29.11.05

On est toujours le belge de quelqu'un


Nous rions des belges. Les belges rient de nous. Nous ironisons sur la perfide Albion. Elle nous le rend bien, d'après l'AFP :


«Dénigrer les Français fait-il vendre ? Pour la presse anglaise, la réponse ne fait pas de doute à en croire les tabloïds, qui à longueur de colonnes s'adonnent à leur sport favori: le "french bashing", cogner sur les Français.

Le Sun, le quotidien le plus vendu d'Angleterre, en a fait une spécialité. Même les sujets les plus sérieux sont tournés en dérision. Le 17 octobre dernier, il rapporte ainsi que "le gouvernement français a élevé le niveau d'alerte terroriste de 'cachez-vous' à 'courrez'". "Les deux seuls niveaux supérieurs étant en France 'rendez-vous' et 'collaborez'", selon ce journal aux 3,4 millions de lecteurs.

Quelques jours auparavant, c'était un autre grand classique auquel le journal s'adonnait avec un titre en manchette: "Finalement, c'est officiel. Les Français sentent mauvais". Le prétexte: un sondage paru en France mais interprété en toute mauvaise foi.

Le Daily Mail, un autre tabloïd à grand tirage, jamais en reste sur ce sujet, s'est lui aussi appuyé sur le même sondage pour affirmer que les Français ne connaissaient pas l'hygiène.

"La presse britannique n'a choisi qu'une seule statistique, qui est que les Français achètent moins de savon que les Britanniques. Cela ne signifie pas que les Français sentent mauvais, mais c'est ainsi que la presse anglaise l'a repris", explique Richard Kaye, un promoteur d'art britannique qui vit en France. Il vient d'organiser à Londres une exposition sur les préjugés des Britanniques vis-à-vis des Français, et vice versa, à l'occasion du 101e anniversaire de l'Entente Cordiale.

Cette attitude pose problème, regrette-t-il, car "si on employait ce genre de commentaires contre d'autres groupes ethniques, (ce) serait considéré comme étant raciste".

Ce travers anglais a été récemment relevé par la BBC. La radio-télévision publique britannique, qui s'est penchée sur la question, estime que "les vieux stéréotypes (contre) les Français ne semblent pas vouloir disparaître au Royaume-Uni".

"Deux cents ans jour pour jour après la défaite française lors de la bataille de Trafalgar, de nombreux Britanniques continuent de voir leurs voisins d'outre-Manche avec suspicion et antipathie", écrit la journaliste Denise Winterman. Elle souligne que l'inverse n'est pas vrai: "'les Rosbifs' ne préoccupent pas beaucoup" les Français.

Pour preuve, ce sondage réalisé à l'occasion de l'exposition organisée par Richard Kaye, qui montre que 72% des Anglais jugent les préjugés antifrançais justifiés, contre seulement 19% des Français qui pensent la même chose à l'encontre des poncifs antibritanniques.

Pour le Dr Wendy Michalat, experte de la culture populaire, ce phénomène se rapporte simplement à ce que Freud appelle le "narcissisme des différences mineures". "Nous faisons grand cas de ce qui nous distingue des Français de peur de voir notre identité perdre son (caractère) unique", explique-t-elle à la BBC.

Autre travers de la presse en Angleterre, souligne Richard Kaye: "Si Jacques Chirac fait quelque chose, ils (les Anglais) disent simplement 'les Français'. Quand je parle aux Français, ils ne disent pas 'les Anglais', il disent simplement 'Tony Blair'".

"C'est du journalisme tabloïd de bas étage, (mais) le problème avec le journalisme tabloïd est que vous avez 10 millions de personnes qui lisent cela (en Angleterre), et leur attitude est influencée", souligne-t-il.

Pour autant, insiste-t-il, les Anglais adorent l'art de vivre à la Française, en rappelant que 12 millions d'entre eux se rendent en France chaque année, contre 3 millions de Français qui font le chemin inverse.

Là encore, la presse populaire n'est pas en reste et publie régulièrement de pleines pages sur les séjours touristiques en France, la gastronomie ou le chic français.

Les Français restent donc une valeur sûre de la presse anglaise, affirme Richard Kaye, pour le meilleur et pour le pire.»

Source : AFP, 28 novembre 2005

25.11.05

Canardages 23 novembre 2005


Un des éditoriaux de une s’intitule : « Couvre-feu sur le couvre-feu ». Il pointe le fait que l’on attend toujours, puisque l’on a déclenché l’état d’urgence, les CRS, les hélicos, les engins blindés. On n’a pas vue non plus de fermetures de débits de boissons, de salles de spectacles, de mise sous contrôle de la presse, toutes choses permises par cet état d’urgence. Alors, comme le dit le journal, « à quoi sert d’aller réveiller une loi d’il y un demi-siècle, la loi du 3 avril 1955 pondue en pleine guerre d’Algérie, si c’est pour lui faire faire de la figuration ? ». Et de la prolonger de trois mois puisque les choses se calment ? Hypothèse du Canard : pouvoir réactiver le couvre-feu lors des prochaines fêtes de fin d’année, lorsque les voitures ont l’habitude de brûler. Mais alors, loi d’exception pour événements routiniers ? Est-ce bien raisonnable ?

Le projet européen Reach envisageait d’analyser 100000 substances chimiques (dans les peintures, colles, plastiques...) mises sur le marché depuis un quart de siècle sans connaître leur dangerosité. Mais les industriels de la chimie sont montés au créneau : 1° cela va nous conduire à la ruine ! 2° Le projet est trop coûteux ! 3° Des millions de travailleurs vont se retrouver au chômage (antienne habituelle). Résultat : 6000 propositions d’amendements, des années de bataille, Colin Powell lui-même demandant aux ambassadeurs US de torpiller de projet. Ce dernier vient d’être voté à Strasbourg (personne n’en parle sauf le Canard, comme souvent), très allégé : seules 30000 substances seront - dans les 11 années prochaines ! - évaluées. MAIS toutes celles produites à moins de 100 tonnes par an passeront entre les mailles du filet. Soit, selon les Verts européens, 50000 molécules. Dormez tranquille, de sera pour la prochaine fois !

Des nouvelles de Monsieur Douste. Deviendrait-il lucide devant ses déboires gouvernementaux ? En tout cas, il semble qu’il regarderait à nouveau vers la Mairie de Toulouse. Malheureusement, son jeune remplaçant, Jean-Luc Moudenc, a acquit une bonne image dans la ville rose, et Dominique Baudis pourrait bien aussi avoir envie de revenir. Quand on sait que ce dernier tient Douste pour un des responsables de ses problèmes médiatiques dans l’affaire Alègre, on peut penser qu’il lui ferait plaisir de le battre. D’autant plus que Douste a déclaré au mois de mai dernier au Figaro : « l’hypothèse du retour de Baudis fait rire tout le monde ». Sauf, visiblement, Baudis. De plus, des sondages viennent de sortir. Ils sont assassins Selon Ipsos, en octobre, Baudis est crédité de 74 % de bonne opinion chez les toulousains, 55 % pour Moudenc et... 33 % seulement pour Douste-Blabla qui enregistre tout de même 56 % de mauvaises opinions. Sur toutes les autres questions, il arrive dernier. Chapeau l’artiste !

Encore quelques articles sur les banlieues. Le Canard révèle une lettre envoyée le 16 novembre par Jean-Pierre Raynaud, patron du Syndicat national des offciers de police, à Nicolas Sarkozy. Bien sûr, ce syndicat et plutôt de gauche. N’empêche, le propos est assez effrayant. Deux pages de bilan des soirées d’émeutes :
- Faute de formation, beaucoup de policiers « n’étaient pas en capacité de se servir des matériels mis à leur disposition (casques de maintient de l’ordre, grenades, flashballs) »,
- « [...] des interventions prématurées ou non préparées [...] ont provoqué la destruction ou la mise hors service de nombreux véhicules de police »,
- Faute d’une logistique efficace à l’arrière, les « fonctionnaires en opération n’ont pas pu se restaurer, se désaltérer ou se reposer »,
- Aucune cellule psychologique, pourtant mise en place pour tout problème civil. « un apport de cette nature, après dix nuits de stress, aurait été apprécié »,
- Les collègues qui souhaitaient aider leurs camarades ont été renvoyés dans leurs foyers « au prétexte que leur présence en renfort générerait trop de récupération »,
- Il cite le cas d’un jeune lieutenant que l’on a « obligé à changer d’indicatif radio afin qu’il n’apparaisse pas sur la main courante, alors qu’il était en dépassement horaire »,
- Conclusion : « Je me permets de rappeler qu’avant les événements il était dû 6 millions d’heures supplémentaires aux officiers de police ».
Où l’on voit que la police est aussi bien gérée que l’Éducation nationale. Ah non, les heures sup’ sont pour l’instant payées. Mais les changements d’échelon, vous n’en voyez la couleur qu’un an après (vous avez bien lu : vous n’êtes payés en plus qu’un an après avoir reçu votre notification de changement d’échelon).

Double peine pour les voitures : lorsque l’on vous brûle une voiture, il faut la faire enlever vous-même. Sinon, mise en fourrière et frais supplémentaires. C’est ce que vient de vivre une habitante de Gagny (93) le 2 novembre : sa voiture ayant brûlé la nuit, elle court porter plainte. Le soir, lorsqu’elle rentre chez elle, elle constate que la carcasse a été emmenée avec six autres à la fourrière. Montant : 136 d’enlèvement et 10 euros par jour supplémentaire à la fourrière. Les assureurs, en général, ne veulent rien entendre. La voiture, c’est vraiment la vache à lait des français.

Un peu de mauvaise foi. Mireille Mathieu, dans France-soir (18 novembre) : « Quand je rencontre des ministres chinois, je leur dit d’acheter des airbus ». Le Canard : « Le résultat ne s’est pas fait attendre. La Chine vient de commander à Boeing 70 exemplaires de son moyen-courrier 737, après une commande monstre de 60 long-courriers Dreamliner. On attend avec inquiétude la prochaine tournée chinoise de Mireille Mathieu. »

Dans Le Monde (19 novembre), Géraldine, 24 ans, de mère antillaise et de père africain, maîtrise de droit public, cherche du boulot depuis 6 mois : « Des entreprises qui réclamaient des débutants m’ont dit que je n’avais pas assez d’expérience ». Le Canard : « Débuter, ma chère, c’est un métier ! ».


