Tintin en Roumanie. Vous allez dire : la belle affaire ! Cela fait belle lurette qu’Hergé a représenté dans ses albums le pays, plus exactement la monarchie roumaine des années trente, particulièrement dans
Le sceptre d'Ottokar, sous les traits de la Syldavie (contraction de tranSYLvanie et MolDAVIE). On y comprenait déjà toute la complexité des pays des Balkans. Non, maintenant, Tintin parle enfin "le moldo-valaque", avec la sortie en roumain des
Cigares du pharaon et
Le lotus bleu sa suite.
Fruit d'une collaboration étroite entre institutions, ministères et ambassades belges et françaises, avec le ministère roumain de la Culture et la Fondation « Solidarité culturelle pour la Roumanie Ars XXI », ces toutes premières traductions des aventures de Tintin, s'inscrivent dans le cadre de « l'année de la francophonie en Roumanie », qui doit culminer fin septembre à Bucarest avec le Sommet de la Francophonie, où sont attendus 65 chefs d'Etat et de gouvernement.
Rappelant que les aventures de Tintin ont déjà été traduites « en cinquante langues ou dialectes, tirées à plus de 150 millions d'exemplaires » dans le monde, les dirigeants de la Fondation Ars XXI se félicitent que cette nouvelle édition roumaine, survenant exactement 77 ans après la création du personnage d'Hergé, soit justement placée sous la devise du
Journal de Tintin, « pour les enfants de 7 à 77 ans ».
« Sous le communisme, la bande dessinée capitaliste était interdite, mais j'ai eu la chance de pouvoir lire Tintin pour la première fois en 1974, à la bibliothèque du lectorat français de Craiova », au sud du pays, a déclaré le président de « l'Association des bédéphiles de Roumanie », Dodo Nita, lors de la présentation officielle de ces deux albums jeudi soir à l'Institut français de Bucarest. Devenu de son propre aveu « totalement tintinophile », M. Nita a apporté plusieurs objets de sa collection personnelle liés au « jeune reporter du Petit Vingtième », dont la fameuse fusée à carreaux rouges et blancs de l'album
Objectif lune pour une exposition à l'Institut, inaugurée conjointement par le chef de la délégation Wallonie-Bruxelles, Daniel Sotiaux, ainsi que les ambassadeurs de Belgique, Philippe Roland, et de France, Hervé Bolot, également « tintinophiles » déclarés.
Franck Pezza, de la délégation Wallonie-Bruxelles à Bucarest, a affirmé à l’AFP que les autres albums de Tintin allaient suivre en roumain, mais qu’il fallait « respecter l'entrée chronologique des personnages entourant Tintin, tels les Dupont-Dupond ou le capitaine Haddock ». Rappelons que les premiers apparaissent justement pour la première fois dans l'album de 1934 en noir et blanc des
Cigares du pharaon dans lequel ils se font appeler X33 et X33 bis même s’ils étaient déjà présents de façon anonyme dans dans la première case de l'album en couleur
Tintin au Congo de 1946 (absents de l'édition originale en noir et blanc). Le fameux capitaine, lui, attendra
Le crabe aux pinces d’or pour apparaître et ne plus globalement quitter Tintin.
« Plus ethnographiques, les trois premiers albums,
Tintin au pays des Soviets,
Tintin en Amérique et
Tintin au Congo, devraient aussi être traduits, mais plus tard », ajoute Franck Pezza (précisons que chronologiquement
Tintin au Congo précède
Tintin en Amérique), en mentionnant que les deux premiers albums, vendus 27,5 lei (environ 8 €), ont bénéficié d'un premier tirage de 2.000 exemplaires, avec couvertures et formats identiques aux éditions belges ou françaises.
Si le capitaine Haddock et ses jurons, parmi lesquels « moldo-valaque » du nom des deux provinces historiques, la Moldavie et la Valachie, ayant constitué la Roumanie, n'apparaît pas encore dans ces deux premiers albums, le fidèle petit chien de Tintin, Milou, aboie déjà en roumain, troquant le « Ouah ! Ouah ! », pour le « Ham ! Ham ! ».
Vivement un « moule à gaufres » moldo-valaque !
Informations (pour la plupart) : AFP, 18 février 2006