite/biere/alpha/l.htm#sam
Descendez à "La Samaritaine". C'est la deuxième affiche.

Aaah... J'irais bien me boire une petite mousse, moi.

3.6.05

Nos amies les girafes




Depuis une des dernières présentations de Cacou (voir son blog), j'ai eu une révélation : je suis entouré de girafes ! D'un tableau les multipliant presque en abîme sont venus d'autres témoignages affirmant : "moi aussi, je suis une girafe, moi aussi !". Bref, je commençais à tout voir en tacheté "emmanché d'un long cou", mais je me rassurais en me disant que cela restait bien virtuel. Une fois mon ordinateur éteint, je pouvais espérer les avoir oubliées.

Et puis, ah ! Maintenant, dans mon quartier réel (Duchesse Anne, Cité des Congrès), des girafes partout ! Des panneaux de signalisation portent désormais la tête de notre sympathique animal ! Après recherches, il s'agit d'un logo (voir illustration) destiné à guider les automobilistes perdus dans les méandres des travaux de la ligne 4 de tramway intitulée BusWay, qui, l'année prochaine, en 15 stations, mettra Nantes et Vertou à 20 minutes.

Mon père trouve qu'ils auraient pu mettre comme logo une tortue, vu les embouteillages que cela provoque (je ne sais pas si cela plairait à un certain Jacques B...). Pourtant, on comprend fort bien le choix de l'animal : tête sympathique, tempérament placide, vision lointaine, il possède tous les atouts pour bien guider les automobilistes.

"Suivez la girafe", nous conseille la municipalité. Je suis donc conforté : pour ne pas m'égarer, je vais continuer à consulter avec assiduité mes "sites préférés" !

1.6.05

Le P.A.F.


Faune
Originally uploaded by Rêverie musicale.
Sous ce sigle un peu trivial (mais je n'en suis pas l'auteur ; cf. un de mes maîtres, François Decarsin) se cache l'une des oeuvres les plus parfaites de l'histoire de la musique : le Prélude à l'après-midi d'un faune de Claude Debussy (1894). De cette partition, Manuel Rosenthal, grand chef d'orchestre et compositeur français, seul élève de Maurice Ravel, disait que c'était une des seules dans laquelle on ne pouvait trouver aucun "raccommodage" : tout s'enchaîne et coule d'une manière naturelle, comme si tout avait été conçu d'une seule traite.

Cette époque "fin-de-siècle" magnifie alors comme jamais la fusion des arts. Paris est la capitale artistique mondiale. Debussy, souvent peu à l'aise avec ses collègues musiciens, aime à fréquenter les peintres et les poètes. C'est ainsi qu'un poème de Stéphane Mallarmé va l'inspirer, L'après-midi d'un faune. En voici le début (la poésie de Mallarmé est un peu obscure mais très suggestive si l'on se laisse porter par les mots). C'est le faune qui parle :

« Ces nymphes, je les veux perpétuer.
Si clair,
Leur incarnat léger, qu'il voltige dans l'air
Assoupi de sommeils touffus.
Aimai-je un rêve ?
Mon doute, amas de nuit ancienne, s'achève
En maint rameau subtil, qui, demeuré les vrais
Bois même, prouve, hélas ! que bien seul je m'offrais
Pour triomphe la faute idéale de roses. »

"Assoupi de sommeils touffus", "Aimai-je un rêve ?" : la musique de Debussy ne va pas être une description, mais la transcription de cette atmosphère, alanguie, sensuelle, dans la touffeur d'une après-midi.

Il faut se laisser bercer par la douceur et la sensualité de cette musique dans laquelle domine la gracieuse flûte traversière (allusion probable à l'aulos grec), aux méandres langoureux des mélodies, aux instruments parfois exotiques (présence de crotales, cymbales antiques, particulièrement audibles à la fin). Debussy inaugure ici une nouvelle conception du temps : jusqu'à présent, la musique énonçait des idées successives, qui parfois se mêlaient ou se combattaient. Bref, il y avait un discours. Là, le temps est comme figé, statique. L'œuvre ne dure que dix minutes et pourtant, après l'avoir entendue, vous vous dites qu'elle a duré plusieurs dizaines de minutes.

Mallarmé, d'abord réticent à voir son poème "mis en musique" (même s'il ne s'agit pas tout à fait de cela, on l'a vu), adressa à Debussy un quatrain témoignant de son admiration :

« Sylvain d'haleine première
Si la flûte a réussi,
Ouïs toute la lumière
Qu'y soufflera Debussy ».

L'oeuvre était adoubée et elle reste un des moments décisifs de l'histoire de la musique. A sa création, fait unique pour une musique aussi novatrice, à la demande du public, on bissa le morceau.
Malgré les grandes réserves de Debussy, elle sera mise ne chorégraphie en 1912 par le plus grand danseur de la première moitié du XXe siècle, Vaslav Nijinski (photo).

Il existe tellement de versions de cette œuvre que je ne peux aujourd'hui en faire une liste. Laissez-vous conseiller par votre disquaire...