Et enfin quelques perles :

- Dans Le Bien public , 14 novembre : « Les Zizigoths reprirent possession de toute l’Espagne ». Le Canard : « Ils sont arrivés dard-dard ! » et « Ces Wisigoths menaient les gens à la braguette ».
- Le Monde, 10 novembre : « Le véhicule de transport en coma a été pris sous un jet de coktails Molotov ». Le Canard : « Les transports en communs ? Complètement chaos ! ».
- Le Quotidien du médecin, 8 novembre, à propos du Prix Goncourt : « C’en est donc fini du suspense qui a agité le lanterneau littéraire ». Le Canard : « Le Landerneau est d’accord : le roman de Weyergans n’est pas un brûlot ».
- Télé DVD 7, 11 août (cela vient de loin parfois) : « L’enfer des trachées ». Le Canard : « Dans les tranchées allemandes, on entendait parfois : “Glotte mit uns !” ».
- Star Ac’, 15 novembre, le prof de gym : « Magalie, en une semaine 1 kilo 300 t’as repris, tu faisais 77.6 et tu fais 78.3 ». Le Canard : « On attend toujours un prof de maths à la “Starac’’ ».

23.11.05

Camille : attention, génie !


Je sais : vous allez me dire que le terme est galvaudé. C’est vrai pour beaucoup de monde. Pas pour Camille. Cette très jeune chanteuse témoigne d’une maturité absolument impressionnante. Pour tout dire, elle est insolente de talent et d’intelligence.

Je reviens d’entendre le concert qu’elle a donné ce soir à Rezé près de Nantes et c’est déjà un des concerts marquants de mon existence, avec une dimension supplémentaire, celle d’avoir le sentiment d’assister à l’éclosion d’une des musiciennes les plus importantes des décennies qui viennent si elle sait se préserver.

Ce ne fut pas un choc pour moi parce que j’aurais découvert ses chansons au concert. Je les connaissais déjà très bien grâce à mon beau-frère qui avait entendu pour la première fois la chanteuse sur FIP il y a déjà de longs mois. Ce fut un choc de voir en direct la création se réaliser avec un naturel si confondant.

Vous aussi, vous connaissez sûrement beaucoup de titres de Camille car il est impossible qu’ils n’aient pas, à quelque niveau que ce soit, marqué votre oreille : 1.2.3., Paris, Le sac des filles, La jeune fille aux cheveux blancs, Ta douleur, Vous (« Est-il bien nécessaire de me dire vous plutôt que tu Si c’est pour par derrière me botter le cul ? »), Au port...

Résumons : en seulement deux albums, Camille a déjà produit une quantité très importante de chansons dont chacune a une personnalité propre, tant et si bien qu’elles sont déjà des classiques et vont rester dans l’histoire de la musique. Un tel pourcentage de réussite pour, redisons-le, seulement deux albums, est la marque des grands. la chanteuse a déjà fait la une de Telerama en avril dernier en compagnie de Jeanne Cherhal et vient, à juste titre, de remporter le prix Constantin le 8 novembre, prix récompensant un nouvel artiste ayant marqué l'année musicale de son talent. Croyez-moi, ce n’est pas fini.

Ce soir, nous avons assisté à un concert hors normes, à tous les niveaux, avec un investissement personnel immense de la chanteuse. Elle est accompagnée par deux musiciens dont l’un est spécialisé dans les parties basses (contrebasse, guitare basse, percussions) pendant que l’autre l’est dans les instruments harmoniques (piano, accordéon). Il ne faudra pas oublier le sampler qui permet à Camille d’avoir des rythmiques délirantes grâce à ses divers bruits de bouche et claquements de mains. En effet, en introduction de presque chaque chanson, elle installe la rythmique en superposant progressivement les différents motifs, comme les couches d’un mille-feuille si vous voulez : elle chante le premier motif qui est aussitôt diffusé par la machine, puis chante le deuxième motif pendant que l’appareil diffuse le premier et enregistre ce deuxième, etc. Quand tout est prêt, Camille change de micro et le chant commence.

Un concert comme celui que je viens de suivre ne peut se concevoir sans une énorme préparation. Et pourtant, Camille laisse la place à beaucoup de possibilités d’improvisation qu’elle saisit toujours avec grand brio : dès qu’une chanson est bien lancée, elle rajoute des contrechants et contrepoints dans l’aigu ou dans le grave. Ce qui témoigne d’une oreille quasi-infaillible. Le public est dans la découvert permanente.

Dépense physique impressionnante pendant le concert, ambitus de la voix très étendu, Camille donne énormément sur scène, pour ne pas dire qu’elle donne tout. C’est pourquoi je souhaitais tout à l’heure qu’elle se préserve dans les années futures. Elle me faisait penser parfois à quelqu’un comme Janis Joplin dont on sait la fin douloureuse.

Beaucoup d’émotion, de sensibilité. Des chansons douces et émouvantes viennent apaiser de temps à autre le climat débridé. L’une d’entre elles, Mon petit vieux, montre toute l’étendu de son talent et son originalité. Pour une fille qui n’a que quelques années de plus qu’une Lorie, déclarer « C’est beau ses rides autour des yeux », c’est tout de même témoigner d’un regard distancié sur la vie et d’une attitude hors mode en nos temps de jeunisme totalitaire.

Quant à l’intelligence, on l’a dit, elle transparaît partout. On sait que la demoiselle fit Lettres sup. au lycée. Elle blague continuellement avec le public et invente un nouveau concept pour le 3e bis (donc... le ter ; en fait, il y eut quatre rappels) : la chanson « cadavres exquis » selon la méthode des surréalistes. Le public, chaque soir, fournit un nouveau vers à une chanson qui se forme donc au fur et à mesure de la tournée. Camille chante la mélodie sans les paroles, attire notre attention sur le passage qui nous concerne et demande quelques propositions. Ce soir, le mot retenu fut « Patatras » (il y avait eu « nouveau Beaujolais » un soir précédent...). Nous verrons si cette chanson insolite prendra place dans le prochain album.

Personnalité hors du commun, de celle dont on se dit : « on n’avait encore jamais entendu ça mais ce ne pouvait être que comme ça », je vous invite, si ce n’est déjà fait, à mettre ce prénom-nom CAMILLE dans votre mémoire. Il ne vous quittera plus.

Le site officiel est sur http://www.camille-lefil.com. Vous y serez accueilli par une sorte de comptine (Camille adore Prévert). La navigation est un peu complexe comme le personnage mais, avec le bon navigateur (mon Firefox sous Mac plantait quelque peu par exemple, pas mon Safari), vous pourrez entendre des extraits du premier album « Le sac des filles » (pas du second, « Le fil », trop connu) et vous rendre compte que vous connaissez un bon nombre de refrains.

22.11.05

La porte, s'il vous plaît !


« Ah ces fouançais ! » (à dire avec l’accent anglais) vont encore s’exclamer les anglo-saxons. Il faut dire que parfois nous n’en ratons pas une. Et que certains de nos compatriotes finissent par ressembler à ces belges dont nous nous gaussons si souvent dans des blagues devenues un genre à part entière.

Sandrine Hélène Sellies, 34 ans, française de son état, n’a rien trouvé de mieux pour fumer une cigarette alors qu’elle était dans un avion que... de tenter d'ouvrir la porte en plein vol ! Selon l'agence australienne de l’Associated Press qui révèle l’information, elle a comparu lundi devant un tribunal australien.

Durant le vol, notre passagère s'est dirigée, visiblement endormie, en direction d'une issue de secours de l'appareil avec une cigarette non allumée et un briquet à la main. Un personnel de bord l'a stoppée alors qu'elle tentait d'ouvrir la porte.

Il semblerait que notre compatriote était sous l'emprise d'alcool et de somnifères lorsqu'elle a embarqué samedi à bord d'un appareil de la compagnie Cathay Pacific pour relier Hong Kong à Brisbane (Australie). Son avocate, Helen Shilton, a d’ailleurs fait valoir que sa cliente avait absorbé de l'alcool pour apaiser ses angoisses de l'avion.

Sandrine Hélène Sellies a plaidé coupable de l'accusation de mise en danger par la justice australienne qui l'a soumise à une obligation de bonne conduite avec mise à l'épreuve d'un an assortie d'une amende de 1.000 dollars (730 USD) en cas de son non respect.

Elle a aussi fait état d'antécédents de somnambulisme et affirme n'avoir aucun souvenir de l'incident...

That’s incredible, isn’t it ?

Source : AFP, 21 novembre 2005

20.11.05

Banlieues, suite et fin

Je ne vais pas vous ennuyer avec ce sujet tous les jours. Je pense que ce sera la dernière fois. Mais il faut dire que l’analyse parue à la une du Monde daté de samedi (19 novembre, pp.1-2) me semble suffisamment judicieuse pour qu’on lui fasse de la publicité. Lisez-la attentivement, les mots sont soigneusement choisis, renvoient par ellipse à de nombreux événements passés. Je trouve qu’elle synthétise bien le problème qui se manifeste actuellement à travers la révolter des banlieues. Même si elle a soulevé de nombreuses protestations sur le site du Monde, de la part de personnes qui, à mon avis, prennent un élément pour en faire le problème en son entier ou sa solution.
Voici l’article :

ANALYSE
Banlieues : la provocation coloniale


Il faudra bien finir par en prendre acte : les jeunes des quartiers populaires, même ceux qui sont assez désoeuvrés, désespérés ou stupides pour brûler les voitures de leurs voisins, ne sont pas des indigènes égarés en métropole que l'on soumet à la badine (ou au Kärcher), voire que l'on expulse au besoin vers leur douar d'origine.

Il faut en prendre conscience : ce sont pour la plupart des citoyens français qui cassent pour se faire entendre. Qu'ils le veuillent ou non, ils font de la politique. Comme les agriculteurs, comme les marins de la SNCM, comme les étudiants en colère. Eux aussi savent que, depuis vingt-cinq ans, les politiques et les médias ne les ont pris au sérieux que lorsqu'ils mènent des actions violentes.

De fait, en deux semaines, ils ont ébranlé le paysage social français comme aucune action partisane ou syndicale classique ne l'avait fait depuis longtemps.

Beaucoup plus au fait des jeux du pouvoir que les "vrais" politiques ne se l'imaginent, les enfants des cités ont amené Nicolas Sarkozy à endosser l'habit qu'il avait juré de rejeter, celui d'un Charles Pasqua marchant sur les brisées du Front national, symbole du matraquage des jeunes et des expulsions d'étrangers par charters. Ils pourraient aussi obliger MM. de Villepin et Sarkozy à sortir de leur très politicienne et vaine controverse sur la "discrimination positive" pour passer enfin à l'acte en matière d'accès à l'emploi.

Leur rage n'est pas d'ordre corporatif mais civique, leurs mots ne sont pas baignés de rhétorique syndicale ou universitaire et leurs modes d'action risquent de se retourner largement contre eux. Mais quand ils scandent "J'baiserai la France jusqu'à c'qu'elle m'aime" (morceau de rap du groupe Tandem), il serait grave d'entendre une déclaration de guerre et non la fureur de ne pas être admis dans le concert national. Jacques Chirac semble l'avoir compris, qui a reconnu que les "enfants des quartiers difficiles" sont "tous les filles et les fils de la République".

L'ennui est que les mots et les actes du gouvernement démentent largement cette belle proclamation. Quelle autre catégorie sociale – routiers ? cultivateurs ? – un ministre de la République aurait-il pu menacer de "nettoyer au Kärcher" ou traiter de "racaille". A l'égard de quels autres Français les policiers utilisent-ils systématiquement le tutoiement? Face à quels autres citoyens le gouvernement exhumerait-il un texte législatif conçu pour mater une rébellion coloniale ?

Cynisme ou retour du refoulé, le recours par le premier ministre à "
la loi de 1955" sur l'état d'urgence, apparaît, au-delà du débat sur son efficacité pour ramener l'ordre, comme une provocation dont les effets psychologiques et politiques sur les millions de Français issus d'Afrique noire, du Maghreb, et singulièrement d'Algérie, n'ont pas fini de se faire sentir.


Comment M. de Villepin peut-il ignorer que la mémoire de la guerre d'Algérie, mal ou pas transmise dans les familles issues de l'immigration, reste une plaie à vif ? Une blessure dont le rappel, même implicite, n'est pas précisément le meilleur moyen de rappeler aux descendants de fellaghas qu'ils sont les "filles et fils de la République" française. Ni d'ailleurs d'indiquer aux millions de Français qui ont laissé une partie de leur jeunesse dans le djebel que les gamins qui brûlent des voitures et des écoles sont des concitoyens qui n'ont pas plus à voir avec les nationalistes algériens qu'eux-mêmes avec leurs propres parents, résistants ou pétainistes.


Brandir la loi qui, au début de la guerre d'Algérie, a légalisé la chasse au faciès et la prise en main du maintien de l'ordre et de la justice par l'armée, c'est souligner le parallélisme entre les souvenirs cuisants des répressions policières des années 1950-1960 contre les nationalistes algériens et les images des cités où vivent leurs enfants et petits-enfants. C'est renvoyer ces jeunes nés en France à une extranéité incompréhensible, révoltante.

C'est, enfin, introduire un élément de déstabilisation sociale dont les effets, peu visibles en surface, s'avèrent profonds et durables. Le gouvernement réactive ainsi les mécanismes destructeurs qui avaient opéré lors des réformes sur la nationalité de 1986 et 1993 décidées sous la pression de l'extrême droite. La remise en cause du droit du sol avait ravivé la blessure d'une nationalité française de seconde zone pour les musulmans d'Algérie, qui marqua cent trente ans de colonisation française.

Le piège des mémoires cloisonnées

"Racaille", "état d'urgence", en deux mots, l'exécutif a donné raison à ceux qui tentent de persuader les jeunes issus de l'immigration qu'ils ne sont rien d'autres que des "indigènes de la République", traités dans leur propre pays comme l'étaient leurs parents du temps des colonies. Cette analyse, popularisée dans une pétition lancée en janvier, assimile abusivement les discriminations actuelles au statut des colonisés et renvoie dramatiquement les jeunes à une identité d'éternelles victimes. Elle tend à enfermer ces derniers dans le piège des mémoires cloisonnées et définitivement antagonistes. Pourtant, en convoquant l'imaginaire colonial, le gouvernement n'est pas loin de justifier l'appel à "décoloniser la République" lancé par les "indigènes" et alimente le communautarisme qu'il prétend combattre.


Les dérapages gouvernementaux apparaissent d'autant plus préoccupants qu'ils interviennent en une période où le passé colonial, parfois manipulé, est de plus en plus souvent sollicité à l'appui des revendications identitaires et des justifications à la hargne contre la France, à Clichy-sous-Bois comme à Abidjan. L'incendie généralisé des banlieues correspond d'ailleurs aux débuts d'une sorte de relève migratoire : les enfants de l'immigration subsaharienne des années 1980 et 1990 entrent massivement sur la scène incandescente des quartiers populaires, au moment même où des enfants de Maghrébins, en partie intégrés à la classe moyenne, se vivent avant tout comme les victimes des violences et souscrivent au discours sur le rétablissement de l'ordre. Entre les mains des Français noirs, l'histoire mal digérée de l'esclavage et du colonialisme vient compléter la guerre d'Algérie comme justification à la haine des Blancs et comme clé d'explication facile aux humiliations et aux exclusions d'aujourd'hui, ainsi qu'en témoigne le succès des discours de l'"humoriste" Dieudonné.

Tant que les politiques, de gauche comme de droite, peineront à considérer les enfants d'immigrés comme des Français à 100% quelle que soit la couleur de leur peau, tant qu'un discours de vérité sur le colonialisme ne se sera pas substitué au "rôle positif de la présence française" scellé par la loi de février 2005, les jeunes des quartiers populaires, qui n'ont pourtant lu ni Franz Fanon ni Che Guevara, continueront de sentir combien le poids de cette histoire imprègne encore les regards portés sur eux.

Philippe Bernard

18.11.05

Chronique ordinaire de la haine

Loin de moi l’idée de laisser croire que dans mon esprit, dans les affrontements urbains actuels, les jeunes n’ont aucune responsabilité. Mais, en face, la partie qui représente l’Etat, la France et, espérons-le, ses valeurs, comment se comportent-ils ? Et c’est là que le bât blesse. Car, dans l’éducation - vous me direz : les policiers ne sont pas là pour faire de l’éducation ; attention, c’est le discours de Sarkozy supprimant la police de proximité -, je crois plus à l’exemple donné jour après jour qu’au discours de morale ou à la matraque, l’un et l’autre étant peut-être utiles ponctuellement.
Le témoignage lu dans Le Monde de mercredi (16 novembre, p. 21) m'a ému. Il résume particulièrement bien l’état d’esprit d’une bonne partie de la population vis-à-vis de jeunes que l’on force à ne se trouver nulle part. Trop de réflexes pavloviens, d’idées reçues, d’amalgames. Cela aussi fait partie du problème actuel. Même si je ne suis pas tout à fait d'accord avec la radicalité du dernier paragraphe, j'adhère à tout le reste. Voici l’article :


L’HUMILIATION ORDINAIRE


« Constamment contrôlés par la police. » De tous les griefs mentionnés par les jeunes révoltés du peuple de ce pays, cette omniprésence du contrôle et de l'arrestation dans leur vie ordinaire, ce harcèlement sans trêve, est le plus constant, le plus partagé. Se rend-on vraiment compte de ce que signifie ce grief ? De la dose d'humiliation et de violence qu'il représente ?

J'ai un fils adoptif de 16 ans qui est noir. Appelons-le Gérard. Il ne relève pas des "explications" sociologiques et misérabilistes ordinaires. Son histoire se passe à Paris, tout bonnement.

Entre le 31 mars 2004 (Gérard n'avait pas 15 ans) et aujourd'hui, je n'ai pu dénombrer les contrôles dans la rue. Innombrables, il n'y a pas d'autre mot. Les arrestations : Six ! En dix-huit mois... J'appelle "arrestation" qu'on l'emmène menotté au commissariat, qu'on l'insulte, qu'on l'attache à un banc, qu'il reste là des heures, parfois une ou deux journées de garde à vue. Pour rien.

Le pire d'une persécution tient souvent aux détails. Je raconte donc, un peu minutieusement, la toute dernière arrestation. Gérard, accompagné de son ami Kemal (né en France, Français donc, de famille turque), est vers 16 h 30 devant un lycée privé [fréquenté par des jeunes filles]. Pendant que Gérard fait assaut de galanterie, Kemal négocie avec un élève d'un autre lycée voisin l'achat d'un vélo. Vingt euros, le vélo, une affaire ! Suspecte, c'est certain. Notons cependant que Kemal a quelques euros, pas beaucoup, parce qu'il travaille : il est aide et marmiton dans une crêperie. Trois «petits jeunes» viennent à leur rencontre. Un d'entre eux, l'air désemparé : «Ce vélo est à moi, un grand l'a emprunté, il y a une heure et demie, et il ne me l'a pas rendu.» Aïe ! Le vendeur était, semble-t-il, un «emprunteur». Discussion. Gérard ne voit qu'une solution : rendre le vélo. Bien mal acquis ne profite guère. Kemal s'y résout. Les «petits jeunes» partent avec l'engin.

C'est alors que se range le long du trottoir, tous freins crissants, une voiture de police. Deux de ses occupants bondissent sur Gérard et Kemal, les plaquent à terre, les menottent mains dans le dos, puis les alignent contre le mur. Insultes et menaces : «Enculés ! Connards !» Nos deux héros demandent ce qu'ils ont fait. «Vous savez très bien ! Du reste, tournez-vous - on les met, toujours menottés, face aux passants dans la rue -, que tout le monde voie bien qui vous êtes et ce que vous faites !» Réinvention du pilori médiéval (une demi-heure d'exposition), mais, nouveauté, avant tout jugement, et même toute accusation. Survient le fourgon. «Vous allez voir ce que vous prendrez dans la gueule, quand vous serez tout seuls.» «Vous aimez les chiens ?» «Au commissariat, y aura personne pour vous aider

Les petits jeunes disent : «Ils n'ont rien fait, ils nous ont rendu le vélo.» Peu importe, on embarque tout le monde, Gérard, Kemal, les trois «petits jeunes», et le vélo. Serait-ce ce maudit vélo, le coupable ? Disons tout de suite que non, il n'en sera plus jamais question. Du reste, au commissariat, on sépare Gérard et Kemal des trois petits jeunes et du vélo, trois braves petits «blancs» qui sortiront libres dans la foulée. Le Noir et le Turc, c'est une autre affaire. C'est, nous raconteront-ils, le moment le plus «mauvais». Menottés au banc, petits coups dans les tibias chaque fois qu'un policier passe devant eux, insultes, spécialement pour Gérard : «gros porc», «crado»... On les monte et on les descend, ça dure une heure et demie sans qu'ils sachent de quoi ils sont accusés et pourquoi ils sont ainsi devenus du gibier. Finalement, on leur signifie qu'ils sont mis en garde à vue pour une agression en réunion commise il y a quinze jours. Ils sont vraiment dégoûtés, ne sachant de quoi il retourne. Signature de garde à vue, fouille, cellule. Il est 22 heures. A la maison, j'attends mon fils. Téléphone deux heures et demie plus tard : «Votre fils est en garde à vue pour probabilité de violences en réunion.» J'adore cette «probabilité». Au passage, un policier moins complice a dit à Gérard : «Mais toi, il me semble que tu n'es dans aucune des affaires, qu'est-ce que tu fais encore là ?» Mystère, en effet.

S'agissant du Noir, mon fils, disons tout de suite qu'il n'a été reconnu par personne. C'est fini pour lui, dit une policière, un peu ennuyée. Tu as nos excuses. D'où venait toute cette histoire ? D'une dénonciation, encore et toujours. Un surveillant du lycée aux demoiselles l'aurait identifié comme celui qui aurait participé aux fameuses violences d'il y a deux semaines. Ce n'était aucunement lui ? Un Noir et un autre Noir, vous savez...

A propos des lycées, des surveillants et des délations : j'indique au passage que lors de la troisième des arrestations de Gérard, tout aussi vaine et brutale que les cinq autres, on a demandé à son lycée la photo et le dossier scolaire de tous les élèves noirs. Vous avez bien lu : les élèves noirs. Et comme le dossier en question était sur le bureau de l'inspecteur, je dois croire que le lycée, devenu succursale de la police, a opéré cette «sélection» intéressante.

On nous téléphone bien après 22 heures de venir récupérer notre fils, il n'a rien fait du tout, on s'excuse. Des excuses ? Qui peut s'en contenter ? Et j'imagine que ceux des «banlieues» n'y ont pas même droit, à de telles excuses. La marque d'infamie qu'on veut ainsi inscrire dans la vie quotidienne de ces gamins, qui peut croire qu'elle reste sans effets, sans effets dévastateurs ? Et s'ils entendent démontrer qu'après tout, puisqu'on les contrôle pour rien, il se pourrait qu'ils fassent savoir, un jour, et «en réunion», qu'on peut les contrôler pour quelque chose, qui leur en voudra ?

On a les émeutes qu'on mérite. Un Etat pour lequel ce qu'il appelle l'ordre public n'est que l'appariement de la protection de la richesse privée et des chiens lâchés sur les enfances ouvrières ou les provenances étrangères est purement et simplement méprisable. 
»

Alain Badiou, philosophe, professeur émérite à l'Ecole normale supérieure, dramaturge et romancier.

16.11.05

C'est beau, la vie !


Aujourd’hui, changeons un peu de thème et remontons-nous le moral par une charmante histoire.
Quel est l’animal le plus vieux du monde ? On ne le sait peut-être pas, mais il faut sûrement mettre parmi la liste une tortue géante des Galapagos appelée Harriet. Elle vient tout juste de fêter mardi ses... 175 ans ! Avec un gâteau rose à la fleur d'hibiscus.

Depuis dix-sept ans, cette tortue vit à l'Australia Zoo, dans le nord de l'Australie (au nord de la ville de Brisbane). D’après l’établissement, elle aurait été recueillie par le scientifique Charles Darwin en 1835. Cette année-là, le naturaliste avait ramené plusieurs tortues géantes à Londres alors qu'il revenait de son voyage des îles Galapagos. Il aurait ainsi rapporté la petite créature âgée de 5 ans.

Un animal historique donc, dans les différentes acceptions du terme. En tout cas, même si certains historiens doutent de cette légende (les tests montrent qu'Harriet appartient à une sous-espèce retrouvée uniquement sur une île que Darwin n'aurait jamais visitée), il n'y a pas de mystère sur l'âge de l’animal, pris pendant plus d'un siècle pour un mâle et baptisé à l'époque Harry. Des tests d'ADN montrent que cette tortue aurait environ l'âge annoncé. Elle est reconnue par le livre Guinness des records comme le plus vieux reptile avec une carapace de plaques osseuses, ou "chelonien", vivant.

Steve Irwin, propriétaire du zoo et défenseur australien de l'environnement, est tout fier : "Elle est sans aucun doute le plus vieil animal vivant au monde (...). Je ne vois pas pourquoi elle ne pourrait pas vivre jusqu'à 200 ans", a-t-il déclaré au livre Guinness des records.

Le lièvre est mort depuis longtemps. La tortue, elle, court toujours. Enfin, court...

15.11.05

Triste comédie


Devant une telle nouvelle, on est atterré. Que le culte de la personnalité d’un dirigeant soit encore autant d’actualité laisse pantois.

Le Turkménistan est une république d’Asie centrale dirigée dès avant la chute de l'URSS par un président, Saparmourat Niazov qui, on en a eu des échos, est un autocrate qui a organisé depuis des années un véritable culte autour de lui et de sa famille.

Cette fois-ci, il dépasse les bornes. Monsieur n’a rien trouvé de mieux que de se prendre pour Hippocrate et d’estimer avoir écrit un livre saint !
Tout le monde sait que chaque médecin doit, en général, avant d’être officiellement admis, prononcer le serment d’Hippocrate, dont voici la version récente :

« Au moment d'être admis(e) à exercer la médecine, je promets et je jure d'être fidèle aux lois de l'honneur et de la probité. Mon premier souci sera de rétablir, de préserver ou de promouvoir la santé dans tous ses éléments, physiques et mentaux, individuels et sociaux. Je respecterai toutes les personnes, leur autonomie et leur volonté, sans aucune discrimination selon leur état ou leurs convictions. J'interviendrai pour les protéger si elles sont affaiblies, vulnérables ou menacées dans leur intégrité ou leur dignité. Même sous la contrainte, je ne ferai pas usage de mes connaissances contre les lois de l'humanité. J'informerai les patients des décisions envisagées, de leurs raisons et de leurs conséquences. Je ne tromperai jamais leur confiance et n'exploiterai pas le pouvoir hérité des circonstances pour forcer les consciences. Je donnerai mes soins à l'indigent et à quiconque me les demandera. Je ne me laisserai pas influencer par la soif du gain ou la recherche de la gloire.

Admis(e) dans l'intimité des personnes, je tairai les secrets qui me seront confiés. Reçu(e) à l'intérieur des maisons, je respecterai les secrets des foyers et ma conduite ne servira pas à corrompre les mœurs. Je ferai tout pour soulager les souffrances. Je ne prolongerai pas abusivement les agonies. Je ne provoquerai jamais la mort délibérément.

Je préserverai l'indépendance nécessaire à l'accomplissement de ma mission. Je n'entreprendrai rien qui dépasse mes compétences. Je les entretiendrai et les perfectionnerai pour assurer au mieux les services qui me seront demandés.

J'apporterai mon aide à mes confrères ainsi qu'à leurs familles dans l'adversité. Que les hommes et mes confrères m'accordent leur estime si je suis fidèle à mes promesses ; que je sois déshonoré(e) et méprisé(e) si j'y manque. »

(Serment réactualisé par le Pr Bernard Hœrni, Bulletin de l'Ordre des médecins, n° 4, avril 1996. Vous pourrez trouver la version originelle, traduite par Littré, sur http://www.ordre-medecin-nord.org/ConseilOrdre/SermentHippocrate.htm).


Dorénavant donc, les médecins turkmènes devront, avant de prendre leurs fonctions et en lieu et place du serment d'Hippocrate, jurer fidélité au président Saparmourat Niazov et à son livre, le Rukhnama.

"Ayant reçu la haute qualification de médecin et en exerçant l'activité professionnelle, je me mets solennellement à genoux, jurant fidélité au précepte du Grand Saparmourat (Niazov) Turkmenbachi (leader de tous les Turkmènes) et aux grands idéaux du Saint Rukhnama", dit ce nouveau serment, publié par le quotidien officiel Neutralnii Turkmenistan mardi.

Le Rukhnama, qui se veut un guide spirituel pour le peuple turkmène, est étudié dans toutes les écoles du pays et les fonctionnaires sont interrogés sur son contenu tous les ans. Ce nouveau serment fixe aussi une dizaine de règles morales et interdit l'euthanasie.

M. Niazov avait fait fermer au début de l'année les hôpitaux de province, estimant plus rentable que toute la population se fasse soigner dans la capitale, Achkhabad.

Que dire de plus ? Aller voir le rapport d’Amnesty international ? Si vous le voulez. A l’adresse http://web.amnesty.org/library/Index/FRAEUR610162003?open&of=FRA-TKM. Pffff...

Source : AFP-15 novembre 2005

12.11.05

Canardages 9 novembre 2005


Amis blogueurs, pardonnez-moi pour l’absence de canardages de la semaine dernière. Allons-y pour cette semaine.

Beaucoup d’articles autour des violences en banlieues naturellement. À commencer par le titre : « Villepin veut être chef d’État. D’urgence ! ». Et rappel d’une phrase de Pascal Clément, grade des Sceaux, qui n’en rate pas une : « Je souhaite que nous puissions adresser un message clair aux français d’une part, aux délinquants d’autre part ». Bel exemple de non-intégration... dans les pensées ! Les délinquants ne sont donc pas français, semble-t-il et aucun français n’est délinquant ! Popur rire, le Canard mentionne aussi une sortie d’Éric Raoult, député-maire UMP de Raincy, qui a lancé sur France-Inter lundi soir à 19h20 : « Ceux qui veulent faire des conneries chez nous, je leur dis : “Allez dans le XVIe, le VIIe, Neuilly, dans les beaux quartiers, mais pas ici, pas chez nous. Ce n’est pas acceptable, ce qui se passe ici.” ». Il va sûrement se faire des amis parmi ses compagnons de parti. Sûr, ajoute le Canard, qu’au « prochain débat [...] le banlieusard en furie Raoult fournit l’adresse et le Digicode des planqués parisiens de l’UMP. Sans oublier l’immatriculation de leurs voitures, un bidon d’essence et les allumettes. »

Des policiers viennent d’être incarcérés pour une bavure relatée à la télévision. Mais d’autres faits trés limites avaient déjà fait l’objet d’une retransmission dans l’émission Sept à huit  de TF1 (mais oui). Une enquête est d’ailleurs en cours à la demande du préfet. Contrôle d’identité de quelques jeunes à Lyon. Les jeunes ont apparemment asez vite repéré qu’ils étaient filmés quand les policiers ne s’en sont pas, eux, rendu compte. Résultat : des jeunes qui paraissent angéliques. Mais les réponses qu’on leur fait sont inadmissibles. Florilège :
- À un jeune qui proteste, un policier crie « ta gueule ! ». « Vous nous dites “ta gueule” et on n’a rien fait, m’sieur ». « Tu veux que je t’emmène dans un transformateur ? »...
- Un autre se tient à distance et ironise sur le crâne dégarni d’un policier : « C’est bien fait ! T’as le cancer ! T’as plus de cheveux ! ». « Eh ! Tu veux griller toi aussi avec tes copains ? Tu veux aller dans un transfo ? Ramène ta gueule, on va t’en mettre ».
- Le premier gamin reprend : « Si c’est comme ça, vous croyez que tout le quartier il va se calmer ? » « Que le quartier se calme ou pas, on s’en branle. Nous, à la limite, plus ça merde, plus on est contents ».
Ont-ils conscience que ce sont tous ces incidents qui aggravent le problème, jour après jour ?

Hervé Gaymard enfin relogé. On avait déjà évoqué sa tentative de devenir critique littéraire au Figaro, laquelle s’était résumée à une seule chronique. Or, notre homme s’ennuie terriblement aux finances où il a retrouvé un poste d’administrateur civil. Il est d’ailleurs souvent en province. Mais, l’Élysée, dont il est le chouchou, veille au grain. Ainsi, notre ex-ministre des finances va sans doute récupérer dans peu de temps la direction de l’Agence française du développement. Cette A.F.D. dispose d’importants crédits et dépend de la Direction générale de la coopération internationale et du développement, qui gère près de 60 % des crédits du ministère des Affaires étrangères où, d’ailleurs, cette nomination un peu forcée fait grincer quelques dents. Pourtant, réfléchit le Canard, « question “développement” de l’immobilier de fonction, peu de hauts fonctionnaires peuvent se flatter d’avoir autant de références qu’Hervé Gaymard ».

Vous vous souvenez également, j’espère, de la sortie égrillarde de Christian Poncelet face à ceux qui le trouvent trop vieux pour le poste de président du Sénat. Il avait en même temps affirmé qu’il avait été champion de boxe à 22 ans. Alors, attention ! Malheureusement, après enquête du Canard, il n’en est rien. Mais, il y a bien eu un Christian Poncelet champion de boxe : 8 fois champion de France des moyens dans les années 70. C’est bien sûr un homonyme. Mais les deux sont nés dans les Ardennes (le sénateur à Blaise en 1928 et le boxeur à Asfeld en 1947). Comme le dit le Canard : « Curieux transfert de personnalité [...]. Il doit vraiment rêver de monter sur le ring pour massacrer ses adversaires Raffarin, Gaudin et Lambert ! »

Si vous regardez Les Guignols de l’info (Canal+), vous savez que la marionnette de Douste-Balzy est particulièrement soignée : la mèche, etc. et un ministre dépassé, qui « apprend ». Malheureusement, ce n’est pas si éloigné de la réalité. Le Canard raconte encore quelques anecdotes récentes.
Douste reçoit le vice-premier ministre thaïlandais Surakiart Satirathai, candidat très sérieux au remplacement de Kofi Annan à la tête de l’ONU. Personnage important donc. Eh bien, pendant une bonne partie de l’entretien, Douste répond au téléphone, parcourt un parapheur, signe parfois. Le vice-premier ministre est tellement outré qu’il s’en étonne en termes diplomatiques auprès de diplomates français, qui se font un main plaisir de le répéter à l’Élysée où Douste n’est pas en odeur de sainteté.
Le 6 octobre, le ministre reçoit la (vice ?)présidente du Sri Lanka, Chandrika Kumaratunga. Elle vient appuyer la candidature du vice-ministre précédent à l’ONU. Erreur de traduction ? Mauvaise compréhension ? Douste se met à confondre la Thaïlande et Taïwan ! Son interlocutrice lui fait remarquer que Taïwan ne fait pas partie de l’ONU et que son vice-président n’a donc guère de chances d’accèder au secrétariat général de l’ONU.
Cette fois-ci, les gaffes de Douste-Blabla ne font plus rire à l’Élysée.

Quelques perles :

- Dans Le Figaro (24 octobre) : « Pour François Chérèque, le challenge principal est de remettre le turbot sur le retour à l’emploi. » Le Canard : « Mettre le turbo contre le chômage ? L’opposition dit “Ouïe” ! »
- Dans Le Progrès (29 octobre) : « Le chat a été placé à la fourrière animale, où il doit rester en quarantaine au moins trnte jours ». Le Canard : « De quoi se faire du mauvais cent ! »

Les dessins de la semaine :

- En relation avec un feuilleton qui fat grand bruit actuellement, Chirac et Bernadette sont habillés comme au Moyen-Âge, et le président s’écrie en se tenant la tête : « Le référendum !La chômage ! Les grêves ! Sarko ! Et maintenant l’émeute ! JE SUIS MAUDIT ! »
- Un fonctionnaire devant une armire bourrée à craquer de dossiers : « Un plan pour les banlieues ? Quel millésime ? »
- Chirac, devant une carte de France sur laquelle on a épinglé tous les foyers d’émeutes, circonspects et quelque peu hagard : « Je n’imaginais pas qu’il y avait autant de banlieues ».
- Chirac, en compagnie de Bernadette qui tricote : « Mais enfin... Qu’est-ce qu’ils veulent tous ces jeunes de banlieues ? » « Ils veulent la même chose que la dernière fois... Je crois... » «  Et... La dernière fois, qu’est-ce qu’ls voulaient ? »
- Il faut des emplois pour la banlieue. Borloo, aussi chiffé que d’habitude, à Villepin : « Ça va sûrement embaucher dans l’automobile ».
- Sarko a-t-il mis le feu aux poudres ? Conseil des ministres, il se défend : « De toutes façons, ça aurait explosé un jour ! ». réplique de Chirac : « Y avait pas urgence ».
- Toujours au conseil des ministres. Chirac : « Il y a des mots qu’il ne faut pas employer quand le climat est tendu dans les zones où les populations sont... Comment dire ?... » Tête de Sarkozy, Villepin prolonge : « Victimes de la fracture sociale ». Étonnement de Sarkozy. Chirac : « Puisque nous parlions des mots qu’il est préférable de ne pas employer... » Sourire de Sarkozy.
- Un avis autorisé pour sauver la France. Raffarin, en train de lire avec ses demi-lunes un journal qui titre « révolte dans les banlieues » : « Si vous avez besoin d’un spécialiste de la France d’en bas !... »
- Une femme à son mari qui tient un livre : « Houellebecq n’a pas eu le Goncourt ! ». Le mari : « Qu’est-ce que je fais ? Je le lis quand même ? »
- Enfin, il faut parler aux jeunes un langage qu’ils comprennent. Des CRS, très mai 68 (boucliers ronds...), s’adressant à des jeunes : « Calmez-vous ! Le plan Borloo va être accéléré ! » [j’en rigole encore]

11.11.05

Avalanche de records (2)


Pour donner une touche un peu plus culturelle au journal monstrueux ci-dessous (à lire en premier), rien de tel qu’une grille de mots croisés géants, comme Christophe les aime. Mais, attention : vous ne pourrez pas non plus l’acheter chez votre marchand de journaux du coin !

Un verbicruciste (et non cruciverbiste comme l’affirment l’AFP - qui peut donc se tromper - ou Europe 1 - qui ne fait que reprendre l’information) nommé Alain Brunet, âgé de 52 ans et habitant de Mertzwiller dans le Bas-Rhin, vient de créer "la plus grande grille de mots croisés jamais réalisé en France". C’est un amoureux des mots puisqu’il joue avec depuis environ 40 ans : passionné de mots croisés depuis son plus jeune âge, il s’est ensuite mis intensivement au Scrabble puis, depuis 5 ans, a commencé à réaliser ses propres grilles. Il a d’ailleurs vendu des grilles de Scrabble à un hebdomadaire parisien alors qu'il travaillait encore chez Drouant.

Pendant cinq ans, il s'est levé presque toutes les nuits pour achever son chef d’œuvre qu’il vient de surnommer "Crucial Défi", une grille de deux mètres sur deux, constituée de 250 lignes horizontales et verticales, comportant pas moins de 18.261 définitions recueillies dans 158 pages ! Il fait le fier : "Pas n'importe lesquelles, parce que je suis un vicieux. Vous ne trouverez pas dix fois le même mot et il y a beaucoup de mots de 7 à 12 lettres. Pour augmenter la difficulté, il n'y a presque pas de féminins pluriels et peu de verbes conjugués qui permettent trop souvent de deviner les quatre dernière lettres". Il reconnaît juste une petite erreur : « j'ai écrit “craote” au lieu de “croate” alors j'ai mis en définition croate au cœur renversé ».

On trouve naturellement des mots rares, comme "ilang-ilang", ou des "vroom" et des "sbrinz" à côté du traditionnel couteau basque Yatagan. Comme il est un grand joueur de Scrabble, l’auteur affectionne les mots aux lettres rares comme les y ou les z. Un côté artiste se révèle lorsqu’on s’aperçoit qu’il a créé quelques figures de mosaïque avec les cases noires.

Alain Brunet, désormais magasinier après avoir été dans la restauration, vit un peu en bohème sous les toits de sa pizzeria, aujourd'hui fermée. Il aimerait donc bien rentabiliser son « invention ». Pour cela, il souhaite trouver des partenaires pour organiser un "championnat" où les amateurs auraient six mois pour résoudre la grille et trouver un éditeur qui mettrait la grille sur un site internet. Impossible de lui souffler la grille, elle est désormais déposée à l'Institut national de la propriété intellectuelle (I.N.P.I.) avec ses définitions et, pour prouver qu'il est bien l'inventeur de Crucial Défi, Brunet a composé, en plusieurs définitions qui se suivent, une phrase comportant son nom et son prénom.

Je ne sais pas combien de temps il me faudrait pouyr remlir cette grille...

Source : AFP, 10 novembre 2005 ; Europe 1, 11 novembre 2005 (interview du journal de midi)

Avalanche de records (1)


Comme je sais maintenant que Cacou apprécie les records lorsqu’ils sont gratuits, je n’hésite pas à en ajouter deux qui viennent d’être réalisés.

Le premier concerne "le plus grand journal du monde". On aimerait y lire les informations les plus pointues. Malheureusement, il s’agit du Sun, quotidien anglais spécialisé dans les scandales, surtout royaux.

Enfin, les concepteurs viennent de réaliser un certain exploit : ce numéro de l'édition de lundi mesure 3 mètres sur 2,40 m. Il compte 60 pages, ce qui est normal bien qu’un peu plus gros qu’un quotidien français (sauf Libération lorsque Serge July avait sorti une version à 80 pages !). Il faut dire que même pour des journaux relativement sérieux, il n’est pas rare de lire des pleines pages d’articles sur : « Comment j’ai rencontré mon mari dans un aéroport », « comment j’ai rencontré le mien dans le métro » et autres sujets particulièrement intéressant. Le problème de notre exemplaire géant est de le tenir pour le lire, comme le ferait tout mari normalement constitué rentrant du boulot (cliché éculé ; si, en plus, on l'a rencontré dans un aéroport ou dans le métro...) : non seulement la taille est peu pratique, mais il pèse 110 kilos ! Il est, de plus, difficile, de se le procurer car il n’a été tiré qu’à un seul exemplaire. On se demande bien pourquoi. Les presses qui éditent quotidiennement les 3,3 millions d'exemplaires (!) du Sun étant trop petites, il a fallu faire appel à une imprimerie spéciale, dans le Derbyshire, au centre de l'Angleterre.
Le Sun est en train de se battre pour avoir une entrée dans l'édition 2007 du Livre des records.

Anecdote personnelle. Je me souviens d’avoir vu au Mont-Dore le livre le plus cher du monde à son époque : « Le Livre de l’Apocalypse », projet de l’éditeur parisien Joseph Forêt entre 1958 et 1961, illustré par des personnes de la dimension de Dali, Foujita ou Buffet, dans un format de 86 par 78 cm et 210 kg ! Il avait alors fait le tour de la planète avant d’être légué à sa ville natale par l’éditeur en 1990. Du coup, sur l’impulsion de Roger Erasmy, une grande manifestation culturelle s’est déroulée autour de ce livre au Mont-Dore en février-mars de cette année, intitulée « Apocalypse Dore ».

Source : AFP, 10 novembre 2005

10.11.05

Noël au balcon...


Mesdames, Mesdemoiselles... Messieurs, oui, aussi, pour d’autres raisons...
Vous avez froid l’hiver ? La morsure des températures hivernales atteint jusqu’à votre balcon (pardon) ? Le Japon a la solution. Un fabriquant de lingerie féminine a en effet dévoilé à Tokyo un nouveau modèle de soutien-gorge qui doit permettre aux femmes de passer l'hiver au chaud. Comment fera-t-il, me direz-vous ? Grâce au micro-ondes ! Ces soutiens-gorge sont en effet susceptibles d’être réchauffés dans cet appareil que tout le monde maintenant possède.

L'inventeur triomphe et pour cause : il s’agit de la société Triumph International. Il se flatte même d’être écologiste puisqu’il a expliqué que son nouveau produit s'inscrivait dans le cadre de la campagne officielle "Warm Biz", qui incite les Japonais à porter des gros pulls et autres vêtements chauds au bureau afin de réaliser des économies de chauffage et de protéger l'environnement. Rappelez-vous, les ministres japonais étaient, il y a peu, invités à travailler en bras de chemise pour modérer les climatisations.

Voici la technique : le soutien-gorge magique, digne dessins animés Disney (pardon, bis), comporte des coussinets que l'on peut remplir à l'aide d'un gel réutilisable, pouvant se réchauffer au micro-ondes ou même au bain-marie.

Alors, bien sûr, ce qu’il gagne en efficacité thermique, il le perd en vertus affriolantes : il peut même s'enrouler comme un boa afin de réchauffer le cou de la femme qui le porte en même temps que sa poitrine. Endin, tout est une question de goût. Après tout, s’enrouler come un boa... on n’est pas loin du serpent d’Adam et Eve.

Amies blogueuses, il vous faudra patienter avant de pouvoir essayer cet engin si cela vous dit : le fabriquant a affirmé ne pas vouloir commercialiser sa trouvaille dans l'immédiat. Il se contentera pour l'instant d'utiliser les technologies mises en œuvre pour le soutien-gorge chauffant afin de développer d'autres vêtements aux propriétés thermiques. Dommage, non ?

Source : AFP, 9 novembre (repris dans le journal de 18h de RTL)

9.11.05

Toujours rester optimiste


Au moment où l’on célèbre les dix ans de la poignée de main Rabin / Arafat et l’enlisement tragique de la paix depuis l’assassinat du premier, il faut tout de même donner écho à quelques percées de lumière dans ce brouillard de haines.
La mort d’un petit palestinien, des armes des israéliens, va pourtant sauver la vie à d’autres enfants du camp ennemi. Cela par la volonté de parents admirables. C’était le cadre d’un article du Monde hier (08.11.05, p. 6). Je trouve dommage que ce genre d’information ne soit pas autant relayé. Cela pourrait donner des idées et étendre l’apaisement. Voici l’article :

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Le don “de paix” d'un Palestinien de 12 ans tué par l'armée israélienne
JÉRUSALEM
CORRESPONDANTE

Ahmed Al-Khatib, 12 ans, jouait dans la rue, jeudi 3 novembre, avec ses cadeaux reçus pour marquer la fin du Ramadan. Comme la plupart des enfants palestiniens, il brandissait sa toute nouvelle arme en plastique. Les soldats israéliens, en mission dans le camp de réfugiés de Jénine, ont confondu Ahmed avec l'un des militants du Jihad islamique qu'ils étaient venus arrêter. Pris pour cible, l'enfant a reçu plusieurs balles, dont l'une à la tête. Transporté dans un hôpital israélien, à Haïfa, il est décédé de ses blessures samedi.

La mort d'Ahmed Al-Khatib va sans doute sauver la vie d'au moins trois enfants israéliens. Dans un geste rare, les parents du jeune garçon ont décidé de faire don des organes de leur fils. « Nous voulons adresser un message de paix à la société israélienne, au ministère de la défense et au Parlement israélien », a affirmé Ismail Al-Khatib, le père d'Ahmed...

« Ils [les militaires israéliens] ont tué mon fils qui était en bonne santé ; nous voulons donner ses organes à ceux qui en ont besoin », a ajouté M. Al-Khatib, dont l'un des frères est mort faute d'avoir pu recevoir une greffe de foie. « Que [le receveur] soit Palestinien ou Israélien ne nous pose aucun problème », a tenu à préciser la mère d'Ahmed.

Deux enfants juives et une jeune fille druze ont reçu les poumons, le foie et le coeur du jeune Palestinien. M. Khatib espère pouvoir rencontrer les familles concernées. Le père de Samah, la fillette druze de 12 ans, qui était en attente d'une greffe de coeur depuis cinq ans, a salué « le geste d'amour » des parents d'Ahmed et promis de les inviter prochainement en Israël. « Je voudrais qu'il considère désormais notre fille comme leur fille. »

Samedi, à Jénine, des milliers de personnes, dont des centaines d'enfants, ont participé aux funérailles du jeune garçon. Certains brandissaient des photos de Mohammed al-Doura, le jeune Palestinien de Gaza dont la mort avait été filmée en direct au tout début de l'Intifada. Des pancartes proclamaient aussi : « Cessez de tuer des enfants palestiniens. »

Selon l'organisation israélienne de défense des droits de l'homme B'Tselem, 664 mineurs ont été tués par l'armée israélienne depuis septembre 2000. Tsahal a exprimé ses « regrets » après la mort du jeune garçon.

STÉPHANIE LE BARS

8.11.05

Une nouvelle maladie, ou une nouvelle gloire : la cinéphagie


Dans la lignée des records inutiles qui font tant bondir Cacou, voici celle de la « cinéphagie ».

Combien de films à la suite pourriez-vous ingurgiter (vous verrez que ce dernier terme n’est pas choisi au hasard) ? Quatre ? Cinq ? Petit joueur ! C’est à peu près ce qu’arrivent à faire les passionnés de la fête du cinéma. Vous n’êtes pas prêts d’entrer dans le livre des records !

Quatre Norvégiens, trois hommes et une femme, qui étaient entrés vendredi dernier dans un cinéma de Fredrikstad, au sud-est de la Norvège, en sont ressortis hier, pâles et exténués, 38 films et 70 heures et 33 minutes plus tard, établissant un nouveau record mondial de ce qu’il faut bien appeler la cinéphagie. Selon la radio NRK, les quatre cinéphiles ont battu l'ancien record qui était de 70 heures et neuf minutes.

Au programme, ils ont pu visionner un panel diversifié de films allant de Charlie et la Chocolaterie à Zozo, une œuvre relatant la vie d'un petit Libanais ayant fui la guerre dans son pays d'origine et qui peine à s'intégrer en Suède, son pays d'accueil. Bref, pas que des classiques.

Bien sûr, le retour dans le réel fut brutal : Mats Peder Nilsen, un des nouveaux titulaires du record a avoué : « Ce matin, j'ai tout vomi, je ne réussissais pas à manger. Je tremblais et je me sentais très mal ». J’aurais bien aimé qu’une enquête soit faite, du style : racontez-moi le scénario de tel film. Il y aurait sans doute eu de furieux mélanges.

Selon le site internet de NRK, ils étaient 11 au total à tenter l'aventure vendredi matin. Mais sept d'entre eux se sont prématurément endormis. Ils auront, au moins, évité de gâcher un petit-déjeuner...


Source : AFP, 7 novembre 2005

6.11.05

La terre tourne autour du soleil. Vous ne le saviez pas ?


Il n’y a pas que dans la musique que l’on fait en ce moment des découvertes étonnantes (voir Mozart précédemment). On vient en effet de découvrir les restes de Nicolas Copernic. Je laisse la parole au ou à la journaliste de l’AFP :

« Des archéologues polonais ont annoncé jeudi la découverte très probable à Frombork, dans le nord de la Pologne, des restes de l'astronome Nicolas Copernic, auteur de la théorie héliocentrique au XVIe siècle.

"Il est très probable qu'il s'agisse du crâne de Nicolas Copernic", a déclaré l'archéologue Jerzy Gassowski, de l'Institut d'Anthropologie et d'Archéologie de Pultusk (centre), qui a procédé à des fouilles dans la cathédrale de Frombork. L'astronome était chanoine dans cette église.

Le crâne a été transféré au laboratoire de la police à Varsovie qui a reconstitué de façon virtuelle le visage de l'homme septuagénaire enterré près de l'autel de la cathédrale [voir photo].

Les résultats de ces travaux ont ensuite été comparés avec les portraits existants de Nicolas Copernic et ont fait apparaître des ressemblances. En particulier, une cicatrice visible sur un portrait correspond à une trace découverte sur une arcade sourcilière du crâne, selon les archéologues.

"Notre théorie de départ, selon laquelle les chanoines étaient enterrés à l'époque près de l'autel de leur église, s'est confirmée", s'est félicité M. Gassowski à la télévision TVN24.

Nicolas Copernic est né à Torun (nord de la Pologne) en 1473. Il est mort 70 ans plus tard à Frombork.

Contrairement à la théorie géocentrique de Ptolémée, il élabora sa théorie héliocentrique qui fait état du double mouvement des planètes, sur elles-mêmes et autour du Soleil.

Son oeuvre la plus célèbre, à l'origine de la révolution scientifique du XVIIe siècle, De revolutionibus orbium caelestium (De la révolution des orbes célestes) fut publiée quelques jours avant sa mort, puis condamnée par le pape Paul V en 1616 comme contraire aux Ecritures. »

En 1633, Galilée, alors âgé de 70 ans, poussé par le pape Urbain VIII et la congrégation du Saint-Office, bras judiciaire de l'Inquisition, à abjurer le système héliocentrique de Copernic, dont l'œuvre venait d'être mise à l'Index, renia ses convictions scientifiques. Mais il murmura : « Et pourtant elle tourne ». L'Eglise l’a réhabilité en 1992 (!).

Source : AFP, 4 novembre 2005

5.11.05

Wallace et Gromit dans : "Le mystère du lapin-garou"


Ah, Wallace et Gromit. Je fais partie des pionniers qui ont découvert les premiers longs métrages il y a déjà plus de dix ans, dans un cinéma Art et essai de Nantes et en VO. J’avais déjà été conquis. Puis il y eu, par la même équipe de Nick Park, Chicken run, la Grande évasion chez les poules, avec des phrases mémorables du style : « elle n’a rien dit ; sinon, je lui aurais prêté un œuf » (une des poules, devant le destin inéluctable d’une de leur congénères qui va se faire trucider sur le billot pour cause de non-ponte) et un doublage en français très dynamique (Josiane Balasko, Gérard Depardieu...). Mais le chien le plus célèbre de la pâte à modeler et son maître n’étaient pas de la partie. C’est maintenant le cas, avec le premier long métrage, fruit de six ans de travail.

Wallace, c’est le maître, inventeur, fou de fromage, et Gromit, son chien, tout aussi intelligent mais non doué de la parole. Dans le film qui nous intéresse, ils doivent chasser les lapins de toute une ville afin d’en sauver les potagers : un concours du plus gros légume se prépare en effet et chaque habitant met tout son amour à faire pousser qui une citrouille, qui une courge, etc. afin de remporter « la carotte d’or » ! Mais c'est sans compter sur la dévastation causée par une nouvelle bête à fourrure plus effrayante encore, le LAPIN-GAROU ! Je n’en dirai pas plus ou plutôt si, j’ajouterai un mot : génial ! Un rythme trépidant, des clichés revisités (King Kong, La Belle et la Bête, les films d'horreur de la Hammer...), un sens des scènes et du détail inouïs. À voir plusieurs fois si l’on veut saisir tous les détails.

Rappel technique : l'animation est faite image par image en photographiant les petits personnages en pâte à modeler des milliers de fois afin de créer le mouvement. Il faut évidemment redoubler d’imagination pour beaucoup de détails. Ainsi, si le feu et la fumée sont généralement créés par ordinateur, le thé que verse Gromit est du « Saran Wrap » : il suffit de tirer dessus en le tordant et cela donne l'impression d’un liquide qui coule.

Quant au fromage « Stinking Bishop » (« évêque puant » ! - on le rapproche parfois de l’Epoisses ou du Munster) qu'affectionne Wallace (il le sortira de sa stupeur), il existe réellement. Il est fabriqué par Charles Martell dans la campagne du Gloucestershire, en Angleterre, lequel craint d'ailleurs, selon The Guardian, que la demande ne dépasse désormais les capacités de sa petite fromagerie (production annuelle : 340 kg environ). On se souvient que dès le premier court métrage (« A grand day out », 1989), Wallace et Gromit partaient sur la lune car une légende (ou une expression) voulait qu’elle soit faite de fromage, ce qui se vérifiait par la suite. Au moment du décollage, un suspens insoutenable voyait le jour : la fusée était prête à partir lorsque Wallace se rendait compte qu’ils avaient oublié les crackers ! Horreur ! De l’humour bien anglais, donc. J’adore.

Allez voir la bande-annonce sur http://www.uipfrance.com/sites/wallacegromit. Et régalez-vous !

4.11.05

Deuxième chaîne de blogueurs


Voici une deuxième chaîne de blogueur, portant cette fois-ci sur la musique, proposée par lali (au 1er novembre). Comme l’autre, il faut répondre à des questions, ici quatre, et faire passer à 5 personnes. Sur ce dernier point, comme je n’aime pas être directif, je laisse le choix à chacun.
Les questions étaient (un peu remaniées pour être homogènes) :

— Quel est le volume de fichiers musicaux sur votre ordinateur ?

— Quel est votre dernier CD acheté ?

— Quelle chanson écoutez-vous actuellement ?

— Quelles sont les 5 chansons importantes pour vous ?

Voici les réponses que j’ai données :

1° D'après mon Mac : peu près 60 Go, que j'ai stockés dans un disque dur externe. Ce ne sont pas des fichiers piratés mais toute ma discothèque ou presque, qui me sert pour mes cours. Je transporte ainsi toute ma musique avec moi. Du classique, en grande majorité.
2° Cela dit, dernier CD acheté : "Chaos and creation in the backyard" de Paul McCartney.
3° Je n'écoute pas de CD en boucle. Dernière œuvre (ré)écoutée : Concerto pour piano en SOL de Maurice Ravel.
4° Hormis toute la musique classique, je vais me limiter aux chansons (toute la musique n'est pas chantée, n'est-ce pas ?) et aux premières qui me viennent à l'esprit :
- "Let it be" des Beatles,
- "La nuit je ments" de Bashung,
- "La corrida" de Francis Cabrel,
- "Né en 17 à Leidenstadt" de Jean-Jacques Goldman,
- "L'île Hélène" de Nougaro.

A vous maintenant.

3.11.05

L'art bientôt en vente dans toutes les bonnes pharmacies


Aujourd’hui un thème un peu... décalé mais éminemment culturel ! Qui va sûrement intéresser nos blogueuses artistes.

On savait l’art susceptible d’apaiser les esprits. D’où le proverbe : « la musique adoucit les mœurs ». Figurez-vous qu’il en va de même pour... la constipation ! Rien de tel en effet pour enrayer l’hypertension ou la constipation qu’une bonne visite dans un musée. Contempler des œuvres d'art et les évoquer est définitivement meilleur que le Prozac ou que certaines dragées... Vous ne me croyez pas ? Une chercheuse suédoise vient pourtant de le démontrer. Ses études portent sur l'impact de l'art sur l'homme depuis les années 80. Elle a notamment étudié l'influence sur les employés de la présence de peintures sur les murs de leurs bureaux.

Cette fois-ci, pendant quatre mois, Britt-Maj Wikström, chercheuse à l'université Ersta Sköndal de Stockholm, a réuni une fois par semaine vingt femmes âgées d'environ 80 ans pour des conversations autour d'œuvres d'art. Elle commente : "Le résultat a été positif. Leurs attitudes sont devenues de plus en plus positives, elles sont devenues plus créatives, leur pression artérielle est allée dans la bonne direction [...] et elles se sont mises à utiliser moins de laxatifs".

Bien sûr, il fallait comparer avec un autre groupe expérimentant une sorte d’effet placebo. Un groupe témoin de vingt autres femmes s'est donc réuni, au même rythme hebdomadaire, pour évoquer leurs loisirs. Eh bien, elles n’ont pas bénéficié des mêmes effets, a souligné Madame Wikström, "il y avait une différence significative entre les groupes", ajoutant que les effets bénéfiques avaient continué d'agir sur les femmes du premier groupe des mois après la fin de l'expérience. Un mois après un traitement ! Voilà un moyen de réduire le déficit de la Sécurité sociale. De l'art partout et tout le monde sera en bonne santé !

Source : AFP, 17 octobre 2005

1.11.05

Tic Tac... (silence)


Est-ce l’effet du changement d’heure ? Nous sommes en effet tous en général à nous demander pendant quelques secondes dans quel sens il faut aller pour faire apparaître la nouvelle heure. Et si Big Ben, l'horloge qui surplombe la chambre des Lords et la chambre des Communes, au dessus du parlement de Westminster, au sommet de la tour Saint Stéphane, s’était emmêlée les aiguilles ? Car, le week-end dernier, elle s’est bel et bien arrêtée pour une durée assez longue.

Elle qui sonne normalement tous les quarts d'heure, s'est tue juste après avoir indiqué 08h00 (07h00 GMT) samedi et ne devait pas retrouver sa voix avant 16h00 (15h00 GMT) dimanche (je n’ai pas été vérifier), soit son plus long arrêt depuis 1983.

Que nenni ! Il s’agissait en fait d’une longue inspection lors de laquelle son mécanisme a été révisé et ses cloches accordées.

Rappel historique sur l’appellation : Big Ben tient son surnom de Benjamin Hall, l’homme qui avait commandé son installation au XIXe siècle. Strictement parlant, ce sobriquet ne concerne en fait que la cloche de 13 tonnes qui sonne les heures depuis 1859.

Réputée pour sa précision, Big Ben est dans le cœur de tous les anglais pour avoir survécu à plusieurs attaques de la Luftwaffe allemande durant la seconde guerre mondiale et toujours ou presque donné l'heure avec moins d'une seconde et demie d'avance ou de retard.

Elle eut tout de même quelques soucis après-guerre. Comme quoi un péril bénin peut être plus dangereux qu’une escadre d’hitlériens : en août 1949, un vol d'étourneaux qui avaient décidé de tous se poser simultanément sur son aiguille des minutes (longue de 4,3 mètres) lui fit perdre 4 minutes et demie ! Shocking ! Elle fut aussi parfois sensible aux températures extrêmes : en 1962, elle sonna la nouvelle année avec dix minutes de retard, victime de la neige, avant de s'arrêter mystérieusement pendant une heure et demie en mai dernier, sans doute à cause de la chaleur.

Espérons qu’avec cette révision, l’horloge la plus célèbre au monde est repartie pour un siècle ! Il faut dire qu’elle le mérite : illuminée la nuit, quelle allure !

Canardages 26 octobre 2005


Pour ma revue de presse hebdomadaire du Canard enchaîné, je suis désolé de n’avoir à vous proposer que deux articles, ayant oublié mon exemplaire chez mes parents ! J’avais par contre déjà mis de côté ces deux articles particulièrement édifiants sur la manière dont, une fois de plus, notre pays est géré. Et une fois de plus, seul Le Canard enchaîné en parle…

I – Tout d’abord, on apprend qu’après Robien (voir Canardages précédents), c’est Perben, Clément, Alliot-Marie ou Dutreil, qui utilisent simultanément le transport aérien (pour eux) et le transport routier (pour leur chauffeur). Merci les dépenses inutiles. De plus, pour les trois derniers, il y a tout un jeu de plaques interchangeables, dignes d’un monde auquel nos ministres ne devraient pas appartenir, car les voitures du ministère servent aussi aux campagnes électorales personnelles de nos ministres ! Mais je laisse la parole au Canard :

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Perben mérite une bonne paire de plaques

DOMINIQUE PERBEN l'avait bien caché, mais il possède un don extrêmement rare : le don d'ubiquité minéralogique.
Le ministre des Transports, ça ne s'invente pas, dispose de deux plaques d'immatriculation (et de deux cartes grises) pour sa voiture de fonction, une Peugeot 607 bleu marine. Et, comme l'a raconté « Le Parisien » (24/10), chaque fin de semaine, dans la cour de on ministère, boulevard Saint Germain, la même scène digne d'un mauvais polar se reproduit. Le vendredi matin, un fonctionnaire du ministère dévisse la première plaque inimatriculée 75 (à Paris, donc) pour la remplacer par la seconde, numérotée 69, département du Rhône. Le chauffeur de Perben prend ensuite, seul, le volant du véhicule direction Lyon, tandis que le ministre, lui, rejoint dans la soirée cette ville où il passe ses week ends... mais par l'avion ou le TGV.
Et le lundi, quand Perben remonte vers Paris ? « Le Parisien » ne le raconte pas, mais le manège continue. Tandis que son chauffeur reprend la route et Perben l'avion ou le TGV, une autre bagnole de fonction attend le ministre dans la capitale : une VelSatis, cette fois immatriculée 92 (Hauts de Seine). Mais qui possède toutefois le même avantage que la Peugeot 607 : elle dispose, elle aussi, d'une plaque de rechange 69, au cas où la Peugeot tomberait en panne. Au total, le ministre dispose donc de deux véhicules et de quatre plaques d'immatriculation. A faire pâlir de jalousie les automobilistes traqués par les radars. Et contrarier un peu les contribuables qui financent ces ballets d'allers retours entre ciel et terre.
Mais pourquoi tout ce cirque ? Le parachuté Perben croit que rouler le week end aux couleurs locales lui permet de séduire les électeurs de Lyon, cité qu'il brigue en 2008. Ce bricolage est autorisé par une circulaire de 1991 : il a été réalisé avec l'accord du ministère de l'Intérieur, qui a fait établir pour Perben ses cartes grises et plaques lyonnaises au nom de la préfecture du Rhône. Résumé de l'affaire livré, sans rire, au « Canard », par un membre du cabinet du ministre : « Tout cela est légal. Et n'a rien à voir avec 2008. C'est uniquement une question de sécurité. M. Perben a reçu des menaces des autonomistes basques lorsqu'il était garde des Sceaux... »
Mais que Perben se rassure, il n'est pas le seul ministre à pratiquer le sport de la double immatriculation : « Pascal Clément (Justice) et Michèle Alliot Marie (Défense) ont également une double immatriculation dans leur région », balance un haut fonctionnaire. Qui oublie de citer, au passage, un autre cas intéressant : celui de Renaud Dutreil.
Le ministre des PME, qui compte sauter en parachute sur Reims en 2008, jouit d'une 607 Peugeot grise avec une plaque minéralogique unique, aux couleurs de la Marne (51). Il faut bien qu'il la joue « local », lui aussi, d'autant que sa concurrente et collègue Catherine Vautrin est bien du coin.
A moins que Dutreil n'ait, comme Perben, les Basques aux fesses...

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II – Des étudiants inscrits en agrégation, le concours le plus difficile de l’Éducation naionale, viennent d’apprendre, un mois et demi après le début de leurs cours, bref, de leur année universitaire, qu’ils pouvaient désormais aller à la pêche : leur concours vient d’être supprimé ! Ceux qui pensaient y consacrer leur année n’ont plus qu’à se reconvertir. Ce n’était pas bien grave : dix places seulement, une centaine de candidats, cela ne va pas faire beaucoup de bruit. C’est ce qui se passe effectivement.
Pour tous ceux qui ne seraient pas au courant du fonctionnement de l’Éducation nationale (mais est-ce bien différent dans d'autres administrations ?), sachez que ce genre de manœuvre est courant, qu’il n’y a bien sûr jamais aucun interlocuteur pour vous répondre sauf sous la pression. Bref, sachez-le, les enseignants subissent depuis des années ce genre de tracasseries et se sentent continuellement méprisés par le système. Vous comprendrez mieux dès lors les mouvements fréquents dans ce milieu. Je ne dis pas qu’ils sont toujours justifiés. Je dis qu’ils correspondent à un climat instauré par l’autisme de nos dirigeants.

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Casse ton agrég’ d'abord !

INSCRIT à l'agrégation de physique option « procédés physico chimiques », l'étudiant Florent Quiquerez n'avait aucun pressentiment en ouvrant sa boîte aux lettres le vendredi 14 octobre... Surprise, une enveloppe postée la veille de la Maison des examens à Arcueil l'y attendait : une gentille attention de l'Education nationale, peut-être ? A l'intérieur, une note de dix lignes, sans en tête et non signée, expliquait avec grâce : « Dans le cadre de l'évolution en cours et engagée en 2004 2005 des concours de sciences physiques, l'agrégation option "procédés physico chimiques" sera fermée à la session 2006. »
Traduction : son agrèg' est supprimée jusqu'à nouvel ordre. Comme ça, un mois et demi après le début des cours ? Voilà qui est plus fort que le potassium ! Florent a d'abord cru à un canular, car aucun des sept camarades avec qui il suit la préparation assurée par l'ENS de Cachan (Val de Marne) depuis le 5 septembre n'a reçu de courrier similaire. Renseignement pris auprès du service des concours à Arcueil, qui a dabord démenti, il a ensuite téléphoné au bureau des concours au ministère, qui, lui, a confirmé, non sans embarras, la mesure. Un comble : c'est Florent qui a dû apprendre la suppression du concours à toute sa promotion et même à ses profs de Cachan ! Sans doute un essai de communication par capillarité tenté par Robien en grandeur réelle ?
Cette nouvelle option à l'agrèg' de physique avait été ouverte en 2000, pour environ dix postes par an, et comptait une centaine d'inscrits. Sur les huit « agrégatifs » de Cachan, sept s'étaient installés à Paris exprès pour le concours, et six se retrouvent le bec dans l'eau, leur formation d'ingénieurs spécialisés ne leur permettant pas de s'inscrire dans une autre option de l'agrèg' de physique. L'un d'eux avait même décliné une embauche comme ingénieur chez Alstom... De son côté, le département de physique de ENS de Cachan avait engagé toute une équipe pédagogique, et loué un labo à l'université d'Orsay un jour par semaine pour les TP. Pour rien ? Merci Robien !
« Nous ne contestons pas le fond de la décision, mais la forme: comme ça, par une simple note, en cours d'année... » font valoir sans s'énerver les étudiants, qui imaginent, à sa décharge, que la Direction des personnels enseignants du ministère, disposant d'une enveloppe restreinte, a dû trancher dans le vif au dernier moment. Vu qu'il n'est plus temps de s'inscrire dans une autre filière, ils risquent pourtant de perdre une année entière d'études...
Interrogé par « Le Canard », un fonctionnaire du ministère de l'Education nationale reconnaît, gêné : « C'est très rare et même exceptionnel que la décision tombe si tard, mais c'est qu'elle a été mûrement réfléchie. » Ou hâtivement prise ? C'est peut-être aussi par pudeur que la mesure n'a pas été annoncée officiellement, mais en catimini, par la méthode poétique de la bouteille à la mer... L'ancien doyen de l'Inspection des sciences physiques, Claude Boichot, explique que cette option était menacée depuis deux ans, faute d'attirer suffisamment de candidats, mais il n'explique pas le caractère tardif et brutal de la décision.
Robien, dont le cabinet reste aux abonnés absents, a peut être voulu réaliser une expérience de physique amusante sur le moral des étudiants !

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That's all folks !